jeudi 14 octobre 2010

Pierre Joris, un Targui à New York

Quelle exubérance que ce merveilleux et intime colloque  sur la traduction et Tamazigh, qui s’est tenu les 10 et 11 octobre à l’INES de Chimie, dans une sidérante désinvolture de la part de nos étudiants et de nos enseignants – ça fait beaucoup, nous sommes près de 30.000 depuis la rentrée !- à l’initiative du HCA (le Haut Commissariat à l’Amazighité, une création de Zéroual, un fier Chaoui et un authentique Amazigh), avec la participation fort remarquée de Habib Tengour, le plus délicieux poète francophone de Mosta et de Tamezgha, authentique enfant de Tigditt.
C’est beaucoup grâce à lui que j’ai pu faire la rencontre la plus sublime de mes 20 dernières années : le Petit Prince de St Exupéry en Amazigh ! Le livre était bien là, exposé non loin d’un autre Major de la littérature musulmane (un peu) et Persane (beaucoup), le sublissime Omar Khayyam dont les délicieuses "Roba3yyattes" sont désormais disponibles pour le public berbérophone. Quelles joyeuses perspectives que de pouvoir en parler avec mes étudiants de Kabylie, et surtout avec mes amis et collègues Ramdane, Ahcène Aït Saïdi, Amirouche (qui s’est éloigné de Mostaganem, laissant un cratère béant et remplis de détritus à la cité de Kharrouba, que lui seul osait dénoncer avec courage).

Mais je devais vous parler de Pierre Joris…. Un New Yorkais du Luxembourg, qui enseigne la langue de Lady Diana et de Keira  Knightley ! A l’université d’Albany, 140 miles au Nord de JFK Airport.
Oui mais encore ?
Qui a vécu en Algérie lorsque c’était vivable et nettement plus réjouissant. Avec des crevettes locales à 2,5 dinars et une autorisation de sortie. Tout comme aujourd’hui, à part que la crevette vient des bassins du Mékong et qu'elles se shoote au Napalm largué par les B52.
Qui y a enseigné, Pierre Joris pas les bombardiers, surtout à Constantine, mais pas la haine comme Enrico, non comme un vrai prof, pas comme un charlatan d’Egypte.

Déjà avec ce parcours, Pierre Joris a de quoi se faire jalouser! En plus, il est poète et il traduit à l’Anglais les œuvres toutes aussi poétiques de Habib Tengour. L’Artiste aura enfin trouvé son double. L’un s’effaçant devant l’autre. Et les deux devant l’œuvre commune.

L’un face à l’autre, à l'amphi du chemin des Crètes, grâce au HCA de Youssef Merah (présent dans la salle), sans doute l'intérimaire le plus endurcis d'Algérie, ils ont animé une table ronde sur la traduction, mais à la méthode américaine. Originale, exaltante, conviviale et magnifiquement accrocheuse. Déjantée mais drôlement efficace.

Et (re) dire que plus que 800 profs et assistants de l’université de Mosta ont raté une occasion introuvable de voir la pédagogie à travers l’ornière de la désinvolture dans la poétique, celle de l’effacement dans la rigueur, de la pertinence dans l’excellence  et de l’humilité dans la sérénité. Avec autant de défections, comment ensuite en vouloir aux 7.000 LMD de la fac des lettres?

Une Etoile pour le cinquantenaire de l’Algérie

 Heureusement que nos collègues de Tizi Ouzou, il y avait également deux dynamiques enseignantes Hafidha aït Mokhtar de Chleff et Massika Senouci de Ouargla, qui ont fait des communications forts utiles par ailleurs ! Et mes collègues de Mosta qui pointaient aux abonnés absents; en plus ils n’avaient pas encore entamé complètement, (c’est pour l’anti-diffamation, au cas où) les enseignements !!!

Lâchez vous chers collègues c’est un blog et c’est seulement du "Boussayar", donc vous avez droit à la mise à jour. Il est vrai qu’à leur décharge, la Com n’a pas très bien fonctionné, c’est Aziri, le chargé de la recherche, donc organisateur du colloque qui le dit ! Mais que dire de radio Mosta, qui malgré deux dépêches de l’APS n’a pas su dépêcher un envoyé spécial ! Au chemin des Crêtes.
 Alors, en votre absence, Boussayar a eut l’insigne privilège de faire le tour de l’exposition (organisée magistralement par Karim Chebbah) et surtout d’assister à une partie des conférences et débats, mais le plus dur est à venir !!!

 De faire le guide à travers la ville pour ces invités de marque, avec deux enseignantes de Tizi que j’avais l’impression de connaître depuis au moins 50 ans! L’âge de l’Algérie nouvelle ! Non ! Vous n’êtes pas d’accord ? Tant pis c’est Habib Tengour qui me laissera comme ultime recommandation de faire quelque chose pour le 50ème anniversaire de l’indépendance. C’est dans moins de 2 ans, c’est presque demain ! Maintenant vous le savez, alors bougez-vous!

Pourquoi ne pas inviter l’ensemble de nos collègues berbérophones de Yellow-Knife, de Las Palmas de Canarias, de Tobrouk, de Djanet, d’Illizi, de Bordj Baji Mokhtar, d’Adrar, de Khenchela, de Batna, de Tizi (tous les Tizi), d'Arlit et de Bougie (c’est dans le cas fort improbable que la Sonelgaz ne coupe pas le courant, en plus en juillet les nuits sont courtes et chaudes).
Mais sait-on jamais, ils sont capables de nous organiser un feu d’artifice qui illuminera tout le bled ! A partir du plateau de l’Assekrem, c’est notre Fuji Yama à nous, avec les neiges en moins.

Du Tifinagh pour Tamazigh

Je m’égare, mais ce n’est qu’un rêve d’algérien ayant mal à son pays.
Puis nous inviterons nos amis d’Amérique, je pense à Pierre Joris qui pourrait ramener dans ses bagages un vrai Sioux, comme invité d'honneur -les Sioux sont sans doute le peuple qui a subit autant de souffrance que nous-, avec son arc et son Mac et qui viendrait couvrir l’évènement pour le New York Times…  
 Et pourquoi ne pas en profiter pour demander à Khalida, celle qui manifestait lorsque c’était facile, de traduire "L'épreuve de l'Arc" de Habib Tengour en Tamazight. Ça permettra à nos compatriotes Touaregs de connaître davantage la profondeur poétique de notre pays commun.

Et afin de ne pas froisser Youcef El Kenz, Lahouari Addi et l’Ami Cheniki, offrir à tout le peuple algérien cette version en Tifinagh, notre plus ancienne et plus belle langue. Ça nous rapprochera un peu et ça nous réconciliera avec ce peuple des immensités désertiques qui ne cesse de clamer son algériannité malgré les offres scélérates et trébuchantes d’un encombrant voisin.
Aïe ! J’allais oublier que c’est une idée de Pierre Joris que de recourir au Tifinagh, il m’en parlait avec une telle passion que ses yeux bleus en trépignaient de jouissance. Selon lui tout seul, c’est une langue qu’il est très aisé d’assimiler. Voilà une idée qui mérite amplement d’être creusée dans le sens nord-sud et de bas en haut. C’est très géométrique et ça n’est pas douloureux. On pourrait judicieusemnt recourir aux RAR du festival Pan-Africain, version Khalida ! Si, si, il nous reste des sous du PanAf , puisque nous allons couronner Tlemcen en "capitale de la culture musulmane". Ici on ne dit jamais islamique, par déférence à la réconciliation amnistiante.
Y mettre un peu d’humilité, je sais c’est une denrée sujette à pénurie chronique, mais vu que le projet de la grande mosquée est en train de s’améliorer en se faisant enfin oublier, on trouvera bien quelques dollars pour traduire aussi Nedjma. Et prouver à Yacine Kateb que sans le plus grand minaret du monde, grâce à la poudre d’intelligence, nos fusées prendront l’envol. Pour mettre enfin l’Algérie sur la voie de l’inter culturalité. Quel pied de nez çà serait pour ces « Marsiens » qui nous gouvernent !
Boussayar

Echange équitable
Boussayar offre une photo rarissime des deux dernières maisons sur pilotis de la plage de Salamandre sous la neige (avant ensevelissement par les bulldozers administratifs), prise durant l’hiver 2007.
Pour qui transcrira « Pierre Joris » en Tifinagh.
Boussayar espère la lui offrir après traitement par un artiste de Mostaganem qui se reconnaitra.
PS (qui n’a rien à voir) :
L’heureux récipiendaire aura droit à une copie légalisée s’il sait se montrer gourmand.
 PS (qui a à voir) :
Notez que El Kenz et Merahi portent le même prénom, à la grande différence que l’un comporte 2 «hesse » et l’autre un « c » ! Ce n’est pas l’unique différence, c’est seulement la preuve de la diversité de l’Algérie ! Un pays si vaste qu’on peut porter le même prénom et ne jamais se rencontrer.

2 commentaires:

  1. Ce blog porte bien son nom , chez nous on a toujours essayé de cacher le soleil par un tamis minus!!!El les prétentieux sunt légion aujourd'hui!

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