mardi 30 juillet 2013

Virée intemporelle à Canastel



Virée intemporelle à Canastel
A l’orée de ce Ramadhan, alors que nous bouclions dans la peine une année universitaire si fructueuse, avec pas moins de six soutenances de magistère en Génétique et reproductions animale, je reçois un appel de Med Bahloul, m’invitant à apporter une contribution au foisonnant programme culturel qu’il organise rituellement au niveau de son Institut de développement des ressources humaines, situé à Canastel. C’est au pied levé que je lui donne mon accord, ajoutant que j’avais besoin de 24 heures pour trouver un thème. Contactés par mes soins Nordine Belhachemi et Hachemi Ameur, donnent leur accord pour m’accompagner dans un sentier que je savais complexe. Le sujet est vite trouvé, à savoir faire une analyse critique de la part de l’artiste peintre dans l’écriture de l’histoire de l’humanité. D’où le titre «  L’artiste peintre, témoin ou acteur ?. Au moment de rejoindre Oran, Hachemi m’annonce qu’il est en plein préparatifs de départ vers Sétif où il est attendu pour une exposition. C’est donc amoindri que Nordine et moi entamons notre intervention dont voici un petit compte rendu rédigé à la demande de nombreuses amies et de moins nombreux amis.  Pour mon exposé, j'avais un support visuel, un document que j'avais écrit de 18 pages pleines avec de nombreuses citations...mais au déroulé, j'avais bcp improvisé car je cherchais à faire le lien entre les différentes étapes de l'art pictural depuis les peintures rupestres et leurs auteurs anonymes, jusqu'à la période contemporaine. une halte sur les minait ures de Wasiti, puis un passage obligé par l'art pictural ottoman, avec Nigari, Al Matraki, Nakkache, Levni.....depuis le règne de Solimane le magnifique qui se faisait accompagner de Nigar et d'Al Matrki à es successeurs, jusqu'au 18ème siècle avec l'introduction des techniques occidentales, la perspectives et le romantisme. Là j'ai fait le lien avec ce que sera l'œuvre de Racim, avec les danseuses, le début du nu, voire du carrément obscène, une référence pour Racim qui en fera sa principale préoccupation, J'ai aussi parlé de Nigari et son art du portrait, avec une image de son Kheireddine, qui sera pratiquement recopié par Racim...le règne de Napoléon qui a été jalonné de batailles dont toutes ont fait l'objet de tableaux de Gros et aussi de Vernet, le quel Vernet se fera remarquer par ses nombreux tableaux des batailles de la conquête de l'Algérie...là j'ai aussi fait appel à Chassériau et son tableau de Ali Ben Ahmed, un harki de Constantine. Ce qui m'a permis ensuite de faire le lien avec les autres batailles, dont certaines n'ont pas été bien représentées, comme celle de la Macta ou de Sidi Brahim, que l'Emir avait magistralement remportées. Bien sûr j'ai aussi présenté deux tableaux sur la bataille d'Isly, avec une triste défaite de l'armée impériale du Maroc, dont les troupes étaient commandées par Moulay Hicham, le propre fils du roi Mouley Abderrhamane, ce qui poussa ce dernier à signer le traité de Tanger entre son royaume et celui de France. Ce traité a également été cité puisque c'est à partir de cet acte que l'Emir Abdelkader devenait l'ennemi à abattre à la fois des Français et des Marocains, nous sommes en septembre 1844. L'Emir Abdelkader se perd alors dans les oasis du Sud, tentant difficilement de reconstruire son armée. C’est  ce qui incitera Med Benabdallah « Boumaza » à soulever les tribus du Dahra, de la vallée du Chéliff et de l’Ouarsenis. Comme il n’existe qu’un seul portrait de Boumaza, je me suis fais un grand plaisir à le montrer pour souligner que les artistes peintres ont également été utilisé pour une cause bien précise, celle de glorifier les maitres du moment et de faire l’apologie de la guerre. Comme j’avais un texte de Fromentin et d’Assia Djebbar, j’en ai profité pour parler de la bataille de Laghouat et de celle tout aussi sanglante des Zaatcha, avec un croquis fait par un médecin des têtes coupées de Cheikh Bouziane et de son fils ainsi que de Si Moussa, le Cheikh des Derqaoua, sachant que ces têtes momifiées sont encore exposées au musée d’histoire naturelle de Paris…ensuite, Nordine Belhachemi a pris le relais pour nous parler avec une grande passion de l’émergence du mouvement Aouchem, déplorant au passage l’inquisition qui leur fut faite surtout par Issiakhem et Khadda…ils nous apprendra qu’à l’origine, c’est Cherkaoui, peintre Marocain, qui a susurré l’idée à Mesli de prendre en charge ma culture populaire…Nordine a également lu le manifeste élaboré lors de la création du mouvement, tout en soulignant que le groupe dont fait partie notre ami Martinez, n’a en fait exposé quà 3 occasions….ce qui ne l’a pas empêché de faire des petits, puisque les principaux animateurs actuels de la scène artistique nationale se revendiquent à des titres différents, de cette mouvance…pour ma part j’ai rappelé que cette effervescence s’expliquait par la proximité de le grand évènement révolutionnaire du siècle dernier, à savoir le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie, après une âpre bataille politico militaro médiatique entamée avec fougue et détermination par le peuple Algérien…j’ai  fait le parallèle avec la naissance du premier festival culturel algérien, à savoir le festival du théâtre amateur, dont l’initiative revient en très grande partie à un cantonnier de Tigditt, féru de théâtre et pétri de patriotisme, en l’occurrence Si Djillali Benabdelhalim, droit sorti d’un film d’Orson Welles, à savoir l’excentrique « Falstaff » que tout amateur du 7ème art est censé avoir regardé au moins deux fois…de suite…

Une Véto à l'oeil



DIPLÔMÉE SANS AVOIR SUIVI SON CURSUS UNIVERSITAIRE : comment la fille de Rachid Benaissa est devenue vétérinaire  
Écrit par Hamid Guerniin Algérie Express du 29 Juil 2013
Mis à jour le lundi 29 juillet 2013 17:06
Publié le lundi 29 juillet 2013 16:10


Elle est fille de ministre. Elle n’a pas usé ses jupes sur les bancs des amphithéâtres pour obtenir son diplôme. La fonction de « papa » vaut, pour elle, modules et bulletins de notes et, au final, un diplôme de docteur vétérinaire délivré par l’école nationale vétérinaire d’El Harrach et un poste de directrice à la caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA).
Avec 17 modules en dette, elle se voit délivrer son diplôme. Retour sur le cursus universitaire de la fille à papa. La demoiselle Benaissa Amel Hanna est inscrite en première année à l’ENV d’El Harrach en 1993. A l’époque, le papa, actuel ministre de l’agriculture et du développement rural, Rachid Benaissa, était chef de cabinet au ministère de l’agriculture et de la pêche. Un poste qui profitera à sa fille fraîchement inscrite à l’université. Elle bénéficia d’une bourse d’études, dans le cadre d’une convention qui venait juste d’être signée entre l’ENV d’ El Harrach et l’ENV de Toulouse.  La fille du chef de cabinet du ministère de l’agriculture et de la pêche partit alors faire ses modules dans cette école de l’hexagone. La Convention, signée, coté ENV El Harrach, par l’ancien directeur Othmani Marabout Abdelmalek et coté ENV Toulouse par le Pr G. Vanverbeke, stipule que l’étudiante devait se réinscrire à chaque rentrée universitaire et que l’ENV de Toulouse envoie à l’ENV d’El Harrach les évaluations pédagogiques périodiques et annuelles  de Melle Benaissa.  En date du 2 novembre 1998, Othmani Marabout Abdelmalek, ancien directeur de l’ENV, s’inquiète de la situation pédagogique de l’étudiante.   Dans un courrier envoyé au directeur général de l’ENV El Harrach, il note que Benaissa Amel Hanna était inscrite régulièrement en 2ème année pour l’année 1994/1995 et que sa situation est irrégulière pour les années 95/96, 96/97 et 97/98.  Il ajoute que l’ENV n’a été destinataire que de deux bulletins de notes de l’étudiante, l’un en date du 12 juillet 95 et l’autre en date du 23 octobre de la même année. Othmani relève surtout que Benaissa Amel Hanna n’a pas renouvelé ses inscriptions, comme le stipule la convention citée plus haut.  L’écrit reste lettre morte. Quatre années plus tard, soit le 14 août 2002, la directrice par intérim de l’ENV El Harrach, Mme Ababou Assia saisit le secrétariat général du MESR au sujet du cas Benaissa Amel Hanna.  Elle note que « l’ENV d’Alger ne peut garantir à 100% que les résultats obtenus à l’ENV de Toulouse par Melle Benaissa Amel Hanna, c'est-à-dire la validation de la 1ère et 5éme année du cursus universitaire ».
 « Aucun document (attestation d’inscription, relevé de notes, PV de délibération du jury des différentes années passées à l’ENV de Toulouse) n’a été fourni ni annuellement ni à son retour et même jusqu’à présent à l’ENV d’Alger, conformément à la convention signée en 1994 » et enfin que « les documents en ma possession sont des fax ou des copies de fax dont certains ont transité par la direction des services vétérinaires du ministère de l’agriculture. Certains fax présentent des anomalies, comme le relevé récapitulatif de la situation de Mlle Beniassa, rédigés par M ; Nedjari. » Rien n’y fait. Melle Benaissa obtient tout de même son diplôme, signé par le directeur de l’ENV, Ghozlane El Ouardi.  Le ministère de l’agriculture, à travers la chambre nationale d’agriculture, a su être reconnaissant envers ce dernier. En 2006, il est intégré dans une délégation se rendant en Sardaigne dans le cadre d’un projet de coopération de la filière lait avec le gouvernement régional de Sardaigne. C’était du 23 au 28 janvier 2006.
Hamid Guerni

dimanche 28 juillet 2013

Les fruits du journalisme organique

le journalisme organique est de retour! aucun esprit critique, aucun recul, aucune rigueur...l'auteur oublie l'essentiel, juillet est le pic de toutes les productions agricoles, je lui lance un défi d'ici la fin du Ramadhan et il verra que sa stratégie est complètement désuète...enfin pourquoi  se révolter il travaille pour Fattani  1er...
voici quelques dérives impardonnables: 
le prix du poulet du GAC est de 230 DA, l'auteur l'attribue au Syrpalac de R Benaissa, mais ce prix est celui pratiqué depuis 15 ans par les offices avicoles, si le retrait de la TVa sur les intrants était réellement pris en charge par l'office, on devrait noter une baisse de 18% ( de TVA), n'est-ce pas?
Pour les prix de gros sur les fruits, l'auteur oublie que la région centre est la plus pourvue en arbre fruitier, si le Syrpalac de R Benaïssa avait été efficace, le prix serait le même à travers tous le pays...à Mosta, ceux qui font leur marché ne trouvent aucun fruits à moins de 100 Da, mis à part la pastèque...que nos responsables nous mènent en barque, c'est leur métier, mais qu'un journaliste leu emboite le pas, c'est irréel!
Autre exemple: l'auteur cite le cas d'un grossiste privé ayant en stock "9000 tonnes à une température très basse, cet établissement représente un véritable réservoir de stockage"...les 9000 tonnes, soit 9 millions de kg,  ne représente que la consommation quotidienne de 4 grandes villes algériennes ( Alger, Oran, Sétif et Constantine)...je dis bien quotidienne à raison de 2 kg par foyer...le mois de juillet est le mois de l'abondance en produits agricoles, ceux et celles qui veulent faire des économies, c'est le moment idéal pour congeler tomates, poivrons, haricots verts...dans 15 jours ce sera la rareté et donc la cherté...

MAÎTRISE DU MARCHÉ DES FRUITS ET LÉGUMES

Le système de régulation a porté ses fruits

Par
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Les prix sont revenus à la normaleLes prix sont revenus à la normale
La stratégie adoptée par le ministère de l'Agriculture depuis 2008 a payé.
Les prix des produits agricoles frais et alimentaires au niveau de la capitale se sont légèrement radoucis à l'entame de la seconde quinzaine du mois de Ramadhan, avec une offre abondante, selon ce qu'affichent certains marchés de gros dans la capitale.
Il est constaté que par rapport à la première semaine du mois de Ramadhan, les prix sont revenus à la normale.
Une situation enregistrée après cette percée provoquée surtout par «l'intervention des commerçants occasionnels qui créaient une fausse situation de pénurie en stockant des produits de large consommation quelques jours avant le début du Ramadhan dans le but de les revendre à des prix supérieurs», selon les explication d'un mandataire de fruits et légumes à l'APS.
Cette pratique, selon la même source, a été à l'origine de la hausse des prix de certains produits, notamment la pomme de terre, la tomate et la courgette, qui connaissent une forte demande durant ce mois de jeûne, a précisé ce mandataire installé au marché de gros des fruits et légumes des Eucalyptus, à l'est d'Alger.
Les deux principaux marchés de gros de la capitale, les Eucalyptus et Boufarik, confirment cette tendance.
Pour le cas de la pomme de terre: après avoir franchi les 35 DA le kilogramme durant la première semaine du mois de Ramadhan, elle a vu son prix revenir progressivement à 24 DA, et parfois moins.
Pour la tomate, dont le prix en gros ne dépasse pas les 10 DA, la courgette (10 à 15 DA) ou encore les oignons (28 à 32 DA) et le poivron (34 à 36 DA).
Quant aux principaux fruits de saison, leurs prix demeurent, eux aussi, à la portée des moyennes et petites bourses. Ainsi, le kilogramme de pêche oscille entre 40 et 75 DA, selon la qualité, alors que celui de la pastèque est cédé à moins de 24 DA. Le citron, ingrédient incontournable de la table algérienne surtout en ce mois de Ramadhan, est cédé à 120 DA/kg pour celui importé, alors que celui local est proposé à 40 DA/kg. «Il est vrai que le marché était, au début, en proie à la nervosité des prix. Mais une fois les stocks constitués par les spéculateurs épuisés, la situation est revenue à la normale», explique un des commerçants du marché de gros de Boufarik. Selon bon nombre d'observateurs, cet équilibre observé sur les marchés pour la première fois depuis de longues années est, en outre, le fruit de la continuité de la mise en oeuvre du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), mis en place pour la première fois en 2008, mais qui gagne de maturité, d'année en année.
L'APS cite un cas dans la localité de Ouled Moussa à la sortie Est de Rouiba. Un établissement privé confirme ce constat.
Impliquée dans toute la chaîne de fonctionnement du Syrpalac (production, stockage, distribution de pomme de terre), une entreprise familiale a su profiter des avantages offerts dans le cadre de ce système lancé, il y a cinq ans, pour tenter de réguler le marché de la pomme de terre.
Avec une importante capacité de stockage de plus de 9000 tonnes à une température très basse, cet établissement représente un véritable réservoir de stockage pour ce produit en vue d'apporter l'équilibre nécessaire au marché en période d'arrière-saison, mais aussi fournir aux grossistes de la région Est de la capitale, dont une grande partie opère au marché des Eucalyptus, les quantités nécessaires pour répondre à la demande pour ce tubercule.
La viande de poulet, autre produit de large consommation, a également vu son prix baisser à la faveur de la mise en place du Syrpalac, mais aussi suite aux mesures prises par les pouvoirs publics depuis début 2013 et portant, en particulier, sur l'allègement de la charge fiscale (TVA) sur les intrants des aliments de volaille.
Le Groupe avicole du centre (GAC) qui pilote l'opération pour cette région couvrant une douzaine de wilayas, a pu stocker jusqu'à 4000 tonnes de poulets, proposés à 230 DA le kg.
Doté d'un réseau de distribution composé de 15 points de vente, 15 chapiteaux et plus de 150 vendeurs franchisés, le GAC a pu écouler plus de 1000 tonnes de poulets depuis le début du mois sacré.

Les céréaliers entre craintes et optimisme

 Au moment où l'OAIC et Benamor se liguent pour imposer - bien maladroitement- les blés Français, sans le moindre sourcillement de Rachid Benaïssa, le très visible ministre de l'agriculture, voici un article paru dans El Watan, il y a de cela 2 ans et qui est d'une cruelle actualité: 
PS. l'article n'est plus visible sur El Watan et je ne sais pas pourquoi!

Les céréaliers entre craintes et optimisme


Alors que depuis les premières années post-indépendance, l’Algérie  est confronté à une production de céréales jamais égalée auparavant, il se trouve qu’à quelques semaines des premières  moissons, les céréaliculteurs serrent les dents. Les moissons de l’année 2009, qui auraient largement dépassé les 65 millions de quintaux  sont encore en train  d’encombrer les silos de l’ensemble du pays. L’Alternative d’un usage domestique pourrait sauver la prochaine campagne et renforcer l’autosuffisance alimentaire. Il suffit d’en payer le prix.

Il est évident que la moisson record de 2009 aura pris de court les autorités et les opérateurs économiques du pays. Contre toute logique, alors que les céréales débordaient de partout, on aura noté dès l’automne une grosse commande auprès des fournisseurs habituels. Au lieu de se pencher sur cette récolte exceptionnelle, en vue d’un usage raisonné allant dans le sens des intérêts du pays et de ses agriculteurs, on s’est laissé emporter par  les vieux réflexes. Si bien qu’à la vue des immenses champs de blé qui commençaient à poindre à travers les grandes zones de production, on s’est alors rendu compte que non seulement la prochaine récolte allait dépasser les records précédents mais que le pays n’était pas en mesure de faire face à cette richesses que personne n’attendait. C’est dans cette ambiance délétère et totalement anachronique que le premier responsable de l’OAIC lancera un premier ballon d’essai à l’intention des meuniers privés, qui rechignaient à s’approvisionner auprès de son organisme. Un véritable bras de fer s’engagea, avec menaces à l’appui de ne plus faire bénéficier les opérateurs privés du circuit de l’OAIC.
 C’est alors que l’on s’est rendu compte que la récolte de 2009 était encore dans les silos et qu’une grande partie était constituée d’orge dont personne ne voulait.
Cette situation paradoxale demeure à ce jour inexplicable pour les producteurs qui auront redoublé d’efforts afin que la récolte de 2010 soit une confirmation de la précédente. Selon de nombreux observateurs avertis il n’est pas exclu qu’au vu de l’état des parcelles, les moissons pourraient dépasser toutes les prévisions. Car personne ne leur aura expliqué que les contrats d’achat de blé auprès des traders étrangers sont pluriannuels. Il peuvent s’étaler sur 3 à 5 ans, avec la possibilité pour le client d’échelonner ses enlèvements en fonction de ses besoins.

 L’importation mise à mal
Pendant que les moissonneuse batteuses s’chauffent du coté de Aïn Témouchent et de Mostaganem, les zones les plus précoces de l’Algérie du nord, les fellah de l’intérieur du pays scrutent l’horizon. Les dernières pluies d’avril et de mai auront été d’un apport considérable dans la formation des grains. Les premiers épis d’orge et de blé tendre commencent à pencher dangereusement vers le sol. Assurément, les rendements seront par endroits supérieurs à 60 Qx, voire à 70 Qx. De quoi faire réfléchir tous les opérateurs d’ici et d’ailleurs. Car il n’aura échappé à personne que depuis les mesures de soutiens à la céréaliculture, notamment avec des prix d’achat largement supérieurs à ceux en vigueur sur le marché mondial, céréaliculture ayant bénéficié des espaces réservés habituellement à la pomme de terre et aux maraichages. Le constat fait au niveau de Tiaret, Maghnia, Sidi Bel Abbès et Tiaret est très instructif à cet égard. Les bonnes terres ne sont plus l’apanage des cultures spéculatives. C’est pourquoi les rendements en céréales risquent de faire mal à l’importation.
Par contre, en ce qui concerne les orges, contrairement aux blés dur et tendre, la récolte de l’année dernière n’aura pas été utilisée à bon escient. On sait que cette céréale à cycle court sert essentiellement à l’alimentation animale. Il se trouve qu’on continue de privilégier l’alternative de l’exportation, oubliant que depuis un demi-siècle, l’Algérie a déserté le marché à l’export et qu’il n’est pas donné au premier venu de vendre sur ces places dominantes.

L’orge au secours de l’élevage
Chez les spécialistes, on préfère lorgner du coté d’un usage domestique de ces millions de Qx d’orge qui encombrent dangereusement les silos. Parmi les chercheurs de l’ex ITA de Mostaganem, on met en relief l’énorme travail expérimental effectué dans la substitution du Maïs par l’orge. En effet, dans l’alimentation du poulet de chair et de la poule pondeuse, le remplacement intégral du Maïs par l’orge locale aura donné des les mêmes performances de croissance et de production. San entrainer la moindre perturbation chez les animaux. Seulement, aucun organisme spécialisé en aviculture ne daignera se passer du Maïs dont la totalité est importée à coups de devises fortes.  Ils sont très nombreux à soutenir que la première des solutions pour absorber les énormes quantités d’orge serait d’en nourrir les milliers d’élevage avicoles du pays. Mais personne ne se fait d’illusions à ce sujet, sans une décision politique forte, qui songerait à cesser l’achat de Maïs étranger?
De leurs cotés, les gros producteurs de Tiaret, Sétif, Guelma, Annaba et Constantine se sont rencontrés pour la première fois à l’Est du pays. Outre les échanges d’expériences, ils sont mis à profit cette rencontre pour rappeler que la filière est à la croisée des chemins. Personne parmi la quarantaine de céréaliers présents  n’aura oublié de souligner que les rendements pourraient augmenter et se rapprocher de ceux des payas performants si les services concernés mettaient un peu d’ardeur dans l’approvisionnement en intrants. En effet, depuis quelques années, la filière se trouve confrontée à des livraison tardives de semences, d’engrais et de produits phytosanitaires. L’exemple de l’infestation des champs par la tache auréolée rapporté par El Watan dans son édition du 29 mars dernier est cité en exemple. Si une grande partie de la récolte a été sauvée, c’est bien parce qu’à l’époque, de hauts responsable étaient intervenus pour faire sortir 8500 litres de  fongicide qui étaient bloqués au port d’Alger. Cet exemple n’est pas le seul, loin s’en faut. A l’évidence, les fellah, grâce à une mobilisation sans faille et au réel soutien de l’Etat, sont en train de relever le défi de l’autosuffisance alimentaire. Déjà on signale çà et là des transferts d’orge vers les zones pastorales. L’opération devra soulager les silos du nord et rassurer les fellah quant à une implication sans faille de l’Eta dans cette opération de longue haleine. Avec le temps, il sera toujours possible d’inciter les fellah à diversifier leurs cultures et à remplacer les orges par des céréales plus nobles.
  Mostaganem le 19 mai 2010

Grands maîtres ottomans et français et séquence «Aouchem»

Débat sur les arts plastiques à l’IDRH d’Oran : Grands maîtres ottomans et français et séquence «Aouchem»

La peinture n’est pas qu’un objet de création artistique et esthétique. Elle sert aussi à dire le présent et le passé historique. C’est ce qu’a démontré le journaliste et critique Aziz Mouats lors de la soirée organisée avant-hier au siège de l’IDRH en compagnie du plasticien Noureddine Belhachemi qui a abordé la courte, mais belle expérience du groupe « Aouchem » dans l’Algérie de la fin des années soixante.
L’Institut de développement des ressources humaines (IDRH) d’Oran que dirige le professeur et éminent économiste Mohamed Bahloul, féru de peinture pour ceux qui ne le savent pas, a abrité la deuxième soirée des 5es Rencontres de ramadan que cet établissement a pris l’habitude d’organiser depuis 2008. Le thème, pour le moins original, qui a été retenu à cette occasion a concerné les arts plastiques et leur rapport au présent, au vécu des sociétés et leurs cultures, ainsi qu’à l’histoire. Deux sujets centraux y ont été, cependant, abordés : « L’artiste-peintre est-il un témoin ou un acteur ? » Une question très vaste, mais à laquelle a tenté de répondre à grands traits le journaliste et critique Aziz Mouats ; et l’expérience unique du groupe des plasticiens d’Aouchem, courant pictural et politique aussi qui a vu l’adhésion de peintres comme Denis Martinez, Adane, Mesli, Benbaghdard entre mars 1967, date de sa naissance, et le début des années soixante-dix durant lesquelles il allait pratiquement disparaître avant de donner lieu à de grands et de vigoureux débats entre les « anciens » et les « nouveaux » peintres algériens sur le sens des arts plastiques et leur utilité pour la culture, l’identité et l’histoire de l’Algérie.
A l’aide d’un data-show, ce qui a donné à son intervention une qualité pédagogique indéniable, notamment pour le public qui n’est pas forcément initié à l’art pictural, le journaliste et critique Aziz Mouats a présenté un exposé panoramique sur l’art rupestre au Sahara algérien, « preuve irréfutable, selon lui, que l’Algérie est un pays de très vieille culture et ayant une histoire plus que millénaire », pour survoler l’époque ottomane à propos de laquelle il citera trois grands peintres de cet empire qui avait dominé le monde entre les XIIe et XVIIIes siècles : Nasuh Matrakçi, Nakkach Osman et Nigari, considéré, selon Aziz Mouats, reprenant des critiques célèbres, comme un maître du portrait. Nigari, au passage, a immortalisé le corsaire Kheir-Eddine Bab Arroudj (Barberousse) dans une œuvre considérée comme une référence du genre. Quant à Matrakçi, on lui doit des peintures sur Tétouan, Antibes, Toulon, Nice et Marseille, puisqu’il était de tous les déplacements et de toutes les expéditions importantes de l’armada ottomane à son époque. Quant au plus grand peintre ottoman, Abdulcellil Levni, mort en 1732, il s’est illustré par des scènes de cour et des portraits de femmes de la haute société turque de son temps.
L’ancienne peinture turque, celle moderne s’étant convertie aux courants occidentaux à partir du XVIIIe siècle, a indiqué Aziz Mouats, a été l’occasion d’un préambule avant d’aborder un autre sujet passionnant relatif à la relation de la peinture française et son rapport à l’empire et à son histoire durant la période napoléonienne et pendant la « conquête » de l’Algérie. Le conférencier donnera des exemples de peintres à la fois témoins et acteurs d’évènements historiques importants de cette séquence déterminante de l’empire de France. Il citera le cas du peintre néoclassique et préromantique Jean-Antoine Gros, qui avait accompagné certaines des grandes batailles de Bonaparte. Il évoquera également le peintre Jacques-Louis David et ses toiles glorificatrices et propagandistes (le terme n’existait pas encore à cette époque) de l’empire. Avec l’expédition coloniale en Algérie, la tendance de grands maîtres de la peinture française à se mettre au service du prince et des projets du prince va se poursuivre et se confirmer davantage à travers des artistes et des toiles comme le portrait de l’Emir Abdelkader réalisé par l’officier et peintre Théodore Leblanc juste après le traité de la Tafna. Horace Vernet, rappellera Aziz Mouats, signera un tableau immortalisant la bataille de la Habra en 1835. Il s’arrêtera sur Louis-Theodore Devilly et sa grande toile sur la bataille de Sidi Brahim en 1859 avant de mentionner Theodore Chassériau avec le portrait de Ali Ben Ahmed qui a rallié les troupes françaises et qui a été derrière la chute de Constantine.
En deuxième partie de soirée, le plasticien Noureddine Belhachemi a centré son intervention sur le Groupe Aouchem, né en mars 1967 et qui a organisé uniquement trois expositions, deux à Blida et une Alger. Il rappellera que le vernissage de l’expo d’Alger, où ce groupe avait annoncé sa naissance en publiant son manifeste, a été marqué par de vives altercations et des échanges de coups de poing avec le groupe de Khadda et Issiakhem. Une confrontation intellectuelle comme on en voit plus aujourd’hui et qui témoigne de la vigueur des idées et de l’engagement des artistes algériens d’il y a plus de quarante ans dans ce qu’ils croyaient être bon et nécessaire pour la culture et les arts plastiques dans notre pays. De l’évocation de Belhachemi, on en sort rêveur face à la sidération qui fige aujourd’hui les plasticiens algériens et on se demande aussi pourquoi ont-ils cessé de défendre sur la scène publique leurs œuvres, alors que les problématiques qui étaient les leurs aux premières années de l’indépendance, bien qu’elles aient changé un peu, demeurent toujours à l’ordre du jour dans leur essentialité. Aouchem, dira Belhachemi, a défendu le signe berbère comme le marqueur de l’identité algérienne pendant des millénaires. Il a revendiqué une abstraction qui n’était pas occidentale, mais empruntée aux leçons orientales et africaines dont était empreint l’art romain. Aoucheme, composé de neuf peintres dont le plus en vue était Mesli et Martinez, a constitué, selon le conférencier, un véritable mouvement pictural, sans doute unique, tant en Algérie qu’au Maroc. Aouchem était viscéralement contre une peinture sous contrôle telle que le pouvoir voulait instaurer dès 1963 avec la création de l’Union nationale des artistes peintres (UNAP). Dans leur manifeste, on lit : « Visionnaires réalistes, les Aouchems, peintres et poètes, déclarent utiliser les formes créatrices efficaces contre l’arrière-garde de la médiocrité esthétique ».

jeudi 25 juillet 2013

Au secours, la légion étrangère est de retour


 S'il fallait une autre raison pour dire que l'Algérie a réellement donné naissance à la dernière révolution, de par les changements induits à travers les sociétés et les peuples, c'est une militante Belge qui nous l'offre sur un plateau. Assise à coté de son mari, Algérien, cette grande dame écoute et regarde patriotiquement le couronnement de son nouveau roi. Que du patriotisme à l'état pur! Puis, à un moment du défilé, les organisateurs Belges font passer un détachement de la légion étrangère Française. Un choix qui ne s'explique pas, sinon par la proximité  des deux pays voisins, qui partagent sans détour leur anciennes racines Gauloises - les Belges ne sont - ils pas les plus braves des  Gaulois-, mais également leur avidité colonialistes, partageant encore une fois une partie de l'Afrique centrale et Méridionale, pour preuve, lorsque les Français occupèrent le Congo Brazzaville, sur l'autre rive du fleuve Congo, ce sont les Belges qui s'installent...ensuite, tout récemment, les deux ramées coloniales ou néocoloniales ont été étroitement associées au génocide du Rwanda où périrent des milliers de citoyens qui vivaient jusque là paisiblement leurs différences ethniques. Que des légionnaires Français, défilent aux cotés de leurs potes Belges, c'est dans la logique des choses...mais qu'une jeune journaliste, celle que l'on voit souvent sur les écrans de TV5, débitant dans une suffocante banalité les nouvelles du monde....celle qui n'a même pas suffisamment de culture pour verser dans des amalgames choquant, allant jusqu'à parler des exploits de la légion durant la conquête de l'Algérie...que n'a -telle pas consulté la toile et elle aurait été informée sur les "exploits sanguinaires" tant en Algérie qu'ailleurs, de ces bouchers sans foi ni loi que sont les égorgeurs de la légion étrangère. N'est-ce pas sur cette terre algérienne, à seulemnt 17 km à l'ouest de Mostaganem, le 28 juin 1835 qu'est née la configuration actuelle de la légion étrangère. En effet, c'est bien après la victoire de la Macta par les troupes de l'Emir Abdelkader, une victoire qui bouleversa les équilibres à l'intérieur de  l'empire Français, au point que Drouet d'Erlon, le gouverneur de l’époque  ainsi que le général Trézel qui conduisait la colonne depuis Oran vers Mascara, ont immédiatement été remplacés et rappelés en urgence. Avant ce jour, la légion étrangère était structurée par nationalités, les Italiens entre eux, les Polonais, à part, les autrichiens et les germanophones aussi formaient un bataillon compact où seule la langue de Goethe était pratiquée...on attribua la débandade et l'humiliation à cette forme d'organisation, si bien qu'après le limogeage des responsables civils et militaires, on songea immédiatement à faire un mélange des nationalités pour donner une certaine cohésion à ce corps...voilà que plus de 179 ans après, les Belges font dans la provocation et se proposent de donner un prolongement à cette funeste aventure...car on invite à la fête du trône que ceux qui partagent les mêmes valeurs... enfin tout s'éclaire, n'est-ce pas lors de la conquête de l'Algérie que fut créé le royaume de Belgique. Avec comme premier roi des Belges, un citoyen Français? Juste retour des choses donc que cette collusion...fallait-il pour autant lui donner autant d'éclats, quitte à froisser le patriotisme d'un autre peuple? te celui d'une compatriote qui n'a pas hésité à confier sa grande émotion et sa profonde admiration de ce que furent les souffrances et les joies de la révolution Algérienne. Voici sa contribution intégrale:

Quand la Télévision belge vante les «conquêtes coloniales» de la Légion étrangère en Algérie

La Légion étrangère : des mercenaires au service de la France coloniale. D. R.
La Légion étrangère : des mercenaires au service de la France coloniale. D. R.
Comme tout citoyen intéressé par l’histoire politique de son pays, j’ai regardé, ce 21 juillet, la retransmission télévisée de l’abdication du roi Albert II et de l’accession au trône de Belgique de son fils Philippe, faits marquant ce jour de fête nationale belge, sur la chaîne nationale francophone. Quels que soient mon opinion sur le bien-fondé d’une monarchie plutôt qu’une république en Belgique et mon degré de sympathie à l’égard des personnes de la famille royale, il me semblait naturel d’être directement informée de cet évènement majeur de la vie politique belge, via la RTBF qui avait consacré la journée à couvrir le Te Deum, la passassion de pouvoir, la prestation de serment, le salut au balcon, le défilé militaire, et la soirée festive, ponctués bien entendu par les états d’âme des nombreux badauds qui scandaient «Vive le Roi ! Vive la Reine !», hilares sous un soleil de plomb et dans une chaleur écrasante. J’ai supporté stoïquement les commentaires populistes des «journalistes» dépêchés en plusieurs endroits stratégiques de la capitale, l’interview du couturier des reines et des princesses décrivant en long et en large le choix des tissus et la couleur des robes, le débat des invités en studio sur l’intensité des baisers échangés sur le balcon par le nouveau couple royal, mais j’ai risqué la crise cardiaque lorsque l’un des reporters nous a qualifiés, nous, citoyens belges, de «sujets» du nouveau roi, comme à l’époque du Moyen-Age. Et dire que l’école de journalisme belge a été l’une des plus réputées au niveau international... J’ai eu une pensée fraternelle pour le député communiste wallon Julien Lahaut en me rappelant son «Vive la République !» qu’il avait lancé avec ses camarades en plein parlement lors de la prestation de serment du roi Baudouin Ier, le 11 août 1950. Quelques jours plus tard, le grand résistant et syndicaliste Julien Lahaut, celui que ses compagnons de captivité dans les camps nazis surnommaient «l’homme qui avait le soleil dans sa poche», était assassiné sur le pas de sa porte par deux individus qui n’ont jamais été identifiés.
Donc, j’ai tenu «le coup» jusqu’au moment où la présentatrice de la couverture télévisuelle, qu’il m’est impossible de considérer comme une journaliste même si elle présente régulièrement le JT de la RTBF, a commenté des images de divers corps d’armée qui allaient participer au défilé militaire et dans lesquels figurait, dépêchée de France pour l’occasion, la Légion étrangère, la commentatrice poussant le cynisme jusqu’à vanter la renommée de celle-ci dans les conquêtes coloniales et notamment dans la guerre d’Algérie. Choqué, mon époux algérien en a eu les larmes aux yeux. Quant à moi, j’ai éprouvé une honte incommensurable d’appartenir à une nation qui fait la promotion d’un corps de mercenaires recrutés parmi la pire racaille que l’humanité ait produite. Quand je pense que l’Etat algérien a envoyé un orchestre symphonique pour sa fête nationale du 5 Juillet et a offert deux concerts gratuits à la population belge, et que nous remercions l’Algérie en faisant défiler la Légion étrangère trois semaines plus tard. Furieuse et dégoûtée, j’ai fermé la télévision.
En tant qu’épouse d’Algérien, en tant que petite-fille de résistant communiste fusillé par les nazis en janvier 1944, en tant que citoyenne éprise de liberté, de solidarité, de fraternité et de justice, je demande pardon au peuple algérien et à ses dirigeants, ainsi qu’aux millions de martyrs tombés sous la tyrannie d’une France colonialiste impitoyable et barbare, pour cette trahison des valeurs pour lesquelles bien des Belges sont tombés en d’autres temps, dont mon grand-père Marcel De Ruytter et ses camarades. Vos héros, Ali La Pointe, Larbi Ben M’hidi, Benboulaïd, le colonel Amirouche et tous vos chouhada sont aussi mes héros, comme l’est le grand-père maternel de mon mari, Saïd Mokrani, parce que tous se sont battus avec courage et abnégation pour une cause noble et juste dont les valeurs universelles ont convaincu certains citoyens de mon pays à leur apporter soutien et participation active à travers «le Front du Nord». Que ces derniers, ainsi que tous ceux qui ont combattu le fascisme, soient remerciés d’avoir été l’honneur de la Belgique.
De Bruxelles, Jocelyne De Ruytter

 Lien pour consulter le papier à la source:
http://www.algeriepatriotique.com/article/quand-la-television-belge-vante-les-conquetes-coloniales-de-la-legion-etrangere-en-algerie

lundi 22 juillet 2013

les vérités algéroises d'Adonis

Une offrande de la part d'une amie agronome...que de beaux souvenirs et que de salves bienfaitrices...à quelques jours de la conférence de Yasmina Khadra à l'IDRH de Canastel...ça promet...
Il s’appelle en fait Ali Ahmed Saïd Esber, et ce pseudo qu’il a choisi, se réfère au dieu d’origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique. Il n’aurait pas pu trouver mieux, quand on sait que tous ses livres (éd. Mercure de France) ont pour thèmes l’injustice, la dictature, la guerre et la misère.

A 78 ans, lors de sa dernière intervention à la bibliothèque nationale d’Alger, Adonis le syrien, considéré comme le plus grand poète arabe vivant, a foutu un tel merdier.

Tout d’abord, rappelons que c’est bien l’intervention d’Adonis, ainsi que la publication du livre de Mohamed Benchicou qui sont à l’origine du remerciement d’Amine Zaoui de la bibliothèque nationale d’Alger, dont il était le directeur, par la ministre de la culture, Khalida Toumi-Messaoudi.

« Les intellectuels arabes sont des sbires du pouvoir » (Adonis) Extraits de l’intervention d’Adonis à la Bibliothèque Nationale d’Alger.

Et accrochez-vous, car ça va vous changer beaucoup de la langue de bois de Yasmina Khadra et de quelques autres :

« Je suis contre tout Etat bâti sur la religion. »

« Je m’oppose à l’islam régime, à l’islam institution » dit-il.

Adonis était très attendu par les intellectuels algériens. La bibliothèque nationale était bondée de monde.

Face à un public ravi, il hurle :

« Nos intellectuels sont des instruments du pouvoir, ce sont des lâches! »

Et il dit cela en Algérie, aujourd’hui. Qui l’aurait cru ?

Ce vieux poète est allé en Algérie cracher ses vérités, vomir le fond de sa pensée et maudire les gouvernements arabes qui sont restés aujourd’hui à la traîne des nations. Des hommes politiques qui ont pourtant été parmi les libérateurs de leurs Etats du joug de la colonisation.

« Vers une résistance radicale et globale » conseille-t-il au public qui l’applaudit.

Une magnifique conférence sur l’impasse de la pensée arabe et la crise de modernité qui secoue les sociétés arabes. Sa venue a drainé un public fou, tant son discours est en rupture totale avec le politiquement correct, la langue de bois, et le discours officiel dominant.

D’emblée, il s’est attaqué à la question de la « nécessaire » sécularisation des pays musulmans.

« Je suis respectueux de l’islam. Je suis au-delà de toutes les religions, je vais au bout de toutes les spiritualités et des expériences humaines. Mais je suis totalement opposé à l’islam institution, à l’islam régime », dit-il.

De la provocation. De l’audace. Du courage, en veux-tu en voilà. Et ce n’est qu’un début, car le conférencier ne va pas mâcher ses mots. Il s’attaque aux régimes arabes, particulièrement ceux qui ont pris le pouvoir depuis la seconde moitié du 20e siècle et qui vivent un échec cuisant, car « ils n’ont pas pu libérer l’Homme et asseoir des Etats modernes basés sur le droit et le respect de l’individu. »

Il argumente sa réflexion en se basant sur la dure réalité à laquelle font face les populations arabes et musulmanes.

« Ces politiques ont des réflexes tribaux, ils nient l’individu et la liberté individuelle. Les élites politiques qui se disent progressistes et laïques, qui ont libéré leurs pays du joug de la colonisation, n’ont fait que perpétuer le clanisme et le népotisme et sont soutenus par des intellectuels, ce sont leurs complices !»

Adonis tire à boulets rouges sur ces « intellectuels » qui n’ont aucune valeur morale.

« Dans nos sociétés arabes et musulmanes, l’élite intellectuelle ne remplit aucun critère de probité morale qui lui permet d’être à l’avant-garde des changements nécessaires. C’est-à-dire la sécularisation de la société qui est au cœur de la crise de la modernité dans ces sociétés. »

Il va encore plus loin, écœuré et blasé par la situation actuelle, politique, culturelle, sociale et économique qui prévaut dans les pays arabes, ce poète hors normes vomit le fond de sa pensée et il le dit tel quel : « advienne que pourra ! »

Non mais vous le croirez ? Encore un bout :

« Les intellectuels dans le monde arabe manquent de courage, ils sont frileux lorsqu’il s’agit d’évoquer la question de la laïcité : le texte (le Coran) est constant, mais son interprétation change, or il n’y a aucun effort de questionnement théorique en la matière », déplore-t-il.

Ainsi, l’absence de pensée critique a coupé l’intellectuel arabe de la société, faisant de lui non pas un être autonome pensant par lui-même, mais un «instrument» au service des gouvernants. Comme tout ça est vrai. Il explique que le monde arabe est privé aujourd’hui d’une élite intellectuelle qui remettra en cause la pensée traditionaliste et les modèles tribaux.

« Nos sociétés sont sclérosées. Nous sommes absents de la carte du monde actuel et en marge du cours de l’Histoire », se désole-t-il encore.

Il s’en est pris violemment aux intellectuels arabes qui, selon lui, ont joué le jeu des régimes en place en remettant en cause le lien solide entre Etat et religion.

A la fin de la conférence, la Bibliothèque nationale a remis à Adonis une distinction. Son amie de longue date, Djamila Bouhired, s’est fait un plaisir de la lui offrir au milieu des applaudissements et des youyous.

samedi 20 juillet 2013

L'Artiste peintre, témoin ou acteur?


Virée intemporelle à Canastel
A l’orée de ce Ramadhan, alors que nous bouclions dans la peine une année universitaire si fructueuse, avec pas moins de six soutenances de magistère en Génétique et reproductions animale, je reçois un appel de Med Bahloul, m’invitant à apporter une contribution au foisonnant programme culturel qu’il organise rituellement au niveau de son Institut de développement des ressources humaines, situé à Canastel. C’est au pied levé que je lui donne mon accord, ajoutant que j’avais besoin de 24 heures pour trouver un thème. Contactés par mes soins Nordine Belhachemi et Hachemi Ameur, donnent leur accord pour m’accompagner dans un sentier que je savais complexe. Le sujet est vite trouvé, à savoir faire une analyse critique de la part de l’artiste peintre dans l’écriture de l’histoire de l’humanité. D’où le titre «  L’artiste peintre, témoin ou acteur ?. Au moment de rejoindre Oran, Hachemi m’annonce qu’il est en plein préparatifs de départ vers Sétif où il est attendu pour une exposition. C’est donc amoindri que Nordine et moi entamons notre intervention dont voici un petit compte rendu rédigé à la demande de nombreuses amies et de moins nombreux amis.  Pour mon exposé, j'avais un support visuel, un document que j'avais écrit de 18 pages pleines avec de nombreuses citations...mais au déroulé, j'avais bcp improvisé car je cherchais à faire le lien entre les différentes étapes de l'art pictural depuis les peintures rupestres et leurs auteurs anonymes, jusqu'à la période contemporaine. une halte sur les minait ures de Wasiti, puis un passage obligé par l'art pictural ottoman, avec Nigari, Al Matraki, Nakkache, Levni.....depuis le règne de Solimane le magnifique qui se faisait accompagner de Nigar et d'Al Matrki à ses successeurs, jusqu'au 18ème siècle avec l'introduction des techniques occidentales, la perspectives et le romantisme. Là j'ai fait le lien avec ce que sera l'œuvre de Racim, avec les danseuses, le début du nu, voire du carrément obscène, une référence pour Racim qui en fera sa principale préoccupation, J'ai aussi parlé de Nigari et son art du portrait, avec une image de son Kheireddine, qui sera pratiquement recopié par Racim...le règne de Napoléon qui a été jalonné de batailles dont toutes ont fait l'objet de tableaux de Gros et aussi de Vernet, le quel Vernet se fera remarquer par ses nombreux tableaux des batailles de la conquête de l'Algérie...là j'ai aussi fait appel à Chassériau et son tableau de Ali Ben Ahmed, un harki de Constantine. Ce qui m'a permis ensuite de faire le lien avec les autres batailles, dont certaines n'ont pas été bien représentées, comme celle de la Macta ou de Sidi Brahim, que l'Emir avait magistralement remportées. Bien sûr j'ai aussi présenté deux tableaux sur la bataille d'Isly, avec une triste défaite de l'armée impériale du Maroc, dont les troupes étaient commandées par Moulay Hicham, le propre fils du roi Mouley Abderrhamane, ce qui poussa ce dernier à signer le traité de Tanger entre son royaume et celui de France. Ce traité a également été cité puisque c'est à partir de cet acte que l'Emir Abdelkader devenait l'ennemi à abattre à la fois des Français et des Marocains, nous sommes en septembre 1844. L'Emir Abdelkader se perd alors dans les oasis du Sud, tentant difficilement de reconstruire son armée. C’est  ce qui incitera Med Benabdallah « Boumaza » à soulever les tribus du Dahra, de la vallée du Chéliff et de l’Ouarsenis. Comme il n’existe qu’un seul portrait de Boumaza, je me suis fais un grand plaisir à le montrer pour souligner que les artistes peintres ont également été utilisé pour une cause bien précise, celle de glorifier les maitres du moment et de faire l’apologie de la guerre. Comme j’avais un texte de Fromentin et d’Assia Djebbar, j’en ai profité pour parler de la bataille de Laghouat et de celle tout aussi sanglante des Zaatcha, avec un croquis fait par un médecin des têtes coupées de Cheikh Bouziane et de son fils ainsi que de Si Moussa, le Cheikh des Derqaoua, sachant que ces têtes momifiées sont encore exposées au musée d’histoire naturelle de Paris…ensuite, Nordine Belhachemi a pris le relais pour nous parler avec une grande passion de l’émergence du mouvement Aouchem, déplorant au passage l’inquisition qui leur fut faite surtout par Issiakhem et Khadda…ils nous apprendra qu’à l’origine, c’est Cherkaoui, peintre Marocain, qui a susurré l’idée à Mesli de prendre en charge ma culture populaire…Nordine a également lu le manifeste élaboré lors de la création du mouvement, tout en soulignant que le groupe dont fait partie notre ami Martinez, n’a en fait exposé quà 3 occasions….ce qui ne l’a pas empêché de faire des petits, puisque les principaux animateurs actuels de la scène artistique nationale se revendiquent à des titres différents, de cette mouvance…pour ma part j’ai rappelé que cette effervescence s’expliquait par la proximité de le grand évènement révolutionnaire du siècle dernier, à savoir le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie, après une âpre bataille politico militaro médiatique entamée avec fougue et détermination par le peuple Algérien…j’ai  fait le parallèle avec la naissance du premier festival culturel algérien, à savoir le festival du théâtre amateur, dont l’initiative revient en très grande partie à un cantonnier de Tigditt, féru de théâtre et pétri de patriotisme, en l’occurrence Si Djillali Benabdelhalim, droit sorti d’un film d’Orson Welles, à savoir l’excentrique « Falstaff » que tout amateur du 7ème art est censé avoir regardé au moins deux fois…de suite…












20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...