Je venais à peine de publier un article sur "les Ratages patriotiques" que je découvre cette lettre à coeur ouvert de Hosni Kitouni...en réponse à l'appel à la désertion d'Amira Bouraoui, le coqueluche de réseaux sociaux indigènes...Cette contribution de mon ami et collègue Hosni Kitouni remet toutes les pendules à l'heure...s'il faut lutter c'est ici et en toute responsabilité...et nulle part ailleurs...
c'est aussi ça la flamme de Novembre...
Kitouni Hosni
Chère Amira Bouraoui, laissez moi vous conter une autre histoire un peu différente de la vôtre. J'avais 5 ans, mon père était tailleur de profession, il possédait deux magasins l'un à Skikda l'autre à Constantine. C'était un homme respecté, diplômé de l'école de Paris en haute couture. Il gagnait très bien sa vie, avait une famille de quatre enfants. J'étais son aîné. Son fils aimant. Un jour il disparaît. Je n'ai rien compris sur le moment, ma mère n'a voulu rien me dire. Du jour au lendemain les deux magasins sont fermés et nous nous retrouvons sans le sou pour vivre. C'est alors que commence l'enfer au quotidien: la police tous les jours, l'armée sur le toit de notre maison toutes les nuits,ils cherchaient père. Les interrogatoires, les convocations au commissariat. Ma mère en larmes, désespérée ne sachant que faire. C'est ainsi que j'appris que mon père a rejoint le maquis. En 1957, le 19 octobre exactement en sortant de l'école j'ai aperçu la photo de mon père sur le journal la Dépêche de Constantine.On y lisait qu'il a été tué aux abords de la ville. Je rentre à la maison où je trouve mère en train de laver le linge dans la cours. Je lui annonce alors que mon père est mort. C'est moi qui lui apprend la tragédie survenue. C'est ainsi que nous sommes définitivement devenus orphelins.Une mère analphabète, qui n'avait aucun membre de sa famille vivant. Ce sacrifice , le plus grand qui soit , le don de la vie, Père l'a fait en abandonnant carrière et famille. Et que dire de Benboulaid, BenMhidi et de tant d'autres. "Il n'est jamais rien donné à l'homme, ni sa force ni sa faiblesse", dit le poète.
Certes les temps sont durs , mais c'est parce qu'ils sont durs que le combat mérite d'être mené. Oui comme vous, je suis envahi par le désespoir, mais en regardant au loin le combat de nos aînés, je me dis que rien n'est impossible. Ils sont grands parce qu'ils ont accompli une grande chose. Le plus magnifique exemple est à cet égard Belouazdad, c'est la figure la plus emblématique du sacrifice et de l'engagement, son visage illumine le ciel de l'Algérie, tuberculeux, démuni il a mené le combat militant jusqu’au dernier souffle. Que vaut notre sacrifice auprès du sien. Ce sont ces visages qui doivent nous servir d'exemple. C'est pour poursuivre leur combat et sauver leur idéal qu'il faut maintenir la flamme allumée. Les larmes , elle sont belles quand elles envahissent le visage d'une femme courageuse. Vous êtes une femme courage et ils sont très nombreux à vous aimer. En toute amitié voici une photo de cet enfant dont je vous parlais, il est là avec son père , une dernière fois réunis.
c'est aussi ça la flamme de Novembre...
Kitouni Hosni
Chère Amira Bouraoui, laissez moi vous conter une autre histoire un peu différente de la vôtre. J'avais 5 ans, mon père était tailleur de profession, il possédait deux magasins l'un à Skikda l'autre à Constantine. C'était un homme respecté, diplômé de l'école de Paris en haute couture. Il gagnait très bien sa vie, avait une famille de quatre enfants. J'étais son aîné. Son fils aimant. Un jour il disparaît. Je n'ai rien compris sur le moment, ma mère n'a voulu rien me dire. Du jour au lendemain les deux magasins sont fermés et nous nous retrouvons sans le sou pour vivre. C'est alors que commence l'enfer au quotidien: la police tous les jours, l'armée sur le toit de notre maison toutes les nuits,ils cherchaient père. Les interrogatoires, les convocations au commissariat. Ma mère en larmes, désespérée ne sachant que faire. C'est ainsi que j'appris que mon père a rejoint le maquis. En 1957, le 19 octobre exactement en sortant de l'école j'ai aperçu la photo de mon père sur le journal la Dépêche de Constantine.On y lisait qu'il a été tué aux abords de la ville. Je rentre à la maison où je trouve mère en train de laver le linge dans la cours. Je lui annonce alors que mon père est mort. C'est moi qui lui apprend la tragédie survenue. C'est ainsi que nous sommes définitivement devenus orphelins.Une mère analphabète, qui n'avait aucun membre de sa famille vivant. Ce sacrifice , le plus grand qui soit , le don de la vie, Père l'a fait en abandonnant carrière et famille. Et que dire de Benboulaid, BenMhidi et de tant d'autres. "Il n'est jamais rien donné à l'homme, ni sa force ni sa faiblesse", dit le poète.
Certes les temps sont durs , mais c'est parce qu'ils sont durs que le combat mérite d'être mené. Oui comme vous, je suis envahi par le désespoir, mais en regardant au loin le combat de nos aînés, je me dis que rien n'est impossible. Ils sont grands parce qu'ils ont accompli une grande chose. Le plus magnifique exemple est à cet égard Belouazdad, c'est la figure la plus emblématique du sacrifice et de l'engagement, son visage illumine le ciel de l'Algérie, tuberculeux, démuni il a mené le combat militant jusqu’au dernier souffle. Que vaut notre sacrifice auprès du sien. Ce sont ces visages qui doivent nous servir d'exemple. C'est pour poursuivre leur combat et sauver leur idéal qu'il faut maintenir la flamme allumée. Les larmes , elle sont belles quand elles envahissent le visage d'une femme courageuse. Vous êtes une femme courage et ils sont très nombreux à vous aimer. En toute amitié voici une photo de cet enfant dont je vous parlais, il est là avec son père , une dernière fois réunis.
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