“Ce que j’ai découvert en Algérie”
Par : Tsukasa kawada
Plus on est âgé, plus le temps passe
vite. Je me souviens du paysage que j’ai vu depuis le hublot de l’avion
descendant vers la ville d’Alger il y a trois ans, comme si c’était
hier. J’ai passé une vie agréable et riche grâce à vous au cours de ces
trois dernières années. Bien qu’il y ait eu l’événement tragique de
Tiguentourine, ce fut également le moment d’éprouver la solidarité entre
nos deux peuples.
Dans cette dernière lettre, je voudrais partager avec vous ce que j’ai découvert depuis mon installation à Alger, entre autres, les trois éléments qui sont gravés dans mon esprit. D’abord, c’est la lumière. Tout le long de mon séjour, j’ai vécu avec la lumière qui ne se voit pas dans mon pays, lumière forte et puissante, qui se cache pourtant facilement à l’ombre des palmiers. J’ai souvent passé mon temps au jardin en faisant de la peinture à l’huile. Le paysage de l’Algérie me paraît si lumineux que je suis tenté d’utiliser de l’orange cadmium, du bleu cobalt et du blanc titanium pour peindre la lumière. Il est dit que les artistes de l’école impressionniste, tel Claude Monet, ont été influencés par la lumière de l’Algérie. Je m’en suis convaincu. J’ai d’ailleurs commencé à penser que le vrai acteur principal devrait être le soleil de l’Algérie dans L’Étranger de Camus.
Ensuite, c’est la terre. Une des choses que j’ai commencées à
nouveau en Algérie est l’agriculture. J’ai créé un petit potager dans un coin de mon jardin. La motivation était de cultiver les légumes qui sont nécessaires à la cuisine japonaise. Les légumes frais sont des ingrédients essentiels de la cuisine japonaise et en plus, certains ne se trouvent pas ici comme Daikon et Gobo. J’ai été étonné par la fertilité de la terre. Tous les légumes que j’ai plantés poussent très bien, parfois si vite que je n’arrive pas à les récolter avant d’être trop grands. J’ai appris qu’on appelait cette région le grenier de l’Empire romain. La terre fertile, combinée avec la lumière, pourra faire de ce pays le grenier du monde qui souffrira du manque de nourriture dans un avenir proche.
Enfin, c’est l’histoire. Je viens de publier un livre sur l’histoire des relations entre le Japon et l’Algérie aux Éditions Casbah. Depuis que je suis là, j’ai fait connaissance avec de nombreux personnages qui se sont investis dans nos relations. J’ai pensé qu’il fallait consigner par écrit cette histoire précieuse pour qu’elle ne soit pas ensevelie dans l’oubli. S.E.M. Benhabyles, surnommé Socrate, a ouvert le bureau du FLN à Tokyo en 1958 et puis il est désigné comme le premier ambassadeur de l’Algérie au Japon après l’indépendance. S.E.M. Ghozali, ancien chef de gouvernement, m’a dit qu’il faisait partie des premiers Algériens qui ont “découvert” le Japon en négociant avec les hommes d’affaires japonais en tant que P-DG de Sonatrach. M. Yamani a écrit un beau souvenir de la première participation de l’Algérie aux Jeux olympiques qui se sont déroulés à Tokyo en 1964. Le Pr Lazreg, le premier recteur de l’Usto, a raconté son amitié avec M. Kenzo Tangé, architecte japonais, qui a dessiné le complexe de l’Usto. Une quarantaine d’Algériens et de Japonais ont contribué à cette entreprise. Je vous souhaite de jeter un coup d’œil sur ce livre qui met en lumière un aspect de notre histoire.
Trois ans, c’est trop court pour découvrir votre pays. Mais je vous jure que mon exploration ne s’arrêtera pas même après avoir quitté l’Algérie.
Je voudrais terminer cette dernière lettre en vous remerciant infiniment de votre lecture fidèle des lettres de l’Ambassadeur. En recevant souvent votre réponse à ma lettre, c’était un grand plaisir pour moi de communiquer avec vous. Dans le monde actuel lié par l’internet, le déplacement physique ne signifie pas forcément l’arrêt du contact. J’espère qu’on continuera à se communiquer au-delà de “Pas de nouvelles, bonnes nouvelles”.
Alger, le 21 septembre 2014
Dans cette dernière lettre, je voudrais partager avec vous ce que j’ai découvert depuis mon installation à Alger, entre autres, les trois éléments qui sont gravés dans mon esprit. D’abord, c’est la lumière. Tout le long de mon séjour, j’ai vécu avec la lumière qui ne se voit pas dans mon pays, lumière forte et puissante, qui se cache pourtant facilement à l’ombre des palmiers. J’ai souvent passé mon temps au jardin en faisant de la peinture à l’huile. Le paysage de l’Algérie me paraît si lumineux que je suis tenté d’utiliser de l’orange cadmium, du bleu cobalt et du blanc titanium pour peindre la lumière. Il est dit que les artistes de l’école impressionniste, tel Claude Monet, ont été influencés par la lumière de l’Algérie. Je m’en suis convaincu. J’ai d’ailleurs commencé à penser que le vrai acteur principal devrait être le soleil de l’Algérie dans L’Étranger de Camus.
Ensuite, c’est la terre. Une des choses que j’ai commencées à
nouveau en Algérie est l’agriculture. J’ai créé un petit potager dans un coin de mon jardin. La motivation était de cultiver les légumes qui sont nécessaires à la cuisine japonaise. Les légumes frais sont des ingrédients essentiels de la cuisine japonaise et en plus, certains ne se trouvent pas ici comme Daikon et Gobo. J’ai été étonné par la fertilité de la terre. Tous les légumes que j’ai plantés poussent très bien, parfois si vite que je n’arrive pas à les récolter avant d’être trop grands. J’ai appris qu’on appelait cette région le grenier de l’Empire romain. La terre fertile, combinée avec la lumière, pourra faire de ce pays le grenier du monde qui souffrira du manque de nourriture dans un avenir proche.
Enfin, c’est l’histoire. Je viens de publier un livre sur l’histoire des relations entre le Japon et l’Algérie aux Éditions Casbah. Depuis que je suis là, j’ai fait connaissance avec de nombreux personnages qui se sont investis dans nos relations. J’ai pensé qu’il fallait consigner par écrit cette histoire précieuse pour qu’elle ne soit pas ensevelie dans l’oubli. S.E.M. Benhabyles, surnommé Socrate, a ouvert le bureau du FLN à Tokyo en 1958 et puis il est désigné comme le premier ambassadeur de l’Algérie au Japon après l’indépendance. S.E.M. Ghozali, ancien chef de gouvernement, m’a dit qu’il faisait partie des premiers Algériens qui ont “découvert” le Japon en négociant avec les hommes d’affaires japonais en tant que P-DG de Sonatrach. M. Yamani a écrit un beau souvenir de la première participation de l’Algérie aux Jeux olympiques qui se sont déroulés à Tokyo en 1964. Le Pr Lazreg, le premier recteur de l’Usto, a raconté son amitié avec M. Kenzo Tangé, architecte japonais, qui a dessiné le complexe de l’Usto. Une quarantaine d’Algériens et de Japonais ont contribué à cette entreprise. Je vous souhaite de jeter un coup d’œil sur ce livre qui met en lumière un aspect de notre histoire.
Trois ans, c’est trop court pour découvrir votre pays. Mais je vous jure que mon exploration ne s’arrêtera pas même après avoir quitté l’Algérie.
Je voudrais terminer cette dernière lettre en vous remerciant infiniment de votre lecture fidèle des lettres de l’Ambassadeur. En recevant souvent votre réponse à ma lettre, c’était un grand plaisir pour moi de communiquer avec vous. Dans le monde actuel lié par l’internet, le déplacement physique ne signifie pas forcément l’arrêt du contact. J’espère qu’on continuera à se communiquer au-delà de “Pas de nouvelles, bonnes nouvelles”.
Alger, le 21 septembre 2014
T K
Ambassadeur du Japon
Ambassadeur du Japon
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