lundi 30 novembre 2015

L'Autre Ami Brésilien de Salima

 


Vous êtes géniale Salima, oui GÉNIALE...depuis que je vous connais, vous m'avez ouvert une véritable boite de Pandore...j'étais en train de réécouter notre premier enregistrement...et je tombe sur ce nom "Arraes" que vous citez en compagnie de feu Ssi Belhadj, arrivant le 16 juin 1965...à Alger...tout juste 3 jours avant le "renversement révolutionnaire"...je vais sur la toile et je tape ce nom...je reçois une longue série d'article en Portuguais...que je fais traduire par Google...et un seul article en français, celui de Nacer Mehal...qui fait une longue et très belle oraison funèbre à Miguel Arraes...je reprend son article que je mets sur mon mur spécial intitulé "Portraits Patriotiques"...et m'empresse de l'ajouter à mon dossier sur vous et Ssi Belhadj...voilà 2 jours, je vais assister aux funérailles de Ikhlass, la fille de mon ami Mohamed Bahloul...et je retrouve, venu spécialement d'Alger, Nacer Mehal...notre valeureux journaliste de l'APS, qui fut longtemps chef du bureau de Washington, après celui de Dakar, amis de Senghor, d'Amilcar Cabral, de Sékou Touré, de Mandela, de Cheikh Anta Diop...une grosse mémoire de l'Algérie révolutionnaire...et je le remercie d'avoir éclairé ma lanterne tout en lui annonçant que j'avais publié son article...en gardant bien entendu le nom de son auteur...déontologie oblige...Nacer a été aussi ministre de Bouteflika...il connait bien les arcanes de la république algérienne...puisqu'il était l'un des chefs de file de la diplomatie parallèle...je vous envoie ce papier et vous demande de dire quelques mots sur cette fabuleuse affaire que vous etes la seule à connaitre dans ses moindres détails, vous pensez bien qu'elle figurera en bonne place dans l'ouvrage que je vous consacre, car elle est symptomatique de vos engagements vous et votre défunt Moudjahid et époux, feu Ssi Belhadj...celui à qui je dois tout...

Voici le document rédigé par Nacer Mehal, en hommage à cet opposant Brésilien qui a été sauvé des mains de ses tortionnaires par l'ambassadeur d'Algérie à Rio de Janeiro...
 
Miguel Arraes, opposant brésilien au régime dictatorial, vécut à Alger de 1965 à 1979. Il retourna dans son pays au bénéficie de l'amnistie et continua son combat à la tête du Parti socialiste brésilien. Il est mort au mois d'août 2005.
Dans les tourments qui furent ceux du Brésil, ceux aussi des années 1960-1970, où le romantisme révolutionnaire guidait les consciences du Tiers-Monde et les « damnés de la terre », selon Frantz Fanon, dans ce tumulte où la dignité tenait lieu de rang absolu, Miguel apportait sa touche, sa réflexion et sa profondeur d'analyse. Loin d'être un excité, il fournissait dans les discussions, ô combien multiples, la voie de la raison et le poids de l'expérience. Sa sensibilité aux problèmes du monde, aux affres du sous-développement, son combat pour les valeurs de la démocratie ont fait de lui dans « Alger des idées et du combat libérateur », cette « Mecque des révolutionnaires », selon Amilcar CabraI, l'homme dont on écoutait religieusement les conseils ou les avis avec cette voie rocailleuse et cette cigarette pendante qui faisait son atypisme dans le bruit des débats. Miguel avait aussi cette pudeur et cette humilité qui impressionnaient ses amis. Il ne s'est jamais départi de ces qualités-là qui faisaient de lui le militant soucieux que venaient visiter tous les leaders de la lutte anticolonialiste de passage à Alger, principalement ceux des ex-colonies portugaises.Mais Miguel au-delà de ce devoir militant n'avait de cesse que de travailler pour le retour du Brésil dans la normalité démocratique. Dans ses veines, dans l'exil difficile, même s'il fut amical et affectif, la passion du Brésil circulait chaque jour et chaque minute. Il se voulait à l'écoute de son peuple, anxieux parfois, mais déterminé toujours. Il diffusait la grandeur. Le recevant à Alger le 1er Novembre 1984 au 30e anniversaire de la révolution algérienne et où il était l'invité d'honneur, Miguel ne s'est pas départi de ses espérances et du combat pour un monde meilleur. Il adorait les échanges fructueux ; il discutait durant ce séjour et longuement avec maître Vergès, l'infatigable avocat des causes justes ; avec également le professeur Cheikh Anta Diop, opposant sénégalais à l'époque et mondialement connu dans l'anthropologie pour sa découverte du « Carbone 14 ». Tout tournait sur le monde de demain, sur les inégalités, sur les souffrances et sur la décolonisation. Avec ce credo que l'on ne peut détruire et qui s'inspirait de la fameuse phrase du « Che », du Guevara de la lutte anti-impérialiste : « On peut tout nous reprocher sauf de notre obligation d'être aux côtés des opprimés. » Brièvement conçu, cet hommage se veut modeste contribution au « devoir du souvenir » à l'égard de Miguel, l'homme dont le cœur était dessiné à l'image du tracé des frontières du Brésil, un homme qui fut soutenu dans ce dur combat par une femme d'exception, son angélique épouse qui mérite toute la reconnaissance de la terre pour son rôle, sa discrétion et son aura. Tous les deux ont laissé ici à Alger un panthéon d'estime, de reconnaissance et d'amitié. Gloire à toi, Miguel, les justes ne meurent jamais.
Nacer Mehal

jeudi 26 novembre 2015

De Peshawar à Nekmaria




 Après une semaine bien chargée et très mal récompensée…mais c’est le métier qui le veux…pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir démérité…mais c’est aussi ça la nature humaine, frasque et déconcertante…donc j’allais vers un longue matinée…à ne rien faire…puis j’appelle Senouci Ouddan qui ne s’y attendait pas le moins du monde…c’est la moindre des choses que de faire de belles surprises aux amis, surtout les plus rares et les plus chers parce que les plus fidèles…j’avais réellement besoin de ressourcement après quelques anicroches…auxquelles je me croyais bien naïvement indignes…que faire contre la nature humaine, contre les inimitiés, les arguties, les jalousies et la légèreté…comme je ne suis pas habitués aux louanges, je m’étais fais à l’idée que je pouvais prétendre non pas à une immunité mais au moins à un peu d’indulgence…en attendant un bon procès…rien de tout ça, en guise de cerise on a fait mon procès et prononcé un injuste verdict…le tout par contumace…vous pouvez me croire, même sous ma carapace de capricorne qui en a avalé des couleuvres, ça fait très mal d’être mal jugé et d’être condamné sans aucune forme de recours…
C’est dans cet état d’esprit très chancelant que j’appelle Senouci qui n’attendait que ça ! Lui aussi avais hésité à m’appeler, de peur que mon agenda ne lui offre aucune chance…Il m’apprends que notre ami commun Hadj Mohamed Tahar voulait visiter la grotte de Nekmaria avec Ikbal, venu du lointain Pakistan…en passant par l’Andalousie…je retrouve le sourire et la joie qui l’anime…nous voilà sur la route du Dahra…le ciel qui a eut la très bonne idée de s’habiller en turquoise est resplendissant. Un léger vent d’Ouest, à peine perceptible pousse une houle d’un blanc écarlate vers les rivages ocres et vert pistache de Chaïbia…Après la foret de Chouachi que des blessures noires défigurent de temps à autre, nous abordons la descente vers Sidi Ali que nous contournons par le sud en direction de Naïmia…une bourgade bien fertile où coulent plusieurs sources, ce qui lui donne une fertilité étonnante à plus de 300 mètres d’altitude. Puis les ravines se font plus abruptes et plus profondes. Ici l’érosion est maitresse des lieux. Avec une pluviométrie généreuse et des sols marneux à l’extrême, seuls les rares affleurements rocheux résistent à la nature.
Ça donne ces sillons de dinosaures que seul le ruissellement de l’eau de pluie cisèle sans compter. A ma droite, assis sur la banquette arrière – et oui il m’arrive aussi de ne pas conduire- Ikbal avale ces paysages qui lui rappelle Peshawar, son pays natal. Ce qui me donne l’occasion, en lui montrant les écoles et les fermes éventrées durant la décennie rouge, de lui dire cette autre similitude du salafisme destructeur qui a endeuillé tant de familles. A quelques encablures de la grotte de Ghar El Frachih, je lui fais un bref rappel de la résistance des populations et tribus du Dahra durant l’invasion coloniale française. Je parle du traité de Tanger, qui fit suite à la débâcle marocaine de l’oued Isly et qui obligea l’Emir Abdelkader à mettre en sourdine le Djihad ; ce qui incité alors le jeune Bou Maza à soulever le Dahra…L’armée d’occupation qui croyait avoir définitivement maté la résistance populaire fera le choix des massacres généralisées, commettant pas moins de 4 enfumades sur les tribus du Dahra.
Grande émotion à l’intérieur de la grotte où dorment de leur profond sommeil éternel, plus de 1500 Ouled Riah – en réalité, sur les 1500 enfumés, 600 ont été retirés de la grotte puis ensevelis dans une fosse commune, par des soldats du Makhzen. Hadj Tahar est le dernier à sortir, il a tenu à réciter la « Fatiha » en toute discrétion. Face à la caméra, il dira que « ce sont les morts qui nous enseignent notre histoire et nous continuons à apprendre d’eux »…retour à travers le sentier de Dadès qui rejoint la RN11 en haut de Oued Romane, non loin du cimetière de Ouled Baroudi. Après nous être arrêté pour une pause déjeuner à Sidi Lakhdar en compagnie de Hamoudi Mohamed et de Miloud Kadi, nous reprenons le chemin de Mostaganem…presque réconciliés avec nous même et avec notre Histoire…

samedi 14 novembre 2015

Horreur contre paix intérieure



Face à l’horreur, face aux massacres sans discernement, face à la folie islamiste intégriste soutenue, encouragée financée et téléguidée par des « pays amis » comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, il y a naturellement la désolation, la tristesse et la compassion à l’égard du peuple français, meurtris dans sa chair…il y a aussi cette révolte qui sourde à l’encontre de ces interventions contradictoires sur des terrains de guerre dans laquelle la France s’est laissée entrainer, parfois par pur mercantilisme politique, par soucis de surenchère et souvent par suivisme…sinon, comment expliquer ces liens, ces embrassades, ces accolades, à l’ombre de contrats juteux et d’accointances hasardeuses avec ceux qui nourrissent et alimentent l’hydre islamiste ?
Combattre le terrorisme islamiste c’est attaquer ses origines, ses prolongements et ses soubassements…ses embranchements idéologiques et ses ramifications autant en France qu’en Afrique et au Moyen Orient. Comment ne pas se poser la question du choix de la France et du peuple français comme cible privilégiée ? Qu’a fait la France pour mériter ce statut sanglant et couteux ? Que peut et que doit faire la France pour se mettre à l’abri de ce bellicisme mortifère grandissant?
Par respect au deuil qui frappe des milliers de familles, de toutes confessions et de toutes couleurs, les couleurs du peuple de France, il n’est pas indiqué de faire le moindre procès…cependant, il y a des pistes que l’on ne peut évacuer et qui méritent toutes les attentions de la part des dirigeants actuels de la France. La première est celle de l’humilité, ça consiste à cesser d’afficher cette arrogance à l’égard d’un phénomène profond  qui traverse la société depuis au moins deux siècles, celui du rapport à l’Islam et aux Musulmans. Il y a aussi ce rééquilibrage vis-à-vis de la question Israélo Palestinienne, question qu’il faudra inéluctablement détacher du complexe de la déportation et de la Shoah qui plombent la société française depuis Vichy et ses lois stupides et scélérates.Enfin, quel qu'en soit les intérêts économiques immédiats, il n'est pas sain de continuer à commercer avec des dictatures dont les implications dans l'entretien de la nébuleuse islamiste radicale sont connus de tous...la paix et la sécurité des français, dont un grand nombre est à la fois notre ami, notre cousin et notre frère, n'a pas de prix...donc de grâce messieurs les décideurs, rejoignez vite le camp du bon sens, la paix intérieure est ce prix...

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...