samedi 14 juillet 2012

Un colonisé au Carrefour du cinquantenaire

  Une chronique de mon amie Farida Tilikete, censurée par le Carrefour d'Algérie, un quotidien national, privé, paraissant à Oran et prenant ses sources à Mesra, non loin d'Aboukir...Oui ...Oui je dis bien Aboukir...du nom de la bataille menée par Napoléon durant sa fébrile conquête de l'Egypte...nom qui fut donné à la petite bourgade de Mesra par l'administration coloniale...qui fut effacé par l'indépendance de 62 et que le propriétaire du Carrefour a réintroduit sur le fronton de sa grosse maison, construite sur nos terre, celles irriguées à jamais par le sang de nos martyrs...Car en plus de se servir de notre histoire pour remuer le couteau là où ça fait toujours mal, ce sénateur qui se fait servir une pension de pacha par notre trésor public ne trouve pas mieux que d'insulter notre mémoire...en inscrivant en lettre latine le nom d'une bataille que Napoléon avait jadis remporté sur les descendants de nos Koutamas d'Egypte...que les descendants de Napoléon perpétueront en cette terre d'Algérie suite aux trahisons de nos garnisons Anatoliennes...et voilà qu'un 3/4 de sénateur, assis sur moins qu'un 3/4 de journal qui nous la rejoue avec son restaurant "Aboukir"...une insulte qu'aucune organisation d'anciens combattants, ni d'anciens patriotes, ni fils ou filles de la famille révolutionnaire n'est venue réparer...à l'abri derrière une feuille de chou putride, qui ne survivrait même pas un 3/4 de numéro sans le biberon publicitaire d'un 3/4 de président d'une moins que rien de république...qui se met à parader comme le ferait un coq sur son tas de fumier...tout juste pour ne pas déplaire à son 3/4 de maitre...J'imagine que la chroniqueuse avait déposé sa chronique bien avant le 5 juillet...date fatidique d'une indépendance chahutée...courageux au 3/4, le patron et le red-chef, voire les deux en même temps...ont tout  tenté pendant 2 semaines pour ne jamais annoncer leur sentence...courageux mais juste au 3/4, ils ont opté pour jouer le temps...s'ils avaient été intelligents à seulement 3/4 de ce qui est possible en intelligence, ils auraient certainement publié la chronique une fois les milliards des feux d'artifice complètement dilapidés...ils n'ont même pas eut ce courage...pour nous c'est ce qu'il y a de plus rassurant...nos chefs sont complètement dénués de bon sens...et il n'y a pas lieu de désespérer...ils ne sont pas prêts de changer...nous non plus...car on se dit que si avec une simple chronique on arrive à leur foutre la trouille c'est que la partie est déjà gagnée...mais eux le savent-ils?...c'est là le véritable drame du pays...car en définitive, Bouteflika lit-il le Carrefour? Assurément non, tout comme les 4/4 d'Algériens analphabètes qui l'entourent, le président au 3/4 de mandat ne lit pas la presse nationale et en tous pas le Carrefour; sinon pourquoi avoir gratifié le Monde de 9 millions d'Euros pour 16 feuillets à sa gloire? Vois-tu Farida, ce que je crains le plus, c'est que tu nous fasses le coup de ton compère Kamel Daoud...ayant été censuré, il a cédé sa place à un 3/4 de chroniqueur...le canard s'est effondré et nous avec...car votre sève nous aide à supporter ces imbéciles qui croient nous gouverner...parce que même censurée au 3/4, votre chronique fait toujours aussi mal...alors de grâce ne nous privez pas de cet élixir...Ta chronique n'est digne que de celles et ceux qui savent que le temps des médiocres est compté...
La voici dans toute sa splendeur
L’an cinquante de l’indépendance
Après cinquante ans d’indépendance officielle, un bilan objectif révèle pourtant une grande dépendance économique et une seconde, tout aussi impressionnante, culturelle. L’Algérie est indépendante mais les Algériens ne le sont pas. Un demi siècle après ce cinq juillet « originel », nous avons des milliards de réserve de change mais toujours pas d’économie et encore moins de culture. Nous n’avons rien construit, du moins, rien qui en vaille le détour. Nous n’avons rien appris de cette guerre, pire, nous avons perdu tous nos acquis, tous nos butins de guerre. Indignes enfants qui ont dilapidé l’héritage faramineux de leur Mère- patrie dans de faux projets de sociétés et de vrais projets mafieux. Résultat : l’Algérien achète encore son blé, ses pommes de terre, sa viande, sa voiture, sa chemise et même le pantalon qu’il tente de tenir bien serré avec une ceinture, de peur qu’on ne le lui enlève, encore. L’Algérien d’après 62 a bien changé. Nous ne sommes pas particulièrement nationalistes, ni particulièrement solidaires. Depuis 62, il n’Y a ni Français, ni Ottomans, ni Espagnols, ni Romains, ni, ni,…Et pourtant, l’Algérien n’aime plus son prochain depuis qu’il a appris à ne vivre qu’avec un autre Algérien. C’est comme dans un couple, les fantasmes et les rêves prénuptiaux d’une vie à deux sont vite anéantis par la réalité et la routine. La vie commune est un art dans lequel nous n’excellons guère, et ce n’est qu’un euphémisme. La nouvelle vie tant rêvée des Algériens avec les Algériens dans une Algérie libre et indépendante a été spoliée. Ce n’est pas pour être négatif, mais, c’est un constat : Notre identité n’a jamais été aussi « approximative » et notre culture n’a jamais été aussi dénigrée. A travers une simple scène de notre quotidien, toute la schizophrénie des Algériens est mise à nue : notre code linguistique hybride, et notre code vestimentaire « bâtardisé ». Nous sommes sans doute le seul pays indépendant au monde qui s’interdit de parler sa langue maternelle ! Le seul pays au monde qui a sacrifié plus d’un million de martyrs pour, au final, se renier. Nous avons troqué notre civilisation millénaire contre une pseudo alliance arabique plus « noble » semble t-il. Puis, dans la même lancée, Nous avons bradé notre Haïk blanc et notre Burnous séculaire contre des Jilbabs noirs, des Kamis courts et des barbes hirsutes, pour plaire à nos nouveaux colonisateurs. C’est triste, mais sans doute « normal », après tant de siècles de colonisations, l’Algérien a fini par développer un complexe du colonisé qui le sécurise. Au fond, tout aura été fait pour que l’Algérien ne sache ni ne puisse vivre qu’en sujet colonisé.
Farida T.

3 commentaires:

  1. Chapeau Farida!!
    Tu as su dire ce que tout Algérien sensé aurait aimé dire ! Le trop plein de fierté( souvent mal placée) nous étouffe et notre virilité légendaire nous asphyxie, mais nous continuons de parader comme des coqs déplumés...Nous savons tout, nous sommes les meilleurs, ceux à qui on ne la fait pas, on a une longueur d'avance sur tout le monde. A propos du tout importé et de la dépendance, j'ai une anecdote: en 1993 je rentrais en Algérie par la route, via l'Espagne et le Maroc; c'était le jour de l'Aid el Adha et je suis arrivé vers 22h au poste frontalier des 2 mulets (!). On était une dizaine de voitures seulement, on a poireauté jusqu'à 1h du matin, avec l'espoir de passer cette satanée douane à une heure décente...Que nenni! Après maintes tracasseries, j'arrive dans le bureau d'un gars qui veut absolument assurer mon véhicule, je refuse car ayant déjà une assurance internationale avec laquelle j'ai parcouru une trentaine de pays . Il me jauge et me lance:
    -Tu te crois plus malin que les "autres"? assieds toi dans le coin et je vais t'expliquer pourquoi ta soi-disante assurance internationale n'est pas valable!!!
    Je poiraute dans mon coin jusqu'à point d'heure, et lorsque je fus le seul être vivant (avec le quidam) à errer dans le bureau, il me demande de m'asseoir, en me criant:
    - Ici il n' y a que la SAA qui couvre en assurance,et toutes les autres assurances sont sous la houlette du lobby juif !!
    Je tombe sur le derche! Je me lève et je lui dis:
    -Je suis arrivé ignare jusque chez toi et je remercie le tout puissant de t'avoir mis sur mon chemin! J'ai appris quelque chose d'important avec toi!
    Il me lance un regard concupiscent-paternel-fier-patriotique et me dit
    -Je suis fier de t'avoir appris quelque chose!!!
    J'ai respiré un bon coup , mais je me suis retenu de lui dire:
    -Lobby juif? d'où vient ton bureau? ton stylo? ta cravate? tes chaussures? tes lunettes?ton costume?ton sucre, etc?? Mais bof, anéanti par la fatigue et la bêtise, je cède et m'en vais m'assurer comme ces moutons de panurge qui m'ont précédé...
    Habib

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    1. Alors, Habib, tu te crois plus malin que les "autres"?
      Je m'éclate la rate!

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  2. Chapeau, Aziz! sans toi, je n'aurais pas lu ce "censuré". Remerciement aussi à Farida, bien sûr.
    Sache, mon ami qu'à Hassi Mameche, la plus grande boucherie a ouvert ses portes et a été baptisée "Rivoli"
    Ah, Rivoli! C'est aussi une bataille. Non, deux. Deux batailles. La première bataille de Rivoli a eu lieu en 1263 et je la saute. Et la seconde a eu lieu les 14 et 15 janvier 1797 aux environs de Rivoli Veronese dans le nord de l'Italie, entre l'armée française et l'armée autrichienne.
    Sacré Carrefour d'Algérie!!!

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