dimanche 20 janvier 2019

Ali Ghédiri, Cap sur Novembre




Déclaration de candidature à l’élection présidentielle d’avril 2019 de Ali Ghediri

Algériennes ! Algériens !

L’Algérie traverse une phase décisive de son histoire. Au désespoir que vit notre peuple, notamment sa jeunesse, s’ajoute la déliquescence de l’Etat et de ses institutions. Le constat est amer : Etat de non-droit, vieillissement de sa composante humaine, injustice sociale, rente érigée en système de gouvernance, népotisme et corruption gangrènent notre société. L’insécurité qui menace quotidiennement les Algériens est aggravée par le trafic et la consommation de drogues de plus en plus dures. L’autoritarisme empêche l’émergence d’une réelle démocratie. Le clanisme et la prédation ont érigé le régime politique en oligarchie.

Face à cette situation qui menace l’existence et la cohésion nationales, la résignation n’est pas une fatalité en soi. Un sursaut salutaire est possible.

J’ai décidé de relever le défi en me portant candidat à l’élection présidentielle d’avril 2019.

Ce défi majeur ne peut se réaliser sans l’adhésion et l’implication du peuple. Il consiste en une remise en cause, sans tabou, de l’ordre établi, tant les conditions actuelles sont des plus complexes et des plus périlleuses pour la nation. Il s’inscrit, pour sa réalisation, dans le cadre d’un projet novateur, qui s’articule autour d’un objectif : la rupture sans reniement.

La rupture est certainement un mot fort, qui fait peur aussi bien à la minorité qui, s’accommodant de ce système – ou de ce qui en reste –, œuvre pour le perpétuer, qu’à l’écrasante majorité qui, tout en appelant le changement de tous ses vœux, en redoute les retombées. A cette majorité, je dis que, ce dont ils doivent avoir légitimement peur, ce sont les maux générés par ce système qui poussent nos enfants à fuir leur pays et qui empêchent ce peuple d’y vivre sereinement dans le confort et le bien-être et de profiter pleinement des richesses qu’il est potentiellement en mesure de leur offrir.

 Algériennes ! Algériens !

La rupture s’impose à nous, si nous voulons aller de l’avant. La question se pose en termes existentiels pour la nation,  pour renouveler le serment avec ceux de novembre et sauver l’Algérie pour laquelle tant de sacrifices ont été consentis. Cette rupture, je la perçois comme démarche salvatrice. Je la scande comme voie, non pas pour choquer les esprits, mais parce que j’estime qu’elle est, au point où en est le pays, le seul remède contre les maux qui rongent notre nation, notre société et nos institutions entamant dangereusement notre base sociale et mettant en péril réel la République. Je l’envisage sans reniement des valeurs de Novembre. De ces dernières, nous en sommes tous jaloux. Elles ont façonné la nation algérienne et l’Etat national naissant et donné sens à notre « moi » national ! Non seulement, ensemble, nous les restaurerons, parce que la déviance de la trajectoire novembriste les a ternies, mais nous en ferons le socle éternel de la Deuxième République que nous nous promettons d’édifier, pour mettre définitivement l’Algérie en phase avec ce que je pense être sa destinée.

Algériennes ! Algériens !

Général-major à la retraite sur ma demande depuis 2015, ma carrière a été une construction personnelle, sur la base de convictions personnelles profondes, ancrées dans mon subconscient par le milieu nationaliste et ouvrier qui a été celui de mon enfance et de ma jeunesse. Ces convictions ont, non seulement orienté mes choix fondamentaux, mais elles m’ont permis de trouver dans les rangs de l’Armée Nationale Populaire, que j’ai servie pendant quarante-deux ans, le terreau qui a raffermi, en mon for intérieur, l’amour de la Patrie et le sens du devoir envers la nation. Durant ma carrière militaire, j’ai vécu de mon salaire comme unique source de revenus, comme, présentement, je vis de ma seule pension de retraite et, j’en tire orgueil et satisfaction.



Cette Deuxième République, qui représente le coeur de notre projet politique, nous la rebâtirons sur la base d’une réelle refondation démocratique et d’une totale reconfiguration institutionnelle dans le moule d’un projet de société moderniste, dont le peuple aurait participé à la définition de la philosophie autant qu’à la mise en œuvre. Ce projet ne saurait se réaliser sans l’indispensable jonction du peuple avec son élite. En cela, les « Six immortels » nous ont montré le chemin. Ils ont rêvé d’une Algérie libérée et indépendante. Elle l’est. Nous rêvons d’une Algérie réellement démocratique, fière, prospère et moderne. Elle le sera. Tel est notre pari.
Algériennes ! Algériens !

mardi 1 janvier 2019

Ma lettre à Walid Oudaï

 
 
Lorsque je suis venu sur vos terres, dans le Dahra Oriental, pays des Ménaceur, je ne savais rien de toi. Par contre je connaissais parfaitement tes aïeux. Avec ta soeur ainée Mina, ton papa Mohamed et tes nombreux cousins, j’ai découvert ces lieux de mémoire et d’histoire. J’ai ainsi appris, grâce à la bienveillance de Kamel Bouchama - moi je lui préfère Bouchmaa- que sur vos terres de Y’oudaiène, était né un certain Macrin, qui fut Empereur de Rome...là haut sur la montagne, à quelques encablures de Cherchell, c’est ton papa et son cousin Mohamed qui m’ont guidé vers les tombes de ton grand père Larbi Oudai...et de celle de Belkacem Allioui, un pur citadin de Césarée...tombé au combat alors qu’il était aux cotés de ta grand-mère, la célèbre moudjahida Zoulikha Oudai...dans le maquis de Y’oudaiène...c’est pourquoi, lui, l’enfant de la ville, a été enterré sur la montagne...celle qui fait ostensiblement face au pic Menaceur...ensuite, nous sommes allés sur les traces de Zoulikha...sur la berge droite de l’oued Aïzer…là où elle fut exposée, le 10 octobre 1957, aux habitants des douars environnants, dont bien entendu, un grand nombre sont tes cousins…Puis, avec Mohamed Younès et ton papa, nous sommes allés à la rencontre des Oulhandi…cette famille combattante qui a donné 4 martyrs et de nombreux moudjahidines…c’est ici, dans cet amas de maisons que ta grand-mère Zoulikha venait se mettre à l’abri…et prenait ses instructions auprès de Hmimed Ghebalou…le véritable organisateur des maquis de la région. Le voisin discret et affable de tes grands parents à la maison familiale de Aïn Q’siba…Combien de fois, lors des multiples séjours dans la région, n’ai-je pas souhaité te croiser…mais ton travail à Alger était devenu un obstacle à notre rencontre. Car entretemps, les liens très profonds se sont tissés avec ta famille proche et aussi tes autres cousins et autres amis de la famille. Si bien que la plupart des familles patriotiques de Cherchell et des Béni Ménaceur me sont devenues si familières…si chaleureuses…pendant longtemps, alors que j’arpentais les chemins ardus et les ruelles étroites, n’ai-je pas espéré tomber nez à nez avec toi. Au point où j’en faisais une obsession…
 
Tout récemment, j’ai eu l’insigne honneur de faire la connaissance de Said Chemmi, l’époux éploré de ta tante Khadidja…son sourie affable, son regard d’une douceur caline et son verbe juste et bon, m’ont fait croire un instant que j’arrivais enfin vers toi…j’en avais l’intime conviction…puis je me suis résolu à ne rien faire pour hater cette rencontre. Je me disais qu’elle était inéluctable…car entre temps, le texte que je m’échinais à rassembler prenait de la consistance…Said Chemmi m’ayant apporté une contribution magistrale à travers son lucide et très précieux témoignage, il ne faisait plus de doute que toi Walid, tu allais m’aider à conclure cette aventure livresque…avec ton sourie…en fait, comme tu es le seul garçon de la fratrie, je voulais juste t’entendre…et peut etre trouver en toi un trait de caractère, une attitude, une gestuelle, un sourire…que tu auras hérité de ton grand père et de ton oncle Lahbib…ce n’était pas qu’une simple coquetterie d’écrivain…non, c’est une quete ancrée en moi depuis que je me suis appliqué à faire un détour par l’épigénétique…oui je sais, ça parait prétentieux, voire déplacé…mais j’avais cette profonde conviction que ce qui fut le trait de caractère de tes grands parents, il était anomal que tu n’en soit pas un réceptacle. Il aura fallu cette terrible journée du 25 décembre, à ton enterrement, pour que je sois définitivement fixé sur toi…sur ton héritage génétique…sur ton lignage directe avec les Oudaiène…ce trait de caractère, c’est ton immense générosité…c’est incontestablement le caractère qui personnifie le plus ton grand père Larbi…et comment en suis-je arrivé à cette conclusion ? Tout simplement en regardant l’immense foule venue à tes obsèques…il y avait cette jeunesse, dont la plupart de sa composante était à l’orée de l’adolescence. Bien sur qu’on va aux funérailles par convenance, entre gens de la meme famille, de la meme corporation, de la même tranche d’âge…il se trouve qu’en ce matin brumeux, à l’entrée du cimetière de Cherchell, à quelques pas de la tombe d’Assia Djebar, dans la foule qui se pressait, il y avait ces centaines d’enfants et d’adolescents….il y avait cet ami venu depuis le très lointain Canada…cet autre ami venu depuis Tlemcen ou Batna…mais il y avait ces enfants aux regards hagards venus des bas quartiers de Cherchell…à ton enterrement, c’est toute la ville de Cherchell qui est venue suivre ton cercueil… dans un silence froid, ils t’ont accompagné jusqu’au dernier cyprès, là où tu reposes désormais au coté des cendres de ton arrière grand père.
Tu sais Walid, delà où tu es, tu dois te dire que cette foule d’inconnus n’était pas là juste pour te pleurer…ils étaient aussi venus, parfois de très loin pour te dire combien ils ont été sensibles à ce sourire dont tu ne les a jamais privé, à cette main toujours tendue pour venir en aide à la vieille en détresse et au malade en fin de vie, à ces tapes amicales dont tu n’as jamais privé tes amis et tes proches…en cherchant un chemin de traverse pour rejoindre le cimetière, j’arrive dans un profond ravin. Devant moi se dressait une pente. Du paquet de maison en construction, sort un vieil homme, un nonagénaire. Je m’approche de lui pour demander le chemin du cimetière…
  • Qui est mort ? me damande-t-il ?
  • Le fils de Mohamed Oudai, le militaire…
  • Allah Akbar…ne me dites pas que c’est Walid ?
  • Oui Walid...
  • Quel malheur, quel malheur…il était si jeune !
  • Vous le connaissiez ?
  • Qui ne connait pas Walid ?
Aziz Mouats
Cimetière de Y'Oudaiène, là où sont enterrés Belkacem Allioui et Larbi Oudaï

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...