Le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie que nous fêterons en 2012, sera mis à profit par les Nostalgériques pour agrandi le fossé entre les deux peuples. Après la loi scélérate sur les bienfaits du colonialisme de février 2005, voici que d'anciens sanguinaires de l'OAS sont élevés au rang de chevaliers de la légion d'honneur. Une insulte à la mémoire des Algériens et des Français qui ont combattu le colonialisme et son dernier carré d'irréductibles de la sinistre OAS qui ont mis le pays à feu et à sang au moment où les peuples Français et Algériens approuvaient par référendum le droit de l'Algérie à l'autodétermination et à l'indépendance. cet acte qui est presque passé inaperçu, ne serait-il que le premier d'une série qui tendrait, à la faveur de la campagne présidentielle, de réhabiliter les criminels qui n'ont eut de cesse de saborder toutes les initiatives de rapprochement entre l'Algérie Algérienne et la France souveraine. Deux documents sont proposés afin d'inviter à un débat serein et à une vraie réconciliation, sans amnésie et sans précipitation. Le premier est une rencontre avec l'ambassadeur de France en Algérie que des contraintes techniques ont en différé la publication et le second est un papier paru dans La Provence du 2 novembre 2011 se rapportant à la remise de la médaille de la légion d'honneur à un ancien responsable de l'OAS.
Xavier Driencourt,ambassadeur de France à Alger
"Le 50ème anniversaire de l'indépendance algérienne est l'affaire des seuls algériens"
Le 19 septembre 2011, , son excellence Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie visitait était en visite à Relizane. Nous l'avions abordé afin de connaitre son point de vue sur les relations algéro-françaises, sur les risques d’infiltration d’armes à partir de la Libye vers les groupes terroristes de la région, sur la position ambiguë de la France dans le conflit du Sahara Occidental et l’éventuelle geste de réconciliation à l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance algérienne, ainsi que la résurgence de l’affaire des moines de Tibhirine, à laquelle Canal+ consacrait le jour même un documentaire.
Questionné à propos de la construction maghrébine qui bute sur l’affaire du Sahara occidental, dans laquelle le rôle ambigu de la France a été souligné, Xavier Driencourt rétorquera que la France n’a pas de soutien prononcé envers les thèses défendues par le Maroc, ajoutant qu’il n’y a pas un tropisme particulier de la France en faveur du Maroc ou en faveur de l’Algérie, la France soutien le plan de Christofer Ross, qui est celui de l’ONU. A la question de savoir si la France partage les inquiétudes de l’Algérie sur les risques de transfert d’armes à partir de l’arsenal libyen vers le terrorisme international, il répondra que la question du transfert d’armes à partir de la Libye a été sous-jacente à la rencontre internationale que vient d’abriter Alger sur le terrorisme, mais elle n’était pas au centre de cette conférence, ce que nous pouvons craindre dira-t-il, c’est que des armements circulent dans cette région, cependant, nous n’avons aucune certitude; nous comptons sur les gouvernements respectifs afin qu’ils prennent les mesures appropriées.
Il lui a également été demandé qu’elles étaient les chances pour que la visite d’Etat de Bouteflika en France interviennent avant la tenue de l’élection présidentielle française, ce à quoi il dira sans ambages « nous avons travaillé et continuons de le faire pour que cela se fasse; naturellement il appartient au Président Bouteflika d’en fixer la date ». Parlant des relations entre les deux pays, l’ambassadeur de France en Algérie dira qu’à son niveau, il ne ménage aucun effort en ce sens, toutefois, soulignera-t-il, il appartient aux opérateurs économiques de faire l’effort d’investissement en Algérie. A la question de savoir si à l’occasion de la commémoration du 50ème anniversaire de l’indépendance, la France comptait franchir un pas vers la réconciliation entre les peuples Algériens et Français, Xavier Driencourt soutiendra que cette fête est d’abord celle de l’Algérie, mais nos deux pays, grâce aux hommes de bonne volonté, et ils existent, nous sommes tous concernés, il n’y a aucun doute que cette date pourrait être le départ vers une réelle conciliation et que nos deux pays se tourneront résolument vers l’avenir. Répondant à une question relative à la résurgence de l’affaire des moines de Tibhirine, l’ambassadeur de France à Alger utilisera une parabole sur l’’énigme du temple, relative à la mort controversée de Louis XVII, ajoutant qu’il ne lui appartient pas de commenter une affaire qui est en justice.
La Légion d’honneur et les amers revers de la médaille
[La Provence, édition Étang, le 2 novembre 2011]
Entouré de nostalgiques de l’Algérie française, Jean-François Collin a officiellement reçu hier, au cimetière, la distinction lors d’une cérémonie devant la stèle des fusillés de l’OAS
J-F Collin a reçu, hier, la Légion d’honneur, des mains d’un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean".
"Si par miracle tu réussis à l’obtenir, cela rendrait fou de rage les Gavoury". C’est cet argument de son ami Jean-Pierre Carrio, président de l’Union des parachutistes de Hyères, qui a convaincu Jean-François Collin d’accepter d’engager les démarches pour obtenir la Légion d’honneur ; lui qui prétend avoir jeté à la figure des juges "ses autres décorations et son béret rouge", lui l’ardent défenseur de l’Algérie française, l’ancien conseiller municipal FN à Hyères et président de "l’Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française" (Adimad). Lui qui a obtenu, finalement, le grade de chevalier de la Légion d’honneur, pour ses états de service dans l’armée, en tant que mutilé de guerre. Cette distinction honorifique, qu’il "ne portera jamais, tant qu’un gaulliste ou un ami du FLN sera à l’Élysée",il l’a reçue officiellement, hier, des mains d’un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean", lui-même, officier de la légion d’honneur, figure de l’OAS pendant la guerre d’Algérie et exilé, un temps, en Amérique Latine pour échapper à la justice française. Dans un lieu symbolique pour l’occasion : le cimetière Laurent-Imbert où a été réinstallée la stèle en hommage aux fusillés de l’organisation de l’armée secrète (OAS).
"Triste époque"
Ils étaient nombreux, au milieu des drapeaux, des bérets rouges et de la bannière "N’oublie jamais l’Algérie" - flanquée de blasons monarchistes et d’une fleur de lys - à assister à cette cérémonie : plus de 150 personnes, rose rouge ou blanche à la main, venues saluer la mémoire de ces "soldats qui ont donné leur vie pour défendre leur sol, ces morts glorieux, comme l’a scandé Jean-Pierre Papadacci (Adimad),crachant son fiel sur la république actuelle : "Triste époque. D’une triste république, car les traîtres et les porteurs de valises sont encensés et les patriotes vilipendés, alors qu’ils ont donné leur vie pour leur patrie." Pas de Marseillaise, mais la sonnerie aux morts, et le chant des Africains repris en choeur par toute l’assemblée, après la succession de dépôts de gerbes. La Légion d’honneur ? "Une croix dédiée à tous les combattants de l’OAS fusillés par le plus grand traître de l’Histoire de France", a déclaré le récipiendaire. Jean-François Collin, qui s’est senti davantage honoré par Napoléon Bonaparte – qui a institué ce premier ordre national français en 1802 – que par le président de la République.
Jean-François Gavoury : "une provocation"
Des honneurs pour les uns, qui ont un goût d’offense pour d’autres, notamment l’un des principaux opposant à la stèle, Jean-François Gavoury, fils du commissaire central d’Alger, assassiné par l’OAS, et qualifié, hier, par Jean-Pierre Papadacci de "misérable". Pour Gavoury, ce qui s’est déroulé, hier, à Marignane est un "simulacre de cérémonie qui constitue une véritable provocationà l’égard non seulement de l’ordre mais aussi des autorités administratives et juridictionnelles." Et soulève des interrogations : "Comment admettre qu’une blessure de guerre justifie une distinction honorifique, alors que c’est cette même blessure dont le traitement au Val de Grâce a été l’occasion pour Jean-François Collin de préparer et diriger un attentat (manqué, mais meurtrier) contre Yves Le Tac ?" s’interroge Jean-François Gavoury. Quant aux déclarations du récipiendaire à l’encontre de la République, elles "justifieraient, à elles seules, la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire".
"Une insulte à la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie et à la République"
Dans un communiqué cinglant, l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis, (ANPNPA) "dénonce l’attribution de la Légion d’honneur à Jean-François Collin." Elle rappelle que "M. Collin, en qualité de président de l’Adimad, a comme objectif la réhabilitation des assassins de l’OAS qui tant en France qu’en Algérie sont responsables de nombreux attentats contre la République et ses représentants. M. Collin et son association, nostalgiques de la colonisation en Algérie, tentent d’exploiter, cultivant la haine et les rancœurs, les drames humains vécus par les Pieds Noirs et les harkis pendant la guerre d’Algérie et leur exode massif dû en grande partie aux exactions de l’OAS dans les derniers mois précédant l’indépendance. La distinction dont va bénéficier M. Collin est une insulte à la mémoire de toutes les victimes de la guerre d’Algérie, de toutes les victimes de l’OAS comme le commissaire Gavoury en Algérie, les victimes d’attentats en France, une insulte à la République elle-même ; l’ADIMAD glorifiant les auteurs de la tentative d’assassinat au Petit Clamart du Général De Gaulle alors président de la République."
Narjasse Kerboua et Julien Danielides
Un dossier complet sur cette affaire est consultable sur le site de la LDH Toulon:
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4697
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