centre ville de Perpignan |
Partis dans
le cadre des échanges culturels et scientifiques avec la ville de Perpignan et
le pays Catalan, nous arrivons ce mardi 27 novembre à l’aéroport Blagnac de
Toulouse avec une exactitude Suisse. Très surprenant de la part de la compagnie
nationale Air Algérie, mais tellement agréable pour nos amis Catalans venus à
notre rencontre. Conduit par Braik Saadane, doyen de la faculté des lettres et
des Arts, le groupe se compose de H’mida Belalem, metteur en scène Mostaganémois
dont le talent et la discrétion sont notoires, de sa fille Imène qui fera
sensation lors des deux représentations de la pièce « Filet » du
magistral Ould Abderrahmane Kaki ; il y avait également les comédiens Bourougaa Sarah,
Belmehel Nesser Ellah , Braïkia Zakaria , et Bourougaa Belkacem.
Une terre de contrastes et de vignobles
Les
formalités d’entrée ayant été accomplies avec célérité, nous nous retrouvons
sur le quai « D » de cet immense aéroport de Toulouse. Mais
première désillusion, passagère et attendue de la part de Pierre Paul Haubrich,
mon ami de longue date et principal organisateur de notre séjour à Perpignan.
Joint par téléphone, il finira par nous retrouver et nous embarquons en
direction de Perpignan. Le ciel est parfaitement dégagé, contrairement à Oran
où nous venions d’essuyer un orage Algérois selon la description d’Albert
Camus. Braïek Saâdane et moi prenons place dans la minuscule Citroën de PP
Haubricht. La troupe prend place dans un mini bus affrété par la mairie et
conduit par le sympathique Jaume Pol,
membre du staff culturel de Marie Costa. A la première aire de repos, halte obligatoire pour une pause café. Une
charmante serveuse se laisse surprendre lorsque je lui demande de me servir un
« Copé »…grosse moue de dépit puis sourire lorsque je lui indique
le pain au chocolat. PP Haubricht ne
cache pas sa joie, il est très ému de nous voir enfin dans son deuxième pays et
ne cesse de nous le rappeler. Braïk Saâdane dont c’est la première rencontre
avec mon ami, l’enfant de Beymouth, est admiratif de notre complicité. L’autoroute
A61, qui mène en Espagne, longe les Pyrénées et traverse Perpignan et Le
Pertuis pour rentrer dans l’autre partie du pays Catalan. A mi chemin,
j’aperçois la superbe cité de Carcassonne que j’avais visité 51 ans auparavant,
lorsque nous étions venus séjourner dans un centre de colonie de vacances en
plein cœur du Tarn. Pierre Paul est surpris par ma connaissance des lieux. Sa
surprise est davantage accentuée quand je lui parle du village « Les
Cammazes » où nous avions séjourné durant l’Eté 61, en pleine guerre
d’Algérie. L’arrivée à Perpignan se fait à notre grande surprise sous un soleil
automnal persistant, par temps clair avec un léger vent balayant les
interminables vignobles jaunissant. Les Pyrénnées Orientales sont une terre de
Rugby mais aussi de vins. Des similitudes frappantes avec le Mostaganémois, ce
qui explique l’engouement des « Gens de Mosta » pour ces contrées
accueillantes et prospères. Nous déposons la troupe à la Résidence RUSCINO , en
périphérie de Perpignan, juste à proximité d’un site archéologique en plein
chantier de fouilles. Repas « Hallal » dans un restaurant et départ
vers le centre ville en compagnie de PP Haubricht et Saâdane.
Une douche à l’eau des Pyrénées
Nos hôtes
ont fait le choix, malgré mes protestations, de nous installer dans le superbe hôtel
«La Loge» en plein cœur de la vielle ville de Perpignan, avec ses ruelles
approximatives qui rappellent avec bonheur le Derb ou la Casbah d’Alger…avec
une propreté irréprochable pour décor. A travers ces ruelles en serpentins, il
y a juste de la place pour la mini Citroën de Pierre Paul. La chambre « 110 »
où nous sommes installés est spacieuse et très éclairée. Du robinet, coule
l’eau de la montagne voisine. Prendre sa douche à l’eau des Pyrénées est un
luxe dont ne rendent plus compte les Perpignanais. Le diner offert par la
mairie de Perpignan est l’occasion pour faire connaissance avec Fouzi Bouhadi,
l’adjoint au maire, qui nous reçoit dans un restaurant tenu par une Réunnionaise
aux multiples talents. Ce sera l’occasion de faire connaissance avec des
associations activant dans le rapprochement entre nos deux régions. Il y a ce
charmant couple d’Algéro Français qui a déjà fait un séjour pour apporter aide
et soutiens aux écoliers d’Abderrahmane Dissi, du temps où mon ami Hammi en
était le directeur. Son successeur leur fera découvrir l’école de Chorfa, une
bourgade où j’ai de nombreux amis, dont Hadj Charef Dahmane à qui me lie une
amitié de 40 ans et dont les vignobles et les figuiers me sont familiers. La
soirée est l’occasion pour moi de rencontrer enfin Marie Costa, une immense
romancière, femme de culture et de convictions, militante déterminée pour une
relation intelligente entre les différentes communautés vivant à Perpignan.
Fouzi Bouhadi, l’enfant terrible de Kenanda, dans les piémonts de l’Ouarsenis,
entre Zemmoura et Mendès, prend la parole pour souhaiter la bienvenue au
groupe. Moment de grands frissons lorsque il parle du message de Jean Marc
Pujol, le maire de Perpignan, retenu à Paris par l’étonnante actualité de son
parti l’UMP.
Une mosaïque multiculturelle
Moment d’une
profonde joie personnelle de voir combien cet enfant de Mostaganem est sensible
à notre présence dans sa ville d’adoption. Repas océanique entrecoupé de
sérénades judicieusement interprétées par un artiste Argentin en tenue
mexicaine et reprises en chœur par l’assistance. Il fallait voir ces femmes
algériennes entonner les refrains dans un parfait espagnol. Comment ne pas être
étonné de constater que l’intégration est ici très forte, en tous cas bien plus
prégnante que ces avatars qui font souvent les manchettes de journaux à
sensations, voir à frustrations, tout simplement. Oui en effet, Perpignan que
l’on présente comme le fief des nostalgiques, ne s’en tire pas mal de ce brassage
multi ethnique qu’elle conjugue à tous les temps. Car il y a là également le
longiligne Thierry Gopaul, un Antillais,
compatriote d’Audrey Pulvar et grand homme de culture. Fonctionnaire auprès de
la mairie, il est un personnage incontournable dans le staff de Marie Costa,
elle-même chargée de la culture à la mairie, mais qui en douterait, tant cette
femme aux multiples talents sait conjuguer dans les faits nos différences pour
mieux asseoir la politique culturelle qui tous les jours, tord le cou aux idées
de l’extrème. Ce Thierry là, fera étalage d’une générosité et d’un humanisme
qui me fera chavirer lors du trajet du retour que j’effectue à ses cotés. Par
moment, sa complicité avec H’mida et sa troupe sera telle que même un observateur
averti croira qu’ils étaient ensemble depuis la nuit des temps. Grace à sa
disponibilité de tous les instants, il finira par se fondre dans la troupe pour
en devenir à la fois le guide et le frère à qui on confie sa fortune et son
destin.
Belalem conversant avec JM Pujol, maire de Perpignan |
Cours de danse à « l’Ile de la Réunion »
Tandis que le chanteur Mexico-Argentin,
parfait sosie de Maradonna, agrémentait la soirée de ses mélodies, la
propriétaire du restaurant «L’Île de la Réunion» finissait de concocter un somptueux
dessert. Puis au moment où les fruits et autres friandises étaient servis, la
jeune femme invitera l’assistance à la rejoindre au milieu de la salle pour un
tour de danse. On découvre alors ses talents cachés mais bien réels de
professeur de danse océane. Avec les jeunes filles et garçons de la troupe,
elle entamera devant un public sidéré, la première leçon de danse. Divine
surprise, ce sont les jeunes artiste de Belalem qui feront sensation. En
seulement dix minutes de démonstration, le pas de danse langoureux et saccadé
de l’Océan Indien sera vite adopté par nos jeunes acteurs. Déjà à ce stade de
notre séjour, nos hôtes pouvaient se faire une idée de l’immense talent de la
troupe « Le Masque Bleue » de Mostaganem. Et là encore, la vivacité
et l’harmonie prodigieuse d’Imène fera grande impression. Timorés à cause d’une
maîtrise imparfaite de la langue Française, les jeunes garçons de la troupe
donneront libre court à leurs passions favorites. Pour ces amateurs de Alaoui
et de Assaoua, les danses traditionnelles de la région, il fallait juste
franchir le premier pas pour suivre le rythme imposée par la danseuse pour
ensuite l’intérioriser. Très vite ça donnera une rythmique nouvelle où la
gestuelle harmonieuse des uns fera jonction avec la virile transe des
« Derwichs tourneurs » de Syrie et de Turquie. Qui aurait pensé un
seul instant que sur cette terres catalanes, des jeunes algériens droits dans
leurs bottes et dans leurs convictions pouvaient se transporter sans tabous
vers un mixe de danses probablement jamais expérimenté par ailleurs. C’est
pourquoi, à la fin de la soirée, c’est notre hôte Réunionnaise qui fera part de
son désir de venir à Mosta s’initier aux danses locales.
PP Haubrich, Saadane Braik, Aline et Fouzi Bouhadi au siège de l'Indépendant |
Une filleule appliquée
Mercredi matin, une pluie bretonne
tombe sur Perpignan. Divine surprise, au pet déjeuner, le maitre d’hôtel nous
propose des figues sèches de la région. Minuscule et délicieuses, ces figues me
font rappeler que mon pays en était un grand exportateur. Courte flânerie au
centre ville puis départ vers la salle Al Sol où nous attend Fouzi Bouhadi et
nos artistes. La journée entière est consacrée à la transformation de la salle
de sport en un petit théâtre. Tensions maximale avec toutefois un calme
tibétain chez H’mida Belalem qui peine à fixer son filet, la pièce maitresse de
son décor. Déjeuner avec Pierre Paul et Aline au Resto U où nous croisons en
pestiférés, le sieur Ahmed Benaoum, un presque compatriote que j’aurai bcp de
peine à assimiler à la grande tribu patriotique et militante des Mascaréens. Il
n’aura même pas pris le temps de prendre un café avec nous, mais je sais que c’est
aussi ça la rançon de l’exil. Tandis que je suis au téléphone le déroulement
des opérations à la salle Al Sol, nous rentrons dans l’Amphi « Y »
pour la rencontre sur l’eau en Méditerrannée. C’est finalement moi qui interviens
en premier en parlant de la gestion durable de l’eau dans la Dahra Occidental.
Bcp d’étudiants d’Afrique noire dans les travées. Interviendront ensuite Martine
ASSENS qui parlera avec maestria de « L'eau dans les Pyrénées Orientales »,
suivra Benoît GARIDOU avec une « Approche comparé du domaine
maritime en Méditerranée », enfin viendra le tour d’ Ahmed Benaoum qui
tentera de faire une présentation autour des « symboliques de la
distribution de l'eau du TOUAT Algérien ».
Après un débat utile, nous
croisons une ancienne compatriote, dont la maman aurait un lien avec la mère d’Albert
Camus ; C’est une dame d’une grande élégance qui me parlera longuement de
son séjour à Laghouat où elle avait enseigné. Coquette comme une demoiselle du
siècle des lumières, elle déclinera avec doigté mon projet de photo.
Nous quittons en trombe l’amphi « Y »
pour aller rejoindre la troupe à la salle Al Sol. Aidés par Thierry, omni
présent, les artistes ont fait du très beau travail, puisque sans échelle, ils
sont parvenus à placer le filet ramené de Mostaganem. Les chaises ont été
ajustées pour accueillir les convives, pour leur majorité des cousins de Mosta,
de Mazouna et de la fière Kabylie. Ici, l’Algérie se conjugue au brassage. Quelqu’un
a même ramené un ami Roumain qui peinait
à se départir de son accent. Michèle Andreu, filleule de Pierre Paul depuis sa
vie oranaise en qualité de professeur de gymnastique, s’affaire à immortaliser
l’évènement. Le regard pétillant et la générosité à fleur de peau, elle s’occupe
aussi de la revue et du site internet de l’association France Algérie Pays
catalan. Fouzi Bouhadi, l’enfant de Kenanda, s’affaire à mettre les ultimes
retouches à son allocution de bienvenue, il ne laisse rien au hasard, car il
est sur ses terres et parmi les siens. Il me demande d’intervenir après son
allocution afin de parler de la culture à Mostaganem. Ce
que je fais au pied levé.
La troupe avec Jean Marc Pujol, maire de Perpignan |
Le maire entre en scène
A 19h15, place au spectacle. Alors
que je m’apprêtais à prendre place parmi nos invités, Zaki, membre de la
délégation me demande de le suivre derrière le filet et m’indique ma nouvelle
mission : attendre la fin du spectacle et détacher le filet en tandem avec H’mida à l’autre bout de la
scène. J’ai tout de même réussi à prendre quelques photos à partir de mon coin.
Mais j’ai suivi le spectacle à partir de la scène, ce qui me m’offrait une
proximité d’avec les acteurs. Vers 21
heures, nous partons en procession vers la Casa Xanxo où était prévue une
conférence intitulée « Camus ou la prière de l’Absent » ainsi que le
vernissage de l’exposition consacrée à la miniature et aux croquis d’Hachemi
Ameur. Le centre situé au cœur de la vielle cité est une ancienne abbaye. C’est là que nous rencontrons Jean
Marc Pujol, le maire de Perpignan, qui malgrè une actualité dévorante et un
agenda bien chargé, avait tenu à venir nous saluer. Nous conversons longuement sur sa dernière
visite à Mostaganem ainsi que sur l’œuvre d’Hachemi Ameur et sur la pièce de théâtre.
Il nous fera la promesse de venir la voir le lendemain à la Maison de l’Etudiant
au sein de l’université. Nous dinons
sur place en dévorant des pizzas ramenées par un livreur. A notre grande
surprise, une partie était préparée avec de la viande porcine, ce qui ne sera
pas du gout de Pierre Paul qui le fera
savoir en appelant la pizzéria. Seules les pizzas « Hallal » feront l’objet
de toutes les attentions.
Jean Marc Palma, Imène et H'mida Belalem |
Thierry et Fouzi, deux guides attentionnés
La matinée du jeudi est consacrée quartier libre. C’est Thierry qui se prêtera avec générosité pour servir de
guide à la troupe de théâtre. Saâdane Braïk et moi sommes pris en charge par
Fouzi Bouhadi, l’adjoint au maire. Il nous mènera à travers les principaux
quartiers de la ville puis nous irons du coté de Narbonne pour faire quelques précieux
achats. Resté à Perpignan, Pierre Paul et Aline se
démènent pour nous organiser une rencontre avec un journaliste de l’Indépendant.
C’est peu après 14 heures que nous arrivons face à l’imposant siège du journal
où nous sommes reçus par Julien Marion, un jeune et sémillant journaliste. Très
vite, le courant passe à la perfection entre nous et l’entretien se transforme en un échange à bâtons rompus sur les liens
culturels qui lient la France à l’Algérie et sur nos engagements respectifs en
vue de mettre en place les passerelles qui permettent une plus forte relation
entre la région de Perpignan et celle de Mostaganem. La rencontre à laquelle
ont pris part Aline, Pierre Paul, Fouzi Bouhadi et Saâdane Braïk se prolongera
par une séance photos avec les professionnels du quotidien régional. A 18
heures, nous procédons au vernissage de l’expo de Hachemi Ameur à la
bibliothèque universitaire. L’espace est sous la responsabilité d’une jeune et
charmante Irakienne avec laquelle je parlerais de Kadem Essahar, mais surtout
de Farida Med Ali que j’ai eu le plaisir d’interviewer pour El Watan lors de
son passage à Mosta dans le cadre de la rencontre organisée à l’époque par le
Nadi El Hillel.
Après le vernissage, courts
instant avec des étudiants qui voulaient savoir plein de choses sur les croquis
de Hachemi et sur la présence des signes Arabes sur certaines de ses œuvres. C’est
chargés de victuailles et de rafraîchissements que nous rejoignons enfin la Maison de l’Etudiant
où va passer le spectacle de H’Mida Belalem et sa troupe du « Masque
Bleu ».
Jean Pierre Barbe, le guitariste de Daniel Guichard et de Michel Sardou |
Le Mascaréen et le
prestigieux guitariste
La salle garnie avec une double
rangée de chaises bleue est magnifique. Comme convenu, le maire accompagné de Fatima Dahine, l’élue en charge des sports à
la mairie de Perpignan, elle-même ancienne joueuse de basket, fait son
apparition. L’autre grosse surprise est
l’œuvre de mon ami Jean Marc Palma, un Mascaréen pur jus que nous avons reçus à
l’université de Mostaganem dans le cadre de la mission de prospection conduite
par les patrons de Quasar Industrie. Nos retrouvailles sont empreintes d’une
profonde émotion, d’une grande générosité et d’un indicible bonheur. Mais l’ami
Jean Marc n’était pas venu seul. Il a
eut la bonne idée de se faire accompagner par Jean Pierre Barbe, le
guitariste de Daniel Guichard et
de Michel Sardou. C’est face à ce parterre
de choix que la troupe hyper motivée de H’mida Belalem entre en scène. Du fond
de la salle, René Ruiz, le très discret mais terriblement efficace gestionnaire
de la Maison de l’Etudiant ne rate pas le moindre souffle. Durant une grosse
partie de l’après-midi, il a travaillé d’arrache pied avec le metteur en scène
afin de coordonner la diffusion de la musique ainsi que les images qui
accompagnent le spectacle. Une caméra HD est mise à l’épreuve afin d’enregistrer
le spectacle. Sa complicité avec H’mida est patente. Il ne lâche plus d’une
semelle. Thierry, encore une fois fait étalage de sa disponibilité proverbiale.
C’est lui qui a ramené le lecteur de DVd et la data show sans lesquels la pièce
serait fortement amoindrie. Ecrite pendant la guerre d’Algérie et jouée à
travers la France durant les premières années de l’indépendance, la trilogie de
Kaki a été agrémentée des techniques les plus actuelles du théâtre moderne. Une
musique grave et en parfaite harmonie avec la gestuelle des acteurs, des images
inspirées pour la plupart du patrimoine universel, le « Filet » de
Belalem est une pièce accomplie. Jouée par des acteurs motivés et parfaitement
concentrés, elle aura séduit le public. C’est avec beaucoup d’égards qu’à la
fin du spectacle, le maire et ceux qui l’accompagnaient monteront sur scène
pour saluer la performance des acteurs et féliciter le metteur en scène qui a
tant fait pour que le 4ème art Mostaganémois soit digne de ceux qui, à l’image
de Kaki et de Djilali Benabdelhalim, lui on donné ses lettres de noblesse. Nul
doute que cette incursion en terre catalane restera à jamais gravée dans les
mémoires des jeunes acteurs qui ont réellement séduit.
Un metteur en scène comblé
Ce n’est pas sans raison que,
prenant la parole, Jean Marc Pujol fera part de son admiration. Il sera vite
rejoint par Jean Pierre Barbe et Jean Claude Palma qui ne tariront pas d’éloges.
Cette consécration de Perpignan devrait naturellement ouvrir de nouvelles
perspectives pour la troupe du « Masque Bleu » de Mostaganem. Ayant
fait le difficile choix de jouer cette mythique pièce de Kaki, H’mida Belalem
et sa jeune troupe ont fait montre d’une audace certaine. Pourtant, au départ,
rien n’était facile pour eux. Surtout que le metteur en scène s’est appliqué à
l’enrichir avec des ajouts techniques d’une cruelle modernité. C’est pourquoi à
la fin du spectacle, alors que nous partagions dans la grande joie une série de
pizza « Hallel » et que de toutes parts les éloges fusaient jusqu’à l’overdose,
lui, en toute sérénité ne cessait de murmurer comme s’il se parlait à lui-même «c’est
bien dommage que Kaki ne soit pas là
pour voir comment sa pièce a évolué ». Dans les arbres alentours, une
forte tramontane fait tomber les feuilles, enveloppant la pittoresque ville de
Perpignan d’un froid glacial. Pourtant, dans les coulisses de la Maison de l’Etudiant,
les talentueux artistes goutaient enfin à la consécration. Peu avant minuit, c’est
à bord des voitures de Pierre Paul Haubrich, de Jean Marc Palma et de Jean
Pierre Barbe que nous accompagnons la troupe vers la résidence pour y passer
une dernière nuit. Vendredi matin, alors que Perpignan continuait de se courber
sous les rafales de vent, nous prenons la route de Toulouse pour reprendre l’avion.
A midi, lorsque nous nous séparons à l’aéroport d’Oran, c’est Imène Belalem qui
dira avec une nostalgie déjà bien ancrée que ce voyage elle l’attendait depuis
sa tendre enfance. Je pouvais lire dans son regard l’immense satisfaction du
travail accompli. L’année prochaine, selon les vœux de Jean Marc Pujol, le
maire de Perpignan, la pièce sera à
nouveau jouée, mais cette fois-ci ce sera dans l’immense salle du théâtre de l’Archipel,
œuvre du grand Jean Nouvel et qui a été inauguré il y à peine une année par
Frédéric Mitterrand. Assurément, en confiant cette première incursion
culturelle en terre catalane à H’mida Belalem, je savais, pour l’avoir
longtemps observé, que ce réalisateur d’apparence timide, n’allait pas
décevoir. Grace à une discipline spartiate qui n’aurait point déplu à ses
prédécesseurs Kaki et Benabdelhalim, H’mida Belalem est parvenu à montrer un
spectacle que même un professionnel aussi exigeant que Jean Marc Palma y décela
les prémices d’un théâtre à la modernité assumée.
Aziz MOUATS
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