Lors de sa rencontre vendredi 15 mars avec les familles de victimes
du terrorisme au niveau de la bibliothèque communale, la présidente de l’organisation nationale des victimes du
terrorisme (ONVT), Fatima Zohra Flici a fait un bilan sans concessions et sans
détours de la politique dite de réconciliation telle que prônée par Abdelaziz
Bouteflika depuis son retour aux affaires. Tout en soulignant les retombées
indéniables sur le plan sécuritaire, l’intervenante a eut les mots les plus
durs vis-à-vis de la réconciliation et de son corollaire, la grâce amnistiante
qui aura fait la part belle aux repentis. Réunis au niveau de la bibliothèque
municipale de Sidi Ali, 50 km à l’est de Mostaganem, les représentants des
familles des victimes du terrorisme ont mis en exergue les disfonctionnements
nés de la mauvaise prise en charge des veuves et des orphelins de la décennie
rouge. Comme cette veuve d’un brigadier de police, venue spécialement de
Tiaret, à peine la quarantaine, qui a eut beaucoup de peine à s’exprimer dans
un micro pour dire combien elle continue de souffrir du peu de considération et
de la maigre pension qu’elle peine à partager entre ses trois enfants. Son
discours entrecoupé de sanglots a mis à mal et les organisateurs et les autres
représentants des victimes du terrorisme.
Lors d’un point de presse, Fatima Zohra Flici est revenue sur les
péripéties ayant abouti au soutien de son organisation à l’initiative du
président Bouteflika. Si elle ne renie pas les retombées de cette politique sur
les plans sécuritaires, elle considère que sur le plan psychologique, rien n’a
été fait pour venir atténuer un tant soit peu la douleur et les blessures des
familles endeuillées. Lorsque nous lui demandons si elle referait la même
chose, sa réponse fuse cinglante : « jamais de la vie, car en ce qui
nous concerne, nous les victimes du terrorisme, nous n‘avons jamais pardonné,
certes nous avons tourné la page, mais nous l’avons pas déchiré » !
Rappelant que pas moins de 4 chefs de gouvernement – Ali Benflis, Ahmed Ouyahia
, Abdelaziz Belkhadem et de nouveau Ouyahia- ne se sont jamais souciés de faire
aboutir un projet de loi déposé par l’ONVT afin de donner un réel statut à
cette catégorie de patriotes, ajoutant que c’est ce projet de loi qui lui a
valu d’être exclue des candidatures à l’assemblée nationale. Concernant les
remous ayant secoué l’ONVT, F. Z. Flici les attribuera à ses opposants à
l’intérieur de l’organisation envers lesquels elle usera de mots très lourds de
sens, allant jusqu’à renoncer à toute forme de pardon, « ni ici, ni là
haut, seul Dieu pourra leur pardonner ». Car ajoutera-t-elle, avec leurs
manœuvres, ces dissidents auront gravement porté atteinte à la moralité et au
bon fonctionnement de l’organisation. Comme pour confirmer ses dires, ni elle,
ni la délégation qui l’accompagnait ne se sont rendus au cimetière de
Mostaganem, là où reposent les 4 scouts victimes de l’attentat du 1er novembre 1994, au cimetière de Sidi Ali.
Parmi eux, le propre fils de Boualem Ahmed, l’ex secrétaire général de l’ONVT
et chef de file des opposants à la ligne défendue par Mme Flici.
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