Les soubresauts qui contaminent le monde paysan sont parfois porteurx de progrès. Ici, l'exemple de la coopérative d'élevage de Sétif, raconté par notre ami Hamoud Zitouni, un tout jeune cadre mis à la retraite prématurément et qui a encore de très judicieuses choses à dire. Comme par exemple cet éloge de l'élevage bovin laitier dans les hautes plaines sétifiennes...un défi? pas tant que ça! lorsque l'on voit que même dans les zones semi désertiques du nord du Sahara, les vaches Frisonnes remplacent sans ménagements les séculaires races ovines et caprines nationales, on ne peut que se féliciter que dans le milieu paysan, il y a encore des initiatives locales qui "marchent", non pas sur leur tête comme presque partout où l'Etat s'est lâchement débiné, mais sur leur convictions que sans efforts " de réflexion" et sans efforts surhumains, il est possible de faire de belles choses dans ce pays qui est toujours créditeur de la France d'une lourde et pesante cargaison de blé, d'orge et d'avoine, dont une grande partie a permis aux armées impériales de mener des guerres sous la bannière d'un paysans Corse du nom de Bonne à part...voici un papier très technique sur la vie d'une coopérative d'élevage, relique d'un système étatique pas si prédateur que ça, la preuve, ça marche comme dans un système libéral, puisque ça produit du blé, ça emprunte du "blé" et ça élève des vaches laitières venues d'ailleurs...finalement, ce pays n'est si inhospitalier que ça! mais ça, les Romains et avant eux les rois Berbères le savaient déjà...La COOPSEL de Sétif, une coopérative agricole pas comme les autres
4 mars
2013 | Hamoud Zitouni, Sétif.Info lien : http://www.setif.info/article7623.html
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Depuis leur réorganisation-privatisation réalisée en 1988 dans la
précipitation, les coopératives agricoles de services en Algérie se sont peu à
peu sous les coups essentiellement de la mauvaise gestion et l’incapacité de se
tracer des perspectives en accord avec leur mission principale que celle d’être
un soutien logistique au paysan dans son acte de production.
Désinvestissement, déficit chronique, étranglement financier, recul ou
abandon des activités, cession d’actifs sont les expressions d’un seul
mal : la faillite.
Et puis, il y a eu de nombreux cas de prédation que même l’administration ligotée par les textes ne pouvait arrêter et encore moins la faire sanctionner par la justice. Cette prédation prenait la forme de sommes astronomiques de créances irrécouvrables ou plus simplement l’accaparement-bradage de biens mobiliers ou immobiliers cédés par l’Etat à des prix symboliques aux coopératives.
La responsabilité de ce désastre incombe d’abord aux agriculteurs et leurs représentants professionnels et syndicaux qui continuent de voir la coopérative comme un bien de l’Etat prodigue (« entaa e doula, wach dakhlek ? » ou « C’est à l’Etat, de quoi te mêles-tu ?) alors que la perception du bien collectif privé a du mal à se faire place. Et puis il y a certainement la responsabilité des pouvoirs publics décideurs au niveau central qui pressés (par qui ? pourquoi ?) ont voulu se débarrasser rapidement d’un lourd fardeau, à la Ponce Pilate, sans trop anticiper sur les fâcheuses conséquences.
Et puis, il y a eu de nombreux cas de prédation que même l’administration ligotée par les textes ne pouvait arrêter et encore moins la faire sanctionner par la justice. Cette prédation prenait la forme de sommes astronomiques de créances irrécouvrables ou plus simplement l’accaparement-bradage de biens mobiliers ou immobiliers cédés par l’Etat à des prix symboliques aux coopératives.
La responsabilité de ce désastre incombe d’abord aux agriculteurs et leurs représentants professionnels et syndicaux qui continuent de voir la coopérative comme un bien de l’Etat prodigue (« entaa e doula, wach dakhlek ? » ou « C’est à l’Etat, de quoi te mêles-tu ?) alors que la perception du bien collectif privé a du mal à se faire place. Et puis il y a certainement la responsabilité des pouvoirs publics décideurs au niveau central qui pressés (par qui ? pourquoi ?) ont voulu se débarrasser rapidement d’un lourd fardeau, à la Ponce Pilate, sans trop anticiper sur les fâcheuses conséquences.
Pourtant quelques rares coopératives de services, ici et là, à travers le
pays ont su et pu résister à leur mise à mort et leur dépeçage.
C’est le cas de la coopérative de services spécialisée en élevage de la wilaya de Sétif désignée plus couramment par le vocable la COOPSEL de Sétif.
Au lendemain de son changement statutaire opéré en application du décret 88-170 du 13 septembre 1988, la COOPSSEL de Sétif, à l’instar des autres coopératives, a connu d’énormes difficultés de gestion et de financement qui l’étranglaient. Devenue structurellement déficitaire, la banque lui refusait tout crédit. Moribonde, ses jours semblaient être comptés.
C’est le cas de la coopérative de services spécialisée en élevage de la wilaya de Sétif désignée plus couramment par le vocable la COOPSEL de Sétif.
Au lendemain de son changement statutaire opéré en application du décret 88-170 du 13 septembre 1988, la COOPSSEL de Sétif, à l’instar des autres coopératives, a connu d’énormes difficultés de gestion et de financement qui l’étranglaient. Devenue structurellement déficitaire, la banque lui refusait tout crédit. Moribonde, ses jours semblaient être comptés.
Mais quelques éleveurs adhérents voyant le danger de perdre à jamais une
structure-outil économique indispensable à l’épanouissement de leur activité
professionnelle ont décidé de rappeler à la rescousse l’ancien gérant de la
coopérative en l’occurrence Mohamed El Haouès KHARCHI. Celui-ci qui l’avait
quitté en 1988, après son changement statutaire, est un technicien de l’agriculture
blanchi sous le harnais et capitalisant une longue et riche expérience de
gestionnaire avisé et de rassembleur d’hommes.
Concomitamment, ces éleveurs ont mis à contribution leurs économies personnelles pour financer la relance de l’activité de la commercialisation du son gros au profit de ses adhérents. Ce fait qui mérite d’être mis en exergue montre à quel point des professionnels tiennent à leur coopérative.
Puis ce fut la reprise de la fabrication de l’aliment du bétail. L’espoir revient et une page est en train d’être tournée par et pour la COOPSSEL de Sétif. Mais le meilleur reste à venir.
Concomitamment, ces éleveurs ont mis à contribution leurs économies personnelles pour financer la relance de l’activité de la commercialisation du son gros au profit de ses adhérents. Ce fait qui mérite d’être mis en exergue montre à quel point des professionnels tiennent à leur coopérative.
Puis ce fut la reprise de la fabrication de l’aliment du bétail. L’espoir revient et une page est en train d’être tournée par et pour la COOPSSEL de Sétif. Mais le meilleur reste à venir.
Le PNDA (Plan national de développement agricole) mis en place à partir de
2001 a été la plus grande opportunité pour la COOPSSEL pour réaliser
audacieusement une mini-laiterie. Le rôle de cette unité est de faire collecter
le lait crû de vache auprès des éleveurs, de le conditionner et le pasteuriser
dans des conditions sanitaires irréprochables et de le faire écouler sur le
marché local. En plus du conditionnement du lait crû, la laiterie dénommée
« Anfel » fabrique du beurre, de la crème fraiche et du petit lait de
très bonne qualité.
A son démarrage en 2002, la laiterie traitait quotidiennement 800 litres de lait crû. Dix ans plus tard, en fin 2012, elle en a traité pas moins de 19 millions de litres/an du précieux liquide, cet or blanc. Ce qui la place en seconde position après la laiterie industrielle Tell de Mezloug qui, elle, conditionne 22 millions de litres/an de lait cru de vache.
A son démarrage en 2002, la laiterie traitait quotidiennement 800 litres de lait crû. Dix ans plus tard, en fin 2012, elle en a traité pas moins de 19 millions de litres/an du précieux liquide, cet or blanc. Ce qui la place en seconde position après la laiterie industrielle Tell de Mezloug qui, elle, conditionne 22 millions de litres/an de lait cru de vache.
En 2010, pour financer l’approvisionnement en intrants de ses adhérents, la
COOPSSEL de Sétif a pu, fait rare à signaler dans le monde des coopératives de
notre pays, obtenir un crédit d’exploitation dit « RFIG » ou
d’accompagnement d’un montant de 23,5 millions de dinars. Devenue bancable en
honorant régulièrement le paiement de ses échéances, la désormais dynamique
coopérative obtient l’année suivante un autre crédit d’exploitation d’un
montant de 38,5 millions de DA. En 2013, la BADR lui accorde un autre crédit à
hauteur de 40 millions de DA.
Sortie de la zone du déficit chronique dans lequel elle était engluée, offrant une comptabilité saine sous contrôle d’un commissaire aux comptes, la coopérative se permet désormais d’envisager un avenir prospère. Elle réinvestit le terrain qu’elle occupait dans le temps de vaches grasses, celui qu’elle n’aurait dû jamais quitter. Elle se tourne vers ses 1200 éleveurs adhérents pour leur apporter en plus des approvisionnements et des équipements au meilleur prix des conseils et de l’assistance technique.
Une vingtaine de séances de vulgarisation sont organisées sur l’hygiène et la santé animale, le contrôle de la qualité de lait, l’alimentation rationnelle vaches laitières, les cultures fourragères. Un guide d’éleveur est édité et distribué aux éleveurs. D’autres thèmes sont en cours de préparation tel l’insémination artificielle, le planning des lactations, etc..
Sortie de la zone du déficit chronique dans lequel elle était engluée, offrant une comptabilité saine sous contrôle d’un commissaire aux comptes, la coopérative se permet désormais d’envisager un avenir prospère. Elle réinvestit le terrain qu’elle occupait dans le temps de vaches grasses, celui qu’elle n’aurait dû jamais quitter. Elle se tourne vers ses 1200 éleveurs adhérents pour leur apporter en plus des approvisionnements et des équipements au meilleur prix des conseils et de l’assistance technique.
Une vingtaine de séances de vulgarisation sont organisées sur l’hygiène et la santé animale, le contrôle de la qualité de lait, l’alimentation rationnelle vaches laitières, les cultures fourragères. Un guide d’éleveur est édité et distribué aux éleveurs. D’autres thèmes sont en cours de préparation tel l’insémination artificielle, le planning des lactations, etc..
Mais un autre projet est en train de mûrir, pour lequel le président et le
gérant de la COOPSSEL déploient leurs efforts pour le réaliser : une
ferme-école destinée à la formation pratique des jeunes éleveurs devant prendre
la relève. Elle abritera aussi une unité d’expérimentation et d’amélioration
génétique confiée au département agronomie de l’université de Sétif.
La ferme-école sera dotée d’une étable de 20 unités zootechniques composées
de diverses races les mieux adaptées au climat des hautes plaines sétifiennes
et d’une chèvrerie de 160 têtes pour la production de lait destine à la
fabrication du fromage mais surtout pour la reproduction qui servira à doter
les petits fellahs des zones de montagne de petits troupeaux de chèvres
laitières.
Respectés dans le milieu professionnel et administratif du secteur agricole, les dirigeants de la COOPSSEL exercent un rôle actif au sein du CNIL (conseil national inter professionnel du lait) et sont écoutés par les pouvoirs publics. Ils participent activement à la mise en place du projet de « pôle agroalimentaire intégré PAI- lait » de la wilaya de Sétif initié par le Ministère de l’agriculture et du développement rural avec l’appui de la Banque Mondiale la Wilaya de Sétif ayant été retenu comme Wilaya Pilote.
Respectés dans le milieu professionnel et administratif du secteur agricole, les dirigeants de la COOPSSEL exercent un rôle actif au sein du CNIL (conseil national inter professionnel du lait) et sont écoutés par les pouvoirs publics. Ils participent activement à la mise en place du projet de « pôle agroalimentaire intégré PAI- lait » de la wilaya de Sétif initié par le Ministère de l’agriculture et du développement rural avec l’appui de la Banque Mondiale la Wilaya de Sétif ayant été retenu comme Wilaya Pilote.
Tout récemment, Md El Haouès KHARCHI, l’homme qui a su ressusciter la
COOPSSEL de Sétif, a été honoré de la distinction de la FAO à l’occasion de la
journée mondiale de l’alimentation dont le thème choisi pour l’année 2012 est
« les coopératives agricoles nourrissent le monde », par Le Docteur
Rachid BENAISSA Ministre de l’agriculture et du développement rural.
Par ses résultats économiques appréciables, par sa contribution tangible au
développement de la production laitière, la COOPSSEL de Sétif prouve que le
système coopératif de notre pays n’est pas frappé congénitalement de faillite,
qu’il peut se relever et prospérer et faire prospérer ses adhérents par
l’effort, l’intelligence, la rigueur et le sacrifice. Un exemple à suivre….
Merci Aziz. Si au moins nos fellahs trouvaient qui les éveillerait.
RépondreSupprimerMerci si Aziz et félicitations pour cet intéressant article
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