Au moment où un film documentaire de fiction de 72 minutes entame ses premiers balbutiements, rendant ainsi l'hommage tant espéré au role de la plupart des Zaouïa dans la résistance à la pénétration française en Algérie, je partage avec vous un article d'une rare perspicacité signé de mon ami Mahmoud Omar Chaalal...
Du plus profond du cœur
Par
le Docteur Chaalal Mahmoud Omar
Président
de l’union nationale des zaouïas d’Algérie.
Président
de l’union mondiale du Tassaouf.
.
Les
Zaouïas d’Algérie héritières des Ribats de nos devanciers Soufis sont nées au 10ièmesiècle
de l’Hégire : correspondant au 16ième
siècle du calendrier Grégorien. Elles ont été depuis toujours des
institutions de poids, touchant à l’apprentissage du Saint Coran et de ses
sciences, notamment le Tassaouf (le Soufisme). Leur message de paix est
intégralement transmis à travers notre histoire et dépasse largement nos
frontières en faisant référence au Coran explicite et à la Sunna (tradition du
prophète Sidna Mohamed que le salut soit sur Lui). Elles nous éclairent sur le rituel de notre culte
avec conscience et sciences. Leurs voies confrériques sont l’expression de la
civilisation musulmane ; elles nous renseignent sur notre culture avec
pertinence et parfois même avec un style pittoresque ou une originalité
folklorique. Leurs références historiques ne posent aucun problème aux
partisans de ces lieux du culte qui voudraient rester raisonnables. De ces
références, je cite les plus parlantes relatives à notre prophète Sidna Mohamed
que le salut soit sur Lui, à ses compagnons, à Sidi Abdelkader Al-Djilali, à
Sidi Boumediene Chouaib, à Sidi Abderrahmane Ethaalibi des Issers (le régénérateur de la mère ses zaouïas
d’Algérie) pour ne citer que ceux-là.
Je
sais bien que mon lecteur va s’en saisir d’une encyclopédie ou des sites de
l’internet pour découvrir davantage de connaissance à ce sujet, mais je sais
aussi que cela n’est pas simple. Je ne décourage certainement pas les chercheurs
ou les internautes curieux qui trouverons du plaisir à investiguer cette
réalité ; Leur décryptage en sera généreux
même si leurs résultats seront
mal jugés par certains spécialistes de l’histoire.
Cette démarche ne me gêne en rien, mais demeure incomplète quand il
s’agit d’un sujet qui touche le cœur de notre histoire musulmane. Il faut avoir
fréquenté délicatement les Zaouïas et
leurs voies confrériques,
connu le goût du Tassaouf. Il faut au
moins savoir ce que sont leurs «
Pauvres ».
Je
pense donc qu’il est essentiel d’exprimer ultérieurement dans un récit mon bref
parcours de six décennies de faits réels liés à ces lieux de l’éducation de l’enseignement, de la
culture et de la Paix. Cette courte
période constitue pour moi la fin d’un siècle et un autre qui est né avec des
évènements en Algérie qui peuvent intéresser le monde entier.
En ce qui concerne les zaouïas en Algérie,
cette phase est une époque de grands
changements. Des sensibilités politiques et religieuses en période coloniale et
post coloniale font irruptions massives dans ces coins pour essayer de prendre
en main leurs mouvements ; et pourquoi pas ? : Se charger de
leur devenir.
La Résistance d’un peuple contre le colonialisme suivie par une guerre de libération s’achève par
notre indépendance scellée par sept années et demie de lutte et un million et
demie de martyrs.
-Un
socialisme submergé par un soviétisme a pris fin avec la chute du mur de Berlin.
-L’islamisme
qui trouve des alliés puissants dans un gouvernement fragilisé se ressaisît.
-Le
terrorisme aveugle efface tout ce que je viens de citer. Ce malin démon veut
nous subir profondément l’influence de sa peur surtout après la colère des jeunes dès 1988.
Dégagés
les uns des autres dans la forme, ces évènements sont en fait liés dans leur
fond à un lointain passé avec l’ancien monde qui veut prendre sa revanche
sur l’épanouissement de la civilisation musulmane authentique. Notre savoir-faire
sombre dans un coma profond qui dure depuis des siècles ; depuis la chute
de Grenade.
Cependant,
les zaouïas de notre pays et leurs voies confrériques qui préservent des tonnes
de manuscrits de savants fondateurs de la dynastie Mouahidine (Almohade) dont
le chef n’est autre que l’Algérien Abdelmoumen Benali. Elles accumulent des
couples de résistants et de fragiles, de réfractaires et de dociles
de classiques et de modernes qui se contentent de sauvegarder la tête de la
communauté, sur ordre de l’Emir Abdelkader qui les a chargé en plus de leurs
missions (éducatives , cultuelles , scientifiques et philanthropiques ) de
créer l’Etat –Nation de l’Algérie moderne et de le défendre.
C’est
dans cet esprit, qu’elles m’ont honoré pour les unir, malgré que cela pouvait
avoir de paradoxal avec une République Algérienne
Démocratique
et Populaire et malgré la résistance des
opposants à ces coins de la Paix.
S’affirmant
issu de l’ancienne zaouïa de Sidi Benaouda Al Chaalal qui était toute une
institution du Fiqh ( droit musulman) à l’époque de l’Emir Abdelkader, toute
une école coranique à Sougueur à l’époque du mouvement national, tout un centre
de la Révolution dans les Monts de l’Ouarsenis pendant la guerre
d’indépendance, tout un ensemble de moniteurs lorsque les enseignants français
ont déserté l’école algérienne en 1962. Je me suis établi avec fierté dans
l’Union Nationale des Zaouïas d’Algérie où ses Chouyoukh m’ont élu.
Malgré
l’humour de certains de mes confrères médecins qui me reprochent ce virage dans
le Tassaouf, j’essaie de soigner
solidement les cœurs organiques et de soutenir les cœurs purs. Un merveilleux
bien-être s’offre à mon activité
professionnelle et spirituelle.
Aujourd’hui, des relations amicales
s’établissent très solides autour de mon humble expérience ; elles
s’accroissent entre Chouyoukh, Taleb,
médecins, universitaires, simples
citoyens : monsieur ou madame, des militaires dans tous les rangs de leurs
hiérarchies, des gouverneurs et enfin mêmes des chefs de l’Etat. Ils sont
pléthores autour de moi. Tous ces gens-là, ont la nostalgie du groupe qui les
réunissait auparavant.
Tout
cela ne doit finir que par trois autres résultats essentiels : à ce qu’au
moins les Algériens se retrouvent dans la paix ; à ce que ceux qui nous
gouvernent se rendent utiles et à ce que le peuple préserve notre Etat- Nation
qui gardera éternellement ce que l’on
nomme aujourd’hui : l’Algérie.
C’est
très tôt dans la décennie noire que les Zaouïas d’Algérie commencèrent la hâte
pour la conciliation par le culte.
Cependant,
des doléances étranges viennent divulguer des fantasmes refoulés qui entravent
la concorde par le Coran sacré. Je vais
essayer de révéler certains embarras que
les zaouïas ont normalisés ou ajournés par leur crédibilité :
-
des terroristes
sortaient de leurs terriers pour exprimer de nouveau leurs slogans connus.
-
Des Salafistes revendiquaient un droit de leurs
parfaits devanciers,
-
Des associations
anarchistes chantent des hymnes variées ; on entend alors l’ariette du
futur printemps sarrasin minutieusement élaborée par les Ariens,
-
La chanson de la
femme qui veut se marier sans la bénédiction divine attribuée à ses parents.
-
Les échos erronés des Algériens convertis à la
Bonne Nouvelle de Jésus.
-
Aussi, on
enregistre le bruit des mitrailles orales contre nos vaillants moudjahidines de
la guerre de libération qui inquiètent même les âmes de nos martyrs que la
clémence divine a sacrement éternisées.
-
Çà et là traînent des restes d’un socialisme
« musulman » qui nous ont longtemps charmés et que les adeptes de la
légitimité révolutionnaire essaient de ressusciter.
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