vendredi 27 septembre 2013

La sauce soja du Derbakji



Le soja est une légumineuse qui est de la même tribu que le petit pois, le pois chiche ou la fève ....des légumes bien de chez nous, que nous avons toujours consommé, parfois dans la démesure....je me souviens, étant jeune écolier puis lycéen, dans mon Béni Mélek natal, que l'arrivée à maturité des petits pois et des fèves, que nous cultivions de manière récurrente, correspondait au début du printemps....si bien que l'espace de deux mois, notre plat quotidien était composé exclusivement de petits pois mais surtout de fève. Cette dernière étant bien plus productive tant en quantité que dans la durée. Les scènes de récoltes collectives de fèves que nous égrainions directement sur les champs étaient des plus courantes. Avec nos mères et nos tantes, nous allions en grappes nous enfoncer entre les rangs serrés des fèves dont la hauteur permettait à des enfants de se cacher au regard des adultes. Ce que j'aimais le plus dans ces sorties familiales, ce sont les superbes fleurs des fèves qui se succédaient sans discontinuer sur les tiges abruptes qui se solidifiaient avec le temps...parfois, lorsque le printemps était humide, il arrivait que certaines tiges poussent à la base des anciennes, les taquinant avec malice de leurs grappes de fleurs dont quelques unes seulement parvenaient à maturité. Puis, l'arrivée brusque des premières chaleurs de mai mettait fin à cette poussée de sève tardive, réduisant du coup la taille et la portée des nouvelles gousses...Au Béni Mélek et certainement ailleurs aussi, cette culture faisait partie de nos usages les plus anciens et les plus persistants...il arrivait parfois que l'abondance de la récolte durcisse les gousses, ce qui donnait des fèves parfaitement matures, facilitant leur conservation. C'était très pratique pour l'hiver, car les fèves séchées pouvaient être trempées et bouillies, ce qui donnait une excellent repas que des marchands astucieux agrémentaient d'une pincée de sel et de cumin....c'était le seul plat qui pouvait concurrencer les marrons chauds, avec l'avantage d’être à la fois moins cher et surtout très énergétique...les marchands de fève faisaient alors partie du décor hivernal...le problème des fèves bouillies était la présence intempestive de petits insectes qui y trouvaient un bien commode refuge. Sans doute asphyxiés par le trempage, les bestioles cuisaient en même temps que la graine...on pouvait  les repérer très facilement, pour peu que l'on ait eut un œil avertis...ce n'est que bien plus tard que j'apprendrais que la fève, le pois chiche et le petit pois appartiennent à la grande famille des légumineuses et qu'à ce titre, elles pouvaient être fières de leur statut de plantes à forte teneur en protéines...ce n'est qu'à ce moment que j'ai enfin compris que nous pouvions vivre sans manger de la viande, l'autre source de protéine...

  La jubilation du chef
Mais ce n'est qu'en 1972 que j'ai été confronté à la légumineuse la plus cotée au monde...qu'un groupe de cultivateurs Chinois étaient venus planter dans la région d'Oued El Alleug et de Mouzaïa...ils étaient installés dans une petite station qui bordait la route reliant Boufarik à El Affroun en passant par Oued El Alleug...En cet été de tous les espoirs, j'étais en stage de longue durée au niveau du domaine Si Laïd Brahim, sur la route qui mène de Oued El Alleug à Mazafran, puis Koléa....comme il nous était demandé de faire un diagnostic du domaine autogéré où nous étions en stage, il a bien fallu se farcir la totalité de la SAU ( surface agricole utile) et donc de discuter et de critiquer le plan de culture ainsi que les rotations culturales...c'est ainsi qu'après avoir bourlingué entre les alignements d'orangers, de poiriers et de citronniers, je me suis retrouvé un jour face à un champ où poussaient des plantes que je n’avais jamais vu auparavant. De suite j'avais remarqué qu'elles portaient des gousses et que dans les gousses il y avait des graines qui ressemblaient fortement à nos petits pois du Béni Mélèk...le chef de culture qui m'accompagnait ne cachait point sa jubilation face à mon plantage intégral: je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être....je lui ai tout de même fait part de ma science en parlant des similitudes avec mes petits pois de la montagne...mais il se fichait royalement de mes explications, lui ce qu'il voulait c'est que je lui donne le nom de la plante et surtout son origine et son utilité...mais moi je continuais à sécher, car pour moi, il n'était pas question de manger des petits pois secs...ça ne se faisait pas au Béni Mélèk....je vois encore sa jubilation, lui qui dès le premier jour du stage avait remarqué que j'en savais un bon bout sur l'élevage, l'agrumiculture, la viticulture, la céréaliculture...ce qui l'avait surtout impressionné c'est que je lui démontre, à partir de mon trou de profil cultural, les antécédents culturaux de la parcelle....j'avais en effet détectés que le champ de blé avait déjà reçu de la patate et des oignons dont j'avais trouvé traces dans le trou...ça, ça l'avait épaté mon chef de culture...mais sur ce champ de faux petits pois, avec en sus une arborescence ligneuse qui donnait une tenue très rigide à la plante, ce que mes petits pois ne pouvaient faire...je séchais lamentablement.

 La brouette jaune
    Puis, pour remonter un peu la pente, je me suis laissé aller à dégoupiller une gousse, à en sortir les graines et surtout, suprême sacrifice, à en gouter une...je fus de suite découragé, car je ne retrouvais point la succulence des petits pois, même durs...ce jour-là, je me suis juré de ne jamais refaire pareille expérience, car les graine étaient non seulement très dures, mais en plus, elles étaient très fades...et mon chef de culture qui éclatait d'un rire qui me parut interminable..." mais c'est fait pour les animaux s'exclama-t-il!  c'était pour moi la pire des humiliations, moi le futur zootechnicien, le détenteur-dès l'age de 9 ans- d'une licence - de 4 ans- dans le redoutable et si peu enviable métier de berger...qui se faisait piéger par ce chef de culture décapant...franchement c'était l’humiliation de trop...puis soudain, mon petit cerveau se mit à fouiner dans mes maigres connaissances sur les cultures fourragères...instinctivement, je me suis dis que cette plante inconnue ne pouvait qu’être le fameux SOJA que tous les manuels de nutrition animale mentionnaient en bonne place comme étant l'aliment protéique par excellence...sans hésiter je donnais le nom à mon vis à vis qui me sauta au coup...je venais d'accomplir l'exploit le plus rude de ma balbutiante carrière d'agronome..sans doute qu'en ce mois de juin 1972, j'étais le premier élève-ingénieur de l'ITA de Mostaganem à connaitre et à reconnaitre la légumineuse la plus célèbre du monde et de l'univers....sur ces terre marécageuses de la Mitidja, à quelques encablures de Blida et de Koléa, là où l'eau de la nappe jaillissait en un superbe jet de plus de 4 mètres...moi, le petit agronome en formation, je venais de croiser cette plante mythique que des hommes aux yeux bridés -dont tous le monde se moquait sans retenue-, avaient ramené depuis la Chine de Mao et de Chou En Laî, afin d'aider la jeune République Algérienne à se soustraire aux injonctions des puissances impérialistes qui avaient - et qui continuent d'avoir- le monopole sur cette culture aux vertus miraculeuses...depuis, ces Chinois sont partis...très loin...sans faire de bruits, comme ils étaient venus...emportant dans leurs baluchons en guenilles, les studieuses observations sur cette culture aux multiples vertus nutritionnelles...d'autres Chinois, 30 ans plus tard, plus nombreux et surtout plus exigeants, sont venus les remplacer...dans nos sarcasmes...ceux-là ramenaient avec eux des brouettes à deux roues complètement déglinguées, de gros sacs en plastiques....vides...ils avaient une très forte attirance pour la ville, le ciment, le béton, le bitume...les briques et le frics dont ils remplissaient sans jamais se rassasier, leurs sacs de plastique noir et profonds....tout le contraire des premiers Chinois cultivateurs de SOJA...car cette expérience de culture du SOJA n'a jamais été prise au sérieux par les Algériens, trop occupés à  charrier la couleur de la peau et les yeux en épingle de leurs hôtes...puisque quelques années plus tard, toute trace de SOJA aura disparu du pays....du moins en culture...car dans la plupart des ports algériens, c'est par cargos entiers que le tourteau de Soja commençait à inonder le pays...avec l'avènement de l'aviculture moderne, notamment la filière poulet de chair et celle des pondeuses, l'incorporation du tourteau de SOJA devenait incontournable....sans tourteau point de poulet ni d’œufs...Il y a à peine un mois, dans ce cataclysme ambiant, le "grand timonier local, maladroitement accroché à un fauteuil chancelant, à renvoyé le 10ème ministre de l'agriculture du bled...pourtant, le pays est toujours incapable de subvenir à ses besoins en tourteau de SOJA...le nouveau boss de l'agriculture, bien logé à Club des Pins grâce à la générosité pétrolière...ne Nouri aucune ambition autre que celle de ses prédécesseurs...celle de ne rien faire pour inviter un quatuor de Chinois amateurs de Soja...à revenir à Oued El Alleug, nous délivrer de cette insoutenable et ruineuse soumission au Roi Soja...

 La compromission de la chèvre
Une seule satisfaction à ce sinistre tableau, nous ne sommes pas le seuls à subir cette implacable dépendance vis à vis de cette légumineuse...En effet, depuis les fameux accords GATT, je crois que c'était à la suite de l’Uruguay Round, même une puissance nucléaire comme la France n'a plus le droit de cultiver le SOJA pour nourrir son bétail pléthorique... Ainsi va le monde...on peut avoir droit au droit de véto à New York, siège du "machin" si horripilant pour le général de Gaulle et ne pas être autorisé à produire le SOJA dont raffolent les porcs et les poulets Bretons, les vaches Normandes et Savoyardes, les brebis de Roquefort et les chèvres du Larzac...le Soja est devenu la graine la plus protégée du monde...c'est elle qui avale tous les ans une belle tranche de nos revenus pétroliers....vous me direz tant que le pétrole va, tout va...y compris la corruption généralisée des bas fonds et des hautes sphères...mais que faisiez-vous les temps chauds soupira la fourmi...je chantais lui rétorqua la cigale...elle a bien raison la cigale, surtout qu'un "Derkadji  (joueur de Derbouka, une espèce de gourde ou de cruche en terre glaise, dont l'un des bouts ( du tunnel) est recouvert d'une peau de chèvre et qui fait du bruit lorsqu'on la percute, la peau, pas la chèvre!-, vient d’être intronisé à Hydra, là où s'accomplit le folklore national qui a fait que les agriculteurs Chinois ont été remplacées par de très gourmands maçons amateurs de bitume....et de dollars à la sauce Hassi Messaoudienne... qui dégage une très forte odeur de compromissions...remarque qui n'a rien à voir: même les Chinois restés en Chine se sont laissés compromettre au point de dépendre désormais des agriculteurs américains et brésiliens pour les fournir en tourteau de soja sans lequel point de salut....dire qu'il y a 40 ans, il poussait clandestinement dans la Mitidja...à l'insu de Hassi Messaoud...et ses huiles noires...mais aucun indigène n'en a pris de la graine...et c'est bien là notre drame...Dire que contrairement à un Hadith le plus célèbre, c'était la Chine qui était venue vers nous...c'est peut être pour ça que ça n'a pas fonctionné...car depuis, la Chine pique la science des autres et parfois sans aucune contrepartie...la chance ne sourit qu'une fois...elle est déjà bien loin la nuit du destin...ce serait un miracle si le Soja revenait s'offrir à nous...


La demande de la Chine stimule des récoltes record de soja en Amérique du Sud Source: Channel News Asia (17 septembre 2013)
Auteur: s/o
La hausse de la demande de soja par la Chine et l’Europe a entraîné une augmentation correspondante de la superficie consacrée à cette culture en Amérique du sud. Le Brésil et les Etats-Unis se disputent maintenant la première place pour la quantité de soja produite. « Le soja rapporte de l’argent. Il a la valeur nutritive de la viande mais c’est un produit végétarien. C’est aussi la protéine la moins chère à produire en masse dans le monde », explique Marc-Henry Andre, expert en soja. Les importations de soja de la Chine se sont élevées à 60 millions de tonnes en 2012-2013, et devraient passer à 70 millions en 2013-2014. La Chine transforme le soja en huile et farine, alors que les pays européens achètent plutôt du soja pour l’alimentation du bétail produit industriellement. La plupart du soja de l’Amérique du Sud est génétiquement modifié. Selon l’économiste argentin Luciano Cohan, « Cela ne fait pas l’objet de nombreux débats. Les avantages pour le gouvernement sont si grands qu’ils sont considérés comme un avantage net ». Les groupes environnementaux soutiennent que la focalisation sur le soja s’est faite au détriment de l’élevage et de la culture de maïs, tout en causant également la déforestation, la pulvérisation aérienne de pesticides et la pollution de l’eau. Selon l’agronome français Marcel Mazoyer, la production de soja doublera au cours des 50 prochaines années. « C’est sûr que la demande de viande va augmenter. La production de soja doit augmenter encore plus vite que la population afin de satisfaire cette demande de viande. Plus les gens consomment de la viande, plus nous avons besoin de maïs et de soja pour nourrir les animaux ». A ce rythme, ajoute-t-il, « nous devrons défricher une partie de la forêt amazonienne ».

samedi 14 septembre 2013

La Chine au chevet de l'Afrique

Le développement de l'économie chinoise pourrait-il profiter à l'Afrique? Oui! à condition que les Africains le veulent et l'imposent à leurs partenaires asiatiques. Voici une subtile illustration des défis qui attedent le continent Africain dont le potentiel agricole, énergétique et minier en a fait une terre de prédilection pour le colonialisme....comment faire pour que les Chinois soient des partenaires moins voraces?   
  Le rôle de la Chine dans l’agriculture africaineSource: Centre international pour le commerce et le développement durable (9 septembre 2013)
Auteur: Donald L. Cassell
 
Dans cet article, Donald L. Cassell, Chercheur principal et Directeur des Initiatives libériennes à Sagamore Institute, aux Etats-Unis, cherche à déterminer si l’engagement de la chine dans l’agriculture africaine représente une opportunité pour le continent. Il en arrive à la conclusion que la gestion de cet engagement par l’Afrique sera cruciale pour maximiser les opportunités et minimiser les défis. Cassell affirme que l’agriculture africaine connait un fléchissement depuis des décennies, mais que la Chine pourrait jouer un rôle déterminant pour renverser cette tendance. Ce pays est déjà le plus gros partenaire commercial de l’Afrique. Selon Cassel, la Chine considère sa démarche en Afrique comme nouvelle et révolutionnaire, et présente sa réussite aux pays africains comme un modèle. Depuis 1978, la Chine a réduit la pauvreté de sa population de plus de 60 pour cent à moins de 7 pour cent. Cependant, elle a ses propres besoins en matière de sécurité alimentaire, et l’Afrique pourrait occuper une place prépondérante dans son projet à long terme pour faire face à ces besoins. Elle précise toutefois que ce qui l’intéresse c’est la sécurité alimentaire mondiale, et non la production alimentaire en Afrique à des fins d’exportation en Chine. Cassell souligne : « L’engagement de la Chine dans l’agriculture africaine, tout comme son engagement auprès du reste de l’Afrique, représente peut-être la plus grande opportunité dans toute l’histoire de l’Afrique. La Chine a fait plus pour réduire la pauvreté en Afrique que tout ce que le colonialisme a jamais essayé de faire, ou que les initiatives des partenaires traditionnels. L’engagement de la Chine pourrait être plus significatif si les africains veillent à bien le gérer. Les décideurs africains doivent définir clairement leurs objectifs de développement et s’engager avec la Chine en ne perdant pas de vue ces objectifs… L’Afrique doit faire preuve de sagesse en étant proactive et non passive dans son partenariat avec la Chine. C’est dans l’intérêt supérieur de l’Afrique »

lundi 9 septembre 2013

Une Allemande sur les traces de Pélissier

Une photographe allemande sur les traces d’un massacre colonial

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Mettant à profit son passage à Mostaganem, la photographe d’origine allemande, Marion, s’est rendue jusqu’à la grotte de Nekmaria.

Accompagnée de Habib Tengour, romancier, poète et désormais homme de théâtre, ainsi que de Karim Chikh, le patron des éditions APIC, et de sa fille Inès, la dynamique photographe n’a pas hésité à pénétrer à l’intérieur de la grotte où périrent, le 19 juin 1845, plus de 1 500 Ouled Riah. Très émue tout comme la jeune collégienne, Marion Beckhauser, l’artiste allemande qui peine à cacher sa passion de l’Algérie, s’est dit consternée par le massacre commis par le colonel français Pélissier. Les traces de fumée qui continuent de tapisser les parois crayeuses de la grotte ont eu un grand impact sur la jeune fille et sur la dame. De son côté, Karim s’est dit tout simplement bouleversé par ces images que l’on a aucune peine à imaginer. Pour lui, cette enfumade voulue et exécutée par un colonel de l’armée française n’est qu’un autre épisode de la longue souffrance endurée par le peuple algérien durant 132 ans de colonialisme aveugle, assassin et criminel. Inès, à peine 13 ans, ne savait pas quoi dire une fois à l’intérieur de la grotte. Elle affichait un air détaché, se contentant de souligner les atrocités et promettant d’en parler autour d’elle.

Ayant appris quelques bribes sur ces massacres, elle dira que cette visite sur le lieu du drame la marquera à jamais, d’autant que c’est sur son insistance que le groupe a franchi le pas pour pénétrer à l’intérieur de la grotte principale. Leur guide, parfait connaisseur de cette sombre page de notre histoire, leur contera, dans le détail, les préparatifs ayant précédé la sombre affaire. Il rappellera avec moult détails la présence dans la colonne conduite par Pélissier de pas moins de 700 hommes relevant du Makhzen, donc des autochtones ayant fait le choix de servir l’armée d’occupation après avoir servi avec zèle la dictature ottomane. De son côté, le poète Habib Tengour, originaire du Dahra, lui-même descendant des Béni Zéroual, mettra beaucoup de temps avant de reprendre ses esprits. Le visage livide, il ne cessera de tapoter sa jambe droite, en signe de désolation et d’impuissance. De son côté, Karim, parlant du choix radical fait par les Ouled Riah de ne pas se rendre et surtout de ne pas quitter leur refuge malgré les sommations et les criminelles intentions de Pélissier, fera un parallèle avec la mort héroïque, durant la bataille d’Alger, d’Ali La Pointe, du petit Omar Yacef et de Hassiba Ben Bouali. Cernés par les parachutistes du colonel Jean-Pierre, les trois combattants avaient en effet refusé de se rendre, préférant se faire tuer debout et dans l’honneur.

Pour Karim, cette solution ultime – quand bien même assez rare dans l’histoire des peuples opprimés – est une constante du peuple amazigh, ces hommes libres qui n’ont jamais accepté ni les brimades, ni les humiliations, ni les massacres, encore moins le déshonneur. En quittant la grotte à travers les escaliers en lacet qui permettent désormais un accès allégé, les visiteurs se sont arrêtés devant la stèle érigée à la mémoire de cette tribu dont la résistance, comme le soulignera leur guide, aura remis en selle l’Emir Abdelkader qui n’hésitera pas, malgré les défections et les trahisons, à revenir dans le Tell Oranais et à entraîner, dans une mémorable bataille, non loin du mausolée de Sidi Brahim, une colonne de l’armée d’occupation conduite par le sanguinaire Montagnac qui y trouva la mort ainsi que plus de 300 soldats de son armée. Au niveau du plateau de Ch’karnia, à moins d’un km de la grotte, le groupe de visiteurs a eu à voir de près l’immense masure construite pour le Khalifa de Nekmaria, sur les terres de la tribu enfumée. En effet, en guise de récompense pour sa collaboration, le Khalifa aura reçu en offrande une source et pas moins de 50 hectares des plus fertiles terres du Dahra. La somptueuse demeure est accoudée à un fort que gardait une escouade de soldats du Makhzen.             
Karim Chikh et Habib Tengour à Salamandre

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...