Agé de 75 ans, Hadj Habib Chenini vient de s’éteindre. Ancien fonctionnaire de l’Éducation nationale, il fut tour à tour enseignant de Lettres Arabes au lycée de Mascara avant d’en devenir censeur.
Jeune, il fera ses classes à Constantine à la médersa de Cheïkh Benbadis avant de rejoindre le lycée Franco-Musulman de Tlemcen. Selon d’anciens élèves du lycée Djamel Eddine El Afghani de Mascara, il aurait même effectué un séjour à la Zitouna de Tunis. Une fois sa scolarité aboutie, le jeune homme sera affecté en qualité d’enseignant de lettres arabes à Tlemcen; il était alors âgé de 22 ans. Entamée dès 1958, sa carrière sera interrompue juste après l’Indépendance puisqu’il fera partie du groupe qui participa activement à la mise en place du Touring Club d’Algérie aux côtés d’Ali Zazou. Mais très vite sa passion pour l’enseignement sera plus forte. C’est ainsi que 3 années après l’Indépendance, il reprendra l’enseignement au niveau du lycée Djamel Eddine El Afghani de Mascara.Féru de football et de cinéma, il lui arrivait souvent d’aller voir un film avec ses élèves. Ceci ne l’empêchait pas, le lendemain, de redevenir le maître. Ayant enseigné sous les ordres de Benyekhlef, alors proviseur du lycée de Mascara, Habib Chenini sera nommé censeur. Une fonction qu’il accomplira avec abnégation. C’est ainsi qu’il fera étalage de ses capacités managériales indéniables. À son grand regret, il finira par abandonner le tableau et la craie pour embrasser une carrière administrative et pédagogique. C’est bien naturellement qu’il gravira les échelons pour devenir une pièce maîtresse du ministère de l’Éducation nationale.
Promu dès 1974 au poste de directeur de l’Éducation, il transitera respectivement par les wilaya de Djelfa, Saïda,Tiaret, Oran, Blida et Mostaganem. Très vite, le démon de la formation reprendra le dessus. Fortement encouragé par ses collègues Dahmane Djaker et surtout Mohamed Belalia, le Sigois, il fera partie de toutes les commissions de réforme de l’Éducation nationale. Aussi bien à l’aise en Arabe qu’en Français, - marque de fabrique des lycées Franco-Musulmans -, Habib Chenini et ses défunts compagnons partageaient la même passion de l’école, au point où lui et Mohamed Belalia en étaient devenus de véritables icônes.
Ceux qui les ont côtoyés se souviennent de leurs interminables discussions sur la qualité de l’enseignement et sur le respect du maître. Rares étaient leurs divergences.
L’un et l’autre seront de véritables chevilles ouvrières de l’école fondamentale qu’ils défendirent avec acharnement. Lui sur l’enseignement des langues et Belalia sur celui des sciences naturelles dont il était un érudit. Devenu membre du Conseil supérieur de l’Éducation ainsi que de la Commission nationale chargée de la réforme, Habib Chenini leur consacrera une partie de sa retraite. Quelle ne sera sa déception, lorsque les recommandations finiront dans un tiroir d’El Mouradia. Grand admirateur de l’Emir Abdelkader, il traduira un de ses livres et fera partie du groupe qui, en 1989, créa la fondation Emir Abdelkader, aux côtés de Mohamed Bahloul, maître M’hamed Ferhat, Moulay Belhamici et Cheikh Bouamrane.
C’est également à lui que l’on doit la traduction du livre «La néominiature de Wassiti à Hachemi» qui vient d’être rééditée au titre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Quelques mois avant sa maladie, il venait d’entamer la traduction de deux autres livres qu’il ne parviendra pas à achever, la mort en ayant décidé autrement. Avec la disparition de Djaker, de Belalia et de Hadj Chenini, la grande famille de l’Éducation nationale vient de perdre, en l’espace d’une année, trois de ses plus brillants et dévoués serviteurs.
Allah yerhahoum. Si Lhabib Chenini a été mon tout nouveau et tout premier professeur d'arabe classique, en 5° (sept 1965, au lycée Djamel Eddine El Afghani de Mascara où mon père était chef cuisinier. Il m'a appris une chose qui est devenue fondamentale pour ma culture et mon développement intellectuel. Le premier jour, le premier cours, il nous demandé qui était Djamel Eddine El Afghani? Nul ne le savait bien entendu. Il nous l'a donc fait découvrir et avec lui un autre Islam, celui de la liberté de penser, de toutes les libertés, de l'égalité entre tous et surtout entre les hommes et les femmes. Bref! un Islam qui correspondait enfin à notre temps, celui des yéyés, du Chaâbi de Cheikh Hamada et d'Abdelhalim Hafed. Autre souvenir de cet homme merveilleux: En mai 68, il était censeur. il nous attendait à la sortie avec une tondeuse et le sourire et traquait tout cheveu de longueur "Beatles". L'Algérie était encore belle et pleine d'espoir encore à ce moment là. Si, pour "arabiser le pays" on avait fait confiance à des gens comme Si Lhabib au lieu d'importer des contingents de cordonniers égyptiens, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Rafik Baba-Ahmed. El Kala (TARF)
RépondreSupprimerQuoi dire de plus de ces trois géants que j'ai l'immense plaisir de côtoyer,pédagogiquement qu'amicalement.
RépondreSupprimerAvec Hadj Habib, j'ai appris l'ordre et la rigueur dans le travail, il m'a inculqué cette satisfaction du travail bien accompli.
Quant a Mohamed, scientifique dans ses raisonnements, je ne me lassais jamais de sa sympathique compagnie, il avait toujours le mot qui vous fait sourire.
Damane le gentleman ",Ould Nehari", comme on aimait sa façon de parler, unique.
Tous les trois venaient de cette belle région, dont les bons crus se trouvaient sur les tables des grands de ce monde.
Ils sont allés rejoindre :Hachelaf,Benabdi,Houidech,benkenine,guermalah,Safer,Khouidmi,El Alia,d'Arabid et Mehadji qui les avaient connus.ALLAH YERHAMHOUM.
Salut mes braves...mais ça alors toi Rafik Baba Ahmed tu a été élève de Habib Chenini, le monde est si petit...dire qu'il fut sans doute l'un de mes meilleurs amis...c'est naturellement vers lui que je me suis tourné afin de faire traduire à l'Arabe mon livre sur la néominiature....je suis très satisfait et très fier de lui avoir confié ce dossier...merci à toi Laaredj et à toi Rafik...la vie est aussi faite de surprise...et celles là en sont ...mille merci à vous deux et salut éternel à nos maitres...Dieu est enfin en bonne compagnie...mille excuses pour ce petit retard, j'étais en compagnie de Gilbert Meynier...à qui j'ai fait découvrir Nekmarya et la grotte des ouled El Frachih...166 ans après les enfumades du sinistre Pelissier...une note est en projet...bien à vous tous..Boussayar
RépondreSupprimerbonsoir! en 1968 feu chenini n'était pas encore censeur c'était Monsieur Benai qu'il l'était en 1968 et comme proviseur c'était Monsieur Boussalah en 1968 Monsieur chenini était professeur d'histoire.
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