mercredi 21 novembre 2012

L'insurrection de Novembre dans le Dahra

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 La stèle oubliée de Benabdelmalek Ramdane


Gerbe de fleur déposée par un anonyme le 1er novembre 2012
Erigée afin de commémorer la mort au champ d’honneur du premier membre des «22» historiques de la Guerre de libération, la stèle de Benabdelmalek Ramdane continue de narguer le temps et le bon sens.

Construite il y a une trentaine d’années, son architecture, digne de l’art soviétique des années de plomb, n’est qu’un vulgaire accolement de parpaings que recouvrent avec une naïve maladresse des carrés de ce vieux granito des années 70. Située en bordure de la forêt de Belekhelouf, la construction s’offre aux curieux sans aucun charme ni aucune esthétique digne de la symbolique qu’elle est censée représenter. En effet, c’est à quelques centaines de mètres de l’endroit où est tombé au champ d’honneur, le jeudi 4 novembre 1954, le combattant Benabdelmalek Ramdane.
fac-similé du PV de procédure judiciaire du 31/12/1954

Il venait de boucler ses 26 ans et à l’époque, sa mort était presque passée inaperçue. En tout cas, si l’endroit n’a jamais fait l’objet de la moindre contestation, les circonstances de sa mort sont encore de nos jours entourées d’un nuage de suspicion. En lisant le PV établi par l’administration coloniale, on y apprend que la mort de Benabdelmalek Ramdane remonte au 5 novembre 1954. Pour le reporter Yves Courrière, le responsable politico-militaire faisait partie des 8 premières victimes recensées durant la journée du 1er Novembre. Ceci est absolument faux puisque tous les témoignages de ses compagnons de l’époque sont formels. D’autant que le jeune militant Constantinois a été inhumé au cimetière de Sidi Ali, comme le stipule le PV de la gendarmerie de l’époque. Pourtant, sur sa tombe, c’est bien la date du 4 novembre qui est gravée à jamais.
La controverse sur  la date montre à quel point la mort de Benabdelmalek Ramdane continue de torturer les consciences. Car le personnage n’est pas qu’un simple combattant, il s’agit de l’adjoint de Larbi Ben M’hidi, responsable FLN/ALN pour l’Oranie au déclenchement de l’insurrection. Désigné pour organiser l’insurrection dans la région du Dahra, Benabdelmalek Ramdane ne connaissait pas la région. Sur place, c’est Bordji Amor qui était à la tête de l’organisation et c’est lui qui pouvait aligner pas moins de 92 combattants lors du déclenchement de la révolution.
Ses militants, le PV de la gendarmerie faisant foi, sont pour la plupart  originaires de Sidi Ali, Ouillis, Bosquet, Aïn Tédelès et Sour. Un autre groupe de 12 combattants originaires de la région d’Aâchaâcha devait accueillir «Si Abdallah», nom de guerre de B. Ramdane, dans un refuge situé dans la forêt de Sidi Slimane, 20 km au sud de Sidi Lakhdar, non loin de Béni Zentis. Un lieu que B. Ramdane devait rejoindre juste après l’attaque des fermes Monsenégo et De Jeanson et de la caserne de gendarmerie de Cassaigne.

La mort suspecte d’un héros
 A l’heure du rendez-vous, deux membres de l’escorte – Bey Mohamed et Belghachem Ahmed –  firent défection, ils seront capturés dès le lever du jour sur une route du Dahra.
Accompagné du seul Douar Miloud, «Si Abdallah» se rend dans les massifs forestiers de Bourahma, Benlekhlouf, Seddaoua, situés en bordure de mer, dans les environs immédiats de Sidi Lakhdar. Parvenus au niveau de l’oued Romane, les deux rescapés ont dû faire demi-tour. Ils durent traverser les douars Seddaoua et H’gagna avant de venir s’abriter dans la forêt de Bourahma, non loin du douar Ouled Larbi. C’est là qu’ils seront repérés et accrochés. Banabdelmalek Ramdane sera criblé de balles tandis que Douar Miloud, blessé, sera fait prisonnier. Libéré à l’indépendance, il décèdera en 2001 à Hadjadj, son village natal, sans avoir dévoilé les circonstances de la mort de son illustre compagnon. Le 1er novembre dernier, une main anonyme a déposé une gerbe de fleurs sur la stèle oubliée.
Chez les habitants de la région qui ont accepté de nous parler de ce douloureux évènement, il ne fait aucun doute que la mort du premier chef historique du FLN est le fait d’une trahison. Certains ont même donné le nom de celui qui est présenté comme étant l’auteur de la battue. Il s’agirait d’un membre d’une tribu locale connue pour ses accointances avérées avec l’administration coloniale. Il reste que pour celui qui visite l’endroit où est tombé Benabdelmalek Ramdane, en lisière de la forêt de Bourahma, non loin du douar Ouled Larbi, il ne peut ne pas déplorer l’état de délabrement de la stèle.
Comme si la mort de cet illustre martyr continuait à être vécue comme une malédiction. Pourtant, la région natale de Bordji Amor et de Belhamiti Bendhiba ne peut ne pas être fière de sa contribution précoce à la Guerre de libération, puisqu’à l’instar de la Kabylie, de l’Algérois et de l’Aurès, le Dahra était au rendez-vous de l’histoire. C’est bien ici que le 1er Novembre 1954, à 1h15 du matin, furent tirés les premiers coups de feu devant la ferme Monsénego et De Jeanson, puis 15 minutes plus tard, face à la gendarmerie de Cassaigne. Blessé devant la ferme Monsénego, le jeune Laurent François recevra le coup fatal devant la gendarmerie où il venait donner l’alerte à bord de sa 4 CV.
C’est ainsi que l’Oranie est rentrée dans l’histoire de la libération du pays. Il est regrettable que la stèle commémorative de cet évènement majeur – dont la plaque a été arrachée – soit laissée à l’abandon, comme si les dignes fils du Dahra avaient honte de leur histoire.

extrait du PV d'audition de Jean François Mendez

jeudi 15 novembre 2012

Réchauffements climatiques à Alger




Les révélations d’Algérie News, le quotidien bilingue de H’Mida El Ayachi, viennent à point nommé pour rappeler que sans les luttes de clans, rien ne se fait dans ce pays. Au moment où de sérieux bruits de bottes nous parviennent des frontières sahariennes, le pays tourne ses regards vers un contre feu qui sent à mille lieues la manipulation. Ce qui ne veux pas dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, les révélations d’Algérie News ne constituent nullement un scoop, comme on voudrait le faire croire…H’Mida Ayachi apporte d’autres éléments d’informations…ni plus ni moins…c’est seulement le choix du moment et du journal qui devrait nous interpeller. Qui mieux qu’Abed Charef, redoutable routier de la presse, pouvait nous éclairer davantage ? Voici sa chronique disponible sur le site La Nation….à lire et à mettre au chaud, l’Eté ne fait que commencer et il va être très long…jusqu’au printemps 2014…la neige précoce qui vient d’habiller les Djebel Aïssa et Mekheter, qui enlacent Aïn Sefra, n’y pourra rien…dans les hautes sphères de la république, c’est la canicule assurée, combien même c’est un ancien ministre de l’eau qui est installé au poste de pilotage du palais du gouvernement…L’affaire Ghoul et Belkhadem font partie intégrante du réchauffement climatique, elles annoncent des tempêtes, des ouragans, quelques cyclones et peut être même un Tsunami…à l’Algérienne bien entendu…surtout que pour les démentis, vous avez vu la geste ample de Ghoul sur EnNahar TV…la chaine de qui vous savez…c’est dire notre accablement…face à l’inertie de façade…
Boussayar

Règlements de compte autour d’un cadavre
Abed Charef
Mercredi 14 Novembre 2012

Nouveau scandale. Des personnalités de haut rang mises en cause dans des affaire de commissions. Mais le pays continue de fonctionner comme si de rien n’était.

1. Journalisme d’investigation

Les révélations sur des affaires de pots-de-vin, publiées cette semaine par le quotidien El-Djazaïr News, réconcilient avec le journalisme, le vrai. Celui qui promet de s’attaquer aux puissants, de ne jamais céder face aux détenteurs du pouvoir et de l’argent ; un journalisme qui a pour seul crédo la recherche de la vérité, indépendamment de celui à qui elle profite ou à qui elle peut causer du tort. Ce journalisme a disparu d’Algérie, au profit d’un autre exercice, très approximatif, qui ignore les règles les plus élémentaires du métier. Il ne s’agit pas de nostalgie, ni d’une quelconque volonté de revivre un passé qui, du reste, n’existe pas, car la presse algérienne n’a jamais été libre et professionnelle sur une durée suffisamment longue pour en faire un repère.
Non, il s’agit seulement d’un constat. L’Algérie ne s’est pas adaptée aux médias modernes, et les médias n’ont pas suivi l’évolution qui est en train de bouleverser le monde de la communication dans le monde entier. L’Algérie est d’ailleurs dans un bel anachronisme, avec ses chaines de télévision privées non déclarées, ses monopoles sur la publicité dans un marché supposé concurrentiel, et son niveau professionnel proche de zéro dans nombre de médias.
Dans un tel paysage, le travail effectué par El-Djazaïrs News, avec des révélations précises, étayées par des documents, mettant en cause des hommes politiques puissants, fait figure d’exception. C’est si rare dans un pays où la manipulation de la presse est un jeu si répandu qu’il en est devenu la règle. Mais hélas, ce que publie El-Djazaïr news ne relève pas du journalisme d’investigation. On est dans un mode totalement différent, qui se rapproche beaucoup plus de la guerre des clans et des règlements de compte.

2. Guerre des clans
C’est donc vers la guerre des clans qu’il faut se retourner pour trouver une explication à ces révélations selon lesquelles M. Amar Ghoul aurait touché des commissions dans le contrat sur l’autoroute Est-Ouest, alors que M. Abdelaziz Belkhadem, patron du premier parti du pays, ancien premier ministre, considéré comme proche du président Abdelaziz Bouteflika, serait intervenu pour qu’un contrat soit accordé à une entreprise qui n’aurait pas dû l’obtenir. M. Ghoul a affiché son ambition pour la présidentielle de 2014. M. Goul a, également, créé un nouveau parti, dans lequel il a  attiré une partie de l’encadrement de son ancien parti, Hamas, et affiche des ambitions de plus en plus grandes. Est-ce une manière de les rappeler à l’ordre ? De les ramener sur terre, alors qu’ils semblaient partis pour tenter des aventures en solo ?
Dans la rue comme dans les milieux branchés, c’est ce qui se répète. Personne ne semble croire à un hasard, ni à l’existence d’un justicier masqué qui aurait décidé de balancer des politiciens ripoux. Partout, prime la théorie du complot. « Ils » ont décidé de sacrifier Amar Ghoul, « ils » ont décidé de griller Belkhadem, « ils » ont choisi de baliser le terrain avant que les choses sérieuses ne commencent, à l’approche de 2014. « Ils » ont décidé de griller tous les candidats alternatifs, pour qu’un quatrième mandat s’impose comme une évidence. Mais alors, ce serait quoi ce pays où un chef d’Etat, physiquement diminué, politiquement usé, qui a lui-même reconnu avoir fait son temps à travers sa célèbre formule « tab djenanani », ce serait quoi ce pays où un chef d’Etat reste éternellement au pouvoir non parce qu’il est le meilleur d’une compétition plus ou moins acceptable, mais parce qu’il réussit à éliminer ses adversaires ? C’est le signe d’un système politique mort.

3. Un système mort
Il ne s’agit pas d’un système à l’agonie. Non, c’est un système mort. Qu’il réussisse à s’imposer ne signifie pas qu’il est en vie, puissant, opérationnel. Non, c’est un système mort, car il ne peut plus donner vie au débat politique, aux idées, à la compétition. Il n’est plus capable de donner naissance à de nouveaux leaders, à un nouveau personnel politique, à de nouveaux dirigeants. C’est encore plus frappant encore dans le domaine économique. Un chef de mission du FMI a déclaré, cette semaine, avec une certaine ironie, que l’Algérie réalise une croissance « solide » à 2.5%, mais qu’elle pourrait faire 6 à 7%, et que son potentiel devrait en fait lui permettre de faire plus de dix pour cent. L’Algérie réalise une croissance économique qui couvre à peine l’augmentation de la population, alors qu’elle pourrait avoir une croissance « chinoise ». Pourquoi ? Parce que son système est mort.
Une autre manière de le confirmer : des journaux publient des informations sur des affaires de corruption. La justice, autre institution morte, ne peut pas s’en saisir. Aucun procureur légalement compétent n’a annoncé avoir ouvert une information judiciaire. Et puis, nouveau séisme : un ancien ponte du régime est désigné membre d’un institut de lutte contre la corruption alors que sa fille et son gendre sont impliqués dans un énorme scandale.
On n’est plus dans le journalisme, dans la guerre des clans. On est face à un système mort, et qui risque d’emporter avec lui un pays.

mardi 6 novembre 2012

Que cesse la calomnie


Pourquoi il faut dénoncer la cabale contre le Pr Aourag
Mis en cause par un journal en ligne, le Pr Hafid Aourag, directeur général de la Recherche scientifique et du développement technologique (DGRSDT) auprès du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, est dénoncé d’avoir plagié un rapport du ministère français de l’Enseignement supérieur sur la recherche scientifique. Pour l’avoir connu en ma qualité de journaliste, pour l’avoir souvent côtoyé en ma qualité de chercheur et de responsable de projet et de directeur de laboratoire, pour avoir connu ses anciens collègues, tant lors de sons séjour en Grande Bretagne qu’à l’université de Sidi Bel Abbès, pour l’avoir poussé dans ses derniers retranchements lors de nombreux entretiens en marge des ses multiples visites tant à l’université de Mostaganem qu’à celles d’Oran et de Tlemcen où il avait animé de nombreux ateliers de travail entrant dans le cadre de sa mission, je puis me permettre d’apporter ce témoignage afin que la probité et l’honnêteté du professeur Aourag soit à jamais reconnue et affirmée. Le procès qui lui est intenté n’est pas seulement un mauvais procès, c’est le procès de l’homme intègre et du chercheur de talent qui est visé par ces attaques indignes. Après 40 ans de carrière dans la formation supérieure agronomique, comptabilisant plus de 10 ans comme collaborateur dans un grand journal indépendant, je pense en connaître un petit bout sur la qualité des hommes intègres et sur celle moins reluisante des laudateurs et des traitres. Il serait tellement facile de laisser s’accomplir la curie et attendre que le vent tourne, une posture d’opportuniste qui sied tant à ceux qui ont des troubles de conscience. Je n’en suis pas et n’en serais jamais. A partir de ma posture connue et reconnue, je ne peux ne pas dire mon intime conviction que ce qui arrive à cet éminent chercheur Algérien est dans la droite ligne de ceux, trop nombreux, qui n’ont en partage que la médiocrité et qui ne survient que par les magouilles et les passe-droits. Ce monsieur Aourag est trop naif et trop juste pour se laisser entrainer dans cette voie glauque qu’est le plagiat. Ce mot terrible qui vous détruit tout une carrière faite d’abnégation et de rigueur. Parvenu au sommet de la hiérarchie scientifique mondiale, quel besoin aurait-il de se laisser entrainer dans cette obscure affaire ? Ce qui est encore plus révoltant c’est cette jubilation qui émane des quelques articles consacrés à cette cabale. Qui pourrait croire un seul instant que ce monsieur rigoureux et affable, distingué et modeste, scrupuleux et intransigeant, puisse se fourvoyer comme un malpropre et un parvenu en plagiant avec autant de désinvolture un texte que le dernier licencié en langue française peut parfaitement écrire simplement en s’appuyant à un minima de culture générale. Croire que ce scientifique de haut niveau puisse se rabaisser à plagier Valérie Pécresse, la ministre de Sarkozy, c’est prendre la communauté universitaire nationale dans son ensemble pour un ramassis de canards boiteux. Car voyez-vous, un professeur de ce rang et de cette envergure, combien même l’idée lui venait de s’inspirer d’un texte écrit par autrui, il se limiterait à en reprendre les idées générales. Jamais il ne lui viendrait à l’esprit de le faire comme un vulgaire plagiaire débutant. Le croire un seul instant, c’est faire injure à son intelligence. Car dans cette affaire, l’objectif ultime n’est ni plus ni moins d’une mise à mort. Alors, comme Watson, posons-nous la question : à qui profite le crime ? A l’évidence pas à celui qui en est accusé! Alors le Pr Aourag se serait-il soudain transformé en suicidaire ? Chez les scientifiques sérieux d’ici et d’ailleurs, il ne se trouvera personne pour le croire. Maintenant s’il s’agissait de ternir la personnalité et le parcours si précieux et si original du Pr Aourag, c’est loin d’être accomplis ! Surtout si les femmes et les hommes de bonne foi et de bonne réputation, s’en mêlaient pour dire halte à cette cabale d’un autre temps ! Pour eux, il n’est nullement question de se taire sur ce mauvais procès intenté au meilleur d’entre nous. Non seulement cet homme est intègre, mais il est également celui qui est parvenu à mettre la recherche scientifique sur la seule voie qui mène vers le progrès. Pour l’avoir souvent interpellé pour les besoins du journal, je sais combien ce grand commis de l’Etat développe un sens aigu du devoir de réserve, qu’il cultive comme une seconde religion. Si quelques parts, le statut social de l’enseignant universitaire et du chercheur algérien s’est nettement amélioré durant ces dernières années, je puis témoigner ici et pour toujours que la touche intimiste et personnelle du Pr Hafidh Aourag n’y est pas étrangère. Ce procès est une plaisanterie de mauvais gout qui ne plaira qu’aux pantins, aux laudateurs, aux incapables, aux faussaires, aux vauriens, aux planqués et aux adversaires acharnés de la rigueur scientifique et de la noblesse. Hélas, dans les travées de l’université algérienne, ils sont légions. Ceux-là, la cabale contre le Pr Aourag ne peut que les réjouir et les conforter dans leur sale et détestable entreprise d’anéantissement du dernier carré de rigueur, de probité, de sagesse et d’intelligence que compte l’université algérienne.
Pr Aziz MOUATS, Université de Mostaganem

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...