samedi 2 juillet 2011

La révolte de Belahrach séduit Mosta








«Belahrach» de Sonia marquera le festival de Mostaganem

Venue en qualité d’invitée, la troupe du théâtre régional de Skikda a donné un spectacle qui marquera la mémoire des présents à cette inoubliable soirée de mi-parcours. Programmée afin de donner du répit au public ainsi qu’aux membres du jury, la pièce « Belahrach » a laissé une très forte impression, tant par la qualité du spectacle, que par les somptueux costumes et les sublimes chorégraphies. En revisitant le combat singulier de cet homme d’honneur qui souleva les tribus contre la dictature du bey de Constantine, Sonia, la réalisatrice aura fait montre d’une maitrise et surtout d’une audace dont elle est coutumière. En plus de la leçon d’héroïsme et de courage qu’elle dépoussiéra avec rigueur, grâce à un texte de Hilali Salim, la directrice du théâtre de Skikda aura aussi donné la leçon d’art dramatique qui manquait au festival de Mostaganem.
Notamment en confiant des rôles de premier plan à de jeunes acteurs et actrices qui n’en sont qu’aux balbutiements d’une carrière professionnelle qui s’annonce prometteuse. Non pas que de nombreux interprètes sont parvenus à jouer juste, mais parce que la plupart des 24 comédiens engagés dans cette pièce n’avaient aucune peine à faire montre d’un amateurisme encore vivace. Ce qui est plutôt de bon augure comme ne cessera de le répéter l’inimitable Abdallah Hamlaoui; qui na jamais oublié que l’art scénique c’est d’abord une parfaite maitrise de la voix et une non moins parfaite maitrise de l’espace scénique. Deux règles fondamentales que les comédiens de Skikda auront tenté avec fougue de respecter. Le texte et le contexte de cette révolte tribale contre l’oppression du Beylik, à l’orée du 19ème siècle ayant été parfaitement maitrisé par les concepteurs du spectacle, il ne restait aux comédiens qu’à se mouler dans les rôles respectifs afin de donner un sens au juste combat des pauvres contre un état dont la seule fonction consistait à prélever des impôts de plus en plus lourds, de plus en plus injustes. Soutenus par une musique originale, par une panoplie de costumes aussi chatoyants que variés, par une chorégraphie envoutante et un jeu d’acteurs rarement pris en défaut, la troupe Skikdie avait tout pour plaire.
Des chorégraphies sublimes
Mieux, elle enchantera le public de la salle Bleue par une occupation appropriée de l’espace. La prouesse est de taille lorsque l’on découvre qu’une partie du public était venue pour « casser » le spectacle ». Et c’est là que les comédiens auront fait montre d’une maitrise digne des grands acteurs, puisque durant plus de 30 minutes, une partie du public, sans
doute excitée par une présence policière incongrue dans un espace de culture, n’a rien épargné aux acteurs et aux spectateurs. 

Entre quolibets de mauvais gout, interpellation malsaine et cris stridents frisant le racisme, il fallait beaucoup de sang froid aux comédiens pour maintenir le spectacle. Même lorsque les vociférations de la salle dépassaient en décibels la voix des acteurs, ces derniers sont restés scotchés à leur texte et à leurs rôles. Une réelle prouesse que de nombreux acteurs et actrices chevronnés, présents parmi le public, n’ont pas hésité à souligner avec force. Dans une courte intervention, le commissaire du festival a tenu à féliciter la troupe, soulignant son « application et son apport considérable à cette 44ème édition du festival de Mostaganem »; n’hésitant pas fustiger au passage l’inélégance d’une partie du public. Assurément, ce« Belahrach » de Sonia a fait montre d’une grande capacité à voyager à travers l’Algérie – afin de faire connaître et apprécier le travail accomplis, mais également la juste révoltes des tribus du Nord Constantinois durant la régence Ottomane- et aller bien au-delà des mers porter le message d’une Algérie réconciliée avec l’art scénique et avec son histoire. Indubitablement, si Djalel Draoui, Samia Saadi, Asma Mokhnach et leurs compères ont séduit Mosta et son impitoyable public, ils ont tout pour conquérir d’autres publics sous d’autres cieux. 



Les sublimes chorégraphies que l’on doit Slimane Habib, le choix des costumes, les jeux des acteurs et un public sans concessions sont le meilleur argument pour le développement d’un théâtre national orgueilleux et fier de son passé et de son présent. La prestation de Mostaganem, malgré l’épreuve du public et du trajet est à inscrire en lettres d’or au fronton de la jeune troupe de Skikda.
Rencontré à la fin du spectacle, Hachemi Ameur, le miniaturiste a trouvé « la pièce sublime, les costumes fabuleux et le texte d'une grande sensibilité, soulignant combien cette histoire méconnue mérite d'être portée à la connaissance des jeunes générations, afin de les éclairer sur une page glorieuse de notre pays et sur une révolte populaire insoupçonnée", ajoutant « que la scène finale illustrant la bataille de Oued Z'hor par une délicieuse chorégraphie, vaut à elle seule le déplacement".




7 commentaires:

  1. je n'ai pas le privilège et le plaisir d'assister à ce spectacle. Mais le résumé de la pièce ainsi que le jeu des acteurs et l'ambiance relatées par Aziz , me plongent à l'intérieur même de la salle beue, c'est comme si j'y étais. Merci Aziz .

    RépondreSupprimer
  2. meme en étant très loin, ton coeur reste auprès de nous...mis à part le spectacle de H"mida Belaalem avec la troupe de Stidia ( et non Mosta comme rapporté par l'APS ( hélas) et la presse ( normal, ils étaient en vacances à El Mountazah aux frais du contribuable) et Bellahrach...c'était la désolation...Ghali t'en dira quelque bribe...

    RépondreSupprimer
  3. J'attends d'être à Mosta pour avoir un résumé par mon ami Ghali, car la presse a brillé par son absence pour causes multiples...........

    RépondreSupprimer
  4. Ah L'ami....la presse était en vacances à Sablettes....sur les rives du Mountazah...en train de faire bronzette le jour et brochette la nuit...les acteurs et actrices ils les croisent dans les escaliers du sous sol...au moment d'aller au râtelier...

    RépondreSupprimer
  5. C'est bien dommage ! Le press/ book de cette année sera réduit à une peau de chagrin.
    On m'a toujours appris à l'école : LE DEVOIR PASSE AVANT LE DROIT.
    Informer les lecteurs est une priorité absolue.Le farniente doit venir aprés le boulot bien fait, jamais avant,mais enfin!!!!

    RépondreSupprimer
  6. En son temps Kamel Belkacem le patron d'Algérie Actualités prenait en charge tous les frais et donnez comme instruction à ses envoyés spéciaux de réserver dans les meilleurs hôtels...de nos jours même l'ENTV exige une prise en charge totale...forcément ça crée une autre ambiance...qui ne semble déranger personne!!!après c'est Djamel qui fixe la ligne édito et qui dresse la liste des invités sur le plateau...l'ascenseur fonctionne à merveille...et tout le monde il est content...j'ai tout de même ramené une interview de Abdallah Hamlaoui...pour le livre...il manquait à la liste fixée par moi seul...

    RépondreSupprimer
  7. et donnait comme instruction...rectification...où avais-je la tête?

    RépondreSupprimer

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...