dimanche 26 novembre 2017

Brahim Hasnaoui, un Fellah en béton





Les ancrages terriens



Lorsqu’au milieu des années quatre vingt, l’entreprise de BTPH de Brahim Hasnaoui investit la sphère de l’agriculture, la première réflexion qui a traversé le pays d’Est en Ouest - puis très vite Nord-Sud-, était de savoir ce que venait faire un entrepreneur en travaux publics et construction dans un domaine aussi éloigné des « ses compétences » que le segment de l’agriculture. Ce fut réellement à la fois une levée de boucliers et une avalanche de reproches. Pourtant, après plus de dix années d’abnégation et d’efforts, dans un pays où le secteur public avait droit à tout et celui privé à rien, il fallait être de bien mauvaise fois pour ne pas reconnaitre alors à Brahim Hasnaoui quelques mérites. Lorsque que nous lui posons la question, Brahim Hasnaoui ne l’élude pas. Il dit sans ambages que très jeune il voyait les immenses et soutenus efforts que son père accomplissait sur les maigres terres familiales pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Lorsqu’il nait à la fin des années quarante, Brahim Hasnaoui est déjà le cadet de Okacha. Chez la plupart des familles, dans chaque petite ferme, il y a toujours des travaux à faire et les deux garçons vont très vite apprendre à s’occuper du bétail et des oiseaux de basse-cours. Sur ces terres à céréales, le gros du travail consiste à labourer à l’automne et à moissonner à l’été. Mais durant les rudes hivers, il faut assumer. C'est-à-dire entretenir le petit cheptel familial d’où on tire sa principale substance, à savoir le précieux lait qui sert avec les céréales comme aliments de base. Les œufs sont fournis par une pléthorique basse-cour où les poules pondeuses se partagent l’espace avec des oies, des dindes et des canards. Pour les enfants, il y a surtout l’école communale qui se trouve au village. Pour ses parents, il ne fallait sous aucun prétexte rater l’enseignement. Partagés entre les travaux quotidiens à la ferme et l’école, Brahim et Okacha n’auront aucun répit, d’autant que le père qui n’avait pas eut la chance d’aller à l’école, ne voulait sous aucun prétexte que ses enfants en fassent de même. Il était prêt à se sacrifier pour que les fringants écoliers ne manquent de rien. Et surtout pour qu’ils réussissent dans leurs études. Pourtant, les maraichers que le père produisait sur les quelques arpents de terre loués à un fellah, ne permettaient pas à la nombreuse famille de vivre. Pas même dans une toute relative opulence. Là encore, les témoignages recueillis, y compris auprès de Hadj Brahim Hasnaoui, sont implacables. Ce n’est pas tout à fait la misère, mais elle n’est pas bien loin.  Traversée par l’oued Mekkera qui prends ses sources quelques encablures en aval, la bourgade de Sidi Ali Benyoub possède déjà une tres belle école à l’architecture imposante. Meme s’il porte aujourd’hui le nom d’un Saint Marabout de la région, le village de Chanzy est alors partagé entre les deux communautés. Celle des nantis, tous descendants de colons et celles des autochtones. La rue principale qui traverse le village sur toute sa longueur est parallèle au lit de l’oued dont elle occupe la rive droite. Un pont relie le village à l’opulente plaine de Sidi Belabbès. Mis à part l’école communale, l’église et la mairie, rien ne différencie ce village des autres agglomérations si ce n’est cette rivière qui lui apporte durant une bonne partie de l’année une eau précieuse. Grace à de rudimentaires systèmes de captage, cette eau est convoyée parcimonieusement vers les terres où elle permet l’entretien d’une multitude de petites parcelles que des mais expertes en auront extirpés la pierraille. L’eau, la pierre, la terre et la sueur sont les quatre piliers sur lesquels repose la vie des hommes. Ce sont ce quatre éléments qui façonnent la vie de habitants du village. Lorsqu’il nait ici, Brahim Hasnaoui comprend très vite que c’est cette quadrature qui guidera sa vie. Il sait que face à ces constantes, il n’aura que deux voies de salut, s’y soumettre et perpétuer la tradition ou chercher à les modeler. Non pas pour Et pour ça il lui faudra faire montre d’ingéniosités. Le garçon n’en manque pas.

Extraits d'un ouvrage à paraitre...Aziz Mouats

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