mardi 17 décembre 2013

Novembre renait dans le Dahra

Encore une fois, la région du Dahra a été au rendez-vous de l’histoire en accueillant dans une grande ferveur des historiens et des historiques pour évoquer les crimes coloniaux.

Accompagné de Salah Eddine Arif, son collègue à l’université d’Evry, l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, spécialiste des massacres coloniaux, s’est rendu sur les lieux les plus symptomatiques des carnages, à savoir la grotte de Ghar El Frachih, non loin de Nekmaria. Cette visite était très attendue eu égard à la participation remarquée du jeune historien français à la restitution de ces crime abominables commis les 18 et 19 juin 1845 sur la tribu des Ouled Riah. Arrivés sur le site dont la réhabilitation est en cours, les deux universitaires, aux côtés de Senouci Ouddan de la fondation Emir Abdelkader, se sont longuement recueillis face à la grotte où gisent plus de 1500 cadavres calcinés. La visite s’est poursuivie au centre de torture de Sidi Ali et à travers le Dahra.
Les nombreuses salles de torture, la présence de maquettes grandeur nature, le bruitage mimant parfaitement les atrocités commises durant la guerre de libération ont fortement impactés les visiteurs qui eurent beaucoup de peine à maîtriser leurs émotions.
La présence sur les lieux d’un groupe d’écoliers a ajouté à la dramaturgie de la situation. La visite s’est ponctuée par la rencontre avec Bendhiba Benlhamiti, l’un des derniers survivants de l’attaque de la caserne de gendarmerie de Sidi Ali, la nuit du 1er Novembre 1954.
Là encore, le précieux récit de la préparation des militants, de la rencontre avec Benabdelmalek Ramdane, de l’ultime réunion de ce dernier avec Amar Bordji et des préparatifs de l’attaque ainsi que son déroulement ont fait grande impression sur les universitaires.
Intervenant tour à tour, Olivier Le Cour Grandmaison et Salah Eddine Arif parleront respectivement sur le code de l’indigénat et les causes économiques du colonialisme français en Algérie.
Répression
L’historien français parlera avec grande aisance de l’aspect «méthodique et administratif» des massacres commis sur la population algérienne par l’occupant depuis le 19ème siècle et qui se perpétua jusqu’à cette sanglante répression des 17 et 18 octobre 1961, au cœur même de la capitale française.
C’est avec minutie que le conférencier égrenera les massacres collectifs, les incessantes razzias, les viols, les représailles collectives commises en application de l’abject concept de «la responsabilité collective», les séquestres de biens et des terres collectives dont les tribus rebelles seront chassées et délestées. L’historien français mettra en balance les divergences entre les discours savamment entretenus de la patrie des droits humains, de l’égalité et de la fraternité et les affres du système colonial.
Sur un ton grave, Olivier Le Cour Grandmaison se demandera comment un Etat qui rend la justice au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité est parvenu à ériger ce monstrueux code de l’indigénat par lequel il parviendra à déposséder les populations autochtones de l’Algérie de leurs terres mais aussi de leurs droits humains les plus élémentaires, loin «des principes démocratiques et républicains». Il soulignera avec gravité que ce droit sera appliqué à la totalité des territoires colonisés, ajoutant que «ce code raciste sert de matrice aux lois réprimant l’entrée et le séjour des étrangers en France».
Interviendront ensuite Mohamed Ghafir et Saïd Benabdallah, deux authentiques révolutionnaires, à Paris pour le premier et dans la région de Saïda - où il affrontera les paras du sanguinaire Bigeard -, pour le second. Mettant à profit cette rencontre, Med Ghafir, alias «Moh Clichy», redoutable organisateur des manifestations du 17 octobre 61, après avoir vivement remercié les deux conférenciers pour leur engagement tenace et régulier pour faire connaître la juste cause de l’Algérie, remettra à chacun d’eux «au nom de mes compagnons de lutte» précisera-t-il, une médaille de reconnaissance.
Prenant la parole, «Moh Clichy», debout comme il le fit le 8 octobre 1958 devant le tribunal parisien qui le jugeait, déclamera la déclaration rédigée par le GPRA : «Nous déclinons la compétence des tribunaux français. Quel que soit votre verdict, nous demeurons convaincus que notre cause triomphera parce qu’elle est juste».
Une standing-ovation ponctuera cette intervention que personne n’attendait, sachant que c’est par un simple concours de circonstances qu’invité à l’ultime instant par le Professeur Arif, Med Ghafir est arrivé la veille de la manifestation.
Très critique à l’égard de l’historiographie officielle qui continue d’occulter la lutte et l’apport multiforme de la 7ème wilaya à la guerre de libération, l’orateur brandira le portrait de la jeune lycéenne Fatima Bedar, noyée dans la Seine par la police du sinistre Maurice Papon. 


vendredi 13 décembre 2013

Un séisme nommé Sellal




Intervenant depuis Aïn Témouchent, le Premier ministre est revenu 24 ans en arrière. Portant  un jugement sévère sur Mouloud Hamrouche et sur son gouvernement de réformateurs.
 ça donne un procès en règle :
« Le laxisme du gouvernement de l’époque vis-à-vis de ceux qui ont voulu porter atteinte aux constantes et aux fondements nationaux a failli mettre en péril le pays », ajoutant que « ce comportement qui avait plongé le pays dans une spirale de sang et de violence », pour ensuite inviter les Algériens à ne pas oublier cette tragédie nationale. Du meme coup, Sellal encense l’action de son mentor, soulignant que « Abdelaziz Bouteflika a mesuré plus que quiconque l’importance de l’unité nationale lorsqu’il a proposé la réconciliation nationale pour éteindre le feu de la fitna et a tracé, à travers les programmes de développement successifs, une voie pour la relance du pays au profit de la majorité du peuple ».
 Il faut souligner que ce discours d’Ain Témouchent ne relève nullement de l’improvisation, un exercice dans lequel excelle Abdelmalek Sellal. Cette déclaration est contenue dans un discours écrit puis distribué à la presse. Son auteur mesurait donc parfaitement l’intérêt et la portée de son  message à seulement 4 mois de l’élection présidentielle.
 Le Premier ministre, ne se contente plus de soutenir Bouteflika. Désormais, il s’attaque à ses propres concurrents. Il n’aura échappé à personne que l’ex chef du gouvernement Mouloud Hamrouche n’est pas de ceux qui louvoient lorsque l’appel profond du pays retentit, car lui a de qui tenir…Même si l’information n’est pas confirmée par le principal intéressé, sa candidature à la plus haute magistrature du pays ne laisse planer aucun doute. Et s’il fallait une preuve, la tempétueux Sellal vient de nous l’administrer à  partir d’Aïn Témouchent.
...rappelons qu’au départ (septembre 98) à la démission de Zéroual, Bouteflika émarge avec le "système" pour mener à terme la réconciliation d'avec les groupes islamistes ainsi que les politics de la mouvance FIS...c'était le contrat initial, consistant à faire ce que Zéroual a refusé de cautionner...mais personne n'a parlé de la contrepartie...que le système a concédé...là, moi je crois que la suite du programme c'est Bouteflika qui l'a écrite tout seul...et qu’il l'a imposée aux militaires...avec dans ses manches de sérieuses cartes que les militaires ont dû accepter sans broncher...dès le premier mandat, des actions de diversion ont été menées par "le clan présidentiel" avec des acteurs connus puisque certains sont devenus ministres et d'autres moins visibles mais tout aussi puissants...la sphère s'est alors enrichie d'une nouvelle faune chargée du partage de la manne pétrolière...et de la contamination des principaux centres de décisions...arrive 2004, le Général Med Lamari, appuyé sur Khaled Nezzar, entame une approche avec comme fer de lance Ali Benflis...avec les résultats que l'on sait: Benflis laminé et Lamari destitué après l'affront subit devant témoins lors de l’accueil d'Alliot-Marie (ministre française de la défense) par Yazid Zerhouni...en sa qualité de ministre de l'intérieur...c'est ça la force de Bouteflika! il tient des cartes "maitresses", mais ce sont les termes du deal de 98 qui ont été revisés sans que l'autre partie ne parvienne à imposer une autre alternative...donc nous sommes bien obligés de conclure que même malade et amoindris, Bouteflika a eut l'intelligence de jalonner voire de "miner le territoire"...obligeant les uns et les autres à se tenir à carreaux...d'où cette insoutenable incertitude qui fait de notre pays, un berceau des illusions perdues...Sellal vient de nous en administrer la preuve…mais ne gâchons pas cet instant de rare félicité par lequel, par la voie la plus audible du moment, on apprend que non seulement Mouloud Hamrouche continue de faire peur mais qu’en plus il est candidat…les bouffons ont cette particularité de faire rire, mais également de ne dire que des vérités…alors apprécions ces instants à leur juste valeur…un séisme vient encore une fois de frapper à Aïn Témouchent, attendons la fulgurante réplique à Alger…

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...