Oui ! Ça ressemble à un groupe de musique, ça ne fait pas de bruit mais quelle vague !
Quelle souffle et à quel rythme ! Franchement pendant deux heures, les plus courtes de ma vie ! nous étions une bonne cinquantaine venus à l’invitation de Med Bahloul, au siège de son institut, en plein cœur du vieux Canastel, parce que plus loin c’est toujours la jungle. Pas très nombreux, mais sereins. Moi je ne le connaissais que de par son appartenance aux « réformateurs ». C’était largement suffisant comme argument pour se convaincre que le personnage avait de l’étoffe et des choses à dire. Il faut cependant rendre à Kasdi ce qui appartient à Merbah. C’est lui, dès sa nomination au poste de chef du gouvernement, qui fera appel à Med Ghrib. C’est la preuve que l’ancêtre du DRS savait reconnaître les compétences nationales et leur faisait appel sans rougir. Lui était en voyage à l’étranger lorsque le wali de SBA se mettra à sa recherche. C’est de l’étranger qu’il apprendra l’appel du devoir. Car jusque-là, Med Ghrib était un simple réparateur de téléviseurs sur les bords de la Mékérra. Il en produisait 100.000 par an et tous les algériens en voulaient un. En couleurs SVP. Les premiers seront écoulés grâce à l’insistante vigilance des wali ; car ce sont ces commis de l’Etat qui ont servis de commerciaux à la SONELEC ! La SONACAT avait le monopole mais la liste des heureux bénéficiaires c’était au wali à l’approuver. Vous imaginez un jeune et fringant ingénieur, qui fit un détour comme auxiliaire à l’école normale d’Oran pour y enseigner la physique à nos futures institutrices, qui se retrouve à la tête de l’une des plus grandes usines de téléviseurs du monde. Avec siège à Sidi Bel Abbès. Une technologie Américaine (echchchah fi hizb França) avec un niveau technologique similaire à celui du français Thompson ! Rien que ça !
J’arrive dans la salle Mahmoud Darwich et Med Ghrib venait à peine d’entamer sa conférence. En quittant l’hôtel MontParnasse où la sympathique Stéphanie Maurice de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, nous entretenait mes collègues et moi, du journalisme de proximité – stage organisé uniquement pour les correspondants de l’Ouest du quotidien El Watan-, j’ai dû faire un détour par la pêcherie afin de contourner les embouteillages Algérois d’Oran, - c’est la même chose, la "tchi tchi" en moins, faut pas exagérer, Oran est vraiment moins coincée qu’Alger.
A peine assis, j’ouvre grand mes oreilles et j’ai un peu de difficultés à entendre cette petite voix, presque inaudible, un débit sans aspérités, puis je me dis que c’est peut être la sono que Med loue à un jeune groupe d’ansejiens. Très rapidement, le récit se fera plus audible et le discours se transformera en un conte. Car notre électronicien, contrairement l’idée que j’en avais, ça sait aussi parler et ça sait surtout convaincre. Je découvre alors un grand orateur, sans les éclats de voix, ni les vociférations d’un Saadi ou d’un Touati. Un discours limpide, cohérent, sérieux, serein, riche en anecdotes aussi succulentes les unes que les autres, un discours responsable. Celui d’un Monsieur qui sait de quoi il parle et qui mesure la gravité de ses propos. Le long, tortueux et complexe parcours d’un ingénieur qui se transforme rapidement en chef de projet, qui forme une équipe, qui la soude, -normal pour un électronicien, ça travaille sur les électrons et tout le monde sait qu’il faut une bonne soudure grâce à un excellent amalgame à base de bon sens et de générosité- et lui fait confiance ! La recette est toute trouvée ! Hé bien non ! C’est compter sans les interférences du politique. Avec Belaid Abdeslam ça allait, un peu, tout le monde connaît ses bourdes et son entêtement, mais comme en face il y a avait le bon sens et la générosité, ça suffisait pour arrondir les bords et pour avancer. Mais à la mort de Boumediene, c’est le début de la chasse aux sorcières ! Très vite, le nouveau « Système » se rend compte que le Boumediénisme continuait à travers les cadres formés à cette époque. Ceci explique en partie la grande saignée de la décennie d’avant ! Puis l’entrée en disgrâce avec l’interruption du gouvernement Hamrouche (le 3 juin 91 ?) et l’arrivée des nouveaux « Harkis » selon l’expression de Sid Ahmed Ghozali.
Justement quel lien entre Med Ghrib et SAG ?
A priori il n’y en a point. Pourtant, lors de sa très instructive conférence, Med Ghrib, dans une des multiples digressions – c’est aussi ça la richesse de son discours- il écorchera à deux reprises celui qui fut l’inamovible PDG de Sonatrach. Une fois en parlant des allocations journalières versées aux stagiaires de Sonatrach (par Ghozali) et de Sonelec ( par Med Ghrib) lors de leur séjour aux States : 20 et 7 dollars, respectivement, mais ça vous l’aviez compris !
L’autre fois c’est à propos du transfert de technologie et de sa maitrise : Alors qu’après 6 ans de coopération américaine Sonelec est parvenue à se séparer définitivement de la main-mise américaine, dans une technologie de pointe, celle de l’électronique, tandis que Sonatrach est toujours incapable de réparer la moindre pièce sur un module GNL dont elle a eut la primauté à l’échelle mondiale.
L’autre grande différence c’est que l’un est chef de parti et l’autre chef d’orchestre. Ils ne jouent pas sur la même partition, d’où la cacophonie Iranienne de l’un et la sérénité électronique et algérienne de l’autre. Pour info, Med Ghrib est avec d’autres, dont des jeunes ansejiens, à la tête d’un bureau d’engineering de renommée mondiale.
Les habitués des chuchotements sur une (imminente?) succession - que l'on dit difficile- seraient bien inspirés de s'en rapprocher, il a un seul défaut, il est réformateur et apparemment ça ne se soigne pas.
En tout les cas j'ai gardé un très mauvais souvenir de son passage à la tête du Ministère du Travail et des Affaires Sociales avec le soi disant comparse et Chef de Cabinet Derkaoui qui est actuellement PDG de Saidal. Peut-il nous dire qu'a-t-il apporté de plus à ce Ministère? Concernant Sonelec l'on se rappelle tous à l'époque avec quelle technologie Sonelec a fonctionné. Ceux qui s'en rappellent, vous le dirons, quand on règle un canal sur le récepteur TV celui d'à côté se déréglait alors que sous d'autres cieux on était à la commande numérique. Sonelec, vous le dirons ses anciens cadres a pris un sérieux retard sur ses concurrents et depuis ne s'est pas relevée. C'est ça la technologie achetée à l'époque à coup de millions de dollars et au lieu de se taire on en fait une fiérté et on le crie sur tout les toits . Hchouma!.
RépondreSupprimerAu fait ce que j'ai omis de préciser c'est qu'à cette époque je faisais partie des privilégiés qui avait le droit de posséder un téléviseur "mutistandard" c'est à dire pal secam à commande numérique distribué sous le manteau. Monsieur Ghrib était incapable de faire fabriquer ce produit dans ses ateliers. Taisons nous c'est préférable.
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