Est-ce un simple hasard si un an jour pour jour après son AVC, Abdelaziz
Bouteflika se reconduit à la tête du pays pour la 4ème fois? A l'allure avec
laquelle s'est conclue l'affaire, il y a fort à parier que le hasard n'y est
strictement pour rien. Tout algérien normalement constitué, savait qu'une fois
revenu aux affaires, Bouteflika n'allait surement pas se faire prendre une
seconde fois! Et c'est là où ça fait mal, car il faudra bien se rendre
aux deux évidences suivantes: d'un, après son éviction de la course à la mort
de Boumediene et suite à sa condamnation par la Cours des Comptes,-
curieusement, il était le seul apparatchik à avoir droit à ce traitement, à
croire qu'il était seul à s’être un peu mélangé les poches-, ce qui en faisait
un revanchard assermenté et un adversaire redoutable, c'est à dire prêt à
toutes les compromissions et à toutes les ruses pour reprendre "la place
perdue" et de deux: qu'une fois revenu, il allait accepter comme le ferait
un agneau, de repartir et de se faire encore une fois trainer dans la boue,
ainsi que ses proches et amis...bonne transition, s'il y a une chose qui fait
plaisir chez Bouteflika, c'est bien la notion qu'il développe s'agissant de
l'amitié! Lui qui aura tant souffert de son exil et de sa mise à l'écart, il a
eut tout le temps pour se faire une idée précise du retournement de vestes. Si
bien qu'une fois revenu aux premières loges, son souci premier fut de faire
subir - sans en avoir l'air- les pires humiliations à ses adversaires d'antan,
dont certains iront jusqu'à se coucher pour un bristol à la Toussaint.
Benflis à l’Élysée
Ceux qui sont allés le chercher de son exil étaient-ils à ce point naïfs
pour croire qu'une fois plié le premier mandat, il allait prendre le premier
avion pour Genève. Sans doute l'eut-il fait si lors de la présidentielle de
1999, des responsables, probablement dans la hiérarchie militaire, ne
s'étaient arrangés pour dissuader les six cavaliers qui devaient lui servir de
faire valoir qui se sont volatilisés avant le scrutin. Il était évident que ce
retrait était destiné à faire élire un Bouteflika grandement amoindri, et lui
même ne s'en était point caché, puisque face au premier micro tendu, il dira
haut et fort qu'il ne sera « jamais un trois quart de président »! La
messe était dite! L'élection ayant été superbement entachée à cause de
l'absence de candidats crédibles, Bouteflika s'acharnera dès l’automne, à
organiser le référendum de la réconciliation. Une manière bien cavalière de
tâter de sa popularité et surtout de démontrer à ceux qui l'ont mal élu qu'il
savait déplacer les curseurs. Pourtant la leçon n'a pas été apprise, puisque
dès janvier 2002, on ne sait par quel subterfuge, son chef de gouvernement Ali
Benflis, se fait filmer - une première pour un PM Algérien- sur le perron de
l'Elysée, en compagnie de Jaques Chirac...un autre bras de fer venait de
commencer. Soutenu publiquement par le chef l'EM de l'ANP, Benflis ne cachait
plus ses ambitions et surtout ses soutiens. Il s'en suivra une véritable
débâcle électorale, y compris dans son fief tribal de Batna. Les choses
auraient pu en rester là, pour peu que l’on trouva quelqu'un pour atténuer la
grande méfiance de Bouteflika vis à vis du système. Mais le mal était fait et
jamais un climat de confiance ne sera établi entre le président et les
décideurs.
Les fantasmes ont la vie dure
D'où le dynamitage du verrou constitutionnel relatif au nombre de mandat.
Intervenu en 2008, ce coup d'état parlementaire pétrifia les décideurs qui
laisseront faire sans broncher. Mais il semble que le coup fatal, celui qui
mettra Bouteflika dans tous ses états, est celui intervenu juste après son AVC.
De toutes parts, couraient le bruit de l'imminence de l'activation de l'article
88. Avec à la clé une gestion catastrophique de l'évènement, d'aucuns ayant
même agité le spectre de la solution biologique. Une méprise que rien pouvait
justifier en terre de croyances, où la foi en Dieu s'invite à tous les instants
"el a3mar bi aydi Allah" (seul Allah dispose de la vie). Pourtant,
laissant de coté la vieille maxime nationale, faisant abstraction de toute
forme de retenue, d'aucuns s'en allèrent prêchant, comme des oiseaux de mauvais
augures, la terrible sentence! Ce qu'ils ne pouvaient faire à la
régulière, en un combat singulier, comme de vrais seigneurs des temps anciens,
ils vont le confier à la maladie! Sauf que devant tous les maux, chacun s'en
sort comme bon lui semble, selon ses propres moyens. Et ici plus qu'ailleurs,
il faut toujours une exception pour confirmer la règle. Même diminué, aphone,
affaibli et sans doute fortement contrarié, Bouteflika semble ressusciter tel
un vieux phœnix. Ayant mis en place une écurie de fidèles prêts à faire sauter
la baraque, après avoir superbement neutralisé toutes les formes de velléités,
y compris celles en kaki, le voilà repartis pour un 4ème tour de piste.
Combien même, de toutes parts s'élèvent des voies indignées du sort fait à
l'Algérie, il faudra se rendre à l'évidence, même complètement malade,
Bouteflika a eut raison de ses adversaires...quelques parts, sa roublardise,
son coté félin et une généreuse baraka l'auront plutôt bien servis! S'il est
vrai qu'il n'entrera pas dans l'histoire pour ses réalisations économiques, ni
pour ses avancées démocratiques, il restera le président qui aura terrassé le
système et qui l'aura définitivement discrédité...surtout que de toutes parts,
on le donnait pour fini! Reconnaissons lui au moins cela et si jamais nous
étions encore là en 2019, osons enfin voter pour lui, car il est la preuve que
nos fantasmes ont la vie dure, alors que lui, à chaque fois qu'on le croyait
battus, il relève la tête sans bouger...S'il est aussi fort, c'est que quelques
parts, nous sommes bien faibles...je sais que ça n'a pas l'air de plaire aux
Américains, mais qu'est-ce qu'on en à à foutre du message d'Obama? L'Algérie ne
manque pas de cataplasme que je sache!
Changer la raison plutôt que le
peuple
Alors, maintenant que Bouteflika a les coudées franches, malgré les
séquelles visibles et les souffrances que l'on imagine, il serait peut
être temps de faire, chacun à son niveau, son mea culpa...et ne jamais jeter
l'opprobre au peuple - n'est-ce pas Saïd Saadi?-, mais d'abord en se regardant
dans les yeux...car le peuple qui a fait élire Bouteflika est toujours là!
Qu'attend-il de nous? Il attend qu'on lui donne les
clés de l'énigme...rien ne vaut une bonne analyse des soubassements de la
crise...Bouteflika n'en est que le révélateur...autrement, nous passerons
encore une fois à coté de la plaque...Car Bouteflika n'est pas tombé du ciel et
il ne fait pas partie d'une génération spontanée...focaliser sur lui est très
facile mais ça ne rapporte rien à la biologie glauque du système
algérien...ceux qui savent, se souviennent où il était à attendre son heure,
car lui savait qu'il suffisait d'attendre...que le fruit tombe pour s'en
emparer...venir maintenant pérorer sur le 4ème mandat, c'est un peu
court...d'autres que moi savaient depuis 1994 qu'il reviendrait à la tète du
pays...qui n’avait plus de tètes ! Alors mille excuses mes amis, mais il
ne faut pas prendre l'ombre pour la proie...et surtout accuser indéfiniment le
peuple...d'autres l'ont formaté bien avant le retour de Bouteflika...une autre
vérité qu'il serait vain de nier...à chaque fois qu'il s'est présenté, il a
obtenu la majorité des votants...et pour enfoncer davantage le clou, rappelons
nous que le seul candidat hors système qui a remporté les élections ça reste le
Fis et à deux reprises...en 90 pour les locales et en 91 pour les
législatives...je sais que ce sont des vérités qu'on oublie de voir en
face...mais elles s'imposent à nous...L’élite c’est aussi la clairvoyance, la
fidélité, la lucidité et le bon sens…nous n’avons pas le droit d’avoir raison
contre notre propre peuple ! Sauf à changer la raison…
une analyse que peu ajouter du piment
RépondreSupprimerBonjour cher ami
RépondreSupprimerhélas je n'ai plus retrouvé la page aujourd'hui pour te répondre .
Alors je le fais ici .
C'est une très bonne analyse de mon point de vue car elle établit un fait réel ,une vérité compte tenu d'un constat à partir d'un retour sur la courte histoire de notre pays depuis l'indépendance et du parcours de cet homme non dépourvu de qualités notamment celle de chef .Il faut en avoir une sacrée dose d'intelligence de hargne ,de culot et de ruse pour parvenir à donner un grand coup de pied dans la fourmilière du système ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'a pu réaliser .
Je disais il y a juste quelques jours à un ami à ce sujet :
"personnellement je n'aime pas sa façon de gouverner en famille (frères ,soeur tous conseillers sans compter le clan de Tlemcen-Oujda).Seulement dis je il faut lui reconnaître une force du diable .Pour arriver à ses fins,Il aura réussi à diviser la population réduite en un amas de tribus (émergeance de luttes inter-ethnique comme dans le M'zab),à faire ressurgir les démons du régionalisme partout (de l'Est à l' Ouest et du centre au Sud ),à provoquer ou laisser faire des guerres de religions (chrétiens contre musulmans en Kabylie ,ibadites contre wahabistes à Ghardaia et salafisme qui ressurgit doucement mais sûrement à travers tout le pays )."
Il aura réussi à démolir par ailleurs toutes les institutions du pays et la plus organisée d'entre elles, l'armée qui aura survécu à une guerre civile des plus barbares mais qui n'a pas échappé au tsunami de ces deux dernières années .Cette armée justement qui était responsable de sa longue traversée du désert qui se mesure en décennies ! Une sacrée vengeance que les plus avertis avaient ressentie comme sa raison d'être au pouvoir dès les premières années du premier mandat .
Jusque là nos opinions se rejoignent .
En ce qui concerne le titre donné à cette analyse des plus judicieuses ,le problème de Bouteflika aussi bien que pour sa"garde rapprochée" c'est ce sacré paramètre qui leur échappe totalement comme pour chacun de nous sur cette Terre ,le Temps !
De l'avis des plus éminents spécialistes Français notamment puisque le président s'était fait soigner et suivre en France, rapporté par la presse étrangère , l'AVC étant sévère ,il ne demeurera pas sans de graves séquelles compte tenu d'autres maladies qui l'affectent et de son âge .
Le problème est que demain est incertain autant pour lui que pour l'avenir du pays et de notre peuple ,nos gouvernants depuis plus d'un demi-siècle ayant consacré plus de temps à penser à bien s'accrocher au "koursi" plutôt qu' à prévenir des cas de figure qui ne préviennent pas pouvant mettre en péril la République en raison d'institutions factices et de constitutions faites sur mesure pour un seul homme quand il accède au pouvoir ! "Les hommes passent la République demeure" est une règle toujours ignorée chez nous .Ainsi nous avons à chaque étape ,à chaque disparition ou départ d'un simple chef d'Etat frôlé le chaos !
Je terminerai avec ceci je demeure pessimiste car rien n'a été fait dans ce domaine précis au temps des vaches grasses et en temps de paix .Comment concevoir dans ce cas que tout serait possible en période de crise multiforme plus grave que la décennie du terrorisme et au moment où la courbe des dividendes rapportés par les hydrocarbures va bientôt atteindre le seuil critique de l'avis de tous les experts économiques internationaux (en 2016 la balance commerciale sera déficitaire et vers 2020 -2024 c'est le RDV avec le FMI )
Personne ne sait exactement de quoi sera fait demain .Déjà dans l'ombre il est certain que des clans cherchent des solutions ,des paliatifs au cas où ,mais concernent-t-ils le devenir de notre nation ou celui de clans qui ne cherchent d'abord et avant tout qu'à préserver leurs intérêts personnels,un réflexe pavlovien bien ancré dans leus gènes !
amicalement
sadek