dimanche 20 mai 2012

Des champignons responsables de famines


 Un article très important subtilisé dans Le Monde...juste pour rappeler que le mildiou de la pomme de terre a été à l'origine de famines en Irlande..."La Grande Famine (1845-1848) a été une période des plus sombres de l’Histoire irlandaise. On lui attribue entre 500 000 et 1 millions de morts, suite à la dévastation des cultures irlandaises. Meurtrière et éprouvante, elle a marqué le XIXème siècle de part ses pertes considérables, et a favorisé l’émigration vers le nouveau continent. Au delà des circonstances humaines tragiques, la Grande Famine a également vu l’émergence d’un conflit brutal : celui d’un conflit politique complexe dont les enjeux étaient considérables". voir la suite de l'article :http://www.guide-irlande.com/culture-irlandaise/histoire-irlandaise/la-grande-famine/

Les champignons pires que les virus et les bactéries

LE MONDE | On en parle peu, on les voit moins encore, mais ils ont le pouvoir de modifier le monde. Plus que les virus ou les bactéries, ce sont désormais les champignons qui remportent la palme en matière de menace pour la sécurité alimentaire et la biodiversité. Selon un récent article de la revue Nature, les maladies fongiques détruisent chaque année au moins 125 millions de tonnes des cinq principales cultures : riz, blé, maïs, pommes de terre et soja.
Avec les denrées gâtées par ces pestes végétales, "on pourrait nourrir plus de 600 millions de personnes", souligne l'épidémiologiste Matthew Fisher, qui a dirigé cette revue de connaissances à l'Imperial College de Londres. Selon ses calculs, les spores pathogènes entraînent, pour les seules cultures de riz, de blé et de maïs, un manque à gagner de 60 milliards de dollars (47 milliards d'euros) par an. Et le règne végétal n'est pas le seul menacé.
"Les champignons étant rapidement tués par la chaleur, ils ont du mal à se développer à la température des vertébrés. Les plantes sont donc plus concernées que les animaux par les maladies fongiques", explique Tatiana Giraud, du département de génétique et écologie évolutives de l'université Paris-Sud. Mais les grenouilles ont le sang froid, et les chauves-souris la truffe fraîche. En Amérique du Nord, le "syndrome du nez blanc", provoqué par le champignon Geomyces destructans, a ainsi décimé depuis 2006 près de 7 millions de chiroptères.
Le pouvoir destructeur de ces organismes parasites n'est pas nouveau. En Europe, la fin du XIXe siècle fut marquée par de grandes invasions, aux conséquences socio-économiques dramatiques : le mildiou de la pomme de terre en 1845, l'oïdium de la vigne en 1845, le mildiou de la vigne en 1878.
Le XXe siècle, lui aussi, fut traversé de multiples crises phytosanitaires de ce type. Mais le phénomène est en pleine expansion. "Lorsqu'une maladie infectieuse éradique une espèce vivante, végétale ou animale, dans 70 % des cas, une nouvelle espèce de champignon se cache derrière", précise M. Fisher.
Les épidémies proviennent le plus souvent de l'introduction, naturelle ou accidentelle, d'une espèce fongique dans une région dont elle était totalement absente.
Contrairement aux virus, les champignons sont capables de survivre longtemps en dehors de leur hôte, ce qui leur permet de se propager sur de grandes distances. Dans le cadre du projet européen Daisie, conduit entre 2005 et 2008 afin d'établir un inventaire des espèces invasives sur le Vieux Continent, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a identifié 227 espèces invasives de champignons, dont 70 pathogènes pour les arbres forestiers.
GLOBALISATION DES ÉCHANGES
"Ces espèces proviennent principalement d'Amérique du Nord et d'Asie", précise Marie-Laure Desprez-Loustau, chercheuse à l'INRA de Bordeaux. A quoi s'ajoute "une proportion significative d'espèces dont nous ne connaissons pas l'origine", et un quart environ provenant des autres continents. Alors que l'origine nord-américaine était prépondérante dans le passé, c'est désormais d'Asie, semble-t-il, que provient l'essentiel des introductions.
Une fois en Europe, ces envahisseurs s'établissent principalement en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne : des pays dont le niveau d'importations est élevé. Les transports de champignons se font souvent de manière involontaire, par le biais des marchandises, ce qui rend l'identification de leur origine particulièrement difficile.
Si la globalisation des échanges semble, de très loin, la première cause de cette inflation de maladies fongiques, d'autres hypothèses sont évoquées. Le changement climatique, qui pourrait modifier les aires de répartition de certains parasites. Ou encore des facteurs environnementaux (pollution de l'air, pesticides), qui rendraient les espèces végétales et animales plus sensibles aux agents pathogènes.
CHÂTAIGNERAIE AMÉRICAINE DÉCIMÉE
Autre caractéristique de ces invasions : leur vitesse. "Le temps anthropique étant différent du temps évolutif, ces introductions amènent la rencontre d'espèces qui n'ont pas eu le temps d'évoluer, ce qui explique dans certains cas des dégâts très importants", précise Mme Desprez-Loustau. Ainsi les châtaigniers asiatiques ont-ils coévolué avec le champignon pathogène Cryphonectria parasitica, responsable du mortel chancre de l'écorce, vis-à-vis duquel ils présentent un fort niveau de tolérance.
Mais lorsque ce même champignon a rencontré les châtaigniers américains et européens, aucune coévolution n'eut le temps de se faire : la châtaigneraie américaine fut décimée durant la première moitié du XXe siècle, et la maladie continue de sévir sur la majeure partie de l'Europe.
Comment lutter contre cette menace invisible ? Comment identifier, parmi les milliers d'espèces fongiques qui voyagent quotidiennement d'une région à une autre, celle qui va poser problème ? Si les experts appellent à des contrôles renforcés des produits animaux et végétaux circulant dans le monde, ils savent que leur efficacité restera limitée. D'où la nécessité de développer des outils permettant de mieux prévoir l'apparition des maladies fongiques, afin de tenter de les isoler avant qu'elles ne se propagent.
Depuis quelques années, une équipe de l'INRA de Nancy se consacre ainsi à l'étude de la maladie du frêne, due au champignon Chalara fraxinea. Partie des rives de la Baltique en 2005, l'infection se propage actuellement dans toute l'Europe. Ses premiers foyers en France ont été repérés en 2008.

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