Une offrande de la part d'une amie agronome...que de beaux souvenirs et que de salves bienfaitrices...à quelques jours de la conférence de Yasmina Khadra à l'IDRH de Canastel...ça promet...
Il s’appelle en fait Ali Ahmed Saïd Esber, et ce pseudo qu’il a choisi, se réfère au dieu d’origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique. Il n’aurait pas pu trouver mieux, quand on sait que tous ses livres (éd. Mercure de France) ont pour thèmes l’injustice, la dictature, la guerre et la misère.
A 78 ans, lors de sa dernière intervention à la bibliothèque nationale d’Alger, Adonis le syrien, considéré comme le plus grand poète arabe vivant, a foutu un tel merdier.
Tout d’abord, rappelons que c’est bien l’intervention d’Adonis, ainsi que la publication du livre de Mohamed Benchicou qui sont à l’origine du remerciement d’Amine Zaoui de la bibliothèque nationale d’Alger, dont il était le directeur, par la ministre de la culture, Khalida Toumi-Messaoudi.
« Les intellectuels arabes sont des sbires du pouvoir » (Adonis) Extraits de l’intervention d’Adonis à la Bibliothèque Nationale d’Alger.
Et accrochez-vous, car ça va vous changer beaucoup de la langue de bois de Yasmina Khadra et de quelques autres :
« Je suis contre tout Etat bâti sur la religion. »
« Je m’oppose à l’islam régime, à l’islam institution » dit-il.
Adonis était très attendu par les intellectuels algériens. La bibliothèque nationale était bondée de monde.
Face à un public ravi, il hurle :
« Nos intellectuels sont des instruments du pouvoir, ce sont des lâches! »
Et il dit cela en Algérie, aujourd’hui. Qui l’aurait cru ?
Ce vieux poète est allé en Algérie cracher ses vérités, vomir le fond de sa pensée et maudire les gouvernements arabes qui sont restés aujourd’hui à la traîne des nations. Des hommes politiques qui ont pourtant été parmi les libérateurs de leurs Etats du joug de la colonisation.
« Vers une résistance radicale et globale » conseille-t-il au public qui l’applaudit.
Une magnifique conférence sur l’impasse de la pensée arabe et la crise de modernité qui secoue les sociétés arabes. Sa venue a drainé un public fou, tant son discours est en rupture totale avec le politiquement correct, la langue de bois, et le discours officiel dominant.
D’emblée, il s’est attaqué à la question de la « nécessaire » sécularisation des pays musulmans.
« Je suis respectueux de l’islam. Je suis au-delà de toutes les religions, je vais au bout de toutes les spiritualités et des expériences humaines. Mais je suis totalement opposé à l’islam institution, à l’islam régime », dit-il.
De la provocation. De l’audace. Du courage, en veux-tu en voilà. Et ce n’est qu’un début, car le conférencier ne va pas mâcher ses mots. Il s’attaque aux régimes arabes, particulièrement ceux qui ont pris le pouvoir depuis la seconde moitié du 20e siècle et qui vivent un échec cuisant, car « ils n’ont pas pu libérer l’Homme et asseoir des Etats modernes basés sur le droit et le respect de l’individu. »
Il argumente sa réflexion en se basant sur la dure réalité à laquelle font face les populations arabes et musulmanes.
« Ces politiques ont des réflexes tribaux, ils nient l’individu et la liberté individuelle. Les élites politiques qui se disent progressistes et laïques, qui ont libéré leurs pays du joug de la colonisation, n’ont fait que perpétuer le clanisme et le népotisme et sont soutenus par des intellectuels, ce sont leurs complices !»
Adonis tire à boulets rouges sur ces « intellectuels » qui n’ont aucune valeur morale.
« Dans nos sociétés arabes et musulmanes, l’élite intellectuelle ne remplit aucun critère de probité morale qui lui permet d’être à l’avant-garde des changements nécessaires. C’est-à-dire la sécularisation de la société qui est au cœur de la crise de la modernité dans ces sociétés. »
Il va encore plus loin, écœuré et blasé par la situation actuelle, politique, culturelle, sociale et économique qui prévaut dans les pays arabes, ce poète hors normes vomit le fond de sa pensée et il le dit tel quel : « advienne que pourra ! »
Non mais vous le croirez ? Encore un bout :
« Les intellectuels dans le monde arabe manquent de courage, ils sont frileux lorsqu’il s’agit d’évoquer la question de la laïcité : le texte (le Coran) est constant, mais son interprétation change, or il n’y a aucun effort de questionnement théorique en la matière », déplore-t-il.
Ainsi, l’absence de pensée critique a coupé l’intellectuel arabe de la société, faisant de lui non pas un être autonome pensant par lui-même, mais un «instrument» au service des gouvernants. Comme tout ça est vrai. Il explique que le monde arabe est privé aujourd’hui d’une élite intellectuelle qui remettra en cause la pensée traditionaliste et les modèles tribaux.
« Nos sociétés sont sclérosées. Nous sommes absents de la carte du monde actuel et en marge du cours de l’Histoire », se désole-t-il encore.
Il s’en est pris violemment aux intellectuels arabes qui, selon lui, ont joué le jeu des régimes en place en remettant en cause le lien solide entre Etat et religion.
A la fin de la conférence, la Bibliothèque nationale a remis à Adonis une distinction. Son amie de longue date, Djamila Bouhired, s’est fait un plaisir de la lui offrir au milieu des applaudissements et des youyous.
Il s’appelle en fait Ali Ahmed Saïd Esber, et ce pseudo qu’il a choisi, se réfère au dieu d’origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique. Il n’aurait pas pu trouver mieux, quand on sait que tous ses livres (éd. Mercure de France) ont pour thèmes l’injustice, la dictature, la guerre et la misère.
A 78 ans, lors de sa dernière intervention à la bibliothèque nationale d’Alger, Adonis le syrien, considéré comme le plus grand poète arabe vivant, a foutu un tel merdier.
Tout d’abord, rappelons que c’est bien l’intervention d’Adonis, ainsi que la publication du livre de Mohamed Benchicou qui sont à l’origine du remerciement d’Amine Zaoui de la bibliothèque nationale d’Alger, dont il était le directeur, par la ministre de la culture, Khalida Toumi-Messaoudi.
« Les intellectuels arabes sont des sbires du pouvoir » (Adonis) Extraits de l’intervention d’Adonis à la Bibliothèque Nationale d’Alger.
Et accrochez-vous, car ça va vous changer beaucoup de la langue de bois de Yasmina Khadra et de quelques autres :
« Je suis contre tout Etat bâti sur la religion. »
« Je m’oppose à l’islam régime, à l’islam institution » dit-il.
Adonis était très attendu par les intellectuels algériens. La bibliothèque nationale était bondée de monde.
Face à un public ravi, il hurle :
« Nos intellectuels sont des instruments du pouvoir, ce sont des lâches! »
Et il dit cela en Algérie, aujourd’hui. Qui l’aurait cru ?
Ce vieux poète est allé en Algérie cracher ses vérités, vomir le fond de sa pensée et maudire les gouvernements arabes qui sont restés aujourd’hui à la traîne des nations. Des hommes politiques qui ont pourtant été parmi les libérateurs de leurs Etats du joug de la colonisation.
« Vers une résistance radicale et globale » conseille-t-il au public qui l’applaudit.
Une magnifique conférence sur l’impasse de la pensée arabe et la crise de modernité qui secoue les sociétés arabes. Sa venue a drainé un public fou, tant son discours est en rupture totale avec le politiquement correct, la langue de bois, et le discours officiel dominant.
D’emblée, il s’est attaqué à la question de la « nécessaire » sécularisation des pays musulmans.
« Je suis respectueux de l’islam. Je suis au-delà de toutes les religions, je vais au bout de toutes les spiritualités et des expériences humaines. Mais je suis totalement opposé à l’islam institution, à l’islam régime », dit-il.
De la provocation. De l’audace. Du courage, en veux-tu en voilà. Et ce n’est qu’un début, car le conférencier ne va pas mâcher ses mots. Il s’attaque aux régimes arabes, particulièrement ceux qui ont pris le pouvoir depuis la seconde moitié du 20e siècle et qui vivent un échec cuisant, car « ils n’ont pas pu libérer l’Homme et asseoir des Etats modernes basés sur le droit et le respect de l’individu. »
Il argumente sa réflexion en se basant sur la dure réalité à laquelle font face les populations arabes et musulmanes.
« Ces politiques ont des réflexes tribaux, ils nient l’individu et la liberté individuelle. Les élites politiques qui se disent progressistes et laïques, qui ont libéré leurs pays du joug de la colonisation, n’ont fait que perpétuer le clanisme et le népotisme et sont soutenus par des intellectuels, ce sont leurs complices !»
Adonis tire à boulets rouges sur ces « intellectuels » qui n’ont aucune valeur morale.
« Dans nos sociétés arabes et musulmanes, l’élite intellectuelle ne remplit aucun critère de probité morale qui lui permet d’être à l’avant-garde des changements nécessaires. C’est-à-dire la sécularisation de la société qui est au cœur de la crise de la modernité dans ces sociétés. »
Il va encore plus loin, écœuré et blasé par la situation actuelle, politique, culturelle, sociale et économique qui prévaut dans les pays arabes, ce poète hors normes vomit le fond de sa pensée et il le dit tel quel : « advienne que pourra ! »
Non mais vous le croirez ? Encore un bout :
« Les intellectuels dans le monde arabe manquent de courage, ils sont frileux lorsqu’il s’agit d’évoquer la question de la laïcité : le texte (le Coran) est constant, mais son interprétation change, or il n’y a aucun effort de questionnement théorique en la matière », déplore-t-il.
Ainsi, l’absence de pensée critique a coupé l’intellectuel arabe de la société, faisant de lui non pas un être autonome pensant par lui-même, mais un «instrument» au service des gouvernants. Comme tout ça est vrai. Il explique que le monde arabe est privé aujourd’hui d’une élite intellectuelle qui remettra en cause la pensée traditionaliste et les modèles tribaux.
« Nos sociétés sont sclérosées. Nous sommes absents de la carte du monde actuel et en marge du cours de l’Histoire », se désole-t-il encore.
Il s’en est pris violemment aux intellectuels arabes qui, selon lui, ont joué le jeu des régimes en place en remettant en cause le lien solide entre Etat et religion.
A la fin de la conférence, la Bibliothèque nationale a remis à Adonis une distinction. Son amie de longue date, Djamila Bouhired, s’est fait un plaisir de la lui offrir au milieu des applaudissements et des youyous.
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