Demain nous entrerons dans la seconde moitié du siècle de
renaissance de l'Algérie...le bilan est mitigé...certes le drapeau, parfois
dans un état lamentable, flotte sur l'ensemble du territoire national...prenons
le comme un indicateur de notre conscience nationale, de notre unité et de
notre engagement à rester unis pour l'éternité...car n'oublions pas que
partout, les Algériens, parfois très jeunes, se sont levés et ont bravé
l'administration, l'armée et les auxiliaires de la France coloniale...même si certains
ont payé le prix le plus fort, le 5 juillet 62, nous étions tous heureux de
retrouver notre dignité...et notre liberté...après, revinrent les années de
privations et de misère, les années de luttes intestines, les années de hogra
institutionnelle, les années de course vers les villas et les appartements
somptueux laissés vacants par les colons...puis dans la lancée, la course vers
les prébendes et les détournements de l'aide extérieure...puis nous fumes
contraints de subir le népotisme et le régionalisme, les deux fléaux que le FLN
avait su contenir durant la guerre d'indépendance, pour ensuite en faire
les venelles vers le partage du pouvoir...plus de la moitié du gouvernement
algérien provient d'une seule dechra, comme si les autres produisaient moins de
compétences et moins de patriotisme...nous avons oublié que la France,
poursuivant en cela la démarche des Ottomans, avait institué un mode de
gouvernance héréditaire, le caïd ou le bey, transmettant son titre à ses
descendants..
....à la veille de l'entrée dans la seconde moitié du premier siècle
de l'Algérie indépendante, n'est-il pas venu le temps d'une république
démocratique et sociale, où l'ensemble de ses habitants puissent jouir des
mêmes droits et des mêmes devoirs?
Voilà plus de 25 ans que nous tournons en
rond et que nous tournons le dos à ce qui a fait notre force durant la guerre,
notre unité derrière une idée généreuse du pays et derrière une discipline
d'airain, sans laquelle jamais nous ne serions parvenus à rassembler nos forces
et à mettre fin à 132 ans de règne sans partage de la France impériale,
belliqueuse, revancharde et trop souvent sanguinaire..
...lorsque je relis ce que
fut la résistance de Zardoude, de Bou Maaza, de l'Emir Abdelkader, de Fadhma
N'soumer, de Cheikh El Haddad, de la tribu des Hadjouttes, des Flittas, des
Ouled Attia et des Béni M'henna, des Zaatchas et des Ouled Riah...je me dis qu'il y a dans notre histoire
suffisamment de sacrifices et de bravoure pour que jamais plus ce pays ne courbe l'échine devant
quiconque...pourtant, lorsque je vois ce que les tribus post indépendance ont
fait de mon pays, les rapines à ciel ouvert, la corruption érigée en savoir
vivre et le népotisme devenu le dogme le plus partagé par mes compatriotes, je
ne suis pas loin de penser qu'un jour viendra où le mufti de la grande mosquée
de son excellence Abdelaziz 1er fera appel à un lointain cousin, comme le fit
le grand mufti d'Alger à l'endroit des frères Barberrousse, qui après avoir
pris pied à Jijel ; à la demande eu sultan de Bougie, entrent dans Alger
en 1515, pour y installer la régence… en ce 5 juillet 2013, l’atmosphère n’a
jamais été aussi propice à l’embrasement…
Sinon comment expliquer cette vacuité
du pouvoir qui perdure depuis le 27 avril dernier, avec une ancienne
bibliothèque des invalides transformée en sombre annexe de palais présidentiel !
Sinon comment expliquer ces processions vers les Aurès à la recherche de l’homme
de l’heure ? S’il fallait donner l’image d’un pays à la dérive, celles qui
se déroulent devant nous sont très symptomatiques d’une déliquescence qui ne
veut pas se décliner sous la forme d’une résignation…
Pourtant, en cette vielle
du 5 juillet, j’ai assisté à une série de jurys de fin d’études…dans les locaux
d’une ancienne caserne, transformée en Institut de technologie agricole par
Boumediène…pour redonner à l’Algérie ses lettres de noblesses…qui sont celles
que partagent depuis des millénaires des rudes paysans…ceux par qui l’Algérie
était devenu le grenier de Rome, de Constantinople, puis de Marseille et de
Londres…j’ai bien noté ces regards brillants des ces étudiantes et de ces
étudiants qui venaient de boucler 5 années d’études supérieures…j’ai aussi vu à
la fois leur hargne à connaître, mais aussi la détresse qui perlait de leurs
yeux mouillés…toutes et tous avaient pris conscience, au moment où leurs sœur et
leurs mères faisaient vibrer la salle de leurs hululements stridents et
mélodieux…que l’horizon disparaissait de leur radars…l’ultime et la rude épreuve
de la soutenance publique était aussi le dernier virage avant le néant…
Demain,
le 5 juillet 2013, les jeunes d’Algérie seront livrés à eux-mêmes, à la rue, à
la déshérence, à la hogra, à la harga et
au désespoir…c’était bien la peine de leur offrir un drapeau, un pays, un état…mais
sans aucun espoir…et pour boucler la boucle, leur pays n’a plus de président,
pas même l’ombre d’un candidat…qui oserait leur suggérer de se tourner vers la
porte céleste…ou vers la porte des Invalides ?...Demain, à l'aube, j'irais chercher un réconfort sur les conteforts de Nekmaria, là où la poudre a encore un sens et où les fellah ploient sans jamais rompre, afin que les récoltes qui firent notre marque de fabrique soient toujours aussi abondantes et aussi diverses...car l'indépendance alimentaire est la seule qui vaille...nos braves paysans ont sont le socle, et c'est pourquoi, à l'heure des moissons, contrairement à celles de Mars, les semailles de Novembre et de Juillet seront toujours au rendez-vous...c'est là mon unique certitude...
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