mercredi 29 juin 2011

Un réplique de Kamel Daoud et un mail de Yasmina Khadra

 Attendue, la réponse de Kamel Daoud est là....entre temps, Boussayar a reçu un mail de Mohamed Khadra qui a valu une réponse à son auteur...j'attends l'accord de Yasmina Khadra pour publier cet échange...
 
 
Encore plus indigné, Monsieur Khadra
par Kamel Daoud
Ambassade du Bahreïn à Paris pour bien souligner le caractère de tirs groupés, mise au point tonitruante, débarquement d'alliés. Il ne manquait plus, hier, en réponse à l'indignation du chroniqueur, qu'un bataillon du «bouclier de la péninsule» envoyé par les Saoudiens. L'ambassade y confirme qu'une poétesse Bahreïni a été arrêtée parce qu'elle a dit un poème contre la monarchie et Yasmina Khadra ajoute qu'elle a présenté ses excuses à la télé du Roi (sachant ce que valent les excuses télévisées sous les dictatures). Pour les autres morts de la place de la Perle, et bien ils sont morts. On aurait pu s'arrêter au comique de la situation d'un écrivain de talent qui explique qu'il va au Royaume des Al Khalifa pour faire ce qu'il ne fait pas dans son pays : libérer des prisonniers, enquêter sur des atteintes aux droits de l'homme, rétablir la vérité et demander des grâces. Sauf que la lecture de la réponse Khadra est intéressante du point de vue de la psychologie : s'y confirme cet étrange paradoxe entre un écrivain doué et un personnage qui bascule sans effort dans la paranoïa devenue naturelle. Tout ce que vous pouvez dire de Khadra à Khadra, il le prendra pour une attaque personnelle, une traîtrise et une jalousie. Le vocable de ses réponses aux «détracteurs» ressemble d'ailleurs aux pires paroliers des chanteurs Raï : on y retrouve le mauvais œil, la dénonciation des «jaloux», la plainte et la solitude de l'incompris.

Khadra croit que l'amitié est une forme d'allégeance et croit que toute critique de son œuvre est la preuve qu'on le jalouse. En Algérie, comme ailleurs, le personnage reste admiré pour son talent mais fait rire à propos de ses croisades de ventilateurs. On aime le lire mais sa course à la reconnaissance est devenue agaçante. Il est devenu impossible de parler de cet homme et de son œuvre sans qu'il vous charge et vous pend haut et court. Dans les milieux de presse ou du monde de l'édition, rares sont ceux qui n'ont pas eu droit à «sa réponse» systématique, dénonçant la jalousie et l'œil des envieux. Khadra entend des coups de feu partout, voit bouger les buissons comme à l'époque de la guerre et soupçonne de traîtrise tout ceux qui disent non à son délire. C'est une guerre de libération personnelle contre un ennemi qui n'a jamais existé.

Pour la réponse d'hier, le chroniqueur est encore étonné par sa violence et sa grossièreté et sa méchanceté disproportionnée. On y est presque forcé de croire que Khadra répond à un cauchemar personnel, un ennemi intime et pas à une critique. Les mots y sont grossiers, les explications oiseuses et le procès du chroniqueur d'une rare violence. L'exercice de liberté est donc impensable dans l'univers de cet écrivain : on y a droit à deux postures : le garde-à-vous ou le procès. Dire ce que l'on pense dans sa proximité est le signe d'une trahison. Ecrire que cet homme a tort est la preuve d'une embuscade. L'attitude de cet homme fait rire en Algérie mais peu osent le lui dire en face. C'est ce qu'a fait le chroniqueur au nom d'une ancienne amitié qui ne doit pas être confondue avec basse allégeance. Le chroniqueur ne croit pas à l'immunité qu'impose le copinage. Il s'est donné cette liberté de parler du pays et des siens sans recourir à l'insulte, à la haine ou au compromis. Une liberté que Khadra n'arrive pas à concevoir, ni à admettre, ni à imaginer : enfant d'une sévérité mutilante, il continue de confondre guérilla et critique, livres et victoires militaires, médailles et talent. Le chroniqueur, dans son indignation à propos de cet écrivain, a essayé de garder la mesure et les bonnes manières et d'expliquer qu'il s'agit d'un devoir que d'attirer le regard d'un homme sur le risque du comique de sa posture. Le chroniqueur a usé de la phrase la plus neutre et de la mesure la plus proche de la justesse pour parler de cet homme, sachant qu'il allait se heurter à une susceptibilité légendaire et à une violence habituelle chez cet homme qui ne conçoit ni la liberté des autres, ni leur libre critique, ni leur indépendance en dehors de son univers ou contre son univers. Cela n'a servi à rien. Si vous dites du bien de Khadra, Yasmina en sera jaloux. C'est un univers clos. On ne remerciera peut-être jamais les divinités d'avoir fait en sorte que les personnages de Khadra sont meilleurs que sa personne. Si tous lui ressemblaient, on aurait eu droit à quelques bons «livres verts» à lire sous la menace et pas à de bons romans. Mais passons. Il faut remercier aussi le destin : avec un président pareil, le chroniqueur aurait pourri dans les prisons du pays pour une seule chronique.

Monsieur Khadra, réveillez-vous donc : arrêtez de courir après les prix, arrêtez de croire que personne ne vous aime, arrêtez de promener cette haine de soi par le biais de la méfiance envers vos compatriotes. Acceptez la liberté des autres, leurs efforts et leurs différences. Essayez de ne pas être le centre du monde et votre monde deviendra plus grand. Le chroniqueur dit ce qu'il pense et l'écrit. Sur vous, vos employeurs ou vos «maîtres», pour reprendre votre lexique féodal. Cette liberté, ce n'est pas vous qui la lui enlèverez : il n'y a pas de dictature en littérature, pas de casernes. Ce bout de papier, comme vous écrivez, est un bout du pays. Et cessez, enfin, de vous plaindre : vous excellez tellement dans les chagrins imaginaires que peut-être vous devriez vous intéresser à écrire des chansons d'amours passables. Vos explications sur votre voyage au Bahreïn ne tiennent pas la route, et vous le savez. Vous vous battez pour la vérité au Bahreïn ? Revenez donc au pays et faites-le ici où il y a des harcelés, des immolés et des battus : on cotisera tous, peuples et pauvres pour vous offrir un prix. Vous les aimez tant ! Pour le reste, le chroniqueur refuse toutes les dictatures militaires ou pas. Le pays est libre, l'armée ne fait plus de politique officiellement. Elle ne fait donc pas de la littérature. Vous êtes un civil depuis des années Monsieur Khadra, détendez-vous. Pour le reste, prenez un peu de la hauteur : l'histoire des pays arabes est en train d'être faite par des gens qui meurent, des sacrifiés, des jeunes et des hommes de courage. Choisissez votre camp et surtout votre mesure : c'est un Royaume pour les humbles et pas pour les vaniteux. Allez au Bahreïn des Al khalifa, nous, on attendra de le visiter quand il n'y aura plus d'apartheid.

mardi 28 juin 2011

Mohamed Moulesshoul au secours de Yasmina Khadra


Trop longue…bien trop longue la réponse de Yasmina Khadra. A mon avis, s’il s’était limité au dernier paragraphe celui que je surligne en vert, ça aurait donné de la hauteur, de la consistance et de la profondeur, voire du panache, que dis-je ! de l’élégance à la réplique de Yasmina Khadra. Hélas, comme un fauve blessé, il a foncé tête baissée dans le petit cagibi de Kamel, pensant le défoncer une bonne fois pour toute…c’est loin d’être gagné…c’est au moins la preuve que même en étant un grand et richissime romancier, on a toujours besoins d’un agent de communication…Désolé de le rappeler ici, Yasmina Khadra a laissé parlé la canonnière de Mohamed Moulesshoul…du pain béni pour Kamel Daoud, dont la réplique ne pourra ne pas être fulgurante…excellent pour lancer le débat de l’été…2011…celui de la révolution Arabe qui est l’invitée surprise de cet échange épique…Boussayar


Droit de réponse de Yasmina Khadra
Il est des gens qui, si on venait à étaler sous leurs yeux toutes les splendeurs de la terre, n’y verraient que leur propre laideur. La nuit est en eux. Telle la Vallée des ténèbres, le cauchemar officie jusque dans le cadet de leurs soucis.
Un peu comme les vautours attendant la curée, ils fourbissent leur bec nauséabond pareils aux bourreaux leur hache et guettent le moindre remous pour sévir. Ceux-là sont pires que les calamités, pires que tout. C’est par eux que les malheurs arrivent. Ils croient défendre la veuve et l’orphelin en leur faisant de l’ombre. Ils croient incarner une conscience alors qu’ils n’ont même pas une. Ils sont le tort claironnant, la mauvaise foi en marche, et ils charrient dans leur sillage la misère mentale de toute une nation. Et lorsqu’ils s’attaquent aux baobabs, ils se veulent bûcherons tandis qu’ils ne sont que des termites. Ainsi court le monde à sa perte. Votre indignation tonitruante me déçoit, monsieur Daoud. J’ai du chagrin pour vous. Le seul journaliste que je recevais chez moi, le SEUL, c’était vous. Je croyais avoir trouvé dans votre pugnacité de la probité.
Je me rends compte que je me suis trompé. Ainsi, c’est tout ce que vous avez retenu de mon entretien dans Liberté : le prix bahreïni, le prix maculé de sang, et un probable marché à conquérir ? Je ne suis pas un homme d’affaires, je suis romancier. Si je voulais l’argent, jamais je n’aurais accepté de diriger le Centre culturel algérien à Paris pour vous défendre, VOUS, et tous ceux en qui je crois. Je suppose qu’être Algérien, c’est être parfois daltonien. Vous vous octroyez le droit de donner des leçons à vos maîtres et vous ne les retenez pas. Parce que vous disposez d’une tribune, vous vous élevez au rang du despote et vous déversez votre fiel sur ceux que vous n’égalerez jamais. Ni en intégrité ni en labeur. A partir d’un grain de sable, vous déclenchez l’avalanche. Un prix bahreïni, et je redeviens le militaire sanguinaire, le scribouillard du régime, l’opportuniste invétéré, le traître, le complice des assassins… Que connaissez-vous du Bahreïn ? Les amalgames médiatiques qui nous ciblent encore, nous les Algériens ? La manipulation, la désinformation qui a réduit notre pays à un dépotoir interlope, à un coupe-gorge et un vivier de la barbarie ? Je vous croyais aguerri, alerte, et vous réagissez au quart de tour comme une bombe artisanale. Avez-vous été à Bahreïn, savez-vous de quoi il est fait, ce que sont ses torts et ses points forts ou bien vous contentez-vous de réinventer le monde à partir de votre cagibi, entre deux verres de thé et une bouffée de chaleur ? Aucun pays n’est parfait. Surtout lorsqu’il a le malheur d’être riche. Et d’être convoité par des prédateurs de tout poil. Et puis, laissez-moi le temps de rentrer de Manama. J’ai dit dans Liberté que j’allais m’y rendre pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Ne soyez pas impatient de me clouer au pilori. Généralement, ce genre d’inimitiés est un plat qui se mange froid. Mais je parie que vous n’auriez pas tenu une minute de plus pour sortir votre tronçonneuse et me tailler un costume en sapin à la manière des croque-morts. Quelle pitié! Voyez-vous, cher ami, contrairement à vous, je ne prends pas pour argent comptant ce que racontent les médias.
Je réfléchis là où vous réagissez de façon épidermique, voire haineuse. Pour votre gouverne, j’ai reçu le prix bahreïni, il y a des mois déjà. Ce sont les événements dramatiques récents qui ont reporté la date de son attribution. Je connais la région, et je sais au moins de quoi je parle.
Contrairement à vous. En réalité, ce n’est pas le prix bahreïni qui vous chagrine, mais vos propres frustrations. La preuve, ce trop-plein de reproches contenu dans votre chronique digne d’un parano. Sincèrement, je m’attendais à un SMS de félicitations de votre part, comme j’en ai reçus de partout. Mais vous avez choisi de gâcher l’un de mes rares moments de satisfaction.
Il s’agit pourtant de la plus haute distinction littéraire, le seul à être conjointement attribué et par l’Académie française et l’Institut de France ; je suppose que vos oeillères ne sont pas assez larges pour l’entrevoir. C’est bien beau de s’attribuer le beau rôle. Surtout lorsqu’on dispose d’un bout de papier dans un journal. Sauf que ça se passe sur le terrain, cher Daoud. Et je suis un homme de terrain.
C’est précisément cette connaissance, cette lucidité, cette quête de vérité qui a fait de moi le romancier que je suis. Vous faites des vagues dans un verre d’eau, monsieur Daoud. Un proverbe algérien dit : « Si je ne te connaissais, mon rot, je te prendrais pour un coup de canon ». Par ailleurs, j’ai écrit : « En tout peuple, il y a ceux qui relèvent de la race et ceux qui appartiennent à l’espèce. Les races font d’une lueur une torche, et d’une torche un soleil. Les espèces crient au feu dès qu’elles voient un semblant de lumière au bout de leur tunnel. Mais il existe une troisième catégorie d’énergumènes plus ancrée dans la gangue originelle, une gent aussi vénéneuse que les champignons et aussi farouche que les fauves. Cette gent ne relève ni de la race ni de l’espèce, à peine trouverait-elle une case dans « la flore et la faune ». Je vous laisse le soin de vous caser, monsieur Daoud. Et dites-vous que l’abus n’est que le privilège des insignifiants. Je regrette seulement que cette diatribe hautement tendancieuse vienne de quelqu’un que je comptais parmi mes amis et parmi les écrivains que j’ai le plus défendus. Mais ne reste dans la rivière que ses galets. Pour clore ce malentendu, revenons à l’information qui vous a inspiré tant d’aversion à mon encontre.
Je tiens à apporter un démenti catégorique, quant à vos allégations qui ont donné pour morte la jeune poétesse Ayat El Ghermazi. Cette personne n’a été ni violée ni assassinée. Elle est VIVANTE. Condamnée à 1 an de prison, elle a présenté récemment ses excuses à la  télé bahreïnie. Raison pour laquelle j’ai accepté de me rendre à Bahreïn. J’ai déjà plaidé sa cause auprès des plus hautes instances du royaume.
Je vais à Manama pour demander sa libération et, dans la mesure du possible, surseoir à l’exécution de 2 condamnés à mort, auteurs de l’assassinat de policiers. Eh oui, cher Daoud, je ne vais pas à Bahreïn pour établir un cahier de charges, mais pour des causes beaucoup plus nobles. Vous auriez pu m’appeler avant de me fustiger. Ça vous aurait évité d’écrire n’importe quoi.
Yasmina Khadra « Le Quotidien d’Oran » N°5040 du 28 juin 2011

lundi 27 juin 2011

Kamel D alias Kamel Dynamite explose Y Khadra

C'est Indigne, monsieur Khadra !
par Kamel Daoud
La jeune Ayat EL Ghermazi est (était) âgée de 20 ans. Elle écrivait de la poésie et elle est morte après avoir été violée par une dizaine de soldats. Où ? Au Bahreïn. Dans ce pays, la répression des manifestations a été sanguinaire, féroce, inhumaine. Les manifestants y sont condamnés à mort, poursuivis jusque dans les hôpitaux, surveillés et stigmatisés. Les médecins qui soignent les blessés ont été arrêtés, « disparus », radiés. Pour sauver sa monarchie, le roi de l'île a usé du pire : d'abord coller aux Bahreïnis en colère l'étiquette de mouvement chiite manipulé par l'Iran, les confessionaliser, puis les frapper avec une armée importée, « le bouclier de la péninsule », mercenaires saoudiens venus au secours pour stopper l'effet domino dans la région. Les monarchies se devaient, en effet, d'être solidaires contre leurs peuples de crainte de subir les révolutions qui secouaient les « républiques » arabes. Personne n'a été dupe, mais le monde se tait, par complicité de crime...utile.

 Sauf que la stratégie de la famille régnante au Bahreïn ne se limite pas à frapper, torturer, importer des soldats pour sous-traiter la violence et jouer sur les images et les « dialogues ». Elle s'étend aujourd'hui au marketing international. Matchs en Palestine, promesse de festival et largesses. Dans ce cadre, Yasmina Khadra, l'écrivain algérien, vient de révéler qu'il va être destinataire du prix littéraire du ministère de la Culture Bahreïni. Dans un entretien accordé à notre confrère « Liberté », il parle de la récente distinction par l'Académie française qui honore les lettres algériennes et qu'il qualifie par une phrase étrange et d'une abyssale psychologie : « L'Académie française me rétablit dans mon intégrité d'homme et de romancier ». On aura compris pour l'œuvre, mais « l'intégrité d'homme » restera un mystère.

 Le sujet de la chronique n'est pas celui-là cependant. Le chroniqueur est de ce qui ont connu cet homme et qui en admire l'autodidacte infatigable, le don féroce et tenace, la capacité à tenir face à l'adversité médiocre et le talent immense pour donner vie à des mondes entiers et des âmes imaginaires. Il en a croisé l'œuvre et le chemin et « le sel ». Il en garde du plaisir pour les livres et un peu d'un malaise montant pour l'homme. Dans les couloirs du pays, le caractère de Yasmina Khadra passe mal en effet. On s'amuse un peu de sa mégalomanie mal contenue et de son personnage un peu étonnant : procès permanent de la France mais choix d'y vivre, critique épisodique du « système algérien » mais choix de le représenter et d'en être salarié…etc. Les détracteurs de l'homme qui ne lui pardonnent pas, certains son talent, d'autres sa défection au modèle de l'écrivain algérien engagé et du côté du peuple, sont nombreux mais restent polis. Yasmina Khadra a fait de son sport de réponse « aux ennemis », une constante dans ses sorties publiques et a fini par un peu agacer sans qu'on ose le lui dire en face. Beaucoup préférant ainsi parler de son œuvre et se souvenir de ses écrits, pas de ses paroles. C'est un tout et il faut pardonner à l'homme les caprices de son talent.

 Pour cette fois cependant, et malgré le risque de provoquer une susceptibilité devenue légendaire, il s'agit de dire une déception et une colère. Lire ce grand romancier défendre le Bahreïn d'un Roi comme un dépliant de touriste est scandaleux. Le chroniqueur fera donc fi d'une sorte de politesse, pour dénoncer un scandale : ce prix offert à Khadra par les Al Khalifa, n'en déplaise à celui qui tente de voir dans la révolution des Bahreïnis « un effet collatéral », sera donné par une main qui a tué, qui a torturé et qui emprisonne. Se faire l'avocat du roi en qualifiant les opposants d'intégristes est une méconnaissance, sinon une simplification calculée de ce qui se passe dans ce pays. Il ne s'agit pas d'un prix mais d'un argent sale, destiné à payer une nouvelle image de la monarchie et s'assurer des fréquentations qui feront oublier le sang et les crimes et la terreur qui y règne encore. Car malgré ses analyses tièdement favorables, on sent encore chez Yasmina Khadra ce malaise face au « populaire » des révolutions arabes. Chez nous, en Algérie, et le chroniqueur le sait de famille, la distinction entre militaire « Gens de l'Etat » et le civil est « historique ». D'ailleurs, on ne dit pas « civil »/madani, mais « châabi », c'est-à-dire populeux, populaire, plébéien presque. Cette géographie mentale, Khadra en est encore victime apparemment dans son malaise face à ce qui se passe dans le monde arabe, son excès de prudence et sa façon de tenir le bâton par le milieu. Sauf que dans le cas du Prix bahreïni, la limite est dépassée et le chroniqueur ne peut qu'en parler, par déception, par « amitié » et par colère. Voir un talent immense se gâcher par des complicités de crime ne peut que provoquer la colère. Comment cet homme qui a le don d'une formidable intuition du réel peut-il être aussi naïf ? Qui espère-t-il convaincre à propos de ce prix, sauf lui-même ? La défense de la Monarchie que Khadra a longuement développée dans le journal « Liberté », est scandaleuse, immorale et d'un simplissime qui étonne. La quête d'un nouveau marché ne justifie pas que l'on marche sur des cadavres, même pour les quelques heures d'un repas avec les Al Khalifa. Pourquoi cet écrivain immense qui a le monde, se vend-il pour sauver la monarchie d'une île ? On ne sait pas. Restera seulement une évidence : les personnages de Khadra ont ce formidable souci de la vérité et de la responsabilité des actes que lui n'a pas souvent. Et qu'on n'aille pas voir dans ce cri une preuve des jalousies horizontales des Algériens et des Oranais. C'est un cri du coeur et une colère. C'est une indignation.

 Ayat a été violée et tuée au Bahreïn pour un Poème, Khadra y va pour un prix.

jeudi 23 juin 2011

internationalisons le Pentagone et la CIA


Sujet : Internationalisation de la foret Amazonienne !?
Discours du ministre brésilien de l'Éducation aux Etats-Unis.
Pendant un débat dans une université aux Etats-Unis, le ministre de l'Éducation Cristovao Buarque, fut interrogé sur ce qu'il pensait
au sujet de l'internationalisation de l'Amazonie.
Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu'il espérait une réponse d'un humaniste et non d'un Brésilien.

Voici la réponse de M. Cristovao Buarque.

En effet, en tant que Brésilien, je m'élèverais tout simplement contre l'internationalisation de l'Amazonie.
Quelle que soit l'insuffisance de l'attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.

En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que
l'Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance pour toute l'humanité.
Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier.
Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des
réserves de pétrole se sentent le droit d'augmenter ou de diminuer l'extraction de pétrole, comme d'augmenter ou non son prix.

De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l'Amazonie est une réserve pour tous les
hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d'un pays.
Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie globale.
Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation.

Avant l'Amazonie, j'aimerai assister à l'internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule France. Chaque musée du monde est le gardien des plus belles œuvres produites par le génie humain.
On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l'Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d'un seul propriétaire ou d'un seul pays.
Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d'enterrer avec lui le tableau d'un grand maître. Avant que cela n'arrive, il faudrait internationaliser ce tableau.

Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des Etats-Unis. Je crois donc qu'il faudrait que New York, lieu du siège des Nations unies, soit internationalisé.
Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l'humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son histoire du monde devraient appartenir au monde entier.

Si les Etats-Unis veulent internationaliser l'Amazonie, à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des Etats-Unis. Ne serait-ce que par ce qu'ils sont capables d'utiliser de telles armes, ce qui provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables incendies des forêts Brésiliennes.

Au cours de leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des Etats-Unis ont soutenu l'idée d'une internationalisation des réserves florestales du monde en échange d'un effacement de la dette.
Commençons donc par utiliser cette dette pour s'assurer que tous les enfants du monde aient la possibilité de manger et d'aller à l'école. Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu'ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier.
Davantage encore que l'Amazonie.
Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme un Patrimoine de l'Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école; ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.

En tant qu'humaniste, j'accepte de défendre l'idée d'une internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l'Amazonie soit à nous. Et seulement à nous!

Ce texte n'a pas été publié. Aidez-nous à le diffuser. Merci!
 
--
Pierre Doussaint
76 Rue du Grand Faubourg
28000 CHARTRES
0661799930 perso

mercredi 22 juin 2011

Un article de la LDH Toulon


Alain Juppé et les grottes du Dahra


article de la rubrique
les deux rives de la Méditerranée > l’Algérie et la France, aujourd’hui
date de publication : mardi 21 juin 2011



« Il faut regarder notre passé commun en face » a déclaré Alain Juppé lors de sa visite à Oran le 17 juin dernier. Et notre ministre des Affaires étrangères, citant le discours de Nicolas Sarkozy à Alger le 3 décembre 2007, a poursuivi en évoquant « le caractère injuste de la colonisation et les maux qu’il a engendrés [1] ». Comme on aimerait que de telles déclarations ne soient pas réservées à un public algérien ...
Il s’en est fallu de peu que cette déclaration soit faite le jour même de l’annonce de la découverte de restes humains des victimes des enfumades des grottes du Dahra organisées par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845.
Il est peu probable qu’Alain Juppé ait eu présent à l’esprit ce sinistre épisode du temps de la conquête, quand il a déclaré à Oran «  nous ne sommes pas près d’aller à la repentance [1] ». Effectivement, le mot “repentance” a une connotation religieuse qui le rend impropre. Mais un geste, une déclaration forte s’imposeraient pour mettre enfin à distance cet héritage colonial qui empoisonne encore, cinquante ans après, les relations entre la France et l’Algérie. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les plus hautes autorités de la République française reconnaissent publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ? Et pour mettre un terme au contentieux historique qui continue à opposer les deux pays ?

Mise à jour de restes humains dans la grotte de Nekmaria

par Yacine Alim, El Watan, le 21 juin 2011

Ces ossements humains gisent sous terre depuis exactement 166 ans (© Aziz)

Arrivé au fond de la grotte, à plus de 3 m de profondeur, le groupe, composé de jeunes, d’adultes et même d’enfants, tous fils de la région, met alors à jour des ossements humains ainsi que des reliques.
Pour la première fois depuis 166 ans, la grotte de Nekmaria, connue sous le nom de Ghar El Frachih, 80 km à l’est de Mostaganem, en plein massif du Dahra occidental, livre ses secrets. Aidé par des habitants de Nekmaria et du douar El Frachih, un universitaire de Mostaganem, qui accompagnait une équipe de l’ENTV venue couvrir la commémoration des enfumades du Dahra, organisée sous l’égide de l’université de Mostaganem, est descendu au fond de la grotte à travers un étroit passage. Arrivé au fond de la grotte, à plus de 3 m de profondeur, le groupe, composé de jeunes, d’adultes et même d’enfants, tous fils de la région, met alors à jour des ossements humains ainsi que des reliques.
L’exploration n’a été possible que grâce à l’utilisation de lampes torches rudimentaires. Elle a duré près de 30 longues minutes, un temps qui a paru immensément long eut égard à la sacralité de l’endroit et aussi à la présence avérée de restes humains qui gisent sous terre depuis exactement 166 ans. En effet, c’est ce même jour de juin 1845 que Pélissier et ses soldats entreprirent de mettre le feu aux entrées des grottes où s’étaient réfugiés les Ouled Ryah. L’exploration a vite permis de mettre à jour quelques objets ayant appartenu aux Ouled Ryah, notamment un bâton taillé dans du thuya et qui sert à maintenir les tentes des nomades ; il sert également à entraver les chèvres et les brebis.
Dans leur tâtonnement sous les pierres et dans un épais manteau de poussière, les explorateurs sont parvenus à extraire des os humains, dont un péroné en parfait état de conservation, une omoplate ainsi que plusieurs vertèbres cervicales.
Preuve irréfutable
Cette grotte est connue pour avoir été le théâtre d’une terrible enfumade fomentée par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845. Connu pour être l’un des pires massacres commis par l’armée française d’occupation, cette enfumade avait entraîné la mort, après de terribles et interminables souffrances, de plus de 1200 personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants appartenant tous à la tribu des Ouled Ryah, de fiers montagnards du Dahra qui ont été pourchassés jusque dans ce refuge par une colonne de 2500 hommes sous les ordres du colonel Pélissier. Ce dernier avait fait amasser des fascines avant d’y mettre le feu que la troupe entretiendra deux nuits durant, asphyxiant hommes et bêtes.
Cette mise à jour d’ossements humains intervient quelques jours à peine après la visite d’Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères qui n’a pas hésité à balayer d’un revers de la main toute forme de reconnaissance des crimes et massacres coloniaux commis à l’encontre du peuple algérien par l’armée française d’occupation et, ce, durant 132 ans. Ce péroné, cette omoplate et ces vertèbres, remontés par les descendants des Ouled Ryah, en ce jour anniversaire des enfumades, sont la preuve irréfutable des horreurs commises sur des innocents. Elles sont une preuve éclatante que, malgré les reniements et les escapades de l’ancienne puissance coloniale, ces ossements, qui ressurgissent plus d’un siècle et demi après avoir été ensevelis, rappellent combien l’histoire coloniale a été injuste et sanguinaire. Cette découverte, qui intervient 166 ans, jour pour jour, après ces massacres, démontre que l’histoire des massacres coloniaux reste à écrire.

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Pour en savoir plus, voir le blog de Aziz Mouats, chercheur à l’Université de Mostaganem : http://boussayar.blogspot.com

Notes

[1] El Watan, édition du 18 juin 2011 : http://www.elwatan.com/actualite/al....

lundi 20 juin 2011

Juppé chute sur un os...des Ouled Riah...

Les ossements des Ouled Ryah narguent Alain Juppé
A l’initiative de l’université de Mostaganem, un groupe de chercheurs s’est impliqué dans l’organisation d’une journée commémorative. C’est hier, le 20 juin, qu’une rencontre s’est déroulée au niveau de l’auditorium Med Benchehida de kharrouba. Rehaussée par la présence d’Abdelkader Ouali, secrétaire général du ministère de l’intérieur, la rencontre a réuni une affluence record. Outre une exposition de toiles réalisées par les élèves des arts plastiques, les visiteurs ont pu admirer une exposition de photo retraçant la vie de labeur et de souffrance de la population du Dahra Occidental. Fruits de mes propres pérégrinations, le catalogue s’est voulu un hommage à cette population qui a tant souffert par le passé et qui continue de survire sur une terre fertile et austère. Mais incontestablement l’évènement majeur des cette commémoration aura été la découverte d’os humains et de relique effectuée la veille par votre serviteur qui accompagnait une équipe de reporters de l’ENTV.

 Au fond des ténèbres
Partis de Mostaganem à 16 h 30, nous traversons les localités de Benabdelmalek Ramdane, Hadjadj et Sidi Ali et nous nous dirigeons vers Nekmaria. Nous arrivons à 17h30 précises au douar Frachih où nous attendaient des descendants des Frachih et des Ouled Ryah. Après un premier plan effectué à partir du douar vers la grotte située en contrebas, nous rejoignons le plateau qui domine la grotte où nous abandonnons nos véhicules pour entamer la lente descente vers la grotte. Arrivés sur le site à 17h45, nous nous engageons à l’intérieur de la grotte principale, celle dont l’entrée est visible de l’extérieur. Mais grâce à l’obligeance de nos hôtes, je me vois contraint d’accepter l’invitation qui m’est faite de m’introduire dans une grotte dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Le voyage au bout de l’enfer venait de commencer pour moi. Je me glisse difficilement à travers l’étroit conduit qui s’offre à moi. Mes jambes sont rudoyées par les parois rugueuses, mais je n’avais plus le choix, je devais continuer à avancer dans l’obscurité, puis soudain, une vague de fraicheur me happe vers le bas. Je suis dans une cavité remplie de cailloux de différentes tailles et surtout un énorme matelas de poussière. Autour de moi, comme des lutins des jeunes s’agitent comme s’il s’agissait de leur maison de campagne. Puis commence rapidement le moment que je craignais le plus : la rencontre avec les restes des Ouled Ryah. Pour la première fois depuis 166 ans, la grotte de Nekmaria, connue sous le nom de Ghar El Frachih, 80 km à l’est de Mostaganem en plein massif du Dahra occidental, livre ses secrets.

Les Ouled Ryah narguent Alain Juppé
Tout le monde autour de moi s’affaire à fouiller le sol. Puis commencent alors les premiers chuchotements : des ossements humains ainsi que des reliques sortent vers la lumière blafarde des lampes torches rudimentaires. Elle a duré près de 30 longues minutes, un temps qui a paru immensément long eut égard à la sacralité de l’endroit et aussi à la présence avérée de restes humains qui gisent sous terre depuis exactement 166 ans. En effet, ce même jour de juin 1845 que Pélissier et ses soldats entreprirent de mettre le feu aux entrées des grottes où s’étaient réfugiés les Ouled Ryah. L’exploration a vite a permis de mettre à jour quelques objets ayant appartenus aux Ouled Ryah, notamment un bâton taillé dans du thuya et qui sert à maintenir les tentes des nomades ; il sert également à entraver les chèvres et les brebis. Dans leur tâtonnement sous les pierres et dans un épais manteau de poussière, les explorateurs sont parvenus à extraire des os humains, dont un péroné en parfait état de conservation, une omoplate ainsi que plusieurs vertèbres cervicales. Cette grotte est connue pour avoir été le théâtre d’une terrible enfumade fomentée par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845. Connu pour être l’un des pires massacres commis par l’armée française d’occupation, cette enfumade avait entrainé la mort, après de terribles et interminables souffrances à plus de 1200 personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants appartenant tous à la tribu des Ouled Ryah, de fiers montagnards du Dahra qui ont été pourchassé jusque dans ce refuge par une colonne de 2500 hommes sous les ordres du colonel Pélissier. Ce dernier avait fait amasser des fascines avant d’y mettre le feu que la troupe entretiendra deux nuits durant, asphyxiants hommes et bêtes. Cette mise à jour d’ossements humains intervient quelques jours à peine après la visite d’Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères Français qui n’a pas hésité à balayer d’un revers de la main toute forme de reconnaissance des crimes et massacres coloniaux commis à l’encontre du peuple Algérien par l’armée française d’occupation, et ce durant 132 ans. Ce péroné, cette omoplate et ces vertèbres remontées par les descendants des Ouled Ryah en ce jour anniversaire des enfumades, sont la preuve irréfutable des horreurs commises sur des innocents. Elles sont une preuve éclatante que malgré les reniements et les escapades de l’ancienne puissance coloniale, ces ossements qui resurgissent plus d’un siècle et demi après avoir été ensevelis, rappellent combien l’histoire coloniale a été injuste et sanguinaire. Cette découverte intervient 166 ans, jour pour jour, de ces massacres, démontre que l’histoire des massacres coloniaux reste à écrire.
Aziz Mouats, chercheur Université de Mostaganem

dimanche 19 juin 2011

Os humain et reliques retrouvés dans la grotte de Nekmaria


Dialogue entre les Ouled Ryah et Juppé

Chers Amis, voici le scoop le plus douloureux de ma carrière, je viens de rentrer de Nekmaria et j'ai été entrainé par des descendants des Ouled Ryah à rentrer dans la grotte...un peu hésitant, vu l'insistance de mes nouveaux amis, je me décide à les suivre, je descend très difficilement à travers un conduit étroit de plus de 3 m et me retrouve à l'intérieur d'un grotte...sous la poussière et les pierres mes compagnons d'outre tombes sortent un long os humain, une omoplate et plusieurs vertèbres cervicales...un bâton en thuya servant à maintenir les tentes – reconnaissable grâce à une entaille servant à maintenir les cordes- et des reliques...166 ans jour pour jour après les enfumades...j'en suis secoué pour le restant de ma vie....l'épreuve est très lourde à porter. Pourquoi, l'orphelin de Skikda, rescapé des massacres du 20 aout 55 j'en suis arrivé à venir déterrer les Ouled Ryah...morts asphyxiés par Pélissier. Car il est indéniable que c’est bien la première fois depuis 166 ans, qu’au niveau de la grotte de Nekmaria, connue sous le nom de Ghar El Frachih , 80 km à l’est de Mostaganem en plein massif du Dahra occidental, quelqu’un fait pareille découverte. Aidé par des habitants  de Nekmaria et de douar El Frachih, j’étais venu servir de guide à une équipe de l’ENTV venue couvrir la commémoration des enfumades du Dahra qu’organise l’université de Mostaganem. Ce sont mes amis des Frachih et de Nekmaria qui m’invitent à aller voir au fond de la grotte. Je suis un peu hésitant à la vue du mince passage que Mohamed m’indique tout juste à la droite. Surpris parce que dans ma naïveté je pensais que seule la grotte d’en haut était concernée, puis je me souviens du document de EF Gauthier publié en 1914 et me revient de suite en mémoire le passage où il parlait de 2 grottes ; celle du bas et celle du haut. C’était celle du bas que mes compagnons m’invitaient à visiter…donc Gauthier avait raison…dire que je ne l’avais jamais cru, puisque pour moi la grotte du bas correspond à celle qu’emprunte l’oued Frachih pour rejoindre l’oued Zerrifa…donc un simple lit d’oued creusé à même la montagne. Voyant le mince passage, j’ai franchement hésité, puis vu la sincérité du regard de mon interlocuteur, je ne pouvais résister et je m’engage dans létroit passage en pente. Mon appareil photo prend un coup contre la paroi et mes pieds qui glissent sur la roche qu’une épaisse couche de poussière recouvre allègrement. Soudain je me retrouve sur mes pieds, dans une immense grotte où sévit une agréable fraicheur. Les torches aux lueurs blafardes s’allument autour de moi. Je parviens enfin à mesurer la hauteur (1,5 m, voire 2 m par endroits). Puis dans un coin, les jeunes de Frachih se mettent à soulever les pierres, une main farfouilleuse parvient à dégager la poussière qui recouvre le sol, puis soudain, apparaît un os que j’identifie comme étant un cubitus humain, mince et très effilé, en fait il s’agit d’un péroné, - c’est Ali qui en a fait l’identification grâce à une photo-, juste après on retire une omoplate…puis des vertèbres cervicales sortent de la poussière. Un jeune homme parle d’un crane qu’il ne parvient pas à libérer de dessous les pierres. Un autre jeune remonte un bâton de thuya dont je reconnais rapidement l’usage grâce à l’entaille qu’il porte sur un bout. Il peut servir à entraver une chèvre ou une brebis ou etre utilisé pour tendre la corde d’un tente. Dans un autre coin, on retire des reliques, du simple linge blanc, certainement du linge de corps féminin. 


Fiers montagnards du Dahra
Cette grotte est connue pour avoir été le théâtre d’une terrible enfumade fomentée par le colonel Pélissier les 18 et 19 juin 1845. Connu pour être l’un des pires massacres commis par l’armée française d’occupation, cette enfumade avait entrainé la mort, après de terribles et interminables souffrances de plus de 1200 personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants appartenant tous à la tribu des Ouled Ryah, de fiers montagnards du Dahra qui ont été pourchassé jusque dans ce refuge par une colonne de 2500 hommes sous les ordres du colonel Pélissier. Ce dernier avait fait amasser des fascines avant d’y mettre le feu que la troupe entretiendra deux nuits  durant, asphyxiants hommes et bêtes. Cette mise à jour d’ossements humains intervient quelques jours à peine après la visite d’Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères Français qui n’a pas hésité à balayer d’un revers de la main toute forme de reconnaissance des crimes et massacres coloniaux commis à l’encontre du peuple Algérien par l’armée française d’occupation , et ce durant 132 ans. Ce cubitus et ces vertèbres remontées par les descendants des Ouled Ryah en ce jour anniversaire des enfumades, sont la preuve irréfutable des horreurs commises sur des innocents. Cette découverte intervient 166 ans, jour pour jour, de ces massacres, preuve que l’histoire des méfaits coloniaux reste à écrire. En ce jour anniversaire, le hasard aura voulu que je parvienne à retrouver les restes humains des Ouled Ryah.



Une sépulture pour tous les disparus
C’est pour moi la fin d’une longue et insoutenable obsession. Depuis le premier jour où accompagné de mon fils Ali, je suis arrivé à cette « médina souterraine », selon la bonne formule d’Assia Djebar, je n’ai jamais cessé de lutter afin de donner un linceul à ces ancêtres que l’amnésie générale avait complètement évacués de la conscience nationale. Alors que la plupart des témoignages parlent de plus de 700 victimes que Pélissier a fait évacué afin d’établir une macabre comptabilité, j’ai toujours eut la certitude qu’il ya avait encore des corps ensevelis dans les grottes. Voilà que 166 ans après ce massacre, par un simple hasard de l’histoire, c’est à moi que les descendants des Ouled Ryah et des Frachih osent montrer les restes de leurs aïeux. C’est la preuve que contrairement aux idées reçues et acceptées non sans une certaine légèreté, qu’il ya encore des sépultures sous les amas de pierres et de poussières. Que les Ouled Ryah me pardonnent cette incursion dans leur médina souterraine…je ne suis ni un croque-mort ni un sorcier. C’est mon destin que de chercher inlassablement à donner une sépulture digne à tout disparu… sur cette terre d’Algérie meurtrie par les traitres et les criminels, il ya encore fort à faire…Alain Juppé peut continuer à nier les évidences, de dessous les ténèbres, ce sont les Ouled Ryah qui viennent l’interpeller…la France a tout à se faire pardonner…elle ne perd rien pour attendre…
Aziz Mouats

mardi 14 juin 2011

Soyons au rendez-vous de l'histoire

 
Que sera l’ACPAD ?
Association pour la Culture et le Patrimoine du Dahra
Le but de l’association qui nous réuni consiste à préserver la mémoire historique et culturelle du Dahra et de mettre en valeur la région et son patrimoine en réhabilitant les métiers de l’artisanat traditionnel et de l’agriculture biologique afin de permettre l’intégration sociale, tout en sensibilisant la population locale aux questions d’environnement. L’association pourra mener par ailleurs des actions caritatives à l’intention des personnes les plus démunies de la région.
Les membres fondateurs donneront une assise solide à l’association et permettront par ailleurs d’être les garants de la préservation de la philosophie qui nous anime afin d’éviter toute déviations ou objectifs qui ne seraient pas les nôtres et qui tendraient à s’éloigner de nos valeurs et de notre identité.

Le Dahra nous appartient...son histoire aussi



Chers amis
 Voici venu le moment de se mettre ensemble afin de s'impliquer loyalement et en toute conscience dans la préservation et la reconnaissance des l'histoire du Dahra. Notre action, s'inscrit dans le cadre d'une association locale à caractère non lucratif et à spectre d'action varié. Avec les manifestations d'intérêt qui se font jours depuis la célébration de la fête de la victoire le 19 mars dernier, l'ensemble des institutions nationales à l'échelle centrale et locale se sont mobilisées afin de rendre visible l'histoire de la résistance populaire des tribus du Dahra sous la conduite du Cherif Boumaza. Cette célébration des enfumades du Dahra devrait servir de déclencheur d'une action à long terme que nous avons abordée avec quelques uns parmi vous, et ce depuis plusieurs années. Nous sommes tous d'accord que la connaissance des faits et méfaits du colonialisme est nécessaire à l'affirmation d'une conscience nationale, cependant elle n'est pas suffisante pour inscrire cette action dans une perspective d'associations des populations locales. Cette jonction entre un passé glorieux et souvent douloureux, un présent pas toujours reluisant et un futur que nous voulons plein d'espoir, nous pensons qu'il y a de la place à des actions à petites échelles sur lesquelles nous nous appuierons afin impulser une dynamique de développement qui soit profitable à l'ensemble de la région du Dahra occidental, voire celui dépendant uniquement de la partie administrative relevant des limites actuelles de la wilaya de Mostaganem. Pour plus d'efficacité, le siège de l'association est fixée provisoirement dans la commune de Nekmaria qui sera notre centre de regroupement. Pour être efficace et éviter les opportunistes professionnels, nous avons jugés utile de ne faire appel qu'aux personnes susceptibles d'adhérer à la démarche et surtout de la soutenir dans son développement. Si cette initiative vous interpelle, si vous souhaitez faire partie des membres fondateurs, si dans votre entourage d'autres personnes seraient susceptibles de nous rejoindre, il ne vous reste qu'à remplir la fiche d'adhésion ci jointe et de vous tenir prêts à assister personnellement à l'AG constitutive que nous escomptons organiser à l'occasion de la commémoration des enfumades du Dahra entre le 20 juin courant. Bien cordialement Aziz Mouats
 je précise que nous avons besoins de votre soutien pour entamer rapidement des actions de développements qui vont soulager la misère des populations du Dahra, ceci en parfaite harmonie avec les institutions républicaines et les autorités locales. Toutes nos actions seront orientées vers une meilleure valorisation de notre histoire et une plus grande valorisation des potentialités locales. Je précise que toutes tentatives d'utilisation à des fins autres que sociales et économiques seront dénoncées et combattues...un seul crédo nous anime, celui de donner un souffle vivificateur à des potentialités qui dorment...Très important, votre adhésion ne sera réglée (par virement ou chèque) qu'une fois les statuts déposés et approuvés par les pouvoirs publics et un compte bancaire ouvert auprès d'une institution bancaire.
Bien cordialement Aziz Mouats et Mohamed Hammoudi


 PS : nous avons reçu quelques messages de confirmation, si vous ne faites pas partie de ceux qui ont répondus, nous vous invitons à vous positionner, il ne vous échappe pas que nous avons besoin de savoir qui veut bien nous rejoindre afin de préparer l’AG constitutive, qui se tiendra lors de la commémoration des enfumades du Dahra au campus de l’université de Kharrouba, à Mostaganem le lundi 20 juin 2011, tout juste après la clôture du débat sur les enfumades ( avec la participation de : Sadek Benkada, Med Bahloul, Hadj Miliani, Med Ghanem et votre serviteur)
Cordialement.

vendredi 10 juin 2011

Nekmaria la généreuse, recompensée, reconfortée, réhabilitée


Sur les traces d’Assia Djebar et de" l'homme du moment"


Une grande procession s'est ébranlée ce jeudi matin vers les pentes lacérées de NeKmaria. La veille , à l'école des Beaux-Arts, il y avait la foule des grands moments où l'histoire tremble, souffre et pleure...ils sont venus de toutes parts, d'Espagne, de France et de Tifariti...mais également de toute l'Algérie profonde, studieuse et indocile...des artistes de tous ages et de toutes conditions, avec en vedette américaine la sublissime Souheila Belbahar...un petit bout de femme au regard étincelant...une vraie source de bonheur et de joie de vivre...l'ayant juste connue à travers ses œuvres inclassables tant elles sont éclatantes, j'ai eu beaucoup de peine à fixer un regard profane et peut être profanateur sur elle...une artiste que j'admire au plus au point et qui comme une abeille est venue féconder notre patrimoine commun...oui bien sur qu'il y avait les autres, tous les autres et ils sont aussi célèbres et aussi beaux, mais que voulez-vous, la séduction a ses propres sentiers... et ces sentiers nous ont menés sur les traces des noces d'Assia Djebar avec le Dahra...à travers le Dahra et ses souffrances..ses luttes, ses trahisons et ses faits d'armes...


plus de 150 artistes, des vétérans en voie de déjuvéniliasation forcée et des jeunes déjà trop vieux pour tout comprendre. Comme ce groupe revenu de Tifariti....avec une PERFORMANCE qui aura damé le pion à Goya et à Picasso...un clin d'œil strident et rebelle à l'Espagne franquiste qui n'a pas trouvé mieux que d'abandonner le peuple Sahraoui de Villa Cisnéros, de Smara, d'Amgala et de Tifariti...une performance de quelques minutes interminables et sublimes....durant lesquelles, la solidarité avec le peuple du Polisario s'est conjuguée avec la fougue d'une jeunesses inachevée...Quel pied de nez à nos caciques et surtout à nos écervelés qui à chaque fois tentent bien maladroitement de nous faire croire qu'il suffit d'un glapissement pour ouvrir les frontières...et de focaliser sur le responsable de cette situation glauque, à savoir les enfants du Polisario...dans cette salle obscure des Beaux Arts, la révolution a prouvé combien elle était entre de bonnes mains...ce groupe d'artistes algériens, tous nés après AMGALA...il faut le faire...car après Amgala...c'est un vrai tournant, un vent violent qui fera remonter le temps jusqu'à cette bataille de l'Isly...non ça n'a rien à voir avec les supporters du Mouloudia...Isly est un oued du coté de OUJDA...les belligérants sont l'armée royale de Moulay Abd Er Rahman et les troupes coloniales poursuivant l'Emir Abdelkader...la plus grande rue d'Alger...c'est une rivière de sang et si au milieu, juste en face de l'ancien siège du FLN d'avant Abdelaziz 1er  trône la statut de l'Emir Abdelkader...rien n'est fortuit...Cette rue marchande dont les locaux ont été sereinement attribué aux faux anciens moudjahidines et aux autres, un butin de guerre...

Je me disais bien qu'il y avait comme une odeur de poudre à l'évocation de l'Isly avec çà ça ressemble plus à un toponyme berbère...Donc à la bataille de l'Isly, en 1844...l'armée du Maroc est décimée et le trône signe le traité de Tanger impliquant les troupes encore valides du Makhzen à pourchasser les derniers soldats valides de l'Emir réfugiés sur leur territoire ami....Englué dans les sables de Figuig, l'Emir Abdelkader est bien loin du théâtre des opérations...Pour Bugeaud et Pelisssier, la guerre de conquête est bien finie...après 15 ans d'une résistance héroïque et inégale, le gouverneur pouvait prendre son bateau à vapeur et rejoindre le port de Ténès...une ballade en pays conquis et une longue soirée sur les berges suffocantes du Chellif...Mais, c'était compter sans le jeune Boumaza... digne enfant du Dahra, il prend sur lui de rassembler les tribus et de lever une armée...c'était trop pour l'armée coloniale dont le chef suprême avait ordonné la reprise de la politique de la terre brulée, qui le rendra célèbre...le soulèvement du Dahra devait être étouffé dans l'œuf, y compris par le recours aux pires méthodes de l'enfumade... réfugiées dans leurs grottes, toutes les tribus hostiles seront massacrées sans pitiés...c'est donc sur ce territoire meurtris depuis plus de 166 ans que ces artistes sont venus se recueillir et rendre enfin un hommage à ces milliers de morts dont les restes sont encore enfouis dans les ténèbres des grottes du Dahra mais également dans les ténèbres de l'histoire...A Nekmaria, les artistes sont allés en procession se prosterner face à la grotte de Ghar el Frachih...là où périrent entre 1200 et 1500 Ouled Ryah..c'était entre le 18 et le 21 juin 1845...

et tout le monde qui s'inquiète...c'est une famille des Ouled Ryah qui reçoit toute la délégation, offrant hospitalité, couverts et fruits locaux...Med Hammoudi et son papa ont offert un couscous présidentiel à plus de 120 invités...si tu avais été de la partie tu aurais certainement apporté un jet de lumière pour ces voix souterraines...au fait as-tu lu Assia Djebar parlant de Nekmaria? grâce à une amie, j'ai accéder à ce roman épique "L'Amour, la Fantasia"...un chef d'œuvre et c'est peu dire...mais en le lisant, on comprends très vite pourquoi ce roman dérange et pourquoi la romancière fait autant de jaloux que d'aigris...il faudra créer un groupe autour du roman....le sujet abordé est intarissable...j'ai acquis la conviction qu'il faut impérativement inviter Assia Djebar...l'éternelle fille du Dahra, aïeule de valeureux lieutenants ou soldats de l'Emir et du Chérif Boumaza Benabdallah....Elle aurait bien quelque attache avec Fadhma N'ssoumeur...depuis 2 jours...je caracole dans le Dahra grâce à la prodigieuse chevauchée d'Assia Djebar...pour le Dahra, il y aura toujours une place dans ma calèche...Hier c'était à l'ami Wahab que la place d'honneur a été réservée...nous avons déjeuné avec des figues plus grosses que les pommes de Haute Savoie...offertes spontanément par le jeune Hénni de Nekmaria...la précision est utile...des photos bientôt sur mon profil....Nekmaria devient le centre du monde et Farida ne le sait pas....encore....par les montagnes....après avoir traversé Ababsa, Ouled Kada, Touaïzia, Khéraïssia....on déboule sur Médiouna, SM Benali...et Mazouna...et nous sommes dans les noces virtuelles de Badra et du Chérif....quelle épopée...retour par la tribu des Tazgaït....Sidi Ali...Tigditt....partout ces poussières que la cavalerie légère de Boumaaza soulève sans cesse...traces furtives que les lourds chevaux de Pelissier ont de la peine à aspirer...les chantiers sont partout et toute la région du Dahra occidental est en effervescence...bientôt la route Necmaria Béni Zentis accueillera un rallye...nous nous assiérons sous les vieux caroubiers qui dominent la vallée et nous mangerons les fruits les plus charnus de l'univers...à Nekmaria...l'accès aux arbres fruitiers est juste interdit aux chacals et au renards...j'ai vu de mes yeux des visiteurs se servir comme si ça leur avait toujours appartenu...sous le regard amusé des gardiens de ces collines érodées...où la terre fertile disparait inexorablement...les vergers de Necmaria ne sont pas éternels...ce sont les rudes fellah qui le sont car depuis les massacres de Pélissier, jamais la région n'a été aussi généreuse...et bientôt aussi prospère…Ce pèlerinage sur les traces des Oueld Ryah, des Sbeahs, cette communion entre autant de générations, une première depuis 166 ans...à l'invitation des aïeux des tribus berbères du Dahra....avait le gout suave de la fraternité, de la légitimité et de l'engagement....aucun artiste ne pourra oublier ces instants de recueillement et de générosité...Après des années à faire reculer l'amnésie qui frappe cette région du pays, voici venu le temps des retrouvailles...avec Assia Djebar, avec Boumaaza Benabdallah, avec les tribus rebelles et avec celles passées de l'autre coté du mur de la honte...Nulle part à travers le monde, ces massacres n'auront été autant célébrés qu'en ce jeudi 9 juin 2011....avec Souhila Belbahar, Mansour Abrous, Hioun ( le plus Algérois des Colliotes) avec Hachemi Ameur, Valentina Ghanem, Karim Sergoua et des dizaines d'autres artistes...chevronnés et souvent balbutiants, avec, en maitres absolus de cérémonie, les membres de la famille Hammoudi du douar Ababsa...surtout le vieux et dynamique père, si Ahmed, l'émigré de 1958 qui revint au pays afin de cultiver l'espoir d'une reconnaissance méritée...Pour la petite Histoire, ce Riahi de toujours, redoutable bâtisseur aux mains calleuses...a fait sa carrière à Limoges...sur les terres de Bugeaud....le génocidaire maréchal de France, qui ordonna à Pélissier, à Canrobert, à Cavaignac et à St Arnaud de perpétrer les pires atrocités afin de faire triompher une cause perdue d'avance....le plus terrible dans ces retournements de l'histoire est que les descendants des Ouled Ryah portent pour la postérité le même lieu de naissance que le tortionnaire...Si Bugeaud savait qu'en feuilletant les pages de la matrice d'état civil de son lieu de naissance les noms de ses descendants côtoient ceux des Ouled Ryah....le hasard aura voulu que la plupart des émigrés du Dahra et plus particulièrement ceux de Nekmaria  atterrissent à Limoges....sans doute un des bienfaits de la colonisation!Aller taquiner Bugeaud jusque dans sa tombe, quelle belle revanche...à part que lui a une sépulture, ce qui n'a jamais été le cas de ses milliers de victimes...mais ça c'est aussi l'affaire de l'Algérie...qui devrait sérieusement songer à rapatrier les restes de Boumaza depuis la Turquie...c'est le moindre des hommages à ce héros incontestable du Dahra...c'est grâce à lui que dès 1844, ce massif rebelle portera pour l'éternité le nom de "Djazaier Ed Dahra"...La ferme qui surplombe la vallée du Zerrifa, là où coule l'une des sources les plus limpides de la région, celle qui attirait toutes les tribus du Dahra, celle sans laquelle jamais les Ouled Ryah ne se seraient réfugiés dans le grotte des Frachih...cette source  fut offerte avec 50 hectares des meilleures terres au Khalife de Nekmaria pour services rendus....avec construction d'un bordj, un véritable fortin ... afin de perdurer dans sa traque des tribus rebelles...c'est naturellement sur ces terres qu'un mausolée à la mémoire de Boumaza et de ses valeureux guerriers devra être érigé...un acte de souveraineté que l'Algérie Algérienne ne peut que s'enorgueillir de commettre afin que Mohamed Benadallah "Boumaza", retourne à jamais sur ses terres, celles que lui et ses combattants auront irriguées de leur sueur et de leur sang...







dimanche 5 juin 2011

Les massacres coloniaux taclent l'Amnésie


Les enfumades sur le devant de la scène
Après la visite du ministre des Moudjahidine lors de la célébration de la journée de la victoire, les enfumades du Dahra sont désormais au cœur des préoccupations des associations, de l’université ainsi que des artistes peintres.

Accompagné de plusieurs membres de l’exécutif, le wali s’est rendu sur le site abritant les grottes de Ghar El Frachih, lieu du drame ayant entraîné la mort de plus de 1200 membres de la tribu des Ouled Ryah. Une mort abjecte menée sans état d’âme par le colonel Pélissier à la tête de plus de 2500 soldats et supplétifs relevant du corps du Makhzen composé exclusivement d’autochtones ayant fait le choix de participer à la répression de leur peuple aux côtés de l’armée coloniale. Retranchés dans la grotte principale de Ghar El Frachih, hommes, femmes, enfants et animaux seront soumis à un terrible brasier qui sera entretenu durant toute la nuit du 18 au 19 juin 1845. Cet évènement sans pareil dans l’histoire de l’humanité n’aura fait l’objet d’aucune commémoration ni sanctification de la part de l’Etat algérien.
Le Bordj du Khalifa de Nekmari

C’est ainsi qu’un mémorial sera érigé sur le lieu même des enfumades de Nekmaria. L’université de Mostaganem ne sera pas en reste puisque de nombreux chercheurs ont été associés à l’élaboration d’un programme sobre et dense. Il est prévu l’organisation d’une table ronde avec la participation d’universitaires, la projection d’un montage d’une vingtaine de minutes qui sera alimenté par les rares documentaires consacrés à cet évènement. Les étudiants des arts plastiques seront sollicités afin de concourir avec des toiles inspirées de cette tragédie, les meilleures oeuvres seront primées. Une exposition de photos de la région du Dahra sera inaugurée en même temps que les oeuvres picturales. Une toile géante sera lancée avec le concours d’artistes confirmés, son achèvement devrait intervenir le 5 juillet, jour de l’Indépendance.
A l'intérieur de la Grotte de Necmaria ( juin 2007)

Enfin, un site web intitulé «Mémoires et massacres coloniaux» est actuellement en construction, son lancement interviendra à la fin de la table ronde prévue pour le 20 juin prochain au niveau de l’auditorium Mohamed Benchehida. De leur côté, élèves et artistes de l’école régionale des beaux arts de Mostaganem s’activent afin de lancer des travaux de peinture à l’occasion du 8 juin, journée nationale de l’artiste. De nombreux artistes peintres du pays seront conviés à cette occasion
afin de rendre un hommage retentissant aux victimes du Dahra.
Lien:
http://www.elwatan.com/regions/ouest/mostaganem/les-enfumades-sur-le-devant-de-la-scene-05-06-2011-127343_141.php

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...