vendredi 22 octobre 2010

Tamazight s’arrime à la traduction des œuvres universelles




Deux jours durant, les participants au deuxièmes journées d’études sur la traduction « de et vers les langues et culture émergentes de tradition orale » réunis au sein de l’université de Mostaganem, à l’initiative du HCA, auront convenus de bousculer les lourdeurs administratives en convoquant la littérature maghrébine et universelle. Une manière studieuse et rationnelle afin de contourner les tentatives récurrentes de ghettoïsation

Les chercheurs associés au Haut Commissariat à l’Amazighité qui se sont retrouvés à l’université de Mostaganem dans la cadre de la seconde journée d’études les 11 et 12 octobre dernier ont axés leurs travaux sur « la traduction comme moyen de rencontre des civilisations et de développement des langues émergentes ». Ouverte en présence de Farid Berramdane, doyen de la faculté des lettres et des arts, la rencontre a été malheureusement largement boudée par la communauté universitaire locale. Pourtant, la manifestation ne manquait ni d’ambitions ni d’intérêts. Car en plus des chercheurs et enseignants algériens, on notait la participation fortement appréciée de Habib Tengour et de son traducteur attitré, le professeur Pierre Joris enseignant à l’université of Albany de New York. C’est le prolifique poète mostaganémois et son fidèle traducteur qui animeront la table ronde finale axée essentiellement sur la troisième voix/ voie de la traduction. Leur prestation sous forme de dialogue à trois entre le poète algérien ayant choisi la langue Française pour porter ses poèmes, le Luxembourgeois enseignant dans la langue de Shakespeare et « le tiers incommode ». Pour ces deux poètes traducteurs comme ils aiment à se définir, de leur expérience née une dynamique réciproque où le Français, l’arabe dialectal ou classique, l’anglo-américain et l’allemand interfèrent pour qu’émerge les langues de la traduction et de l’écriture. Assurément, les organisateurs, à leur tête le dynamique Youssef Mérahi, président par intérim du HCA, ont eut la main heureuse en accueillant ces deux fabuleux chercheurs ; donnant à cette manifestation un véritable label de sérieux et d’efficacité. Car il leur en aura fallu de la perspicacité pour tenir cette manifestation, sachant qu’hormis l’université de Mostaganem qui aura tenue ses engagements, l’administration locale aura surtout brillé par un lâchage que le changement du chef de l’exécutif de la wilaya ne peut à lui seul ni justifier ni excuser. Ce que ne manqueront pas de souligner avec force nos interlocuteurs du HCA, qui paraissaient rodés à ce genre de défections de dernière minute. Mais comme le souligneront de nombreux participants, ce sont les absents qui ont toujours tort. Il est vrai que pour ceux qui ont pris le pli de confiner l’amazighité au folklore clinquant, la qualité des interventions, la sérénité et la richesse des débats, la profondeur et la subtilité, voire parfois la gravité des sujets abordés laisseront chez celles et ceux qui les ont suivis et animés un profond sentiment de plénitude et de maturité. Car avec des moyens dérisoires, face à une adversité sourde et terriblement frondeuse, les animateurs de cette mission parviennent parfaitement à avancer tout en évitant à la fois les traquenards et les sentiers battus. En effet, lorsque des traductions des quatrains de Omar Khayyam, du « Petit Prince » de St Exupéry ou « Le fils du pauvre » de Mouloud Feraoun sont proposées au public berbérophone, il n’est plus permis de douter de la volonté du HCA de faire sortir le Tamazight de l’ornière dans laquelle des milieux hostiles tentent de le confiner. D’ailleurs les organisateurs ne s’y tromperont pas. Dans leur brochure de présentation, ils souligneront que leur démarche s’inspire de la grande civilisation musulmane qui n’a réussie à s’affirmer qu’en s’appliquant à traduire « des œuvres grecques, indiennes et persanes, ajoutant que « sans la traduction des œuvres arabes en latin, puis dans les langues européennes, la révolution scientifique et technologique du monde moderne n’aurait pas eut lieu ». La référence aux langues latines est loin d’être fortuite, surtout que durant les dernières semaines, trois intellectuels algériens avaient commis des écrits qui ont profondément interpellés, voire révoltés, de larges pans de la population berbérophone du pays. D’emblée, c’est le Pr. Mohand Akli Haddadou qui parlera de l’exemple du monde musulman, soulignant l’apport de la traduction et du travail des traducteurs à la renaissance européenne. Moussa Imazarène abordera la question cardinale des différences entre les langues, les cultures et les civilisations qui sont autant d’obstacles que le traducteur doit nécessairement éviter pour passer d’une langue à une autre. Massika Senouci de l’université de Ouargla, après avoir rappelé que la langue est un pilier fondamental de la sauvegarde de l’identité individuelle et groupale, soutiendra qu’il convient de penser la traduction en langue berbère en tant que vecteur de transmissions de connaissances et de préservation de l’identité nationale. De son coté Aldjia Outaleb la complexité des rapports et apports entre les langues et de la nécessité de les comparer et de les mettre en contact.

«Feraoun est un auteur éminemment moderne »

S’inspirant de « La nuit sacrée », de Ben Jelloun, Hafidha Aït Mokhtar tente de décrypter comment les écrivains maghrébins de langue Française intègrent leur propre culture à travers le recours à leur langue maternelle et à leur patrimoine par des emprunts qu’ils insèrent dans le texte Français. Sans le dire, l’oratrice aborde le sempiternel problème de la relation entre la langue originelle et celle du colonisateur que d’aucuns considéreront souvent trop hâtivement, voire abusivement à une certaine assimilation. C’est pourquoi, lorsque durant la seconde journée du colloque, lorsque le Dr Aziri soutiendra que l’acculturation signifie la perte de sa culture originelle, il ravivera un vieux débat sur la perception que certains cercles continuent d’avoir à l’encontre de Mouloud Feraoun et de Mouloud Mammeri, deux icones de la littérature Algérienne et maghrébine d’expression Française. Après une analyse élogieuse mais néanmoins très critique du dictionnaire Tamazigh/Français du père Dallet, ouvrage incontournable pout tous chercheur, la jeune et ravissante Samia Merzouki fera une élégante énumération des nombreuses lacunes qui parsèment ce livre de 1015 pages, publié en 1982 serait truffés de lacunes, de non sens et d’erreurs que la jeune universitaire s’est appliquée à recenser, invitant les spécialistes à réfléchir à une autre version plus en rapport avec les subtilités de la langue amazigh. Vilipendant la notion d’auteur assimilé dont est affublé Mouloud Feraoun, l’oratrice renverra dos à dos les appréciations de Christine Chaulet Achour ainsi que les lourdes insinuations de Mostéfa Lacheraf. Suscitant ainsi de nombreuses réactions parmi les présents, toutes allant dans le sens de la désapprobation. Pour chacun des intervenants, Mouloud Feraoun n’est ni un assimilé, in un écrivain folklorique, ni un plumitif. Pour Habib Tengour, « il devient impérieux de relire Mouloud Feraoun en faisant abstraction des idées reçues, des anathèmes et des grilles de lecture nationalistes. Il suffit de lire son journal pour se rendre à l’évidence que dès 1955; l’auteur de « Jours de Kabylie » avait bien avant d’autres, soutenus sans ambigüités aucune le FLN et son combat libérateur. Parlant de la nécessité de traduire au berbère les textes juridiques afin de permettre aux populations berbérophone d’accéder à la citoyenneté, Noureddine Bessadi martèlera avec beaucoup de convictions que seul l’accès au droit juridique permet à une population de s’arrimer à la modernité. En marge de ces palpitantes journées, les participants ont eut droit à une exposition de plus de 150 ouvrages traduits au Tamazigh à l’initiative du HCA.

jeudi 21 octobre 2010

Laghrib* et le royaume


Déjà avec sa très commode djellaba noire, il détonne superbement dans cette zaouïa du fond de la vallée du Chéliff. Où l’habit n’a jamais fait le moine. Au milieu de ces jeunes et moins jeunes talebs, tous très appliqués, lui, Laghrib comme il aime à se faire appeler, détonne non sans étonner. Pendant que tous les pensionnaires s’appliquent à réciter quelques versets coraniques, lui, l’étranger se met à l’écart. Une seule fois, il a traversé l’immense salle de la zaouïa des Bellahouel où l’on observait le septième jour de deuil, suite au décès du fils cadet du Cheikh. Il y a avait là son cousin germain, venu spécialement du Nord de la France partager la douleur des siens. Médecin de son état, c’est auprès de lui que le défunt était venu chercher un ultime réconfort.
Revenu sur les terres de ses ancêtres, le médecin n’est nullement intriguée par la présence de Laghrib, mais par sa parfaite maitrise de la langue de Voltaire, de Montesquieu et d’Étienne de La Boétie. Servi par un accent que le plus érudit des parigots n’aurait point renié, Laghrib débite avec une aisance déconcertante un discours philosophique châtié et plutôt cohérent. Sans doute l’a-t-il appris sous le pont Mirabeau, auprès de quelque clochard érudit. Peut être a-t-il fréquenté les bancs de la Sorbonne ou du cours Florent. Car derrière sa chevelure rebelle, se cache assurément un acteur qui ne s’ignore point. Le regard pétillant, la chevelure à peine grisonnante et le verbe châtié, il attend une seule nouvelle que personne ne veut lui apporter. 


Curieuse posture que celle de Laghrib. Qui est en réalité un poète qui n’ignore rien de sa condition. Le plus intrigant chez ce personnage, ce n’est pas son accoutrement assumé, ni ses strophes bien léchées, encore moins son insolente cigarette. En ce lieu de recueillement, il ajoute son zeste de désinvolture. Connu, admis, respecté, voire même adulé par les habitants de ce hameau où la spiritualité vous envahit dès que vous mettez le pas dans cette immense place de la mosquée ou un authentique Roi d’Arabie, venait se ressourcer, Laghrib jouit d’une authentique considération. Là, au fond de la vallée, non loin de Béni Ifren, l’antique cité punique, à la zaouïa des Bellahouel, Laghrib semble se libérer de ses douleurs citadines. Peut être même parisiennes ! Avec un tel accent, toute supputation est pardonnable ! Ici, lui, l’étranger se sent en parfaite sécurité. Incontestablement il est l’hôte le plus choyé de la vallée. Lui-même semble baigner dans la plénitude. Pourtant, quelque part, Laghrib ne veut rien dire sur lui-même, se contentant d’attendre la grande nouvelle. Comme les millions de ses semblables, il attend inlassablement l’avènement d’un autre royaume. C’est seulement en cela qu’il est notre semblable, à la seule différence que lui dit tout haut ce que nous osons à peine murmurer. Il sait qu’ici, personne ne le prend au second degré. Car derrière sa chevelure rebelle, sa poésie châtiée, il y a cet anonymat bien commode qui autorise toutes les extravagances. Comme dans le coin on cultive la politesse qui sied aux seigneurs, personne n’osera la question qui fâche. Au pays de la tolérance et de la bonne humeur, Laghrib fait office de fou courtois. Il cultive l’insolence des rois, sans en avoir ni l’impotence, ni l’extravagance.
Son unique bonheur se résume à attendre la mort du roi ! Curieuse réjouissance pour un non moins curieux personnage.
* : l’étranger.

jeudi 14 octobre 2010

Pierre Joris, un Targui à New York

Quelle exubérance que ce merveilleux et intime colloque  sur la traduction et Tamazigh, qui s’est tenu les 10 et 11 octobre à l’INES de Chimie, dans une sidérante désinvolture de la part de nos étudiants et de nos enseignants – ça fait beaucoup, nous sommes près de 30.000 depuis la rentrée !- à l’initiative du HCA (le Haut Commissariat à l’Amazighité, une création de Zéroual, un fier Chaoui et un authentique Amazigh), avec la participation fort remarquée de Habib Tengour, le plus délicieux poète francophone de Mosta et de Tamezgha, authentique enfant de Tigditt.
C’est beaucoup grâce à lui que j’ai pu faire la rencontre la plus sublime de mes 20 dernières années : le Petit Prince de St Exupéry en Amazigh ! Le livre était bien là, exposé non loin d’un autre Major de la littérature musulmane (un peu) et Persane (beaucoup), le sublissime Omar Khayyam dont les délicieuses "Roba3yyattes" sont désormais disponibles pour le public berbérophone. Quelles joyeuses perspectives que de pouvoir en parler avec mes étudiants de Kabylie, et surtout avec mes amis et collègues Ramdane, Ahcène Aït Saïdi, Amirouche (qui s’est éloigné de Mostaganem, laissant un cratère béant et remplis de détritus à la cité de Kharrouba, que lui seul osait dénoncer avec courage).

Mais je devais vous parler de Pierre Joris…. Un New Yorkais du Luxembourg, qui enseigne la langue de Lady Diana et de Keira  Knightley ! A l’université d’Albany, 140 miles au Nord de JFK Airport.
Oui mais encore ?
Qui a vécu en Algérie lorsque c’était vivable et nettement plus réjouissant. Avec des crevettes locales à 2,5 dinars et une autorisation de sortie. Tout comme aujourd’hui, à part que la crevette vient des bassins du Mékong et qu'elles se shoote au Napalm largué par les B52.
Qui y a enseigné, Pierre Joris pas les bombardiers, surtout à Constantine, mais pas la haine comme Enrico, non comme un vrai prof, pas comme un charlatan d’Egypte.

Déjà avec ce parcours, Pierre Joris a de quoi se faire jalouser! En plus, il est poète et il traduit à l’Anglais les œuvres toutes aussi poétiques de Habib Tengour. L’Artiste aura enfin trouvé son double. L’un s’effaçant devant l’autre. Et les deux devant l’œuvre commune.

L’un face à l’autre, à l'amphi du chemin des Crètes, grâce au HCA de Youssef Merah (présent dans la salle), sans doute l'intérimaire le plus endurcis d'Algérie, ils ont animé une table ronde sur la traduction, mais à la méthode américaine. Originale, exaltante, conviviale et magnifiquement accrocheuse. Déjantée mais drôlement efficace.

Et (re) dire que plus que 800 profs et assistants de l’université de Mosta ont raté une occasion introuvable de voir la pédagogie à travers l’ornière de la désinvolture dans la poétique, celle de l’effacement dans la rigueur, de la pertinence dans l’excellence  et de l’humilité dans la sérénité. Avec autant de défections, comment ensuite en vouloir aux 7.000 LMD de la fac des lettres?

Une Etoile pour le cinquantenaire de l’Algérie

 Heureusement que nos collègues de Tizi Ouzou, il y avait également deux dynamiques enseignantes Hafidha aït Mokhtar de Chleff et Massika Senouci de Ouargla, qui ont fait des communications forts utiles par ailleurs ! Et mes collègues de Mosta qui pointaient aux abonnés absents; en plus ils n’avaient pas encore entamé complètement, (c’est pour l’anti-diffamation, au cas où) les enseignements !!!

Lâchez vous chers collègues c’est un blog et c’est seulement du "Boussayar", donc vous avez droit à la mise à jour. Il est vrai qu’à leur décharge, la Com n’a pas très bien fonctionné, c’est Aziri, le chargé de la recherche, donc organisateur du colloque qui le dit ! Mais que dire de radio Mosta, qui malgré deux dépêches de l’APS n’a pas su dépêcher un envoyé spécial ! Au chemin des Crêtes.
 Alors, en votre absence, Boussayar a eut l’insigne privilège de faire le tour de l’exposition (organisée magistralement par Karim Chebbah) et surtout d’assister à une partie des conférences et débats, mais le plus dur est à venir !!!

 De faire le guide à travers la ville pour ces invités de marque, avec deux enseignantes de Tizi que j’avais l’impression de connaître depuis au moins 50 ans! L’âge de l’Algérie nouvelle ! Non ! Vous n’êtes pas d’accord ? Tant pis c’est Habib Tengour qui me laissera comme ultime recommandation de faire quelque chose pour le 50ème anniversaire de l’indépendance. C’est dans moins de 2 ans, c’est presque demain ! Maintenant vous le savez, alors bougez-vous!

Pourquoi ne pas inviter l’ensemble de nos collègues berbérophones de Yellow-Knife, de Las Palmas de Canarias, de Tobrouk, de Djanet, d’Illizi, de Bordj Baji Mokhtar, d’Adrar, de Khenchela, de Batna, de Tizi (tous les Tizi), d'Arlit et de Bougie (c’est dans le cas fort improbable que la Sonelgaz ne coupe pas le courant, en plus en juillet les nuits sont courtes et chaudes).
Mais sait-on jamais, ils sont capables de nous organiser un feu d’artifice qui illuminera tout le bled ! A partir du plateau de l’Assekrem, c’est notre Fuji Yama à nous, avec les neiges en moins.

Du Tifinagh pour Tamazigh

Je m’égare, mais ce n’est qu’un rêve d’algérien ayant mal à son pays.
Puis nous inviterons nos amis d’Amérique, je pense à Pierre Joris qui pourrait ramener dans ses bagages un vrai Sioux, comme invité d'honneur -les Sioux sont sans doute le peuple qui a subit autant de souffrance que nous-, avec son arc et son Mac et qui viendrait couvrir l’évènement pour le New York Times…  
 Et pourquoi ne pas en profiter pour demander à Khalida, celle qui manifestait lorsque c’était facile, de traduire "L'épreuve de l'Arc" de Habib Tengour en Tamazight. Ça permettra à nos compatriotes Touaregs de connaître davantage la profondeur poétique de notre pays commun.

Et afin de ne pas froisser Youcef El Kenz, Lahouari Addi et l’Ami Cheniki, offrir à tout le peuple algérien cette version en Tifinagh, notre plus ancienne et plus belle langue. Ça nous rapprochera un peu et ça nous réconciliera avec ce peuple des immensités désertiques qui ne cesse de clamer son algériannité malgré les offres scélérates et trébuchantes d’un encombrant voisin.
Aïe ! J’allais oublier que c’est une idée de Pierre Joris que de recourir au Tifinagh, il m’en parlait avec une telle passion que ses yeux bleus en trépignaient de jouissance. Selon lui tout seul, c’est une langue qu’il est très aisé d’assimiler. Voilà une idée qui mérite amplement d’être creusée dans le sens nord-sud et de bas en haut. C’est très géométrique et ça n’est pas douloureux. On pourrait judicieusemnt recourir aux RAR du festival Pan-Africain, version Khalida ! Si, si, il nous reste des sous du PanAf , puisque nous allons couronner Tlemcen en "capitale de la culture musulmane". Ici on ne dit jamais islamique, par déférence à la réconciliation amnistiante.
Y mettre un peu d’humilité, je sais c’est une denrée sujette à pénurie chronique, mais vu que le projet de la grande mosquée est en train de s’améliorer en se faisant enfin oublier, on trouvera bien quelques dollars pour traduire aussi Nedjma. Et prouver à Yacine Kateb que sans le plus grand minaret du monde, grâce à la poudre d’intelligence, nos fusées prendront l’envol. Pour mettre enfin l’Algérie sur la voie de l’inter culturalité. Quel pied de nez çà serait pour ces « Marsiens » qui nous gouvernent !
Boussayar

Echange équitable
Boussayar offre une photo rarissime des deux dernières maisons sur pilotis de la plage de Salamandre sous la neige (avant ensevelissement par les bulldozers administratifs), prise durant l’hiver 2007.
Pour qui transcrira « Pierre Joris » en Tifinagh.
Boussayar espère la lui offrir après traitement par un artiste de Mostaganem qui se reconnaitra.
PS (qui n’a rien à voir) :
L’heureux récipiendaire aura droit à une copie légalisée s’il sait se montrer gourmand.
 PS (qui a à voir) :
Notez que El Kenz et Merahi portent le même prénom, à la grande différence que l’un comporte 2 «hesse » et l’autre un « c » ! Ce n’est pas l’unique différence, c’est seulement la preuve de la diversité de l’Algérie ! Un pays si vaste qu’on peut porter le même prénom et ne jamais se rencontrer.

dimanche 10 octobre 2010

Mohamed Meceffeuk, le martyr du Dahra

Ce mercredi matin, la petite bourgade de Dahra, au nord de Boukadir, là où les alignements de vignoble épousent langoureusement la montagne, tenait son marché hebdomadaire.

 Parti le matin de Mostaganem, Mohamed Meceffeuk, correspondant d’El Watan, se glissait nonchalamment à travers les paquets de fellah venus faire quelques emplettes.  La région était devenue un sanctuaire pour les hordes terroristes. Lui qui n’a jamais ménagé les idées obscurantistes dans ses écrits, le savait. Pourtant, comme à son habitude, il allait à la rencontre de cette population à laquelle il ne s’est jamais senti étranger. Il était dans son milieu et discutait avec acharnement avec les gens qui l’entourait. Grace à un irrésistible regard juvénile, il parvenait facilement à capter l’attention de ceux qui l’entourait. Puis soudain, comme sortis de nulle part, un groupe de terroristes fit feu sur lui l’atteignant à mort. En ce mercredi 13 avril 1994 ; Mohamed Meceffeuk tombait sous les balles intégristes. Il était le 17ème journaliste à irriguer de sons sang cette terre d’Algérie. Il venait alors de boucler 50 ans. Je l’ai connu en 1971, je venais de rentrer à l’ITA de Mostaganem et lui y travaillait déjà. Très porté sur l’activité sportive, c’est lui qui nous fera découvrir le stade de Sayada, son village natal. Les matches de foot entre groupes d’étudiants lui permettaient de parfaire son talent d’arbitre.

A l’époque il était déjà membre très actif à la ligue de football de Mostaganem. Rigoureux à l’extrême, il ne tolérait aucune contestation ni remarque. Cette rigueur l’accompagnera durant toute sa vie. Enseignant puis directeur d’école, il fera des passages successifs à l’ONAMA puis à l’ONACO tout en continuant à se parfaire dans l’arbitrage. Où il se fera très vite une réputation de juge impassible et honnête. Il trouvait encore du temps pour activer dans le caritatif. Venir en aide à son voisin et repousser l’injustice ne l’a jamais rebuté. Véritable force de la nature, il enchainait activités sportives et professionnelles sans relâche. C’est ainsi qu’il se fera très vite une réputation d’homme affable, intègre et engagé. Dès l’ouverture du champ politique, il rejoindra le MDA de Ben Bella. Sitôt l’apparition de la presse privée, Mohamed s’y engouffrera avec fracas. Ses débuts il les fera dans le périodique «Détective» où il fera étalage d’un véritable talent d’investigateur de premier ordre. Il est vrai qu’il est titulaire d’un brevet du second degré en sciences de l’observation. Délivré le 30 juillet 1960 par le recteur de l’académie de Paris ! Excusez du peu !

Arcbouté sur sa mobylette, il ne reculait devant aucun obstacle pour aller chercher l’information à la source. Il ne se contentait jamais des procès, ni encore moins des comptes rendus de greffier. Très vite, sa notoriété fera le tour de la ville puis de la région. Il se faisait un point d’honneur à dactylographier ses papiers avec minutie, grâce à une vieille machine qu’il avait acheté sur ses propres deniers. Puis très rapidement, il rejoindra la presse quotidienne, travaillant simultanément pour la Nouvelle République, Liberté, Le Matin puis El Watan. Dans son magasin de la rue Med Bouras, il trouvait toujours du temps pour réparer postes de radio, magnétophones et téléviseurs. Il aurait pu faire fortune, comme nombre de ses collègues. Il n’en sera rien, lui sa passion c’était de se rendre utile. Combien de clients reprenaient leurs appareils en s’acquittant seulement du prix de la pièce défectueuse ? C’est pour cela que cette activité qu’il pratiquait avec compétence et engagement, il finira par s’en éloigner. Ses engagements journalistiques finiront par lui accaparer tout son temps. Rapidement, la collaboration avec El Watan lui imposera un rythme soutenu. La notoriété du journal qui s’affirmait de jour en jour l’incitait à plus d’efforts. Il ne rechignait devant aucun sujet ni aucune difficulté. L’avènement des partis intégristes lui permettra de choisir son camp de manière radicale. Le sportif, l’éducateur, l’homme d’action avait dès le début dénoncé les dérives islamistes. Les scandales de détournements et de dilapidation des deniers publics, il en faisait sa spécialité. Entre deux papiers  culturels et sportifs, il glissait toujours un reportage parfaitement documenté sur la corruption et les passe-droits.
Très vite, il deviendra la cible de nombreux clans et lobbys locaux. Il recevait des menaces de toutes parts mais ne se démontais jamais. Il était devenu un véritable incorruptible, avec comme seules armes un stylo acéré, un appareil photo et un dictaphone qu’il arborait ostentatoirement. Sa popularité de justicier sans peur et sans reproche, il s’en servait pour aller toujours de l’avant. Le jour de sa mort, les regards se tourneront vers ceux qu’il n’aura cessé de dénoncer. Il laissera derrière lui une veuve éplorée, des orphelins inconsolables, des collègues amoindris, une population désemparée et un pays meurtri. Depuis ce triste jour du 13 avril 1994, la faucheuse intégriste emportera encore 87 journalistes – dont 2 disparus - portant le tribut payé à la liberté d’expression à 104 victimes, dont 3 étrangers. Mohamed Meceffeuk d’El Watan était la 17ème victime de la barbarie intégriste!

Sa veuve, affaiblie et diabétique se fera écraser par une voiture à deux pas du siège de la wilaya de Mostaganem où elle venait quémander –sans suites- ses droits de victime du terrorisme ! Elle sera enterrée à proximité de son mari au cimetière de Sidi Ahtmane. Grace aux patriotes sincères, une stèle a été érigée à sa mémoire là où il tombé en martyr du devoir.

samedi 2 octobre 2010

La seconde République Algérienne naitra dans les champs de céréales

Depuis que les prix des céréales locales ont été alignés sur le marché de Chicago, L’Algérie ne s’est jamais aussi bien portée ! En effet, malgré quelques contraintes, le pays est parvenu à produire des quantités de céréales inespérées. Du coup, c’est toute l’économie nationale que se retrouve sens dessus dessous ! Des minotiers privés qui refusent d’acheter localement, le gouvernement et l’OAIC qui menacent de lourdes représailles les récalcitrants et des fellahs qui alignent des rendements à vous donner le tournis. Beaucoup d’intérêts et de certitudes s’entrechoquent avec au menu des milliards de dollars de la facture alimentaire. Il ne faut pas oublier que le prétexte du coup d’éventail par lequel la France coloniale a montée et justifié l’expédition contre Alger et sa riche province avait comme fondement le non payement par la France de ses dettes. Contractées lors de l’achat de céréales à Alger ! Il aura fallu attendre près de deux siècles pour que l’Algérie souveraine se remette à vendre des céréales à l’ancienne puissance coloniale !
Le plus croustillant dans cette affaire c’est que les fellah algériens y croient. Force est de constater que le ministère de l’agriculture, les pouvoirs publics et l’OAIC semblent maintenir le cap de la sécurité alimentaire ! Si ce ne sont pas là les prémices de la naissance de la seconde république algérienne, celle qui croit en ses capacités et qui cultive le patriotisme - avec à la clef des rendements qui font trembler les fournisseurs structurels et leurs relais indigènes- ça y ressemble énormément !



La catastrophe a été évitée in extremis
Des milliers d’hectares de céréales ont faillit disparaître sous les effets conjugués de deux redoutables champignons. C’est à partir de Tiaret que l’alerte a été donnée. Les traitements ont été réalisés à temps grâce à El Watan qui a publié une série de papiers. Dans le cadre de ce travail, on a également appris que ces maladies ont un lien très particulier avec l’Algérie : c’est grâce à deux éminents chercheurs bien de chez nous que des avancées considérables ont été effectuées. Un hommage leur aura été consacré. Ci-dessous, l’ensemble des papiers parus sur un sujet qui pourrait annoncer l’entrée de l’Algérie dans la seconde république ! Rien que çà !




1-Infestation à la septoriose des champs de céréales : Les moissons menacées
La plus grande région céréalière du pays, dans le triangle Rahouia Machraâ Sfaâ Mahdia (Tiaret), là où les rendements sont les plus réguliers et les plus élevés de l’ouest du pays, avec une surface emblavée de plus de 350 000 ha, est en proie à une infestation à la septoriose et à la tache auréolée, toutes deux provoquées par 2 champignons.
Ce sont pas moins de 10 000 ha qui seraient déjà infestés par ces deux maladies cryptogamiques. Le plus étonnant est que ces maladies, qui étaient présentes, n’avaient jamais été prises en compte par les fellahs. Les attaques de cette année, favorisées par des pluies abondantes et soutenues, ayant jalonnée les mois de février et mars, ont créé les meilleures conditions pour le développement de ces maladies. Dès les premières alertes, la ruée vers les fongicides a réduit considérablement les stocks, alors que les infestations sont en constante augmentation. Dans la région de Mechraâ Sfaâ, c’est le branle-bas de combat chez les agriculteurs, les responsables de la protection des végétaux, la chambre de l’agriculture, l’OAIC et la DSA, qui ont organisé dans la précipitation une journée de vulgarisation et de traitement contre ces maladies qui peuvent causer jusqu’à 50% de pertes. D’emblée, les fellahs ont posé le problème de l’indisponibilité des fongicides. Pour l’OAIC, organisme distributeur, il a été déstocké pas moins de 680 litres de produit en l’espace d’une semaine, le stock restant s’élève seulement à 100 litres. Le représentant de l’OAIC soutiendra que plus de 8100 litres sont en rade au port d’Alger, depuis déjà 5 jours. L’impatience des fellahs est à son comble, car selon les spécialistes présents sur les lieux, il suffirait d’une faible averse pour que la maladie prenne une ampleur irréversible sur la production, car les blés sont au stade début épiaison, soit le stade végétatif le plus critique, du fait que la plante ne peut plus remplacer les feuilles terminales qui forment le grain et assurent le rendement. Présent sur les lieux, le DSA assurera les fellah que les produits seront vendus à crédit par l’OAIC, à charge pour les fellahs de le payer à la récolte. Encore faudrait-il que les fongicides arrivent à temps dans les champs, car les fellahs de la région sont à la limite de l’abattement. Septoriose et tache auréolée sont déjà sur les feuilles, seul un miracle pourra sauver la récolte. Si l’épidémie n’est pas circonscrite dans les prochains jours, tous craignent une chute irréversible des rendements dans une wilaya qui participe pour 10% à la production céréalière nationale. Dans les conditions actuelles, le potentiel de rendement est estimé à 6 millions de quintaux.
El Watan du 29/03/2010 |




2-Blé : Des champignons menacent les plaines de l’Ouest

«Nous étions au courant du danger mais nous n’avons pas pu entrer dans les champs.
Il a trop plu durant ce derniers mois…», raconte un ouvrier d’une ferme-pilote dans la vallée fertile de Mechraâ Sfa, face à plus de 600 hectares de blé infestés par la septoriose et la tache auréolée. Deux redoutables champignons qui menacent les prochaines moissons de la région céréalière la plus rentable de l’Oranie. Soutenus par l’ensemble des acteurs de la filière, les fellahs viennent de prendre conscience des risques encourus. Confrontés à l’indisponibilité des fongicides, ils scrutent le ciel dans l’espoir que le temps reste clément et que la pluie ne viendra pas réveiller la maladie. «Nous avions ramené le produit mais une fois dans le champ, le tracteur s’est complètement embourbé, poursuit l’ouvrier. Nous avons mobilisé trois autres tracteurs pour pouvoir le sortir. Quand on a pu accéder aux parcelles infestées, il était déjà trop tard, le mal était fait, mais nous avons arrêté les dégâts.» Un voisin, 75 ans, la démarche alerte et le verbe haut, fustige d’emblée la qualité des produits : «Du temps du domaine autogéré, on nous ramenait des produits très efficaces, maintenant, tous les produits que les fellah achètent au souk de Tighennif ou de Mesra ne sont d’aucune efficacité, c’est de l’argent perdu ! Nous demandons à l’Etat de contrôler ces produits et de ne pas les laisser entrer dans le pays car ils nous font beaucoup de tort.» Le jeune Abdelkader, dont les terres se trouvent à Oued Lili, est d’un avis différent : «Moi je n’utilise que les produits importés par la Coopérative des céréales et légumes secs (CCLS). C’est vrai qu’ils sont plus chers que ceux du marché noir, mais j’ai la satisfaction du résultat, reconnaît-il. J’ai traité dès les premiers symptômes et je suis rassuré. Je prie pour qu’il ne pleuve pas dans les prochains jours afin que le produit pénètre dans la plante ; je suis jeune et si j’ai un conseil à donner, c’est d’arrêter d’acheter n’importe quoi et de faire confiance aux bons produits que tout le monde connaît. Il faut cesser d’aller chez les charlatans !» A la jumenterie de Tiaret, le chef d’exploitation reste serein : «Je ne me suis pas posé de question : les responsables nous avaient alertés, nous avons acheté à temps les fongicides et nous avons fait des traitements préventifs dès qu’il a été possible d’accéder aux champs. Aujourd’hui, nous n’avons pas été contaminés.» Dans cette vaste plaine du Sersou, les fellahs restent désorientés face à ces nouvelles maladies dont ils ont de la peine à se débarrasser. Depuis la première alerte, une fois convaincus de la virulence des ces infestations, ils se sont tournés vers les CCLS qui ont la charge d’assister les fellahs et surtout de leur distribuer les fongicides dont ils ont un cruel besoin. Malgré une forte mobilisation, il est à craindre que ces produits viennent à manquer, ouvrant la voie à la spéculation.
El Watan du 09/04/2010


3- Rachid Sayoud. Ancien cadre de l’IGTC, spécialiste des maladies des céréales : Tout retard dans les traitements se répercutera sur les rendements
Il est le premier à avoir donné le nom de «tache auréolée» à la maladie provoquée par le champignon pyrenophora tritici-repentis. Nous avons rencontré l’expert mondial des maladies des céréales, en visite dans la région pour établir un diagnostic.
On parle souvent de la rouille jaune e voilà qu’apparaissent la septoriose et la tache auréolée. Que peut faire le céréalier ?
La rouille jaune est une maladie sporadique et spectaculaire en situation épidémique comme ce fut le cas en 2004. Depuis, cette situation a fait croire à beaucoup d’agriculteurs et même à quelques services publics que c’est la seule maladie des céréales qui prévaut. Il a même été prescrit dans des documents officiels la «lutte contre la rouille jaune» au lieu de «lutte contre les maladies des céréales». C’est dire…  
- On a fait fausse route ? Hélas oui ! Si bien que plus personne ne fait attention aux autres maladies, moins spectaculaires mais qui causent nettement plus de dégâts dans l’espace et dans le temps.  
- Par exemple… Je reviens d’une tournée à travers les régions de Tiaret et de Tlemcen et je suis bouleversé par ce que j’ai vu dans les régions de Mahdia, Rahouia et Mechraâ Sfa. Par endroits, ce sont des étendues de plusieurs dizaines, si ce n’est des centaines d’hectares, qui sont atteintes de septoriose et de tache auréolée.  
- Quelles sont les incidences sur les rendements ? Ces champignons peuvent compromettre jusqu’à 50% de la production. Ce qu’on a noté dans les régions citées pourrait même aller au-delà si des traitements urgents ne sont pas appliqués. Ces maladies ont progressé jusqu’à atteindre les trois premières feuilles dont l’état sanitaire est primordial dans le remplissage des grains, donc pour asseoir un rendement normal.  
- Pourquoi les fellahs n’ont-ils pas effectué de traitement ?
Les fellahs de cette région des Hauts Plateaux ne sont pas préparés à ces maladies, pourtant elles ne sont pas nouvelles. Dans l’Est algérien, les plus grands céréaliers effectuent jusqu’à trois traitements par an. A l’Ouest, on n’a pas l’habitude de ces maladies. Pis, certains producteurs pensent naïvement que ce sont des phénomènes liés au climat.  

- Même les fellahs avertis semblent pris de court…  
Il est vrai que même les semenciers et les fermes-pilotes ont accusé des retards. Mais cette année, nous avons eu les conditions les plus favorables à l’apparition de ces maladies et bon nombre d’exploitants n’ont pu accéder aux parcelles qui tardent à ressuyer (sécher) en raison de la fréquence et de la quantité des pluies.  

- Des conditions favorables…
Rien qu’en février, les régions de Rahouia, Oued Lili, Sidi Ali et Mechraâ Sfa ont reçu, en seulement douze jours, 110 mm de pluie contre 71 mm en 2009. Ceci a empêché l’entrée des engins dans les champs, les sols étant gorgés d’eau.  

- Certains parlent de l’indisponibilité des produits…
Ce n’est pas la cause principale. Il est vrai que les fongicides ne sont pas abondants ni à la portée des petits fellahs, mais le principal obstacle reste l’état des sols. Si bien qu’avec la forte humidité et la présence de champignons, l’infestation a été fulgurante.

Existe-t-il un risque d’amplification de l’infestation ?
Oui, surtout pour la tache auréolée dont le champignon est véhiculé par le vent et va bien au-delà du champ infecté. Quand à la septoriose, l’infection et la dissémination sont généralement restreintes aux champs déjà infectés et seules les pluies sont responsables de sa progression. Dès qu’il pleuvra, la maladie va se répandre comme une traînée de poudre, d’où son surnom de «maladie explosive».  

Les moissons sont-elles compromises ?
Au stade actuel de l’infection dans les régions inspectées, une partie du rendement est déjà compromise. Je répète que le traitement est urgent si on ne veut pas compromettre ce qui reste à sauver.

- Peut-on prendre des mesures préventives ?
Evidemment ! Et d’abord agronomiques. Pour ces deux maladies, il faut surtout détruire les chaumes ou les enfouir sitôt les moissons effectuées. En végétation, dans une zone où la maladie a déjà sévi, il faut se rendre à l’évidence : elle sévira de nouveau, il faut donc traiter dès les premiers symptômes de la maladie.  

- Certains préconisent des traitements préventifs. Mais quelle serait alors l’utilité de cellules de veille ?
Les traitements préventifs ne doivent pas être la règle, car ce serait une solution de facilité susceptible d’ouvrir la voie à des confusions et à des excès. Le traitement préventif requiert plusieurs paramètres ; sa stratégie est beaucoup plus complexe que le traitement curatif. Mais il faut que le fellah apprenne à reconnaître les signes précurseurs. On ne peut pas sérieusement mettre un ingénieur sur chaque parcelle. L’agriculteur doit aussi être impliqué dans ces cellules de veille et ne pas rester en position d’attente.
El Watan du 09/04/2010


4- Tolérance et résistance entre souches et races
Dans les champs de blé de Mechraâ Sfa (Tiaret), l’alerte à la septoriose et à la tache auréolée aura mis en évidence un phénomène de comportement variétal intéressant : l’infestation donne l’impression de se développer fortement sur une variété et avec moins de virulence sur une autre.

Nombreux sont ceux qui ont parlé de variété résistante ou tolérante, ce qui n’a pas manqué d’intéresser les paysans venus très nombreux assister à une séance de vulgarisation. De suite, on en a conclu que l’année prochaine, les fellahs allaient se ruer sur cette variété ! Malgré les appels à la retenue d’un spécialiste présent sur les lieux, le choix des fellahs semblait définitif. Nous avons posé la question à Rachid Sayoud qui, lui, est beaucoup plus réservé. Il s’avère que la notion de résistance est porté par un ou plusieurs gènes qui s’expriment et ce, vis-à-vis d’une souche ou race de l’agent causal. Comme un même champignon s’exprime sous bon nombre de souches ou de races différentes, la variété que l’on pense résistante ou «tolérante» ne l’est que vis-à-vis d’une des races qui a attaqué cette variété. La présence d’une autre race rendra cette variété sensible. La «tolérance» est un terme qui n’est pas utilisé dans sa signification réelle : «La tolérance est un critère économique. Même lorsqu’elle est infestée, une variété tolérante assure un rendement meilleur que celui d’une autre variété infestée  au même degré», elle s’adapte à la maladie mais ne résiste pas. Le bon sens voudrait que l’on parle de variétés peu sensibles, mais pas encore de résistance ou de tolérance. On parle également de résistance lorsqu’un pathogène devient moins sensible à une substance active donnée. Les pathogènes qui résistent aux fongicides, sont porteurs d’une mutation du gène cible de cette substance. Une fois cette mutation effective, le fongicide devient totalement inefficace. Cette résistance peut être favorisée par des traitements à répétition. C’est pourquoi les experts préconisent d’alterner les produits et de ne jamais faire plusieurs traitements consécutifs avec une même substance active.
El Watan du 09/04/2010



5- La tache auréolée, une histoire algérienne
La maladie des blés la plus importante s’appelle la tâche auréolée. Le champignon pyrenophora tritici repentis attaque les feuilles, réduisant la surface utile et provoquant une baisse de rendement pouvant aller jusqu’à 50%.
Moins exigeante en température et en humidité que la septoriose, elle est présente dans la quasi-totalité des régions céréalières. Pendant longtemps, les scientifiques du monde entier croyaient que ce champignon causait un seul symptôme et que la maladie était héritée de manière polygénique. Ce n’est qu’en 1991 qu’un chercheur algérien, Lakhdar Lamari, ingénieur à l’ITA de Mostaganem et originaire du village de Salah Bouchaour (Skikda), publie ses travaux démolissant les thèses prévalentes. Il démontre que le champignon entraîne en réalité deux symptômes : la chlorose et/ou la nécrose. Et que la pathogénicité (dont un gène peut provoquer la maladie) et la virulence étaient provoquées par des toxines sécrétées par le champignon. De plus, il a isolé ces toxines et démontra que la maladie était gouvernée par des gènes distincts et répondait au fameux concept de «gène pour gène». Une révolution car depuis, tous les travaux sur la résistance des blés à cette maladie ont été complètement réorientés. En 1993, alors qu’il visitait sa région natale dans le cadre d’un projet des Nations unies en compagnie de Rachid Sayoud, il préleva dans un champ des feuilles de blé contaminées par la tache auréolée. De retour à l’université de Manitoba (Canada) où il professait, il parvint à démontrer qu’il s’agissait non plus d’un pathotype mais d’une race. La nouvelle fit grand bruit lorsqu’elle parut dans un article dans une revue de référence. Plus tard, son collègue Sayoud prélèvera dans la région d’Héliopolis (Guelma) une feuille contaminée qui révéla à l’analyse qu’il s’agissait encore d’une nouvelle race.
El Watan du 09/04/2010

vendredi 1 octobre 2010

Le retour de « Boussayar »


Après une longue escapade indépendante de sa volonté« Boussayar » revient avec le même état d’esprit, la même verve, le même dynamisme et la même franchise qui l’a vu naitre. C’était le 6 décembre 2006, dans les colonnes d’El Watan, quotidien indépendant. C’était à l’occasion de la parution, pour la première fois d’une page locale hebdomadaire intitulée « Mostaganem Info ». Pour bien comprendre l’esprit dans lequel cette chronique locale avait été proposée au lectorat de Mostaganem et de sa région, en voici la version originale :

« Boussayar »Enfin !
L’une des plus grandes villes d’Algérie aura, tous les mercredis, grâce à « El Watan », une page pour elle toute seule. C’est une consécration pour cette Citadelle de la culture. C’est également un défi pour ces femmes et ces hommes qui ont fait le choix de vivre dans cette belle région aux multiples facettes. Notre ambition est de faire de cet espace un lieu de convivialité et de vérité. Ce sera également un lieu de débats francs et responsables, à la mesure des défis du développement économique et social auquel aspirent toutes les contrées, depuis les piémonts du Dahra jusqu’à la plaine des Bordjias. Une seule règle : « le soleil ne peut être caché par un tamis ». On la doit au plus illustre de nos ancêtres : Sidi Lakhdar Benkhlouf*. Ce sera « Boussayar ». Une fois par semaine, cette chronique sera une invite à la réflexion. En toute objectivité….bien entendu !

* : L. Benkhlouf, l’un des plus célèbres poètes du Maghreb central (XIV –XVI siècle) décède à l’age de 125 ans, est originaire de la région côtière du Dahra. Dans l’un de ses poèmes très apprécié par les amateurs de Chaâbi il énonce :
«Ech Chems ma Ydarag’ha Boussayar» (un tamis ne peut cacher le soleil).

C’est cette maxime qui aura servis de référentiel à cette chronique qui durera à peine 18 mois ! Juste le temps de faire paraître une soixantaine de numéros. Autant le dire de suite, je ne m’en suis jamais remis ! Car pour moi, la chronique est certainement la formule la plus complexe et la plus élaborée du journalisme. Comme une photo, elle permet de fixer l’instant par la dérision. C’est ce à quoi je voudrais me consacrer. Bien évidemment, ce blog proposera un autre traitement de l’actualité nationale et internationale, mais également régionale et locale. Il y aura évidemment toute l’actualité scientifique, notamment les dernières découvertes dans le domaine de l’agriculture, de la médecine et du développement humain. L’histoire de l’humanité en général et de l’Algérie en particulier, avec l’incontournable guerre d’Algérie qui mit fin à 132 ans de colonisation, sans pour autant parvenir à construire un pays à qui il ne manque rien pour retrouver sa grandeur passé, mais qui peine à se frayer un sentier vers le bien être. Large programme, mais qui ne me rebute point. Enfin, il y aura de la place, beaucoup de place pour célébrer l’amitié entre les hommes. Avec comme unique soucis : utiliser sans modération l’humour et la bonne humeur.

Nous et les «Nostalgériques » des deux rives

Nous et les «Nostalgériques » des deux rives

Réponse Aghilas-kosseila,
Merci pour ce long post où vous avez majestueusement fait le tour de l’histoire d’Algérie. Cependant, certains sujets ont été traités avec une certaine légèreté, voire avec désinvolture. S’il s’était agit de questions banales, je vous aurez au plus remercié pour vos bons vœux. Mais certaines de vos affirmations appellent une mise au point que voici :
 Les juifs d’Algérie ne sont pas des juifs Français, ils le sont devenus par la grâce du décret Crémieux qui en aura fait les premiers (les seuls ?) indigènes à bénéficier du statut de citoyen français « à part entière ». Je n’éprouve que du respect pour ceux parmi ces juifs qui ont combattu à nos cotés les forces coloniales et dont certains sont tombés au champ d’honneur pour que vive l’Algérie Algérienne. Tous les Algériens ne peuvent pas en dire autant !
Concernant la relation avec JP Lledo, la sortie du film « Algérie, histoires à ne pas dire » où j’y participais en qualité de témoin pour la première partie qui portait essentiellement sur l’insurrection du 20 aout 1955 sur la ville de Philippeville, (re) devenue Skikda à l’indépendance, ainsi que sur l’attaque de la petite agglomération d’El Alia où périrent 36 français. Grace au Matin-dz et au Soir d’Algérie, qui ont eut l’obligeance d’accueillir mes réactions et griefs à l’encontre du film de JP Lledo, j’ai eu l’opportunité de dire que la version des faits telle que rapportée par JP Lledo avait été tronquée et que ce réalisateur Algérien, de père espagnol et de mère juive de Tlemcen, ne s’était pas gêné pour faire l’impasse sur la gravité des massacres subies par la population autochtone de Skikda et de toute la région du Nord Constantinois, lui rappelant que face aux 71 victimes européennes d’El Alia et de Skikda, les ultras et les troupes régulières Françaises avaient massacrés plus de 12.000 (douze milles) algériens, dont des femmes et des enfants. Pour plus ample informations, vous retrouverez sur la toile nos échanges. Vous y apprendrez également que malgré ses défauts et autres zones d’ombres, le documentaire de JP Lledo demeure un film de référence, en ce sens qu’il s’agit du premier travail réel sur une histoire que les deux parties, pour des raisons que vous devinez, ne voudront jamais rendre publiques. Il faudra attendre 3 ou 4 générations, peut être un siècle si entretemps un petit incendie n’aura pas tout emporté de nos archives!
Vous me reprochez d’avoir « fait des griefs contre notre pouvoir parce que il a interdit la projection de ce film en Algérie...et même ce que vous ne dites pas...ce réalisateur a reçu des instructions de ne pas faire des témoignages en Kabylie occidentale (le Dahra.)....en Kabylie de Djurjura...et même en Kabylie des Bâbords... Sétif 1945... et Soummam... ect.. » 
Oui ! Absolument, et je ne suis pas seul. Voyez la bronca qui a suivi la sortie du livre de Saïd Saadi sur la mort des colonels Amirouche et El Haouès et vous comprendrez combien il est difficile de parler en toute objectivité de l’histoire de la guerre d’Algérie. Comme beaucoup de citoyens Algériens de Kabylie et d’ailleurs, cette histoire, avec ses victoires, ses revers, ses trahisons, ses coups bas, ses règlements de compte, ses régionalismes et ses népotismes, fut une grande révolution ! Le fait de le dire dérange non seulement les «Nostalgériques » des deux rives, ce qui est parfaitement compréhensible, mais également ceux qui ici en Algérie ne parviennent toujours pas à se frayer un chemin vers la postérité. C’est là à mon humble avis le plus grand drame de ce pays. Car le jour où nous nous retrouverons comme durant les 7 années de guerre, tous unis pour un objectif commun qui ne peut être autre chose que la grandeur de ce peuple et la noblesse de ce pays, à ce moment là, l’Algérie retrouvera sa place dans le cœur de ses enfants, et dans le concert des nations modernes. Pourquoi ce qui a été possible avec Boudiaf, Abane, Ziroud, Ben M’hidi, Didouche, Souidani, Zohra Drif, Hassiba et Djamila ne le serait il pas avec Sadi, Hamrouche, Benbitour, Bahloul, Benfodil, Mostéfaoui, Brahimi, Bouzidi, Benissaad, Benchicou, Amari et Dilem ? 
Je ne sais pas d’où vous tenez l’info de l’achat de Skikda par les Français, mais je confirme que nous sommes bien vos cousins, je sais que c’est dûr d’avoir à supporter une traitrise même passagère d’un cousin, je puis cependant vous dire que les historiens français de l’époque de la colonisation sont unanimes pour dire combien les Béni M’hénna furent de redoutables combattants. Ce n’est d’ailleurs point sans raisons que Philippeville sera la cité qui comptera le plus fort pourcentage de pieds noirs par rapport à la population indigènes. Entre le 20 et le 23 aout 1955, la France coloniale s’en était encore souvenus! Et ça, le film de JP Lledo « Algérie, histoires à ne pas dire » l’aura à peine effleuré ! D’ailleurs dans un de mes post, je lui demandais, avec Brahim Senouci, ce qu’il comptait faire lorsque des partisans de l’Algérie Française, -pour la plupart des « Nostalgériques » indécrottables qui ne veulent pas se résigner à reconnaître la défaite de la France coloniale par le peule Algérien sous la bannière du FLN/ALN- se saisiront de son film documentaire pour distiller encore leur haine de l’Algérie Algérienne. Ni Brahim Senouci, ni moi-même n’avons à ce jour reçu de réponse directe de la part du réalisateur. Par contre, ce dernier ne manque plus aucune occasion pour soutenir ouvertement le massacre des Palestiniens par l’armée sioniste. Un juif, de surcroit Algérien qui soutient les causes justes, j’en fais sans hésitations un ami et un frère de lutte, celui qui s’aligne sur les thèses stupides, revanchardes et sanguinaires du sionisme international tel qu’incarné par Israël, ça ne passe pas ! Un petit coucou à Katiba Hocine, qui vient de nous quitter. Elle était dans le film de JP Lledo en compagnie de l’icône Louisette Ighil Ahriz pour dire à JP Lledo que s’il fallait mettre des bombes pour répondre aux chars de Bigeard, elles le feraient sans hésitations.
Aziz Mouats

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...