Hier, 28
février 1847, Si Ahmed Bensalem, beau père de l'Emr Abdelkader déposait les
armes et cessait la résistance...c'est dans le Bureau Arabe d'Aumale Sour El
Ghozlane qu'il signera sa reddition face à Bugeaud, le sanguinaire gouverneur
général de l'Algérie...la scène tournée hier 13 mars 2018 au niveau de l’ex
école de Beaux Arts de Mostaganem est venue ponctuer 2 semaines d'intenses
travaux de tournage du film Documentaire fiction dont la réalisation a été
confiée à Larbi Lakehal...la journée avait commencée avec le tournage des
dernières séquences au niveau du Marabout de Sidi Mansour...et de la plage
éponyme...qui a servi de site pour simuler le débarquement du 14 juin 1830 à
Sidi Ferruch...Ce furent 14 jours d'une insoutenable tension...avec le seul soutien
des habitants de la région de Amarna...enfants, adultes et vieillards se sont
glissés avec conviction dans les costumes d'époque pour incarner des
personnages qui ont fait l'histoire de la résistance sous la bannière de la
Zaouiya Rahmaniya...
Si durant la période de préparation, nous avions été
inondés de promesses publiques et privées, très vite ces belles intentions se
sont évaporées les unes à la suite des autres. Tout s’est passé comme si, dans
ce pays, il ne restait plus aucune valeur...c’est terrible à dire...et c’est
encore plus terrible à supporter...comme je me suis personnellement engagé
auprès de la dynamique productrice, j’ai dû en subir dans ma chair les
défections successives...mis à part la mairie de Fornaka, dont les élus ont
tenus promesse, rien n’est venu de l’administration locale...qui a brillé par
son absence et par son dédain. Pourtant, à l’origine, dans les hautes sphères
de l’administration, on nous a laissé croire que nous allions trouvé un soutien
total...Faut-il rappeler que ce projet était soutenu par le ministère de la
culture? et qu’à ce titre, il bénéficiait de l’argent public, donc de celui du
contribuable citoyen. Il ne s’agit pas d’un sitcom ou autre documentaire à
caractère lucratif destiné à fourvoyer le téléspectateur. Est-il nécessaire de
rappeler que la finalité du film est de donner une consistance à ce que furent
les souffrances et les résistances des Algériens face à la machine sanguinaire
déployée par l’armée coloniale en vue de réduire ce peuple?
Comment expliquer
que de toutes les entreprises publiques et privées, indigènes ou à capitaux
mixtes, grande ou petite, aucune n’a estimé de son role de soutenir ce projet?
Un projet dont le caractère patriotique est incontestable! Faut-il espérer un
sursaut? Peut etre que lors du tournage en Kabylie l’honneur sera sauf!
Car dans le
mostaganémois, les porteurs du projet ont été livrés à eux mèmes! Nous avons
travaillé dans des conditions impossibles. Avec nos véhicules, nous avons
empruntés des chemins dignes du salaire de la peur. Tous les jours! C’est à
peine si nous avions réussi à colmater les nombreuse crevasses qui rendent le
parcours très risqué. C’est un vrai miracle que d’avoir échappé à un accident
qui aurait eu de conséquences incalculables. La chaussée rendue glissante à
chaque chute de pluie a été une hantise permanente des organisateurs et du
sympathique chauffeur de bus qui a bravé avec nous les pires dangers....et la
nuit noire...car dès le premier jour, les tournages se sont prolongés parfois
jusqu’à 23 heures! En effet, une fois engagés dans le bourbier, Larbi Lakehal
et son équipe technique n’avaient qu’une seule alternative, tourner le maximum
de séquences afin d’épargner aux acteurs et autres figurants les désagréments
du déplacement quotidien. Encore une fois, nous avons appris que de la
difficulté nait la détermination. Voir ces deux grands garçons que sont M’hamed
Benkerda et Hanafi Daouadji, enfants du coin, emprunter à pied, sous la pluie
et le vent violent, le chemin plus de 4
kilomètres qui sépare Kheireddine du hameau « Ech-Chatt », lieu du
tournage, fut pour nous tous un acte de bravoure et de générosité inégalé.
Retrouver, tous matins, le regard espiègle du propriétaire du paquet de maisons
anciennes, avec toujours ce large sourire illuminant son visage émacié, fut
pour moi un moment de grande félicité. Car pour lui, habitant Amarna, sur la
rive gauche du Chéliff, le trajet est encore plus laborieux. Il doit remonter
une pente raide de plus de 250 mètres de dénivelée et sur une distance de plus
de 2 km pour reprendre son poste de gardiens en chef. Sans lui, sans son fils
et son jeune frère, nous aurions été dans la nécessité de rentrer les
équipements lourds et l’ensemble des accessoires, ainsi que le groupe électrogène
prêté par la Protection Civile de Mostaganem.
Le tournage aurait alors nécessité
pas moins de 20 jours ! Avec plus de 25 techniciens, 10 machinistes, 4
gardiens et autant de chauffeurs, auxquels il faut rajouter une vingtaine de
figurants et au bas mot une demi douzaine d’acteurs, le cout journalier du tournage
aidant, il au fallu disposer de plusieurs milliards de budget. C’est pourquoi,
sans jamais sacrifier à l’esthétique, le réalisateur et son équipe aux qualités
professionnelles incontestables, ont tenu à façonner des images d’une beauté époustouflante.
Cette
fresque historique ne méritait-elle pas le soutien, meme symbolique des
entreprises locales ? La réponse à cette question centrale du lien à la
patrie est indisposante à plus d’un titre. Comment, des opérateurs publics et
privés peuvent se détourner à ce point de cette œuvre de réhabilitation et de
reconnaissance de la résistance héroïque de tout un peuple ? Comment des
noms aussi prestigieux que ceux de l’Emir Abdelkader, le Chérif Boubaghla,
Lalla Fadhma N’soumer, Cheikh Mokrani ou Cheikh Ahaddad, pour ne citer que ceux
là, ne puissent pas mobiliser un mécénat national ? Alors que dans le
forums et en dehors on ne cesse de soutenir que la jeunesse se désintéresse
totalement –dramatiquement serait plus juste- de son histoire, pourquoi, ceux
qui possèdent les moyens de remédier à cette terrible décrépitude continuent de
tourner le dos à cette œuvre culturelle éminemment patriotique ? Il
devient indécent de rappeler que dans ce pays, le mécénat puise ses ressources
de la fraction fiscale des revenus de l’entreprise…c'est-à-dire que l’argent
qui part vers le sponsoring est déjà celui que l’entreprise doit à l’impôt !
Le rappeler est en soi indécent…pourtant…sans le soutien du ministère de la
culture, qui oserait engager ses sous pour perpétuer et faire connaitre l’histoire ?
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