Virée intemporelle à Canastel
A l’orée de ce Ramadhan, alors que nous bouclions dans la
peine une année universitaire si fructueuse, avec pas moins de six soutenances
de magistère en Génétique et reproductions animale, je reçois un appel de Med
Bahloul, m’invitant à apporter une contribution au foisonnant programme
culturel qu’il organise rituellement au niveau de son Institut de développement
des ressources humaines, situé à Canastel. C’est au pied levé que je lui donne
mon accord, ajoutant que j’avais besoin de 24 heures pour trouver un thème.
Contactés par mes soins Nordine Belhachemi et Hachemi Ameur, donnent leur
accord pour m’accompagner dans un sentier que je savais complexe. Le sujet est
vite trouvé, à savoir faire une analyse critique de la part de l’artiste
peintre dans l’écriture de l’histoire de l’humanité. D’où le titre « L’artiste
peintre, témoin ou acteur ?. Au moment de rejoindre Oran, Hachemi m’annonce
qu’il est en plein préparatifs de départ vers Sétif où il est attendu pour une
exposition. C’est donc amoindri que Nordine et moi entamons notre intervention
dont voici un petit compte rendu rédigé à la demande de nombreuses amies et de
moins nombreux amis. Pour mon exposé,
j'avais un support visuel, un document que j'avais écrit de 18 pages pleines
avec de nombreuses citations...mais au déroulé, j'avais bcp improvisé car je
cherchais à faire le lien entre les différentes étapes de l'art pictural depuis
les peintures rupestres et leurs auteurs anonymes, jusqu'à la période
contemporaine. une halte sur les minait ures de Wasiti, puis un passage obligé
par l'art pictural ottoman, avec Nigari, Al Matraki, Nakkache, Levni.....depuis
le règne de Solimane le magnifique qui se faisait accompagner de Nigar et d'Al
Matrki à es successeurs, jusqu'au 18ème siècle avec l'introduction des
techniques occidentales, la perspectives et le romantisme. Là j'ai fait le lien
avec ce que sera l'œuvre de Racim, avec les danseuses, le début du nu, voire du
carrément obscène, une référence pour Racim qui en fera sa principale
préoccupation, J'ai aussi parlé de Nigari et son art du portrait, avec une
image de son Kheireddine, qui sera pratiquement recopié par Racim...le règne de
Napoléon qui a été jalonné de batailles dont toutes ont fait l'objet de
tableaux de Gros et aussi de Vernet, le quel Vernet se fera remarquer par ses
nombreux tableaux des batailles de la conquête de l'Algérie...là j'ai aussi
fait appel à Chassériau et son tableau de Ali Ben Ahmed, un harki de
Constantine. Ce qui m'a permis ensuite de faire le lien avec les autres
batailles, dont certaines n'ont pas été bien représentées, comme celle de la
Macta ou de Sidi Brahim, que l'Emir avait magistralement remportées. Bien sûr
j'ai aussi présenté deux tableaux sur la bataille d'Isly, avec une triste
défaite de l'armée impériale du Maroc, dont les troupes étaient commandées par
Moulay Hicham, le propre fils du roi Mouley Abderrhamane, ce qui poussa ce
dernier à signer le traité de Tanger entre son royaume et celui de France. Ce
traité a également été cité puisque c'est à partir de cet acte que l'Emir
Abdelkader devenait l'ennemi à abattre à la fois des Français et des Marocains,
nous sommes en septembre 1844. L'Emir Abdelkader se perd alors dans les oasis
du Sud, tentant difficilement de reconstruire son armée. C’est ce qui incitera Med Benabdallah « Boumaza »
à soulever les tribus du Dahra, de la vallée du Chéliff et de l’Ouarsenis.
Comme il n’existe qu’un seul portrait de Boumaza, je me suis fais un grand
plaisir à le montrer pour souligner que les artistes peintres ont également été
utilisé pour une cause bien précise, celle de glorifier les maitres du moment
et de faire l’apologie de la guerre. Comme j’avais un texte de Fromentin et d’Assia
Djebbar, j’en ai profité pour parler de la bataille de Laghouat et de celle
tout aussi sanglante des Zaatcha, avec un croquis fait par un médecin des têtes
coupées de Cheikh Bouziane et de son fils ainsi que de Si Moussa, le Cheikh des
Derqaoua, sachant que ces têtes momifiées sont encore exposées au musée d’histoire
naturelle de Paris…ensuite, Nordine Belhachemi a pris le relais pour nous
parler avec une grande passion de l’émergence du mouvement Aouchem, déplorant
au passage l’inquisition qui leur fut faite surtout par Issiakhem et Khadda…ils
nous apprendra qu’à l’origine, c’est Cherkaoui, peintre Marocain, qui a susurré
l’idée à Mesli de prendre en charge ma culture populaire…Nordine a également lu
le manifeste élaboré lors de la création du mouvement, tout en soulignant que
le groupe dont fait partie notre ami Martinez, n’a en fait exposé quà 3
occasions….ce qui ne l’a pas empêché de faire des petits, puisque les
principaux animateurs actuels de la scène artistique nationale se revendiquent
à des titres différents, de cette mouvance…pour ma part j’ai rappelé que cette
effervescence s’expliquait par la proximité de le grand évènement
révolutionnaire du siècle dernier, à savoir le recouvrement de l’indépendance
de l’Algérie, après une âpre bataille politico militaro médiatique entamée avec
fougue et détermination par le peuple Algérien…j’ai fait le parallèle avec la naissance du
premier festival culturel algérien, à savoir le festival du théâtre amateur,
dont l’initiative revient en très grande partie à un cantonnier de Tigditt,
féru de théâtre et pétri de patriotisme, en l’occurrence Si Djillali
Benabdelhalim, droit sorti d’un film d’Orson Welles, à savoir l’excentrique « Falstaff »
que tout amateur du 7ème art est censé avoir regardé au moins deux
fois…de suite…
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