jeudi 25 juillet 2013

Au secours, la légion étrangère est de retour


 S'il fallait une autre raison pour dire que l'Algérie a réellement donné naissance à la dernière révolution, de par les changements induits à travers les sociétés et les peuples, c'est une militante Belge qui nous l'offre sur un plateau. Assise à coté de son mari, Algérien, cette grande dame écoute et regarde patriotiquement le couronnement de son nouveau roi. Que du patriotisme à l'état pur! Puis, à un moment du défilé, les organisateurs Belges font passer un détachement de la légion étrangère Française. Un choix qui ne s'explique pas, sinon par la proximité  des deux pays voisins, qui partagent sans détour leur anciennes racines Gauloises - les Belges ne sont - ils pas les plus braves des  Gaulois-, mais également leur avidité colonialistes, partageant encore une fois une partie de l'Afrique centrale et Méridionale, pour preuve, lorsque les Français occupèrent le Congo Brazzaville, sur l'autre rive du fleuve Congo, ce sont les Belges qui s'installent...ensuite, tout récemment, les deux ramées coloniales ou néocoloniales ont été étroitement associées au génocide du Rwanda où périrent des milliers de citoyens qui vivaient jusque là paisiblement leurs différences ethniques. Que des légionnaires Français, défilent aux cotés de leurs potes Belges, c'est dans la logique des choses...mais qu'une jeune journaliste, celle que l'on voit souvent sur les écrans de TV5, débitant dans une suffocante banalité les nouvelles du monde....celle qui n'a même pas suffisamment de culture pour verser dans des amalgames choquant, allant jusqu'à parler des exploits de la légion durant la conquête de l'Algérie...que n'a -telle pas consulté la toile et elle aurait été informée sur les "exploits sanguinaires" tant en Algérie qu'ailleurs, de ces bouchers sans foi ni loi que sont les égorgeurs de la légion étrangère. N'est-ce pas sur cette terre algérienne, à seulemnt 17 km à l'ouest de Mostaganem, le 28 juin 1835 qu'est née la configuration actuelle de la légion étrangère. En effet, c'est bien après la victoire de la Macta par les troupes de l'Emir Abdelkader, une victoire qui bouleversa les équilibres à l'intérieur de  l'empire Français, au point que Drouet d'Erlon, le gouverneur de l’époque  ainsi que le général Trézel qui conduisait la colonne depuis Oran vers Mascara, ont immédiatement été remplacés et rappelés en urgence. Avant ce jour, la légion étrangère était structurée par nationalités, les Italiens entre eux, les Polonais, à part, les autrichiens et les germanophones aussi formaient un bataillon compact où seule la langue de Goethe était pratiquée...on attribua la débandade et l'humiliation à cette forme d'organisation, si bien qu'après le limogeage des responsables civils et militaires, on songea immédiatement à faire un mélange des nationalités pour donner une certaine cohésion à ce corps...voilà que plus de 179 ans après, les Belges font dans la provocation et se proposent de donner un prolongement à cette funeste aventure...car on invite à la fête du trône que ceux qui partagent les mêmes valeurs... enfin tout s'éclaire, n'est-ce pas lors de la conquête de l'Algérie que fut créé le royaume de Belgique. Avec comme premier roi des Belges, un citoyen Français? Juste retour des choses donc que cette collusion...fallait-il pour autant lui donner autant d'éclats, quitte à froisser le patriotisme d'un autre peuple? te celui d'une compatriote qui n'a pas hésité à confier sa grande émotion et sa profonde admiration de ce que furent les souffrances et les joies de la révolution Algérienne. Voici sa contribution intégrale:

Quand la Télévision belge vante les «conquêtes coloniales» de la Légion étrangère en Algérie

La Légion étrangère : des mercenaires au service de la France coloniale. D. R.
La Légion étrangère : des mercenaires au service de la France coloniale. D. R.
Comme tout citoyen intéressé par l’histoire politique de son pays, j’ai regardé, ce 21 juillet, la retransmission télévisée de l’abdication du roi Albert II et de l’accession au trône de Belgique de son fils Philippe, faits marquant ce jour de fête nationale belge, sur la chaîne nationale francophone. Quels que soient mon opinion sur le bien-fondé d’une monarchie plutôt qu’une république en Belgique et mon degré de sympathie à l’égard des personnes de la famille royale, il me semblait naturel d’être directement informée de cet évènement majeur de la vie politique belge, via la RTBF qui avait consacré la journée à couvrir le Te Deum, la passassion de pouvoir, la prestation de serment, le salut au balcon, le défilé militaire, et la soirée festive, ponctués bien entendu par les états d’âme des nombreux badauds qui scandaient «Vive le Roi ! Vive la Reine !», hilares sous un soleil de plomb et dans une chaleur écrasante. J’ai supporté stoïquement les commentaires populistes des «journalistes» dépêchés en plusieurs endroits stratégiques de la capitale, l’interview du couturier des reines et des princesses décrivant en long et en large le choix des tissus et la couleur des robes, le débat des invités en studio sur l’intensité des baisers échangés sur le balcon par le nouveau couple royal, mais j’ai risqué la crise cardiaque lorsque l’un des reporters nous a qualifiés, nous, citoyens belges, de «sujets» du nouveau roi, comme à l’époque du Moyen-Age. Et dire que l’école de journalisme belge a été l’une des plus réputées au niveau international... J’ai eu une pensée fraternelle pour le député communiste wallon Julien Lahaut en me rappelant son «Vive la République !» qu’il avait lancé avec ses camarades en plein parlement lors de la prestation de serment du roi Baudouin Ier, le 11 août 1950. Quelques jours plus tard, le grand résistant et syndicaliste Julien Lahaut, celui que ses compagnons de captivité dans les camps nazis surnommaient «l’homme qui avait le soleil dans sa poche», était assassiné sur le pas de sa porte par deux individus qui n’ont jamais été identifiés.
Donc, j’ai tenu «le coup» jusqu’au moment où la présentatrice de la couverture télévisuelle, qu’il m’est impossible de considérer comme une journaliste même si elle présente régulièrement le JT de la RTBF, a commenté des images de divers corps d’armée qui allaient participer au défilé militaire et dans lesquels figurait, dépêchée de France pour l’occasion, la Légion étrangère, la commentatrice poussant le cynisme jusqu’à vanter la renommée de celle-ci dans les conquêtes coloniales et notamment dans la guerre d’Algérie. Choqué, mon époux algérien en a eu les larmes aux yeux. Quant à moi, j’ai éprouvé une honte incommensurable d’appartenir à une nation qui fait la promotion d’un corps de mercenaires recrutés parmi la pire racaille que l’humanité ait produite. Quand je pense que l’Etat algérien a envoyé un orchestre symphonique pour sa fête nationale du 5 Juillet et a offert deux concerts gratuits à la population belge, et que nous remercions l’Algérie en faisant défiler la Légion étrangère trois semaines plus tard. Furieuse et dégoûtée, j’ai fermé la télévision.
En tant qu’épouse d’Algérien, en tant que petite-fille de résistant communiste fusillé par les nazis en janvier 1944, en tant que citoyenne éprise de liberté, de solidarité, de fraternité et de justice, je demande pardon au peuple algérien et à ses dirigeants, ainsi qu’aux millions de martyrs tombés sous la tyrannie d’une France colonialiste impitoyable et barbare, pour cette trahison des valeurs pour lesquelles bien des Belges sont tombés en d’autres temps, dont mon grand-père Marcel De Ruytter et ses camarades. Vos héros, Ali La Pointe, Larbi Ben M’hidi, Benboulaïd, le colonel Amirouche et tous vos chouhada sont aussi mes héros, comme l’est le grand-père maternel de mon mari, Saïd Mokrani, parce que tous se sont battus avec courage et abnégation pour une cause noble et juste dont les valeurs universelles ont convaincu certains citoyens de mon pays à leur apporter soutien et participation active à travers «le Front du Nord». Que ces derniers, ainsi que tous ceux qui ont combattu le fascisme, soient remerciés d’avoir été l’honneur de la Belgique.
De Bruxelles, Jocelyne De Ruytter

 Lien pour consulter le papier à la source:
http://www.algeriepatriotique.com/article/quand-la-television-belge-vante-les-conquetes-coloniales-de-la-legion-etrangere-en-algerie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...