vendredi 31 janvier 2020

Le Hirak est un moment de Rupture

Voilà onze mois que le HIRAK occupe la rue...et les esprits. Ce mouvement révolutionnaire a fait l'objet de nombreuses et parfois honteuses tentatives de récupération de la part de nombreuses mouvances. Sans aucun succès palpable. Ensuite, il fera l'objet des intimidations et autres incarcérations, avec guère plus de succès. Voilà que depuis quelques semaines, il est la cible de pseudo intellectuels en mal de vengeance sur un mouvement qui refuse toute tutelle...et qui s'obstine à ne pas désigner de représentants officiels, alors que les officieux sont légions. Ils sont dans ses rangs...et se recrutent dans toutes les couches sociales, à l'exception de l'élite...traditionnelle qui n'a pas jugé opportun de se mêler à la masse...Boukrouhn cette rachitique excroissance du ggénial Malek Bennabi dirait au Rachis...Ghachi toi meme...alors, dans le silence assourdissant de la bien pensance indigène, voilà un historien, enfant d'Aïn Béïda et Constantinois endurci, qui s'en mêle...dans un article d'une rare lucidité, Benjamin Stora donne une image apaisée et sereine d'un HIRAK flamboyant...C'est à ça aussi qu'on reconnait les véritables intellectuels et les véritables amis de l'Algérie. Moi même n'étant pas un inconditionnel de cet universitaire iconoclaste, je trouve normal que ce texte qu'il publie sous la forme d'un entretien à l'un des plus lucides journaux français, le journal La Croix, que ce texte soit repris ici sur Boussayar...où il côtoiera sans jamais les distraire, Gilbert Meynier - paix à son âme-, Olivier Le Cours Grandmaison et Mohamed Harbi...



« L’Algérie est une société du refus »
Entretien Ave Benjamin STORA
Le Hirak, le mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis onze mois, a profondément changé la société algérienne estime l’historien Benjamin Stora qui publie « Retours d’histoire, l’Algérie après Bouteflika » 

La Croix : le Hirak, le mouvement de contestation en Algérie, peut-il être qualifié de révolution ?

Benjamin Stora : Le Hirak constitue un moment de rupture. Pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, un président en exercice est contraint de quitter le pouvoir par un mouvement populaire. Des personnages clés du système, deux anciens premiers ministres, des oligarques et surtout les chefs des services de sécurité, le général Médiène dit Toufik et Athmane Tartag son successeur, ont été arrêtés et incarcérés.
Il était inimaginable, au vu de leur prestige et de la peur qu’ils inspiraient, que de tels puissants personnages finissent un jour derrière les barreaux. Toufik était si craint qu’on ne prononçait même pas son nom. Et pourtant tout ce système s’est effondré très vite à la grande surprise des manifestants.

Comment l’expliquer ?

B. S. : La France pose un regard d’immobilisme absolu sur l’Algérie. De sorte que lorsque la révolution éclate le 22 février on n’y croit pas. Combien l’ont jugée impossible, y ont vu un complot ou une manœuvre de l’appareil d’État ?
Or le mouvement était d’une extraordinaire profondeur, nourri par un mouvement social, chronique, depuis des années. Pour paraphraser la situation française, il y a eu convergence des luttes. Des millions de personnes sont sorties dans la rue, et continuent à le faire, et le président a été chassé. Si cela ne s’appelle pas une révolution, alors comment l’appeler même si le centre du pouvoir, l’armée, peut paraître identique ?

Vous soulignez la tradition révolutionnaire de l’Algérie…

B. S. : La révolution française, la révolution kémaliste, la révolution nassérienne constituent la matrice idéologique de l’Algérie. Les leaders politiques ont baigné dans un imaginaire révolutionnaire. Depuis l’indépendance, et même avant, l’histoire du pays est une succession de soulèvements, de répressions sauvages, de manifestations, de radicalités. La conquête coloniale française a été une guerre de trente ans de 1832 à 1871 avec des résistances ininterrompues ! En 1916 encore, la révolte des Aurès a été réprimée dans le sang. Non le pays n’était pas pacifié comme le croient tant de Français. L’Algérie est une société du refus.
Les Algériens n’ont pas connu l’état de droit, ni à l’époque coloniale, ni après l’indépendance. Cette conquête de l’état de droit, ancienne, ne peut exister que par des démarches de rupture. D’où cette radicalité de la société que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Mais la médaille a un revers : comment, dans cette culture révolutionnaire, installer une stabilité politique démocratique, comment accepter la pluralité ? Dès que quelqu’un manifeste un désaccord, il est qualifié de traitre, il est mis à l’index.

Onze mois après son déclenchement, le Hirak est-il un échec ou une réussite ?

B. S. : En l’espace d’un an de combat politique, ce mouvement n’a pas pu désigner de représentants ni se structurer pour apparaître comme un contre-pouvoir crédible. Pourtant c’est une réussite si l’on mesure combien il a bouleversé la société. Face à l’extrême opacité du pouvoir, le Hirak est une demande de transparence, une volonté de déchirer le rideau pour mettre à nu les réels acteurs du théâtre politique cachés derrière. La peur a disparu. La liberté de parole existe. L’armée n’a pas tiré sur la foule. Après des années d’humiliation, affublés d’un président invisible représenté par un portrait auquel on offrait des cadeaux, les Algériens ont renoué avec la fierté d’être algérien. Un seuil a été franchi sur lequel il sera très difficile de revenir en arrière.

Vous évoquez néanmoins une unanimité de façade pour le « dégagisme » qui cache de profondes fractures au sein de la société algérienne…

B. S. : Parmi les nombreuses fractures, deux me semblent déterminantes. Tout d’abord la hantise de la « congolisation », cette peur très forte de la partition de cet immense pays. Ce n’est pas un hasard si les Algériens arborent le drapeau national dans leurs manifestations, comme le ciment qui leur permet de se sentir ensemble, pour braver la peur de la dislocation du pays. Les tentations de séparatisme, de régionalisme perdurent car, il n’y a jamais eu de volonté de définir, sur la base d’une nation centralisée, le respect des minorités. Cette demande de pluralité toujours refusée s’exprime dans la révolution. Pourquoi celui qui brandit l’emblème amazigh irait-il en prison s’il revendique son « algérianité » ?
Ensuite l’énorme fracture sociale, le chômage endémique. Les jeunes si nombreux - plus de la moitié de la population a moins de 30 ans - se sentent mis à l’écart de la société. Alors qu’une classe sociale supérieure s’est fortement enrichie avec les hydrocarbures et la corruption sans se soucier de développer l’économie.

Les trois nouveaux dirigeants, le président Tebboune, le premier ministre Djerad et le chef d’état-major Chengriha ne sont-ils pas des hommes du système peu prometteurs de changement ?

B. S. : On ne peut pas se lancer dans le jeu des pronostics. À l’intérieur du sérail, de l’armée, il y a aussi des tensions. Bien malin celui qui pourrait dire ce sont toujours les mêmes hommes, rien n’a changé. Il y a un an, on était persuadé que tout continuerait à l’identique. Mais il est vrai que, si aucun contre-pouvoir s’organise, le risque de déboucher sur un système à l’égyptienne, avec une armée pleinement aux commandes, arguant de la menace aux frontières avec la Libye, le Mali et le Niger, ne peut être exclu.

Avec le commentaire de Hosni Kitouni, ; Hirakiste sincère, convaincu et convaincant :
Kitouni Hosni
On connait B. Stora, son parcours et ses prises de position, préjugés mis à part, il développe dans son analyse du HIRAK des idées très intéressantes, en tous les cas plus intéressantes que celles de nos Douteux nationaux qui faute de parrainer le HIRAK lui prédisent une fin programmée. A lire donc Stora pour ce qu'il est, un historien bon connaisseur de l'Algérie.

mardi 14 janvier 2020

L"éloge du REP


Il y a 64 ans tombait au champ d'Honneur Lyazid MOUATS...c'était le 13 janvier 1956...

Un extrait d'un ouvrage mémoriel accompagné d'une capture d'écran prise sur le site de la Légion Etrangère...où il est explicité les circonstances de la mort de Lyazid....ce douloureux épisode a fait l'objet d'un film documentaire de JP Liedo, film qui a été censuré par Khalida Toumi...et dont j'avais dénoncé les dérives de l'auteur, qui depuis, a retrouvé sa véritable nature de sioniste convaincu...puisqu'il a abandonné la nationalité Algérienne et qu'il vis actuellement en Israel où il sert souvent de guide à des pseudo intellectuels algériens...Voici un passage du livre en construction:


"Ce cruel chef de bande n’est autre que son propre oncle maternel. Ainsi, donc, plus de 50 ans après sa mort, Lyazid continue de servir de trophée à la première compagnie du 2ème Régiment d’étrangers parachutistes. Ces retrouvailles inattendues vont plonger Guellal dans une profonde méditation. La question qui lui a toujours taraudé l’esprit revient avec plus de cruauté. Sa vie durant, Guellal évitera d‘en parler. Ce traumatisme, il l’aura vécu dans sa chair. Très proche de son oncle Lyazid, le redoutable maquisard, il avait assisté à son enterrement durant le rude hiver de cette année là. Partout, la neige avait recouvert la montagne. Les routes ont été coupées à travers tout le massif montagneux. C’est sans doute pour ça que l’année 1955/56 restera l’hiver le plus froid du Nord Constantinois. Pour ramener le corps de son fils, son grand père Belkacem avait du vendre deux vaches pour soudoyer des intermédiaires afin de disposer de la dépouille de Lyazid. Et procéder à son inhumation dans le cimetière de Djenane Djemaoun. Un puissant fermier algérien de la région se proposa de servir d’intermédiaire. Tombé sur les terres de sa belle famille, non loin de la carrière de Saint Antoine, le corps avait été ramené sous bonne escorte jusqu’au village colonial. Il sera déposé dans la morgue de la caserne. Lorsqu’il parvint enfin à obtenir les permis de transfert et d’inhumation, Belkacem se rendit à la caserne du 2ème REP.
Lorsqu’il se présenta chez l’officier avec ses documents, ce dernier lui dira qu’il ne fallait pas se donner toute cette peine. C’est lui et ses soldats qui allaient se charger du transfert du corps jusqu’à la mechta de Saf-Saf, sur les hauteurs de Grand-Plage. Ce jour là, il pleuvait des cordes sur le massif de Collo, la région la plus arrosée de l’Algérie. Dans le cortège funèbre, outre une Dodge dans laquelle était posé le cercueil qu’entourait une double rangée de légionnaires, il y avait une jeep, une traction de la PRG de Philippeville avec le sanguinaire Roger Kadida et trois de ses agents. Dans la jeep du Deuxième Bureau, avaient pris place Issolah et Misery, les plus proches collaborateur d'Aussaresses. Depuis sa ferme du Béni Mélek, Roger Balestrieri était venu avec sa camionnette. A l’arrière de la Peugeot 403 grise, avaient pris place Yamina et Kahia, la sœur de Lyazid. C’est Yamina qui avait longuement négocié et obtenu cette faveur auprès de Roger. Pour rien au monde, Kahia n’aurait raté les funérailles du plus brave de ses frères. Guellal qui avait été confié à son grand père pour faire office de berger, était présent. Se faufilant entre les rangs des présents à la cérémonie funéraire, il avait perçu quelques bribes de paroles échangées entre sa mère et B’chirya, la veuve de Lyazid. Informée de la mort de son mari, elle avait bravé la montagne et la forêt sur pas moins de cinq kilomètres pour venir assister à l’enterrement de son époux. Elle a failli se faire arrêter par les soldats de la caserne de Zarzour. En fait de caserne c’est une école qui devait ouvrir à la rentrée d’octobre 1955. L’insurrection du 20 aout en avait décidé autrement."

 Aziz Mouats, Université de Mostaganem.
Le beau frère de Lyazid lors du tournage du documentaire, sur le lieu de l'embuscade où Lyazid a été tué

JP Lledo lors du tournage dans la région de Fornaka



Capture d'écran site de la Légion Etrangère

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...