samedi 18 février 2012

Bon sang ne saurait mentir


Lettre ouverte à Monsieur Nicolas Sarkozy
Nancy, le 2 décembre 2011

Objet : dépôt des cendres du général Bigeard aux Invalides
Monsieur le Président de France,
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai adhéré à la pétition demandant le retrait du projet visant à déposer les cendres du général Bigeard aux Invalides. Si de toute évidence, ce général, n’a certes à un certain moment pas manqué de courage, cela ne saurait en aucune façon absoudre l’irréparable. Tout petit déjà, mon père me relatait des séances de tortures que le poète Pierre Emmanuel disait à faire pâlir les enfers ; j’en ai encore aujourd’hui le frisson. Mon père encore me répétait souvent que la torture n’humiliait et n’avilissait que celui qui la pratique ainsi que ceux qui en sont restés les témoins muets, et ce pour quelques raisons que ce soit : la fin ne justifie jamais les moyens (vérité devenue viscérale au cours du long chemin qui l’a conduit des caves de la gestapo à Dachau en passant par le Struthof).
Cela étant, les Invalides n’étant jamais que le reflet de notre histoire avec ses grandeurs et ses turpitudes, je pense en effet que les cendres du général Bigeard pourraient y être déposées dans une urne en forme de gégène afin que chacun puisse se souvenir et se construire (et cela sans repentance aussi ridicule que stérile).
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, au plus profond respect que m’inspire votre haute fonction.
Jean-François Teitgen, Nancy
fils de Paul Teitgen
secrétaire général de la préfecture d’Alger
chargé de la police générale d’août 1956 à septembre 1957
durant ce que l’on a coutume d’appeler les « Événements »
et ancien résistant.

PS : Comme mon père, je sais que si demain je tombe, mon fils sortira de l’ombre à ma place.
PS : Paul Teitgen avait courageusement démissionné de son poste de secrétaire général de la préfecture d’Alger, afin de dénonce la répression et surtout la pratique systématique de la torture et des exécutions extra judiciaires

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