samedi 26 novembre 2011

Le paracétamol peut tuer....

 Un très bel article repris dans Le Figaro ...à lire et à relire attentivement ça nous évitera bcp d'ennuis, voire de dommages irréversibles....

Même faible, le surdosage de paracétamol est dangereux

Par figaro iconAnne Prigent - le 25/11/2011
Présent dans toutes les armoires à pharmacie, le paracétamol peut se révéler redoutable pour le foie. En France, c'est la première cause de greffe de foie pour hépatite aiguë grave.
Avaler une grande quantité de paracétamol d'un seul coup peut provoquer une hépatite fulminante, la plupart du temps mortelle. C'est pour cette raison qu'en Angleterre, ce médicament est fréquemment utilisé dans les tentatives de suicides. Mais dépasser les doses autorisées de façon régulière se révèle également particulièrement toxique pour le foie, selon une étude publiée le 23 novembre dans le British Journal of Clinical Pharmacology.
Sur 663 patients hospitalisés pour des lésions hépatiques graves provoquées par le paracétamol, les trois quarts avaient absorbé une dose massive de paracétamol. Le quart restant avait juste ingéré des quantités supérieures aux doses thérapeutiques (c'est-à-dire plus de 4 grammes par jour) sur les sept derniers jours, principalement pour calmer des douleurs. Les auteurs de l'étude ont constaté que ces surdosages réguliers étaient plus dangereux pour les personnes que l'intoxication massive en seule fois. Notamment en raison d'une arrivée trop tardive à l'hôpital.
Ces surdosages de paracétamol font également des ravages en France. «C'est la première cause d'indication de greffe hépatique en raison d'une hépatite aiguë grave», confirme au Figaro le professeur Dominique Larray, hépato-gastro-entérologue du CHU de Montpellier. Ce médecin a participé à l'étude Salt, présentée en octobre lors du congrès de pharmacovigilance à Istanbul. Réalisée sur 3 ans dans les centres de transplantation hépatiques de sept pays européens, cette enquête avait pour but d'étudier le rôle des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les transplantation hépatique pour hépatites graves chez les adultes. Et, surprise, les AINS sont innocentés. Le responsable de plus de 90% des surdosages aboutissant à une transplantation hépatique est le paracétamol. «Mais il était également retrouvé fréquemment en-dehors de tout surdosage, avec une fréquence de survenue entre le double et le triple de celle des AINS. Le risque hépatique du paracétamol ne semble donc pas se limiter au seul surdosage», précise le professeur Nicolas Moore, pharmacologue au CHU de Bordeaux.

Pas plus de 1 gramme à la fois

En France, les hépatites graves ont débouché sur 181 greffes du foie. L'intoxication au paracétamol a été responsable à elle seule de 64 greffes. «La moitié des ces intoxications se sont révélées accidentelles», précise le professeur Larray. Les patients sont souvent en surdosage modéré. Ils n'avaient pas consommé plus de 4 à 5 grammes sur plusieurs jours d'affilés. Mais souvent, ils cumulent d'autres facteurs de risque pour le foie comme l'alcoolisme ou la dénutrition. Le binge drinking est également responsable d'intoxications accidentelles. Après un week-end trop arrosé, pour calmer un mal de tête, mieux vaut éviter le paracétamol. D'autres encore oublient de fractionner les doses. La dose maximale de paracétamol autorisée par jour est de 4 grammes, mais la quantité prise à chaque fois ne doit pas dépasser le gramme et sera renouvelée toutes les 6 à 8 heures, voire toutes les 4 heures si besoin (mais sans dépasser la dose journalière maximale). Apparemment la dose toxique n'est pas très éloignée de la dose thérapeutique. Et peu de gens le savent.
Le paracétamol sous toutes ses formes est le médicament contre la douleur le plus vendu en France. Il trône dans toutes les armoires à pharmacie. Faut-il l'interdire? Certainement pas, car il est efficace et sûr. Mais il reste un médicament, avec des effets indésirables qui peuvent se révéler redoutables. Pour les éviter, il est indispensable de ne pas dépasser les doses autorisées, la consommation de 4 grammes par jour devant rester exceptionnelle. Une campagne de communication sur ce médicament très largement utilisé en auto-médication est actuellement envisagée.
EN SAVOIR PLUS :
» Paracétamol : présentation, indications, précautions
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» «Pourquoi le paracétamol a-t-il un tel succès ?»
» Comment gérer la fièvre chez l'enfant
  • figaro iconAnne Prigent

dimanche 13 novembre 2011

3 mousquetaires au paradis: Chenini rejoint Belalia et Djaker

Agé de 75 ans, Hadj Habib Chenini vient de s’éteindre. Ancien fonctionnaire de l’Éducation nationale, il fut tour à tour enseignant de Lettres Arabes au lycée de Mascara avant d’en devenir censeur.

Jeune, il fera ses classes à Constantine à la médersa de Cheïkh Benbadis avant de rejoindre le lycée Franco-Musulman de Tlemcen. Selon d’anciens élèves du lycée Djamel Eddine El Afghani de Mascara, il aurait même effectué un séjour à la Zitouna de Tunis. Une fois sa scolarité aboutie, le jeune homme sera affecté en qualité d’enseignant de lettres arabes à Tlemcen; il était alors âgé de 22 ans. Entamée dès 1958, sa carrière sera interrompue juste après l’Indépendance puisqu’il fera partie du groupe qui participa activement à la mise en place du Touring Club d’Algérie aux côtés d’Ali Zazou. Mais très vite sa passion pour l’enseignement sera plus forte. C’est ainsi que 3 années après l’Indépendance, il reprendra l’enseignement au niveau du lycée Djamel Eddine El Afghani de Mascara.
Féru de football et de cinéma, il lui arrivait souvent d’aller voir un film avec ses élèves. Ceci ne l’empêchait pas, le lendemain, de redevenir le maître. Ayant enseigné sous les ordres de Benyekhlef, alors proviseur du lycée de Mascara, Habib Chenini sera nommé censeur. Une fonction qu’il accomplira avec abnégation. C’est ainsi qu’il fera étalage de ses capacités managériales indéniables. À son grand regret, il finira par abandonner le tableau et la craie pour embrasser une carrière administrative et pédagogique. C’est bien naturellement qu’il gravira les échelons pour devenir une pièce maîtresse du ministère de l’Éducation nationale.
Promu dès 1974 au poste de directeur de l’Éducation, il transitera respectivement par les wilaya de Djelfa, Saïda,Tiaret, Oran, Blida et Mostaganem. Très vite, le démon de la formation reprendra le dessus. Fortement encouragé par ses collègues Dahmane Djaker et surtout Mohamed Belalia, le Sigois, il fera partie de toutes les commissions de réforme de l’Éducation nationale. Aussi bien à l’aise en Arabe qu’en Français, - marque de fabrique des lycées Franco-Musulmans -, Habib Chenini et ses défunts compagnons partageaient la même passion de l’école, au point où lui et Mohamed Belalia en étaient devenus de véritables icônes.
Ceux qui les ont côtoyés se souviennent de leurs interminables discussions sur la qualité de l’enseignement et sur le respect du maître. Rares étaient leurs divergences.
L’un et l’autre seront de véritables chevilles ouvrières de l’école fondamentale qu’ils défendirent avec acharnement. Lui sur l’enseignement des langues et Belalia sur celui des sciences naturelles dont il était un érudit. Devenu membre du Conseil supérieur de l’Éducation ainsi que de la Commission nationale chargée de la réforme, Habib Chenini leur consacrera une partie de sa retraite. Quelle ne sera sa déception, lorsque les recommandations finiront dans un tiroir d’El Mouradia. Grand admirateur de l’Emir Abdelkader, il traduira un de ses livres et fera partie du groupe qui, en 1989, créa la fondation Emir Abdelkader, aux côtés de Mohamed Bahloul, maître M’hamed Ferhat, Moulay Belhamici et Cheikh Bouamrane.

C’est également à lui que l’on doit la traduction du livre «La néominiature de Wassiti à Hachemi» qui vient d’être rééditée au titre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Quelques mois avant sa maladie, il venait d’entamer la traduction de deux autres livres qu’il ne parviendra pas à achever, la mort en ayant décidé autrement. Avec la disparition de Djaker, de Belalia et de Hadj Chenini, la grande famille de l’Éducation nationale vient de perdre, en l’espace d’une année, trois de ses plus brillants et dévoués serviteurs.   

lundi 7 novembre 2011

La France décore nos tortionnaires

La prochaine présidentielle française pourrait bien remuer nos mémoires blessées. Les anciens ultras de la guerre d'Algérie semblent avoir le vente en poupe vers une réhabilitation qui fera retourner dans sa tombe à la fois les anciennes victimes de la guerre d'Algérie, nos valeureux martyrs et tous les hommes épris de justice. Voici un avant-gout de ce que sera le 50ème anniversaire de l'Algérie Algérienne. Si en France, l'opinion publique se mobilise, qu'en est-il de l'Algérie officielle et patriotique?
Le texte ci dessous est emprunté grâce à l'obligeance de la LDH Toulon:
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1977

Hélie de Saint Marc nommé Grand-croix de la Légion d’honneur ?



article de la rubrique les deux rives de la Méditerranée > la France et son passé en Algérie
date de publication : dimanche 6 novembre 2011



Depuis quelques jours, un bruit court avec insistance selon lequel le commandant Hélie de Saint-Marc serait prochainement élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’Hhonneur, la plus haute distinction que la République puisse conférer [1].
Il est difficile ne pas rapprocher cette information du déplacement annoncé des cendres du général Bigeard aux Invalides et de la nomination de Jean-François Collin au grade de chevalier de la Légion d’honneur. À quelques mois de l’élection présidentielle, faudra-t-il donc y voir un nouvel élément d’une offensive de séduction dirigée vers certains milieux militaires nostalgériques ? Coïncidence ou pas, il reste que l’action de chacun de ces trois militaires reste liée à certains épisodes contestables de la guerre d’Algérie : le putsch d’avril 1961, l’usage de la torture, l’OAS.
Nous reprenons, ci-dessous, un débat télévisé qui s’est tenu en 1991 avec Hélie de Saint-Marc, sur l’usage de la torture, suivi d’un article de Gilles Manceron consacré à “Hélie Denoix de Saint-Marc ou la fabrication d’un mythe”, initialement publié sur ce site en avril 2007.
[Page mise à jour le 6 novembre 2011]


Témoignages sur "la bataille d’Alger" et la torture
[le 30 septembre 1991 – 5min 32s]


Paul Teitgen, responsable de la police à Alger en 1957, Jacques Duquesne, journaliste, Hélie Denoix de Saint Marc, officier parachutiste, témoignent de ce qu’a été "La Bataille d’Alger" avec les pleins pouvoirs aux militaires, de la torture et des méthodes de certains militaires comme Bigeard (les “crevettes Bigeard”).
Hélie Denoix de Saint Marc ou la fabrication d’un mythe
par Gilles Manceron, historien [2]

Parmi les mythes qu’on retrouve dans le Livre blanc de l’armée française en Algérie [3] et sur le site internet consacré à Hélie Denoix de Saint-Marc est la légende de l’homme sage et attaché à la vérité qu’aurait été cet officier. Sa vie est présentée de façon à susciter une admiration pour sa personne, qu’on cherche à faire rejaillir à la fois sur les parachutistes de la Bataille d’Alger dont il a été le porte-parole, sur les putschistes d’avril 1961 dont il a fait partie et sur les chefs de l’OAS avec lesquels il s’est retrouvé emprisonné [4]. Mais une telle construction n’est possible qu’au prix de l’oubli ou de la déformation de certains éléments de l’histoire qu’il est utile de rappeler.
Le site internet consacré à Hélie Denoix de Saint Marc le présente comme « un sage » qui cherche « à livrer sa part de vérité » [5], et parle de son « exigence de vérité ». Or son discours est truffé d’occultations, de trous de mémoire, de « vérités officielles » et de contre-vérités flagrantes. Loin d’aller dans le sens d’un regard historique apaisé, c’est plutôt une assez habile tentative de réhabilitation de la conduite de la guerre par l’armée française au Vietnam puis en Algérie, ainsi qu’une justification de la rébellion des ultras en avril 1961 contre les institutions de la République.
Certes, l’engagement d’Hélie Denoix de Saint Marc très jeune dans la Résistance et le récit de sa déportation à Buchenwald forcent le respect, mais ce qui est escompté par un certain discours à son propos, qui tient précisément de la construction d’une légende, c’est l’idée que le parcours de cet homme entre 1940 et 1945 légitimerait ses choix entre 1955 et 1961, ou encore que sa propre déportation sous le nazisme confirmerait ses dénégations ou ses minimisations de la torture pratiquée par l’armée française en Algérie. Dans cette dernière période, il a croisé la route de bien d’autres anciens résistants et déportés dont la plupart ont pris des positions résolument opposées aux siennes en ce qui concerne l’usage de la torture, tel le ministre de la Justice Edmond Michelet, le secrétaire général de la préfecture d’Alger Paul Teitgen [6] ou le général Jacques de Bollardière, saint-cyrien, condamné à mort en 1940 par un tribunal militaire vichyste et compagnon de la Libération. Le président de l’Association des anciens déportés d’Algérie n’était autre qu’Yves Le Tac, l’un des animateurs en 1960 des mouvements gaullistes favorables à l’autodétermination de l’Algérie, qui fera l’objet de trois tentatives d’assassinats de la part des hommes de l’OAS qu’Hélie Denoix de Saint Marc s’abstient de désavouer. Le passé de Saint Marc pendant la seconde guerre mondiale ne peut donc pas être utilisé pour induire une approbation de sa conduite en Algérie entre 1955 et 1961.
Les méthodes des guerres coloniales
Après avoir participé à la guerre d’Indochine puis à l’expédition de Suez, il a été affecté en Algérie au 1er Régiment étranger de parachutistes (1er REP). On attendrait de sa part, cinquante ans plus tard, la réflexion d’un officier français de la Légion sur ce qu’on désignait alors pudiquement par le terme de « pacification ». Sur cette manière de faire la guerre, les témoignages, depuis cinquante ans, se sont amoncelés, venant aussi bien d’appelés, d’officiers français que de civils ou d’anciens maquisards algériens – témoignages à passer, bien entendu, au crible de l’analyse critique, mais dont l’abondance permet de reconstituer, autant que faire se peut, cette forme de guerre. Il n’est qu’à lire, par exemple, pour en avoir une idée, le récit de l’appelé Jacques Pucheu intitulé « Un an dans les Aurès. 1956-1957 », publié par Pierre Vidal-Naquet dans Les crimes de l’armée française [7] pour mesurer à quel point les conventions internationales protégeant les populations civiles en temps de guerre et régissant le sort des prisonniers de guerre ont été violées au cours de ces opérations dites de maintien de l’ordre.
Les actes précis qui ont fait partie de la « pacification » à laquelle se livrait l’armée française en Algérie ne sont abordés ni dans ses propres récits, ni dans les ouvrages et articles qui reprennent ses propos et cultivent sa légende, ni sur le site internet qui lui est consacré. Tout au contraire, c’est une interview de lui qui s’étale sur dix pages, en ouverture du Livre blanc de l’armée française en Algérie paru en 2001 et dont l’objet était de démentir et disqualifier les nouveaux travaux historiques, témoignages, articles de presse et films qui avaient, en 2000 et 2001, apporté des éclairages plus précis sur la conduite de l’armée française dans la guerre d’Algérie, en leur opposant une version mise à jour du discours officiel destiné à justifier ces méthodes [8]. Cette place accordée à Hélie de Saint Marc, officier au grade modeste de commandant, dans une opération telle que ce Livre blanc soutenue par plus de cinq cents généraux pourrait surprendre si on ne comprenait pas que cet officier est l’un des rares parmi les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française à avoir un passé de résistant et de déporté et une allure qui tranche avec le profil de baroudeur de beaucoup d’autres.
La torture durant la Bataille d’Alger
Pendant la bataille d’Alger, en 1957, le capitaine Denoix de Saint Marc a été chef de cabinet du général Massu, qui, à la tête de la 10e division parachutiste, s’était vu confier les pouvoirs de police sur le Grand Alger, et chargé à partir de mai 1957 des relations avec la presse [9]. Aux fonctions qu’il occupait, Saint Marc était parfaitement au courant des méthodes de la Bataille d’Alger, de ce qui se passait à la villa Sésini et à la villa des Roses, et autres lieux de tortures de sinistre mémoire pratiquées par les hommes du 1er REP [10]. Sorte d’attaché de presse du général Massu à partir du mois de mai, son travail consistait à défendre et à justifier aux yeux de l’opinion le rôle de police joué dans le Grand Alger par la 10e division parachutiste. Son passé de résistant déporté et son allure différente de celle de la plupart des autres officiers parachutistes l’avaient fait choisir pour tenter de faire passer auprès de la presse et des hommes politiques venus de France le discours de l’armée destiné à jeter un voile pudique sur la torture et des exécutions sommaires.
Loin de se livrer à un effort de lucidité sur le passé, Saint Marc le reconstruit. Il affirme, par exemple, que les fonctions de police ont été imposées contre sa volonté à la 10e division parachutiste et à Massu « à son corps défendant » [11], par Robert Lacoste et Guy Mollet, ce qui est contraire à la réalité. En fait, Massu, secondé et conseillé par les colonels Roger Trinquier, commandant adjoint de la 10e division parachutiste, et Yves Godard, chef d’état-major puis commandant adjoint de la division, avait énoncé depuis longtemps ce les moyens à employer pour lutter contre le FLN et dont il réclamait la charge d’appliquer. Nommé en août 1956 à la tête d’une commission chargée d’élaborer une doctrine de contre-terrorisme urbain, il a élaboré avec Godard et Trinquier une note préconisant de donner à l’armée la charge du maintien de l’ordre et précisant les méthodes qu’elle devrait employer, et qui seront celles-là mêmes de la Bataille d’Alger :
« 1/ Tout individu entrant dans une organisation terroriste, ou facilitant sciemment l’action de ses éléments (propagande, aide, recrutement, etc.), est passible de la peine de mort.
2/ Tout individu, appartenant à une organisation terroriste et tombant entre les mains des forces spécialisées du maintien de l’ordre, sera interrogé sur le champ, sans désemparer, par les forces mêmes qui l’ont arrêté.
3/ Tout individu suspecté d’appartenir à une organisation terroriste pourra être arrêté chez lui et emmené pour interrogatoire devant les forces spécialisées de l’ordre, à toute heure du jour et de la nuit » [12] …
Trinquier, Godard, et leur chef Massu qui reprenait leurs théories, ont affirmé, dès 1956, détenir la solution pour rétablir l’ordre et appelé explicitement Robert Lacoste et le gouvernement à leur donner les moyens de le faire en confiant à l’armée et aux parachutistes les pouvoirs de police car « nos lois actuelles sont inadaptées au terrorisme » [13]. Une note du 22 septembre 1956 signée Massu précisait : « Dans le cadre de la mission de l’armée en AFN, il apparaît nécessaire de préciser celle des unités de parachutistes. […] pour tout observateur militaire quelque peu averti et impartial, le problème actuel de l’AFN s’apparente à la pacification. L’armée résoudra ou non ce problème : mais elle apparaît seule susceptible d’y parvenir ». Dans les derniers jours de 1956, les autorités civiles ont accédé à ces demandes et accordé finalement à l’armée, et précisément aux parachutistes, ce qu’ils réclamaient depuis des mois. La directive de février 1957 du 2e bureau de la 10e division parachutiste confirmera la mise en œuvre des méthodes qu’elle avait préconisées : « depuis un an et demi l’emprise rebelle sur l’Algérie n’a fait que croître […]. Si l’on veut extirper la plante malfaisante, il faut détruire la racine. Cette tâche incombe théoriquement aux différentes polices, mais l’expérience de dix ans de guerre subversive a prouvé que c’était aussi la tâche de l’armée. En fait, la destruction de l’infrastructure politico-administrative rebelle est la mission numéro un de l’armée » [14].
La 10e division parachutiste n’a pas reçu des gouvernants civils des pouvoirs de police à son corps défendant, elle a élaboré une méthode de guerre qu’elle a présentée comme la seule solution face au terrorisme et demandé au pouvoir civil de l’appliquer. Or Hélie Denoix de Saint Marc, chargé au sein du cabinet de Massu en 1957 d’expliquer et de justifier l’action de la 10e division parachutiste en matière de police, dit aujourd’hui : « Je pensais à cette époque et je le pense toujours […] l’armée ne doit pas se voir confier des missions de police ». Qu’il pense cela aujourd’hui, acceptons-en l’augure et déduisons qu’il aurait, par conséquent, changé d’avis, mais qu’il l’ait pensé à l’époque tout en acceptant la fonction consistant à convaincre l’opinion française du contraire, on ne pourrait qu’en conclure un singulier manque de courage de sa part. Il eut été logique, alors, qu’il réagisse comme l’a fait, en mars 1957, le général de Bollardière qui pensait cela et qui l’a dit, qui a protesté contre le fait qu’on ait confié des pouvoirs de police à l’armée et les méthodes qui en découlaient. Commandant le secteur Est-Atlas Blidéen de la Région militaire d’Alger, il a fait part le 7 mars au commandant de la région militaire de son désaccord avec Massu : « Convoqué ce jour à dix heures par le général Massu, j’ai été obligé de prendre conscience du fait que j’étais en désaccord absolu avec mon chef sur sa façon de voir et sur les méthodes préconisées. Il m’est donc impossible de continuer honnêtement à exercer mon commandement dans ces conditions. J’ai donc l’honneur de vous demander d’être immédiatement relevé de mes responsabilités et remis à la disposition du commandement en France ». A l’opposé de Bollardière, Saint Marc a suivi le courant. Il a accepté de justifier que l’on confie des missions de police à l’armée et les méthodes qui en découlaient. Bollardière pensait-il à lui quand, évoquant l’attitude d’alors de nombre d’autres officiers parachutistes, il écrivit : « Dans cette période où l’hésitation et l’attentisme de beaucoup m’écœuraient, j’éprouvais le besoin d’un choix clair » [15].
Quant à son rôle de relations avec la presse, Saint Marc affirme : « vis-à-vis d’eux, j’ai toujours essayé d’être honnête, je crois ne jamais leur avoir menti, je ne leur ai pas toujours dit la vérité, mais je crois ne leur avoir dit que des vérités » [16]. Faire l’histoire de la Bataille d’Alger oblige pourtant à dire que le rôle de l’officier de presse de la 10e division parachutiste a été précisément en 1957 d’organiser le mensonge. Et quand un site internet se voue aujourd’hui à l’hagiographie du vieillard à l’allure vénérable qui prononce ces paroles, on ne peut que songer à la phrase de Pierre Vidal-Naquet : « il vaut mieux, pour une nation, que ses héros, si elle en a encore, en dehors de ceux, éphémères, que choisissent chaque semaine deux émissions concurrentes de télévision, ne soient pas des menteurs » [17].
Que dit aujourd’hui Saint Marc de la torture ? Il prétend avoir été à l’époque et être aujourd’hui « contre la torture » tout en disant qu’il faut parfois employer « des moyens que la morale réprouve » : « Dans l’action, que faut-il faire si vous vous trouvez responsable du maintien de l’ordre dans un quartier où les bombes éclatent, est-ce que vous allez essayer de sauver des vies humaines au risque de vous salir les mains ou bien vous allez refuser de vous salir les mains au risque d’accepter que des innocents meurent ? » [18] Il a beau prendre la précaution d’ajouter « Je n’ai pas de réponse », sa manière de poser le problème vise à justifier l’emploi de la torture, sous couvert, comme il le dit encore, « d’accepter certains moyens condamnables pour éviter le pire » [19].
C’est l’argumentaire de tous ceux qui légitiment « dans certains cas » l’utilisation de la torture. On le retrouve dans le Livre blanc de l’armée française en Algérie, dont le texte d’ouverture – signé par 521 officiers généraux français ayant servi en Algérie – justifie la torture et les exécutions sommaires d’alors en les présentant comme une nécessité. On peut y lire, par exemple, que « ce qui a caractérisé l’action de l’armée en Algérie, ce fut sa lutte contre toutes les formes de torture, d’assassinat, de crimes idéologiquement voulus et méthodiquement organisés » [20].
Laisser entendre la possibilité du recours à la torture, c’est aussi prendre le contre-pied des engagements formels de la France, l’un des premiers États à ratifier la Convention internationale contre la torture de 1984 qui dispose qu’« aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoqué pour justifier la torture ». Là encore, le discours confus de Saint Marc se distingue du langage clair de Bollardière qui a parlé de « l’effroyable danger qu’il y aurait pour nous à perdre de vue, sous le prétexte fallacieux de l’efficacité immédiate, les valeurs morales qui seules ont fait jusqu’à maintenant la grandeur de notre civilisation et de notre Armée » [21] – Bollardière qui a été envoyé en forteresse, et, à la différence de Saint Marc et des officiers condamnés pour leur participation au putsch et à l’OAS réintégrés pleinement dans leur grade par la loi de novembre 1982 voulue par François Mitterrand, qui, lui, n’a jamais été réintégré dans ses droits…
Ressassant, encore aujourd’hui, la thèse de l’efficacité de la torture, Saint Marc n’a même pas connu l’évolution tardive de son chef d’alors, le général Massu, qui, à la fin de sa vie, a remis en cause le bien fondé de ces méthodes : « Non, la torture n’est pas indispensable en temps de guerre… Quand je repense à l’Algérie, on aurait pu faire les choses différemment » [22].
Le putsch d’Alger
Dans le putsch du 21 avril 1961, Hélie de Saint Marc a à la fois assumé une responsabilité importante et joué un rôle de comparse. Les organisateurs du complot étaient les colonels Broizat, Argoud, Godard, Lacheroy et Gardes, les généraux Salan, Jouhaux et Gardy et les civils extrémistes qui avaient constitué au début de 1961 l’OAS. Pour eux, le putsch n’était qu’un moment dans un combat qui avait déjà commencé, avec les premières désertions comme celle du lieutenant du 1er REP Roger Degueldre et avec les premiers attentats terroristes, comme l’assassinat à Alger de l’avocat maître Popie le 25 janvier, et qu’ils poursuivraient après l’échec du coup d’Etat. Le capitaine Saint Marc se trouvait alors à la tête du 1er REP par intérim, en l’absence de son chef le colonel Guiraud en permission en France, un régiment largement acquis aux idées des ultras favorables à la poursuite de la « guerre révolutionnaire » contre le FLN par tous les moyens, quitte à se rebeller contre les institutions de la République, et qui avait probablement été rapproché d’Alger et cantonné à Zéralda dans la perspective de la préparation du coup d’Etat. Saint Marc n’apparaissait pas lié aux hommes de l’OAS ni aux militaires qui en étaient proches, il avait même quitté l’armée pendant environ six mois, donnant sa démission et tentant une expérience professionnelle en Italie en 1959, avant de revenir en Algérie et d’être réintégré au 1er REP.
C’est au dernier moment qu’il a été mis au courant du projet de putsch et il s’est borné à suivre les sous-officiers et les hommes de son unité qui était la plus acquise à cette opération. Tout indique qu’avec la présence du lieutenant Roger Degueldre, déserteur depuis janvier et revenu clandestinement à Zéralda, la préparation de la rébellion du 1er REP était déjà fort avancée, impliquant l’ensemble des commandants de compagnie, et, quand Degueldre et des civils de l’OAS ont approché Saint Marc pour savoir s’il se joindrait au plan prévu et lui proposer de rencontrer Challe [23], ils étaient très certainement résolus dans le cas contraire à le neutraliser par la force, comme l’ont été des officiers loyalistes tels les généraux Gambiez et Vézinet [24]. De son ralliement aux conjurés, Saint Marc fait un récit très théâtral, lui aussi reconstruit rétrospectivement, qui lui donne, contre toute vraisemblance, un rôle décisif dans le basculement du 1er REP. Il dit avoir répondu, après un long silence, au général Challe : « je pense que le 1er REP me suivra », alors que son choix a plutôt été de suivre ses subordonnés et de rester avec son régiment que de l’inciter à se rebeller.
Les quelque 2 000 hommes du 1er REP qu’avaient rejoints, outre Degueldre, des officiers qui en avaient été écartés pour n’avoir pas caché leur hostilité à la politique algérienne de la France (notamment Sergent, La Briffe, Ponsolle, Godot et La Bigne), a marché sur Alger et de pris le contrôle des principaux points stratégiques de la ville. Quand le putsch a échoué, Saint Marc, à la différence de ceux-ci, n’est pas entré en clandestinité pour continuer le combat au sein de l’OAS. Pourtant, par la suite, ces jusqu’au-boutistes de l’Algérie française qui l’avaient rallié à leur projet et utilisé lors du putsch, choisiront d’utiliser encore sa personnalité comme un emblème de leur combat, celle-ci ayant des aspects sensiblement plus respectables que celles des Sergent, Degueldre et autres instigateurs du pronunciamento, déserteurs, plastiqueurs et assassins qui ont continué leur lutte après le 24 avril 1961 par des voies terroristes.
Il est vrai que Denoix de Saint Marc semble accepter d’être ainsi utilisé. Officier putschiste qui s’est livré à la justice et n’a pas rejoint l’OAS, il accepte cependant d’être l’objet de cette récupération par les nostalgiques de son combat en gardant le silence sur l’OAS et en s’abstenant de condamner son action ou même de l’évoquer. Il fait, pour cela, l’éloge d’une loi du silence qui revient à une solidarité tacite et à sens unique avec ceux qui ont déserté et combattu avec cette organisation terroriste. Pour justifier ce choix, il cite volontiers Saint-Exupéry : « Puisque je suis l’un d’eux, je ne renierai jamais les miens, quoi qu’ils fassent, je ne parlerai jamais contre eux devant autrui ; s’il est possible de prendre leur défense, je les défendrai ; s’ils se sont couvert de honte, j’enfermerai cette honte dans mon cœur et je me tairai ; quoi que je pense alors d’eux, je ne servirai jamais de témoin à charge » La phrase de Saint-Exupéry est elle-même discutable si on l’érige en règle générale, car elle pourrait alors justifier toutes les complicités et toutes les non dénonciations de crimes que la loi et la morale réprouvent. La prendre au pied de la lettre et pousser sa logique à son terme risque d’aboutir aux limites de l’esprit de corps, à une sorte d’omerta aux allures de solidarité mafieuse. En l’occurrence, Saint Marc fait de cette règle un usage à sens unique. Qui sont, finalement, ceux qu’il considère comme « les siens » ? Ses légionnaires et militaires putschistes et tous ceux qui ont fait partie de l’OAS. Sur eux, il ne veut rien dire, même s’il sous-entend par l’usage qu’il fait de cette citation qu’ils se sont, par certains de leurs actes, « couverts de honte ». Mais il n’observe pas la même réserve quand il participe au Livre blanc de l’armée française en Algérie qui s’en prend aux partisans de la paix en Algérie, du général de Gaulle à Bollardière, en passant par le général Katz qui a lutté dans des conditions difficiles contre l’OAS à Oran en 1962. Pas plus qu’il ne ressent le moindre devoir de solidarité avec les citoyens français qui s’étaient prononcés massivement par référendum le 8 janvier 1961, avec 75% de oui, en approuvant « l’autodétermination des populations algériennes ». Sans parler des journalistes, hommes politiques, écrivains et artistes qui avaient dénoncé à l’époque qu’on confie les pouvoirs de police à l’armée et les méthodes qui en découlaient, traités dans ce Livre blanc de « porteurs de valises » du FLN et vis-à-vis desquels nulle obligation de réserve n’empêche ce livre de proférer les plus infamantes accusations de trahison.
Ceux qui cherchent à utiliser la légende de Denoix de Saint-Marc tentent aussi de détourner à leur profit un film documentaire qui lui a été récemment consacré, en proposant son achat sur le site internet entièrement voué à sa légende et qui propose entre autres un lien renvoyant à l’Association des amis de Raoul Salan. Il s’agit d’un épisode d’une série de Georges Mourier intitulée « Le choix des hommes » dont la thématique générale est de brosser le portrait d’individus qui, à un moment donné, se sont trouvés contraints d’effectuer un choix dramatique dans un contexte de crise. Sur ses sept épisodes, la plupart ne concernent pas les questions coloniales mais la seconde guerre mondiale, et son réalisateur est étranger à toute intention d’éloge nostalgique de la colonisation. Dans le film Croire ? Georges Soubirous, déporté au camp de Dora, évoque la foi qui lui a permis de tenir et qu’il a abandonné depuis ; dans Agir ? Gilbert Brustlein revient sur l’attentat que, jeune résistant communiste, il a commis le 20 octobre 1941 contre un officier allemand, provoquant les représailles contre les 27 otages de Chateaubriant ; dans Trahir ? Paul Nothomb, aviateur communiste et compagnon d’armes d’André Malraux dans la guerre d’Espagne, revient sur le moment où, arrêté et torturé en mai 1943 par la Gestapo, il a feint de se rallier en s’efforçant de ne par trahir ses amis ; dans Mentir ? Jacques Bureau, membre en 1943 d’un réseau de résistance franco-anglais, raconte qu’interrogé par les Allemands, il leur livra de fausses informations sur un débarquement imaginaire que les services anglais leur avaient données dans ce but ; dans Tricher ? le français Jacques Rossi, militant communiste et agent du Komintern, rappelé d’Espagne à Moscou en 1937, dit comment il a été pris dans les purges staliniennes et a fait dix-neuf ans de Goulag, ne rentrant finalement en France qu’en 1985. Seuls, deux épisodes de cette série, produite par les Films de la Lanterne et RTV, renvoient à la guerre d’Algérie, et, en dehors de Servir ? consacré à Hélie Denoix de Saint Marc, l’autre, intitulé Combattre ?, porte sur un homme au parcours bien différent : Abdelkader Rahmani, qui, jeune officier de l’armée française né en Algérie, avait décidé avec 52 autres officiers d’origine algérienne d’écrire au président Coty pour lui demander d’arrêter la guerre et fut, comme tous les autres, arrêté et emprisonné.
Mais seul celui consacré à Hélie Denoix de Saint Marc est distribué en DVD, par les éditions LBM [25], et les intentions du réalisateur risquent d’être singulièrement détournées par sa diffusion, isolée des autres épisodes, dans un cadre idéologique qui cherche à instrumentaliser cette légende. D’autant que le choix du documentariste de laisser s’exprimer librement les différents témoins sur le moment où ils ont été amenés à prendre une décision dramatique, conduit, dans le cas de ce film, à ce que Saint Marc délivre son récit rétrospectif de la bataille d’Alger et du putsch sans que personne ne vienne mettre le doigt sur ses reconstructions du passé et ses omissions. Sans explication historique du contexte, on peut craindre que l’utilisation de ce film, séparé délibérément du reste de la série, serve à conforter des discours nostalgiques et éloigne d’une véritable histoire apaisée de la guerre d’Algérie. [26]
Reconnaissance ou déni du passé ?
En 2002, Hélie Denoix de Saint-Marc et August von Kageneck, ancien officier de la Wehrmacht, ont publié sous le titre Notre histoire. 1922-1945, un livre fait de dialogues qui témoigne parmi d’autres de la réconciliation franco-allemande pour laquelle von Kageneck avait beaucoup œuvré [27]. La démarche de l’officier allemand était fondée sur la reconnaissance des crimes nazis, qu’il avait tenu à exprimer notamment en se rendant en 2001 à Oradour-sur-Glane. Hélie de Saint Marc n’a pas fait par rapport aux guerres du Viet-Nam et d’Algérie de démarche analogue. Tout au contraire, par une série d’omissions et de contre-vérités, il fait obstacle à l’écriture de l’histoire et reproduit les dissimulations et les reconstructions les plus contestables sur notre passé colonial.
Notes
[1] Voir par exemple le blog de Jean Dominique Merchet.
[2] Cet article a pour origine la contribution de Gilles Manceron à Histoire de la colonisation : réhabilitations, falsifications et instrumentalisations, de Sébastien Jahan et Alain Ruscio (dir.), publié en novembre 2007 aux éditions Les Indes Savantes ; il a été publié sur ce site le 4 avril 2007.
[3] Livre blanc de l’armée française en Algérie, éd. Contretemps, 2001.
[4] Cet article doit beaucoup au travail documentaire du site internet de la section de Toulon de la LDH. Qu’elle en soit vivement remerciée.
[5] Voir l’article de Jean-Claude Raspiengas, dans La Croix du 4 mars 2005.
[6] Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger, a démissionné pour protester contre la torture et les exécutions sommaires pratiquées par les parachutistes du général Massu. Sa lettre de démission du 24 mars 1957 a été publiée dans Le Monde du 1er octobre 1960. Il a communiqué au Comité Maurice Audin des informations importantes sur la pratique de la torture et des exécutions sommaires par la 10e division parachutiste.
[7] Pierre Vidal-Naquet Les crimes de l’armée française, éd. Maspero, 1975, p. 63.
[8] Livre blanc de l’armée française en Algérie, op. cit. Entretien avec Hélie Denoix de Saint Marc, pp. 18 à 27.
[9] Jacques Massu, La vraie bataille d’Alger, Plon, 1973, p. 151.
[10] Raphaëlle Branche, La torture et l’armée, éd Gallimard, 2001, pages 124, 125 et suivantes.
[11] Livre blanc de l’armée française en Algérie, op. cit., p. 23.
[12] Jacques Massu, op. cit., p. 49.
[13] Ibid.
[14] Ibid, p. 129.
[15] Général Jacques Paris de Bollardière, Bataille d’Alger, bataille de l’homme, Desclée de Brouwer, Paris, 1972, p. 110.
[16] Général Jacques Paris de Bollardière, Bataille d’Alger, bataille de l’homme, Desclée de Brouwer, Paris, 1972, p. 110.
[17] Pierre Vidal-Naquet, Le trait empoisonné, La Découverte, 1993, p. 141.
[18] Propos tenus par Hélie Denoix de Saint Marc dans le film Servir ? de Georges Mourier.
[19] Ibid.
[20] Voir l’article « 500 généraux montent en ligne... » de Jean-Dominique Merchet, Libération, 23 janvier 2002.
[21] Lettre du 21 mars 1957 du général de Bollardière à Jean-Jacques Servan-Schreiber.
[22] Le Monde, 21 juin 2001 : « Le remords du général Massu ».
[23] Il semble que ce soit Degueldre qui a invité Saint Marc à rencontrer Challe ; dans son récit d’aujourd’hui, Saint Marc préfère parler de « civils ».
[24] Jacques Fauvet et Jean Planchais, La Fronde des généraux, Arthaud, 1961, p. 112.
[25] Les éditions LBM (Little Big Man), dirigées par Pierrre De Broissia (12, Rue Rougemont 75009 Paris).
[26] L’hebdomadaire Valeurs actuelles du 29 septembre 2006 commente, par exemple, le DVD en œuvrant ainsi à la légende de Saint-Marc : « il est le symbole de la conscience libre, celle qui, à un moment donné, décide de désobéir car ce qu’on lui demande de faire va à l’encontre de sa morale ».
[27] Hélie Denoix de Saint-Marc et August von Kageneck, Notre histoire. 1922-1945, éd. Les Arènes, 2006.

Comment la France torture l'histoire Algérienne

Le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie que nous fêterons en 2012, sera mis à profit par les Nostalgériques pour agrandi le fossé entre les deux peuples. Après la loi scélérate sur les bienfaits du colonialisme de février 2005, voici que d'anciens sanguinaires de l'OAS sont élevés au rang de chevaliers de la légion d'honneur. Une insulte à la mémoire des Algériens et des Français qui ont combattu le colonialisme et son dernier carré d'irréductibles de la sinistre OAS qui ont mis le pays à feu et à sang au moment où les peuples Français et Algériens approuvaient par référendum le droit de l'Algérie à l'autodétermination et à l'indépendance. cet acte qui est presque passé inaperçu, ne serait-il que le premier d'une série qui tendrait, à la faveur de la campagne présidentielle, de réhabiliter les criminels qui n'ont eut de cesse de saborder toutes les initiatives de rapprochement entre l'Algérie Algérienne et la France souveraine. Deux documents sont proposés afin d'inviter à un débat serein et à une vraie réconciliation, sans amnésie et sans précipitation. Le premier est une rencontre avec l'ambassadeur de France en Algérie que des contraintes techniques ont en différé la publication et le second est un papier paru dans La Provence du 2 novembre 2011 se rapportant à la remise de la médaille de la légion d'honneur à un ancien responsable de l'OAS.

Xavier Driencourt,ambassadeur de France à Alger

"Le 50ème anniversaire de l'indépendance algérienne est l'affaire des seuls algériens"

Le 19 septembre 2011, , son excellence Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie visitait était en visite à Relizane. Nous l'avions abordé afin de connaitre son point de vue sur les relations algéro-françaises, sur les risques d’infiltration d’armes à partir de la Libye vers les groupes terroristes de la région, sur la position ambiguë de la France dans le conflit du Sahara Occidental et l’éventuelle geste de réconciliation à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance algérienne, ainsi que la résurgence de l’affaire des moines de Tibhirine, à laquelle Canal+ consacrait le jour même un documentaire.


Questionné à propos de la construction maghrébine qui bute sur l’affaire du Sahara occidental, dans laquelle le rôle ambigu de la France a été souligné, Xavier Driencourt rétorquera que la France n’a pas de soutien prononcé envers les thèses défendues par le Maroc, ajoutant qu’il n’y a pas un tropisme particulier de la France en faveur du Maroc ou en faveur de l’Algérie, la France soutien le plan de Christofer Ross, qui est celui de l’ONU. A la question de savoir si la France partage les inquiétudes de l’Algérie sur les risques de transfert d’armes à partir de l’arsenal libyen vers le terrorisme international, il répondra que la question du transfert d’armes à partir de la Libye a été sous-jacente à la rencontre internationale que vient d’abriter Alger sur le terrorisme, mais elle n’était pas au centre de cette conférence, ce que nous pouvons craindre dira-t-il, c’est que des armements circulent dans cette région, cependant, nous n’avons aucune certitude; nous comptons sur les gouvernements respectifs afin qu’ils prennent les mesures appropriées.

Il lui a également été demandé qu’elles étaient les chances pour que la visite d’Etat de Bouteflika en France interviennent avant la tenue de l’élection présidentielle française, ce à quoi il dira sans ambages « nous avons travaillé et continuons de le faire pour que cela se fasse; naturellement il appartient au Président Bouteflika d’en fixer la date ». Parlant des relations entre les deux pays, l’ambassadeur de France en Algérie dira qu’à son niveau, il ne ménage aucun effort en ce sens, toutefois, soulignera-t-il, il appartient aux opérateurs économiques de faire l’effort d’investissement en Algérie. A la question de savoir si à l’occasion de la commémoration du 50ème anniversaire de l’indépendance, la France comptait franchir un pas vers la réconciliation entre les peuples Algériens et Français, Xavier Driencourt soutiendra que cette fête est d’abord celle de l’Algérie, mais nos deux pays, grâce aux hommes de bonne volonté, et ils existent, nous sommes tous concernés, il n’y a aucun doute que cette date pourrait être le départ vers une réelle conciliation et que nos deux pays se tourneront résolument vers l’avenir. Répondant à une question relative à la résurgence de l’affaire des moines de Tibhirine, l’ambassadeur de France à Alger utilisera une parabole sur l’’énigme du temple, relative à la mort controversée de Louis XVII, ajoutant qu’il ne lui appartient pas de commenter une affaire qui est en justice.



La Légion d’honneur et les amers revers de la médaille
[La Provence, édition Étang, le 2 novembre 2011]

Entouré de nostalgiques de l’Algérie française, Jean-François Collin a officiellement reçu hier, au cimetière, la distinction lors d’une cérémonie devant la stèle des fusillés de l’OAS

J-F Collin a reçu, hier, la Légion d’honneur, des mains d’un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean".

"Si par miracle tu réussis à l’obtenir, cela rendrait fou de rage les Gavoury". C’est cet argument de son ami Jean-Pierre Carrio, président de l’Union des parachutistes de Hyères, qui a convaincu Jean-François Collin d’accepter d’engager les démarches pour obtenir la Légion d’honneur ; lui qui prétend avoir jeté à la figure des juges "ses autres décorations et son béret rouge", lui l’ardent défenseur de l’Algérie française, l’ancien conseiller municipal FN à Hyères et président de "l’Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française" (Adimad). Lui qui a obtenu, finalement, le grade de chevalier de la Légion d’honneur, pour ses états de service dans l’armée, en tant que mutilé de guerre. Cette distinction honorifique, qu’il "ne portera jamais, tant qu’un gaulliste ou un ami du FLN sera à l’Élysée",il l’a reçue officiellement, hier, des mains d’un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean", lui-même, officier de la légion d’honneur, figure de l’OAS pendant la guerre d’Algérie et exilé, un temps, en Amérique Latine pour échapper à la justice française. Dans un lieu symbolique pour l’occasion : le cimetière Laurent-Imbert où a été réinstallée la stèle en hommage aux fusillés de l’organisation de l’armée secrète (OAS).

"Triste époque"

Ils étaient nombreux, au milieu des drapeaux, des bérets rouges et de la bannière "N’oublie jamais l’Algérie" - flanquée de blasons monarchistes et d’une fleur de lys - à assister à cette cérémonie : plus de 150 personnes, rose rouge ou blanche à la main, venues saluer la mémoire de ces "soldats qui ont donné leur vie pour défendre leur sol, ces morts glorieux, comme l’a scandé Jean-Pierre Papadacci (Adimad),crachant son fiel sur la république actuelle : "Triste époque. D’une triste république, car les traîtres et les porteurs de valises sont encensés et les patriotes vilipendés, alors qu’ils ont donné leur vie pour leur patrie." Pas de Marseillaise, mais la sonnerie aux morts, et le chant des Africains repris en choeur par toute l’assemblée, après la succession de dépôts de gerbes. La Légion d’honneur ? "Une croix dédiée à tous les combattants de l’OAS fusillés par le plus grand traître de l’Histoire de France", a déclaré le récipiendaire. Jean-François Collin, qui s’est senti davantage honoré par Napoléon Bonaparte – qui a institué ce premier ordre national français en 1802 – que par le président de la République.

Jean-François Gavoury : "une provocation"

Des honneurs pour les uns, qui ont un goût d’offense pour d’autres, notamment l’un des principaux opposant à la stèle, Jean-François Gavoury, fils du commissaire central d’Alger, assassiné par l’OAS, et qualifié, hier, par Jean-Pierre Papadacci de "misérable". Pour Gavoury, ce qui s’est déroulé, hier, à Marignane est un "simulacre de cérémonie qui constitue une véritable provocationà l’égard non seulement de l’ordre mais aussi des autorités administratives et juridictionnelles." Et soulève des interrogations : "Comment admettre qu’une blessure de guerre justifie une distinction honorifique, alors que c’est cette même blessure dont le traitement au Val de Grâce a été l’occasion pour Jean-François Collin de préparer et diriger un attentat (manqué, mais meurtrier) contre Yves Le Tac ?" s’interroge Jean-François Gavoury. Quant aux déclarations du récipiendaire à l’encontre de la République, elles "justifieraient, à elles seules, la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire".

"Une insulte à la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie et à la République"

Dans un communiqué cinglant, l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis, (ANPNPA) "dénonce l’attribution de la Légion d’honneur à Jean-François Collin." Elle rappelle que "M. Collin, en qualité de président de l’Adimad, a comme objectif la réhabilitation des assassins de l’OAS qui tant en France qu’en Algérie sont responsables de nombreux attentats contre la République et ses représentants. M. Collin et son association, nostalgiques de la colonisation en Algérie, tentent d’exploiter, cultivant la haine et les rancœurs, les drames humains vécus par les Pieds Noirs et les harkis pendant la guerre d’Algérie et leur exode massif dû en grande partie aux exactions de l’OAS dans les derniers mois précédant l’indépendance. La distinction dont va bénéficier M. Collin est une insulte à la mémoire de toutes les victimes de la guerre d’Algérie, de toutes les victimes de l’OAS comme le commissaire Gavoury en Algérie, les victimes d’attentats en France, une insulte à la République elle-même ; l’ADIMAD glorifiant les auteurs de la tentative d’assassinat au Petit Clamart du Général De Gaulle alors président de la République."
Narjasse Kerboua et Julien Danielides

Un dossier complet sur cette affaire est consultable sur le site de la LDH Toulon:
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4697

mardi 1 novembre 2011

Une patate OGM résistante au Mildiou

Un groupe allemand veut commercialiser une pomme de terre OGM
LEMONDE.FR avec AFP | 31.10.11 | 16h06






Sur cette image, les pommes de terre transgéniques amflora. AFP/BASF

Une pomme terre génétiquement modifiée bientôt commercialisée en Europe ? Le groupe de chimie allemand BASF en a du moins fait la demande d'autorisation à l'Europe. Il s'agirait donc pour BASF de cultiver commercialement sa pomme de terre Fortuna.

Fortuna résiste au mildiou, un parasite très dévastateur pour les cultures de pomme de terre qui fut notamment l'une des causes de la grande famine irlandaise au XIXe siècle. Il détruit encore jusqu'à 20 % des récoltes annuelles de pommes de terre dans le monde, selon le groupe allemand qui explique être parvenu à utiliser deux gènes de résistance au mildiou prélevés sur une variété sauvage de pommes de terre sud-américaine. Cette pomme de terre est principalement destinée à l'alimentation humaine, a expliqué le groupe. Elle est dérivée des pommes de terre fontane, l'une des variétés les plus utilisées pour la fabrication des frites.

UNE INTRODUCTION SUR LE MARCHÉ "POUR 2014 OU 2015"

"L'introduction sur le marché est prévue pour 2014 ou 2015", a précisé le groupe allemand, numéro un européen de la chimie, qui a développé ces dernières années ses activités dans les organismes génétiquement modifiés. "La prochaine étape du processus d'autorisation consiste, pour l'autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA], à en tester la sécurité pour les humains, les animaux et l'environnement", ajoute-t-il.

BASF a déjà obtenu l'autorisation européenne d'une première pomme de terre OGM, amflora, pour trois usages : industriel (amidon pour la pâte à papier et engrais pour le jus), alimentation animale (la pulpe) et présence de résidus jusqu'à 0,9 % dans les produits destinés à l'alimentation humaine. BASF a également demandé l'autorisation d'amadea, une variante plus récente d'amflora.

Outre amflora, le maïs MON810 de la multinationale américaine Monsanto est le seul autre OGM cultivé à des fins commerciales en Europe.

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...