S'il fallait une autre preuve de la cupidité des "Frères" islamiques, la voici à travers l'action généreuses du "frère" président élu de l'egypte post moubarak, sous la plume incisive de Med Halli, du Soir d'Algérie....
...Les «Frères», adeptes de Janus
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com
Au début du mois d'août dernier, l'entourage du Dr Morsi, qui venait
d'être élu président de l'Égypte, avait démenti les informations faisant
état d'une lettre amicale du «Raïs» à son homologue israélien. À ce
moment-là, seul le fantasque et tonitruant propriétaire de la chaîne Al-Faraeen,
Tewfik Okacha, avait rebondi sur le sujet. Il avait même trop rebondi
puisque la réaction de la secte a été fort vive. Quelques jours plus
tard, Al- Faraeen était fermée par les autorités, elle devait reparaître
hier après avoir purgé sa suspension, mais elle est toujours sous la
menace d'un refus de diffusion de Nilesat(1). On en serait resté là si
le sort n'avait pas décidé de confondre les menteurs, jusque sur le pas
de leur porte, comme dit la sentence. La semaine dernière, l'Égypte
envoyait un nouvel ambassadeur en Israël, muni de ses lettres de
créance, comme disent les communiqués. En fait de lettre, l'essentiel
était dans la missive personnelle adressée par le président égyptien,
Morsi, au président israélien, Shimon Pérès, une aubaine pour ceux qui
voulaient relever la température entre les deux partenaires. Du rarement
vu dans les usages protocolaires, qu'on en juge : il est question du
«cher et très grand ami», à l'adresse de Shimon Pérès, à qui il est
souhaité, ainsi qu'à son peuple entre les lignes, «bonheur et
prospérité». La lettre dégoulinant de promesses d'avenir et d'affection,
se terminant par la signature promettant une amitié fidèle de la part de
son auteur. Comme il fallait s'y attendre, les Israéliens se sont
empressés de rendre publique la lettre. Afin que les dénégations
habituelles ne viennent pas avec des explications oiseuses sur un
«nouveau complot sioniste», la lettre a été publiée par le quotidien
cairote Al-Ahram, confirmant ainsi son authenticité. Ce n'est donc pas
un hasard si le slogan le plus en vue, vendredi dernier, Place Tahrir(2),
lors de la manifestation contre les Frères musulmans, était celui-ci :
«Moubarak et Morsi, deux faces d'une même médaille.» En fait, il faut
être un militant zélé et discipliné du mouvement islamiste pour en
accepter les mouvements oscillatoires, et se prêter à ce double jeu.
Sauf à s'être converti au culte de Janus(3), ce qui serait le comble
pour un «Frère musulman», il y a tout un univers entre un mouvement qui
disait, il y a peu, «Toz» à l'Égypte, nation et État, et celui qui se
proclame «ami fidèle» de Shimon Pérès. Les contradictions ne font pas
peur aussi : au moment où Morsi s'empressait d'envoyer un ambassadeur en
Israël, avec son chaleureux message, le guide suprême de son mouvement,
Mohamed Badie, appelait au djihad en Palestine. Un appel à libérer la
Palestine précédé de la fermeture par l'Égypte des «Frères» de tous les
tunnels servant à contourner le blocus imposé par Israël à Ghaza. Les
militants du Hamas qui avaient fêté bruyamment l'arrivée au pouvoir de
leurs «Frères» égyptiens commencent à s'en mordre les doigts, et ils
comprennent qu'ils doivent s'adapter aux volte-face de leurs compagnons
idéologiques. Ce qui devrait se faire sans grandes difficultés chez une
mouvance issue de la même matrice que le parti du président Mohamed
Morsi. Aujourd'hui, tous les Palestiniens qui tiraient profit des
tunnels ou subsistaient grâce à eux commencent à regretter l'époque de
Moubarak, qui ne fermait qu'une partie des tunnels et non la totalité.
Pour mieux illustrer le jeu trouble des Frères musulmans, le quotidien
du Caire, Al-Tahrir, en appelle à l'ancien président Sadate qui avait
joué la carte islamiste, au prix de sa propre vie. Sadate raconte
comment après avoir été sortis des prisons par les révolutionnaires de
1952, les Frères musulmans se sont attachés à réaliser uniquement leurs
propres desseins. On attendait d'eux qu'ils réalisent les objectifs de
la religion, mais ils se sont attachés à poursuivre les objectifs de
commerçants de la religion. Ils ont joué le double jeu avec les
officiers libres qui leur faisaient confiance. En apparence, ils se
comportaient en alliés travaillant à réaliser des objectifs communs,
mais en secret, ils travaillaient à infiltrer les rangs des officiers et
des soldats, en leur faisant miroiter un avenir mirifique sous leur
férule. Le quotidien Al-Quds de Londres critique, de son côté,
l'initiative de Morsi, sous la plume de son directeur, le Palestinien
mortellement patriote Abdelbari Attouane. Ce dernier se demande
«pourquoi l'Égypte a mis tant de hâte à accepter cet échange
d'ambassadeur avec Israël, alors que nombre d'ambassades égyptiennes
dans le monde ne sont pas pourvues. Ça n'aurait fait aucun mal à
l'Égypte et au Président Morsi s'il avait été décidé de surseoir à
l'envoi d'ambassadeurs respectifs, un an ou deux, affirme
l'éditorialiste». Plus sévère encore, le chroniqueur Izet Qemhaoui ne
croit pas une seconde qu'il puisse y avoir une contradiction entre le
guide suprême du mouvement et le président issu de ses rangs, l'un
brandissant l'étendard du Djihad et l'autre celui de l'amitié. «En
réalité, note-t-il, il y a et il y aura toujours un grand écart entre
ledit et le non-dit chez ce groupe sunnite qui ressemble beaucoup aux
groupuscules chiites dans son fonctionnement interne. Ainsi, ils
appelaient à combattre Israël et ils n'agissent pas bien que les
frontières leur soient ouvertes. Au contraire, ils ont mis sur pied des
milices chargées d'agresser tous les opposants qui manifesteraient
contre leur pouvoir, comme lors de la journée du vendredi 12 octobre.»
Bien sûr, les «Frères» réclamaient aussi l'expulsion de l'ambassadeur
américain, puis on a vu Mohamed Badie, le guide suprême, tomber en
pâmoison devant Mme l'ambassadrice. On a entendu le même affirmer en
janvier dernier que son mouvement ne soutiendrait aucun candidat à la
présidentielle, et on sait ce qu'il est advenu. «Frères musulmans» ou
«Frères en Janus» ? Pour moi, la question est déjà tranchée.
A. H.
halliahmed@hotmail.com
A. H.
(1) Tewfik Okacha a été blanchi la semaine dernière de l'accusation
de complot contre la vie du président Morsi, mais il lui reste à
affronter les rigueurs de Nilesat qui menace de dénoncer le contrat de
diffusion de la chaîne des «Pharaons».
(2) Les anti-frères ont appelé à manifester sous le slogan «L'Égypte n'est pas une ferme» («Izba» peut désigner aussi bien une propriété agricole qu'une villégiature campagnarde), mais des animaux sauvages ont sévi Place Tahrir. Notre consœur de France 24, Sonia Dridi, a échappé de peu au viol, qui semble être devenu l'occupation favorite d'une catégorie de mâles égyptiens.
(3) Divinité romaine à une seule tête, mais avec deux faces qui incarne les changements de direction, les sens giratoires, etc.
(2) Les anti-frères ont appelé à manifester sous le slogan «L'Égypte n'est pas une ferme» («Izba» peut désigner aussi bien une propriété agricole qu'une villégiature campagnarde), mais des animaux sauvages ont sévi Place Tahrir. Notre consœur de France 24, Sonia Dridi, a échappé de peu au viol, qui semble être devenu l'occupation favorite d'une catégorie de mâles égyptiens.
(3) Divinité romaine à une seule tête, mais avec deux faces qui incarne les changements de direction, les sens giratoires, etc.
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