vendredi 7 mars 2014

Les Zaouia disent "Barakat"

 Selon la presse électronique, le Dr Chaalal Mahmoud Omar, président de l'Association Nationale des Zaouïa d'Algérie dit "non au 4ème mandat"!

Pour avoir suivi de prêt le parcours du Dr Mahmoud Omar Chaalal, le président de l'association nationale des zaouïa d'Algérie, je ne suis nullement surpris par cette position qui dénote d'un grand courage et d'une grande lucidité...dans un livre qu'il a eut l'obligeance de me dédicacer, j'avais noté sa rupture d'avec les autres courants et surtout d'avec l'idée du 4ème mandat. Pour comprendre cette posture, il serait bon d'en connaitre les racines profondes. Et lorsque l'on connait ces fondements qui font l'originalité des zaouïa et leur engagement dans le mouvement national, leur opposition au salafisme tel que prôné à l'époque par Ben Badis, on ne peux qu'apprécier à sa juste mesure la déclaration du Dr Mahmoud Omar Chaalal. Pour avoir une idée même superficielle, voici le texte que j'ai commis concernant le livre du Dr Chaalal...à lire jusqu'au bout, car c'est la chute qui est déterminante:

Parution d’un ouvrage sur le monde des Zaouia

Entre un passé assumé et un avenir incertain

Edité sur compte d’auteur, le livre « Itinéraire de la zaouia Al Chaalal » est sur les étals depuis quelques jours. Son auteur, le Dr Mahmoud Omar Chaalal n’est pas un inconnu, puisqu’il est le président de l’association nationale des zaouïa d’Algérie. Prenant appui sur des précieux témoignages ainsi que sur des bribes de manuscrits, l’auteur entame une studieuse rétrospective sur le parcours de la zaouïa qu’il connaît le mieux, celle de Sougueur, une ville située à 50 km au sud de Tiaret. L’ouvrage de 242 pages rappelle avec parfois de croustillant détails, ce que furent, il y a de cela deux siècles, les balbutiements d’une zaouïa, sous l’emprise du diktat Ottoman. On ya prend combien, l’école coranique fondée par ses aïeux, a été confrontée aux pressions du Makhzen turc pour ensuite subir de plein fouet l’implacable joug de la colonisation française. Entre les affronts des turcs et de leur relais indigènes, et les brimades et autres privations de l’administration coloniale, l’auteur nous restitue avec minutie les moindres actes de résistance des familles et des tribus autochtone, avec en toile de fond, l’apport soutenu de l’enseignement du Coran et de la langue qui le véhicule. Le lecteur se laisse guider à travers la vie de la zaouia, de ses adeptes, des chouyoukhs et de leurs apports séculaires au maintien d’une cohésion à l’intérieur de la société. A partit de sa zaouïa, le Dr Chaalal invite le lecteur à le suivre de marabouts en marabouts à travers ces hautes plaines et ces montagnes incrustées et rebelle de l’Ouarsenis. Puis à travers son propre itinéraire, il nous guide à travers les péripéties de sa scolarité au lycée franco musulman de Tlemcen et son premier contact avec la grande ville, ses habitants au raffinement avéré et ses sociétés savantes qui lui ouvriront les portes du sublime patrimoine musical andalous. Se voulant très pédagogue, l’auteur nous parlera de cette rencontre à la fois insolite et fondatrice entre son grand-père et Abdelhamid Ben Badis. Une confrontation entre «  le salafisme » rigoriste de l’un et le « soufisme séculaire de l’autre, qui fera que la zaouïa de Sougueur parviendra selon les mots de l’auteur «  à faire la synthèse entre les frères ennemis. Enfin, dans sa lucidité habituelle, l’auteur règle ses comptes avec les « zaouïa politiques » et refuse de s’associer aux appels à un 4ème mandant, n’hésitant pas à critiquer sans détours le patron de la zaouia «Habria »  de Sidi Maarouf, non loin d’Oran qu’il accuse d’avoir « altéré la Tariqa Habria » et de « diriger de sa secte, le mouvement du groupe d’Oujda ».

Pour la première fois depuis 1999 : l’Association nationale des zaouïas ne soutiendra pas Bouteflika

Le divorce semble définitivement consommé entre le président Bouteflika et l’Association nationale des zaouïas qui a décidé de n’accorder de soutien à aucun candidat à l’élection présidentielle du 17 avril prochain. Inattendue pour beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale, vu que les rapports entre le chef de l’Etat et l’Association en question ont parfois atteint des niveaux de complicité surprenants, la décision constitue peut-être le signe d’une profonde mésentente entre les deux parties. Et c’est à partir de Mascara, à l’ouest du pays, que le président de l’Association a donné le ton. «Nous avons une position de neutralité complète sur l’élection présidentielle du 17 avril. Nous ne sommes ni pour ni contre un quatrième mandat du président en poste Abdelaziz Bouteflika», a, en effet, expliqué de manière publique Mahmoud Chaâlal, président de l'Union nationale des zaouïas algériennes (UNZA). Assailli par les journalistes venus couvrir son point de presse réservé aux préparatifs d’une rencontre internationale sur le soufisme, Chaâlal n’a pas hésité, contre toute attente, à dire tout haut sa position sur une échéance politique décisive pour le pays, en l’occurrence la présidentielle du 17 avril prochain. «Notre mouvement adoptera une position de neutralité et ne soutiendra aucun candidat», a-t-il tranché, lui qui avait fait du soutien à Bouteflika une constante depuis l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 1999. Le président de l’Association des zaouïas révèle, de manière presqu’explicite, que le courant ne passe plus entre lui et le chef de l’Etat, candidat à sa succession. «Nous allons œuvrer avec celui qui sera élu et qui partagera nos idées et nos valeurs», a-t-il déclaré comme pour signifier que son organisation ne partage plus grand-chose avec Bouteflika pour lequel, pourtant, elle s’était toujours mobilisée.
A. Sadek

1 commentaire:

  1. Ca, c'est une bonne nouvelle! Et c'est courageux de la part de Chalal!

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