samedi 25 juillet 2015

Salima, l’ombre de Belhadj



 Une rencontre avec Salima Tayebi, l'épouse du défunt ministre de l'agriculture de Boumediène est forcément extraordinaire... celle de ce 22 juillet 2015 n'a pas dérogée à la règle...ici un bref compte-rendu qui sera intégré dans un livre en chantier consacré à ce couple détonnant qui pris naissance durant la guerre de libération et qui traversera les 50 années d'indépendance avec dévouement et impertinence...

 Epuisé par un mois de jeûne qui fut aussi besogneux que fructifère, je viens de retourner de Sidi Bel Abbès…la chaleur caniculaire des berges boueuses de la Mekerra ne m’ont pas dissuadé. Accompagné du boss d’Ifriqia  Univers qui est rentré dans ma vie par effraction, nous sommes allés à la rencontre de Salima Tayebi/Dali Youcef qui revenait au bled après un séjour imposé par des soins intensifs et complexes auxquels elle ne peut accéder qu’à l’étranger. La veille, alors que je venais de lui envoyer mon petit faire-part à l’occasion de la fin du calvaire ramadanique, je reçois en retour un délicieux sms. Attentionnée comme le serait une femme intelligente, douce, belle et affectueuses, Salima qui fut ambassadrice lorsque « Nathalie » était encore dans ses langes, m’indiquait avec cette brulante et infinie sagesse qu’elles nous attendait pour la rituelle bise de l’Aïd…habituellement, ses sms étaient partagés obstinément avec « Nathalie » et nous nous arrangions alors pour y aller ensemble, moi portant les fleurs et elle le sourire…à trois, nous asseyions dans ce minuscule salon qu’encombrent de toutes parts les souvenirs ramenés de toute la planète…

Tayebi Larbi en Chine... les photos des enfants jaunies par le temps, les minuscules objets aux formes délicatement dessinées par des artisans inconnus ou illustres, qui sait ?...et ces livres entassés les uns sur les autres, attendant qu’une main frileuse vienne en tourner les pages…et ces albums photos que je feuillette avec frénésie et douceur…de peur de ne pouvoir les revoir une autre fois….de peur aussi d’en oublier une que je pourrais regretter plus tard. Et Salima avec ses beaux yeux bleus qui se démène avec finesse et dans une subtile courtoisie pour nous faire gouter ses confitures, ses gâteaux, son « thé au citron », la précision relève du sacerdoce, tant mon amie tient à nous le rappeler aussi souvent que possible….c’est aussi sa façon à elle de décliner en finesse ses origines Tlemceniennes et aussi sa grande admiration non seulement pour « Si Belhadj » ( Mohamed Belhadj Larbi Tayebi est le nom complet de l’ex commandant du front Nord qui longe la frontière Algéro Marocaine durant la guerre de libération) mais surtout de son beau père, El Hadj Benkhedda, valeureux descendant de la tribu des Mehadja…

 Un Etat Major itinérant
Aux cotés de Houari Boumediène...c’est lui qui décidera de l’installation du couple dans le pays des Béni Ameur le jour du retour triomphal au pays, tout juste après l’indépendance. 0 sa belle fille, le rude fellah de la plaine fera un cadeau très original à sa belle fille, une parcelle de terre achetée sur ses propres deniers...Salima qui venait tout juste de fêter ses noces à Rabat s’était alors arrangée pour troquer sa robe de jeune mariée contre une tenue militaire….la photo qui éternise cet instant dégage une grande fragilité….pourtant Salima n’en tire aucune vanité puisqu’elle a tenu à préciser qu’elle n’a jamais été une moudjahida…là où d’autres se seraient délecter de cette aubaine, Salima Dali Youcef, la tte frêle épouse du commandant Belhadj se démarque sans égards devant la caméra pour dire droit dans les yeux «  non, je ne suis pas une maquisarde, cette tenue c’était juste une extravagance de jeunesse » ! Pourtant, durant toutes les années de guerre, en plein cœur d’Oujda, pas bien loin du camp Kebdani, dans l’opulente villa des Dali Youcef, se trouvait les locaux de l’Etat Major Général de l’ALN. Les militaires occupant le premier étage et la famille Dali Youcef au grand complet le rez-de-chaussée. Il est vrai que pour d’évidents impératifs sécuritaires, les membres de l’EMG, Houari Boumediène en tête, ne restaient jamais à plein temps dans cette demeure si chaleureuse et si accueillante. Personne ne savait la durée de séjour, tant et si bien que les militaires et officiers transitaient chez la plupart des grandes familles algériennes vivant alors au Maroc. Celles d’Oujda plus particulièrement, à l’instar des Bouabdellah qui possédaient aussi des fermes, mais aussi chez les familles fortunées de Berkane et de Nadhor qui recevaient tour à tour les dirigeants de l’ALN…
Au siège de la SONELEC aux cotés de Zenaidi le maire de SBA de l'époque...

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