samedi 6 avril 2013

Les "frères" amateurs de couleuvres

S'il fallait une autre preuve de la cupidité des "Frères" islamiques, la voici à travers l'action généreuses du "frère" président élu de l'egypte post moubarak, sous la plume incisive de Med Halli, du Soir d'Algérie....
...Les «Frères», adeptes de Janus
Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com

Au début du mois d'août dernier, l'entourage du Dr Morsi, qui venait d'être élu président de l'Égypte, avait démenti les informations faisant état d'une lettre amicale du «Raïs» à son homologue israélien. À ce moment-là, seul le fantasque et tonitruant propriétaire de la chaîne Al-Faraeen, Tewfik Okacha, avait rebondi sur le sujet. Il avait même trop rebondi puisque la réaction de la secte a été fort vive. Quelques jours plus tard, Al- Faraeen était fermée par les autorités, elle devait reparaître hier après avoir purgé sa suspension, mais elle est toujours sous la menace d'un refus de diffusion de Nilesat(1). On en serait resté là si le sort n'avait pas décidé de confondre les menteurs, jusque sur le pas de leur porte, comme dit la sentence. La semaine dernière, l'Égypte envoyait un nouvel ambassadeur en Israël, muni de ses lettres de créance, comme disent les communiqués. En fait de lettre, l'essentiel était dans la missive personnelle adressée par le président égyptien, Morsi, au président israélien, Shimon Pérès, une aubaine pour ceux qui voulaient relever la température entre les deux partenaires. Du rarement vu dans les usages protocolaires, qu'on en juge : il est question du «cher et très grand ami», à l'adresse de Shimon Pérès, à qui il est souhaité, ainsi qu'à son peuple entre les lignes, «bonheur et prospérité». La lettre dégoulinant de promesses d'avenir et d'affection, se terminant par la signature promettant une amitié fidèle de la part de son auteur. Comme il fallait s'y attendre, les Israéliens se sont empressés de rendre publique la lettre. Afin que les dénégations habituelles ne viennent pas avec des explications oiseuses sur un «nouveau complot sioniste», la lettre a été publiée par le quotidien cairote Al-Ahram, confirmant ainsi son authenticité. Ce n'est donc pas un hasard si le slogan le plus en vue, vendredi dernier, Place Tahrir(2), lors de la manifestation contre les Frères musulmans, était celui-ci : «Moubarak et Morsi, deux faces d'une même médaille.» En fait, il faut être un militant zélé et discipliné du mouvement islamiste pour en accepter les mouvements oscillatoires, et se prêter à ce double jeu. Sauf à s'être converti au culte de Janus(3), ce qui serait le comble pour un «Frère musulman», il y a tout un univers entre un mouvement qui disait, il y a peu, «Toz» à l'Égypte, nation et État, et celui qui se proclame «ami fidèle» de Shimon Pérès. Les contradictions ne font pas peur aussi : au moment où Morsi s'empressait d'envoyer un ambassadeur en Israël, avec son chaleureux message, le guide suprême de son mouvement, Mohamed Badie, appelait au djihad en Palestine. Un appel à libérer la Palestine précédé de la fermeture par l'Égypte des «Frères» de tous les tunnels servant à contourner le blocus imposé par Israël à Ghaza. Les militants du Hamas qui avaient fêté bruyamment l'arrivée au pouvoir de leurs «Frères» égyptiens commencent à s'en mordre les doigts, et ils comprennent qu'ils doivent s'adapter aux volte-face de leurs compagnons idéologiques. Ce qui devrait se faire sans grandes difficultés chez une mouvance issue de la même matrice que le parti du président Mohamed Morsi. Aujourd'hui, tous les Palestiniens qui tiraient profit des tunnels ou subsistaient grâce à eux commencent à regretter l'époque de Moubarak, qui ne fermait qu'une partie des tunnels et non la totalité. Pour mieux illustrer le jeu trouble des Frères musulmans, le quotidien du Caire, Al-Tahrir, en appelle à l'ancien président Sadate qui avait joué la carte islamiste, au prix de sa propre vie. Sadate raconte comment après avoir été sortis des prisons par les révolutionnaires de 1952, les Frères musulmans se sont attachés à réaliser uniquement leurs propres desseins. On attendait d'eux qu'ils réalisent les objectifs de la religion, mais ils se sont attachés à poursuivre les objectifs de commerçants de la religion. Ils ont joué le double jeu avec les officiers libres qui leur faisaient confiance. En apparence, ils se comportaient en alliés travaillant à réaliser des objectifs communs, mais en secret, ils travaillaient à infiltrer les rangs des officiers et des soldats, en leur faisant miroiter un avenir mirifique sous leur férule. Le quotidien Al-Quds de Londres critique, de son côté, l'initiative de Morsi, sous la plume de son directeur, le Palestinien mortellement patriote Abdelbari Attouane. Ce dernier se demande «pourquoi l'Égypte a mis tant de hâte à accepter cet échange d'ambassadeur avec Israël, alors que nombre d'ambassades égyptiennes dans le monde ne sont pas pourvues. Ça n'aurait fait aucun mal à l'Égypte et au Président Morsi s'il avait été décidé de surseoir à l'envoi d'ambassadeurs respectifs, un an ou deux, affirme l'éditorialiste». Plus sévère encore, le chroniqueur Izet Qemhaoui ne croit pas une seconde qu'il puisse y avoir une contradiction entre le guide suprême du mouvement et le président issu de ses rangs, l'un brandissant l'étendard du Djihad et l'autre celui de l'amitié. «En réalité, note-t-il, il y a et il y aura toujours un grand écart entre ledit et le non-dit chez ce groupe sunnite qui ressemble beaucoup aux groupuscules chiites dans son fonctionnement interne. Ainsi, ils appelaient à combattre Israël et ils n'agissent pas bien que les frontières leur soient ouvertes. Au contraire, ils ont mis sur pied des milices chargées d'agresser tous les opposants qui manifesteraient contre leur pouvoir, comme lors de la journée du vendredi 12 octobre.» Bien sûr, les «Frères» réclamaient aussi l'expulsion de l'ambassadeur américain, puis on a vu Mohamed Badie, le guide suprême, tomber en pâmoison devant Mme l'ambassadrice. On a entendu le même affirmer en janvier dernier que son mouvement ne soutiendrait aucun candidat à la présidentielle, et on sait ce qu'il est advenu. «Frères musulmans» ou «Frères en Janus» ? Pour moi, la question est déjà tranchée.
A. H.
(1) Tewfik Okacha a été blanchi la semaine dernière de l'accusation de complot contre la vie du président Morsi, mais il lui reste à affronter les rigueurs de Nilesat qui menace de dénoncer le contrat de diffusion de la chaîne des «Pharaons».
(2) Les anti-frères ont appelé à manifester sous le slogan «L'Égypte n'est pas une ferme» («Izba» peut désigner aussi bien une propriété agricole qu'une villégiature campagnarde), mais des animaux sauvages ont sévi Place Tahrir. Notre consœur de France 24, Sonia Dridi, a échappé de peu au viol, qui semble être devenu l'occupation favorite d'une catégorie de mâles égyptiens.
(3) Divinité romaine à une seule tête, mais avec deux faces qui incarne les changements de direction, les sens giratoires, etc.

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