Mieux vaut être futé que petit
Le dernier numéro du « Petit Futé » apparait comme un pamphlet contre l'Algérie. S’il contient quelques douloureuses vérités que personne ne voudra ici nier, il comporte également une attaque sournoise contre ce pays et surtout contre sa population. Par moment, le propos frise le racisme. Ces excès ne peuvent en aucune manière être tus ni tolérés. Une réponse sereine, collective et appropriée devrait remettre les choses à l’endroit. Il est évident que cette dérive du Petit Futé dessert les intérêts bien compris de l’Algérie tout en mettant en exergue les mérites supposés de ses voisins. On devrait dire que c’est de bonne guerre dans ce honteux marchandage que toute bonne morale se devrait de réprouver. Mais il est de certaines affirmations qui relèvent de la calomnie lorsqu’appliquées à tout un peuple et à ses fondamentaux. Car s’agissant des nos valeurs séculaires, il ne peut plus être permis à quiconque de se référer à des élucubrations moyenâgeuses et d’en faire une chronique du temps présent. Le glissement n’est pas que sémantique, il est cynique et sert une cause entendue, que de nombreux médias, surtout français, ne cessent de répandre afin de nuire au rapprochements humains que de nombreux Algériens, tentent avec abnégation de construire à travers le mur de la honte qu’une droite revancharde ne cesse d’ériger afin que ce pays mille fois meurtri ne parvienne jamais à reconstruire une société de tolérance, de convivialité et de bonne intelligence. Celle là même que n’ont cessé de réclamer les plus lucides enfants de cette terre. Qui se trouvent être aussi bien de substance berbère, juive, arabe, française et d’autres encore. Car par-delà les contingences religieuses et ethniques, il a toujours été possible de construire un socle commun sans lequel ce pays n’aurait aucune histoire à opposer à ses détracteurs. C’est pourquoi, cette dernière salve venimeuse d’un petit serpent sournois devrait aider à rassembler tous les enfants d’Algérie, ceux biologiques, qui sont nés sur cette terre et qui continuent de l’aimer et de s’en réclamer et ceux d’adoptions, qui la connaissent à travers son fabuleux et multiethnique peuple, dont ils ne cessent d’admirer la bravoure, la jovialité, la bienséance, l’hospitalité et la fierté. L’Algérie, ce « Cœur du Maghreb classique » selon le beau titre du très beau livre de Gilbert Meynier, n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est assiégée. Au lieu de ruer comme nous le faisons parfois sans retenue sur ce petit futé et sur ses attaques perfides, prenons l’engagement solennel que désormais tout ce qui touche à ce pays nous concerne. Faisons en sorte que plus aucun Algérien ne se sente oublié ou abandonné par son pays. C’est à partir de là que nous entamerons notre nouveau chemin vers l’opulence et vers la félicité. Faisons un effort sur nous-mêmes et sachons réparer ce que la bêtise humaine a si mal conçu. Au lieu d‘aimer individuellement l’Algérie, conjuguons nos amours et aimons là ensemble et en communion. Rendons-lui ce beau visage éclatant en lui épargnant nos paresses. A chacun de nos gestes souvenons-nous que le petit futé est à l’affut. Du statut d’ennemi public numéro un que d’aucuns lui fourbissent, faisons-en le redresseur de nos torts. Pour ce faire, un seul objectif : que chacun dans son action quotidienne partout en Algérie et à travers le monde, sache être digne et relevons le défi afin que ce petit futé se déjuge sans insultes ni contraintes. Pour conclure, un proverbe Djidjélien :
S’il t’insulte une fois, c’est pour lui, à la seconde fois c’est pour toi (idha sebbek mara yna3al bouh d’houa, idha sebbek maratayni, yna3al bouk denta ». Faisons en sorte qu’il n’y aura plus une autre fois. Nous avons dans les caisses du trésor public 286 milliards de dollars pour le faire. Il nous manque une trentaine de ministre, une cinquantaine de wali, 150 ambassadeurs, plus de 1500 maires, 30.000 universitaires, 500.000 fonctionnaires et 35 millions de citoyens ! Avec toute cette armada, ce n’est pas un petit futé qui viendra nous donner la leçon ! Nous serons trop grands pour lui ! Mais cela passe par la reconnaissance de nos travers.
Boussayar
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