mercredi 28 septembre 2016

Edith a fait le choix du Dahra



Une Parisienne dort désormais tranquillement aux cotés de son époux...dans ce cimetière rocailleux...sur la route qui mène à Nekmaria. 
En effet, Edith Rabahi-Talamon, la maman de Dali Rebahili...a été enterrée avant hier en cette terre algérienne qu'elle chérissait par dessus tout...dans ses ultimes recommandations, elle avait dit à son fils: si je meurs en France tu m'enterreras aux cotés de ma maman...si je meurs en Algérie, c'est aux cotés de ton papa que je veux reposer...Le destin aura voulu qu'Edith, la Parisienne, s'éteigne dignement à l’hôpital de Sidi Ali où elle avait reçu tous les soins possibles...en respect de sa volonté, son fils entame alors les procédures d'inhumation auprès de la maire de Khadra...déjà, à son décès, ses amis et ses proches avaient fait le nécessaire pour lui trouver une place auprès de la tombe de son mari...mais c'était sans compter avec les frasques de la nature...en apparence, le voeux de la défunte allait poser problème, puisque de place aux cotés de son mari, il n'y en avait pas...mais seulement en apparence...alors dans la tête de son fils unique, c'est un peu le volcan qui se met à chauffer...mais une fois sur place, le groupe de volontaires note la présence d'un gros buisson...à proximité de la tombe...de quoi ouvrir une tombe..à condition de se débarrasser du généreux buisson...

Un cousin se chargea d’expédier le gros buisson en quelques coups de pioche bien ajusté. Très vite la place se fera nette…il est déjà minuit et demain ça sera les funérailles…mais une fois le buisson enlevé, les premiers coups de pioche s’avèreront inopérants. Une grosse roche venait s’interposer…il fallait recourir à des moyens plus lourds…et il est déjà 2 heures du matin…amis dans le Dahra, le sommeil n’empêche pas la besogne. Dali se souvint alors qu’un voisin éloigné disposait d’un marteau piqueur de dernière génération…quelqu’un se dévoua pour aller le chercher…à son retour, on avait déjà ramena un petit groupe électrogène…très vite, grâce à la technologie et la solidarité sans failles…peu avant l’Adhan du Fedjr, la tombe d’Edith était prête…à accueillir sa prestigieuse locataire…mais c’était sans compter sur les stupides entraves de l’administration locale…Oui, il se trouva un scribouillard pour refuser l’inhumation, sous prétexte que la défunte n’était pas musulmane…Heureusement que l’administration recèle encore des personnes lucides pour la servir dignement…finalement le permis d’inhumer est délivré dans les délais…au grand soulagement de toute la population de la région. ..qui n’a pas oublié que la défunte s’était fondue dans cette région avec cœur et raison…
D’autant que son mari qui bénéficiait d’un prestige qui aura largement débordé les frontières de la région du Dahra, puisque c’est Boumediene en personne qui aurait insisté auprès de lui afin  qu’il occupe le poste de président de l’APW de Mostaganem…c’était du temps de Senoussaoui, Wali et de Belkacem Abdellaoui, alors commissaire du part unique…enfin, lorsqu’en cet après midi du 26 septembre, l’appel à la prière du 3asr se fera entendre…à deux pas de la route de Nekmaria, une foule compacte s’aligna pour faire la prière…puis, le cercueil recouvert de l’étendard vert arrive porté de fiers et vigoureux bras…ceux-là même qui durant la nuit noire avaient creusé la tombe…il est placé vers la montagne qui surplombe la mer, là où l’horizon se mélange aux brumes automnales…la même foule, avec le même engouement et dans un silence impeccable s’aligna en plusieurs rangées derrière l’Imam pour la prière de la Janaza…puis…dans un ordre martial, cercueil en tête, les habitants de cette partie du Dahra se mirent en longue file pour accompagner la défunte vers sa dernière demeure…Arrivée voilà 55 ans, la jeune Parisienne qui a bourlingué à travers les cinq continents, aura trouvé la paix intérieure dans cette fertile et hospitalière terre du Dahra…cette terre où elle repose désormais pour toujours…aux cotés de son époux et au milieu de cette population rurale qui l’aura définitivement adoptée…Oui le Dahra se mérite…assurément…Repose en paix Edith…ton fils, tes petits fils, leurs voisins, leurs amis…veillent sur toi…mais ça, tu n’en as jamais douté…




lundi 19 septembre 2016

Cent pour 100 Algériennes...100 % Belabbésiennes



Un vernissage avec de vrais amoureux de l'art et du savoir vivre....dans la galerie Nouara, en plein centre de Sidi Bel Abbès...et à la Kheïma...chez Zahera et Said Bouhamdan...qui nous ont reçus royalement...et for généreusement...avec leurs coeurs...avec leurs fruits...avec leurs fleurs...avec leurs cascades..avec leurs animalerie..avec leur immense jardin...dans des lieux somptueux...qui n'attendent que votre visite...c'est à 8 km de Sidi Bel Abbès...et c'est en allant vers Telagh...à votre droite...c'est un endroit merveilleux...avec des gens merveilleux...et des regards enchanteurs...oui c'était juste après le vernissage de la sublime exposition de Abdelkader Belkhorissat...l'homme qui fait parler les femmes uniquement à travers le regard...un regard qui dégage que de la fierté...oui, les femmes de Belkhorissat sont Algériennes...pas à 20%, pas à 80%...non, elles sont à 100% fières...
et elles le disent avec seulement un regard..wa L'fahem yaf'hem...elles sont tout simplement sublimes à 100%...et elles vous disent " surtout reste à ta place!"...pas bouge!...elles ont plein de choses à dire...mais elles ne parlent pas...elles disent... et pas de bonnes aventures...non, les femmes de Belkhorissat disent la vie, la rudesse de la vie...le courage de vivre dans un monde où on tend à les considérer des moins que quelque chose...alors, d'un seul coup d'oeil, elles répliquent, chacune à sa manière, souvent seule, mais parfois en doublette, voire en groupe...et elles ont un message de femme...besogneuses...appliquées, travailleuses...courbées...et droites à la fois...et ces femmes, à travers l'oeuvre de Belkhorissat...disent leurs souffrances assumées...dans un même élan, dans un meme geste, dans un même combat...il faut absolument passer les voir, les observer longuement..et plus d'une fois...car elles ont en des choses à dire...et puis, pourquoi le taire? ces femmes sont belles...elles inspirent un grand respect...pour leur beauté..qui ne perle qu'à travers ce regard oblique...celui d'un certain dédain...pas pour elles...non! ça serait trop facile! elles ont du dédain pour ces moins qu'hommes qui osent encore les toiser...comme si elles commettaient un crime de lèse majesté...par le simple fait de s'afficher...avec aplomb...et certitude...juste pour dire qu'elles ont droit à la vie...qu'elles sont la vie...les femmes de Abdelkader Belkhorissat sont nos filles, nos sœurs, nos mères...et nos invitées...pas toutes, il n'y en a pour l'instant que pour les Sahraouies...du Rio de Oro...
parce que ce sont les plus anciennes réfugiées...parce que les Nigériennes, les Maliennes, les Burkinabées, les Sénégalaises...ne font pas encore partie du paysage de Abdelkader Belkhorissat...pourtant, elles ne sont ni moins belles, ni moins fières, ni moins dédaigneuses...non celles là ne vont pas tarder à venir s'incruster dans les peintures de Abdelkader Belkhorissat...car elles manquent terriblement à son exposition...et à notre bonheur...c'est à la galerie Nouara que l'on doit à Mohamed Tayebi...le responsable de la culture à Sidi Bel Abbès...car c'est grâce à lui que la galerie Nouara a vu le jour...faut-il le remercier?...je pense que c'est tellement rare une galerie d'art qu'il faut lui en donner crédit...surtout que c'est dans la province que ça se passe...sans tambours ni trompettes...mais avec de si douces et si fraiches femmes peintes avec délectation et grande passion par Abdelkader Belkhorissat...une exposition qui vaut le déplacement...j'y retournerais sans faute...car j'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur les femmes de Belkhorissat...et de Sidi Bel Abbès...Ces femmes pour qui tout s'enflamme...elles pourraient très bien s'appeler Amina...Farida...Soraya...Fouzya...Nabahette...Salima...Amel...Kenza...Djamila...Nabiha...Nacéra...Kheira...Yamina...Kahia...Zina...












jeudi 15 septembre 2016

La mort du dernier Samouraï









Me voilà, encore une fois, témoin ébranlé par la mort subite d’un ami. Encore une fois, surpris par la faucheuse, je me soumets à cette insoutenable épreuve. Oui, la douleur est si intense en ce qu’elle ne vous laisse aucune échappatoire. Voilà une année, Mabrouk était parti sans prévenir. Comme chaque été. Puis, à la rentrée, nous le retrouvions fidèle au poste. Certes, nous savions qu’il était atteint d’un terrible cancer. Et nous avions fait confiance à son moral d’acier. Didi avait cette qualité rare de ne jamais s’avouer vaincu. Il était de la race des lutteurs. Jamais il n’a cédé sur les principes. Enseignant méticuleux et appliqué, il ne faisait jamais les choses à moitié. Toujours droit dans ses bottes, il ne ménageait aucun effort. Il était tellement rigoureux qu’il lui arrivait très souvent de nous indisposer. Quand il avait raison, il n’était pas aisé de lui demander de changer d’attitude. Il lui arrivait, dans un jury de fin d’études, de passer des jours et des nuits à refaire tous les calculs, à triturer toutes les formules et à discuter tous les résultats. Sa présence dans un jury était pour nous les zootechniciens un gage de sérieux, de rigueur et d’honnêteté. Il était sans doute l’un des plus exigeants enseignants que j’ai eu à connaitre. Et cette exigence, il se l’appliquait d’abord à lui-même. Combien de fois, nous lui avions recommandé de compiler ses nombreux et originaux travaux en une thèse ? Combien de fois, il nous répondait qu’il ne soutiendrait jamais une thèse au rabais. Pourtant, pour l’avoir côtoyé durant 38 ans, et ayant participé avec lui à la constitution d’une équipe de recherche, et ce bien avant l’arrivé des premiers programmes de recherches sectoriels, je sais combien ses travaux sur l’alimentation animale ont été nombreux, originaux et utiles. C’est lui qui, le premier, s’est appliqué à mener des expériences sur la substitution de l’orge locale au maïs d’importation dans les régimes alimentaires du poulet. Ses travaux restent frappés du sceau de la rigueur et de la clarté. Les résultats rapportés durant plus de 3 décennies, constituent une contribution majeure à une alimentation du poulet. Pourtant, son niveau d’exigence était tel, qu’il trouvera toujours une parade pour ne pas soutenir son doctorat. Voilà une année, nous avions encore une fois abordé cette question avec lui. Puis, sans crier gare, Didi s’en est allé retrouver les siens. Comme le film de Shohei Imamura (Narayama Bushiko, Japon, 1983), dès qu’ils approchent les 70 ans, les vieillards sont conduits en haut de la montagne Nara Yama et abandonnés aux vautours. Oui, incontestablement,  Didi, mû par une force intérieure et un réel dépassement de soi, ne peut ne pas rappeler la philosophie bouddhiste, avec un gout très prononcé de la notion du sacrifice, avec quelque part un penchant dissimulé pour la culture Samouraï. C’est pourquoi, même dans les ultimes instants, alors que le mal le rongeait intérieurement, Didi est resté stoïque. Sa vie a été une succession d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Il n’a jamais cessé de se comporter comme l’escaladeur de montagne. S’appuyant sur de remarquables aptitudes il n’a à aucun moment dévié de ce chemin de sacrifice et d’embuches qu’il appréciait par-dessus tout. Car c’est dans la besogne soutenue qu’il s’accomplissait. C’est certainement pour ça que sa vie s’est achevée dans une abnégation totale et dans une immense fierté. Sans calcul et sans recours. Repose en paix mon cher Didi. Tu nous manqueras à tous. Surtout à ceux et celles qui t’ont toujours admiré pour tes postures et pour ta droiture. 

 





 

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...