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A la sortie du tribunal |
Le procès avait mobilisé de larges franges de la société civile. La plupart des journaux ainsi que France 24 ont couvert le procès pour manifestation et attroupement interdits dans lequel elle encourait la peine d'une année ferme. Mais son combat n'aura pas été vain puisque Dalila Touat a réussi là où les partis politiques auront lamentablement échoué. En effet, la jeune universitaire de 34 ans qui vit mal un chômage forcé, voulait simplement réunir des chômeurs comme elle pour faire avancer leurs revendications pour la dignité. Dénoncée auprès de la police par un appel anonyme, elle sera interpellée 3 jours après avoir distribué des tracts appelant au rassemblement des chômeurs au sein d'une association dont elle venait de déposer les statuts en vue d'une reconnaissance. Lasse d'attendre une réponse de la part des autorités, elle décide alors de passer à l'offensive en distribuant de simples appels à la mobilisation. Accusée d'avoir organisé une manifestation sans autorisation, elle passera pas moins de 24 heures en garde à vue au niveau d'un commissariat de police. Présenté le lendemain devant le procureur de la république, elle sera mise en liberté en attendant sa comparution fixée au 28 avril 2010.
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Aux cotés de notre collègue du Carrefour d'Algérie Iliès Benabdeslam |
Le jour du procès, Dalila qui avait bénéficié d'un formidable mouvement de solidarité ne s'attendait certainement pas à tel engouement autour de son affaire. Venus de toute l'Algérie profonde, les militants des droits de l'homme, la société civile ( les filles Fadma N'soumeur, les CNCD d'Alger, d'Oran et de Mostaganem, le SNAPAP), des partis politique (MDS; MJIC et RCD) se sont regroupés face au tribunal de Mostaganem dont la petite salle sera vite envahie par une foule compacte et disciplinée. Appelée à la barre, Dalila Touat met en exergue sa situation sociale, soulignant que malgré son diplôme de magistère, elle se trouve au chômage ce qui justifie sa tentative de création d'une association de défense des droits des chômeurs. N'ayant pas reçu d'agrément, elle soutiendra avoir distribué des prospectus appelant les jeunes chômeurs à s'organiser afin de défendre leurs droits. Entamé peu avant midi, le procès sera bouclé à 13 h10 sous les youyous et les acclamations d’une foule nombreuse où on reconnaissait des militants des droits de l’homme, des représentants de l’association des chômeurs de Ouargla, d’adhérents du MDS et de la CNCD d’Alger, d’Oran et Mostaganem. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet avait requis une amende de 20.000 DA.
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Avec Belaid Abrika |
Après de magistrales plaidoiries, le tribunal de Mostaganem à prononcé l’acquittement au profit de la militante de la CNCD et animatrice du mouvement des jeunes chômeurs. La défense de Dalila Touat a été assurée -à titre bénévole- par pas moins de cinq avocats dont Maitres Bouchachi du barreau d’Alger, maitre Khemisti du barreau d’Oran et maitre Doudou du barreau de Sidi Bel Abbès. Tous ont souligné avec force la justesse des revendications de Dalila Touat et surtout l’absence d’éléments constitutifs du délit qui lui était reproché et qui lui a valu une garde à vue de 24 heures au niveau du commissariat de police et un procès que beaucoup d’associations de défense des droits de l’homme avaient solidairement dénoncé. On notait également la présence de militants du RCD ainsi que celle de Belaid Abrika, venu à la tête d’une délégation du mouvement des Arouchs. La chaine de télévision France 24 a également couvert le procès grâce à une équipe de tournage présente sur les lieux.
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Face à la caméra de France24 |
Très émue, Dalila Touat remerciera les présents, ajoutant que le combat pour le droit au travail et la liberté d’expression devait se poursuivre.Ce formidable mouvement de solidarité l'aura indubitablement endurcie. Toujours aussi chômeuse qu'auparavant, la frêle jeune femme avait de la peine à cacher son émotion. enlaçant les uns, embrassant les autres, elle était comme sur un nuage. Entourées par tant d'amis dont certains sont venus de la lointaine et rebelle Kabylie, Dalila Touat, à peine remise de son cauchemar s'est de suite replongée dans le combat pour la dignité en prodiguant quelques conseils à une vielle femme venue exposer les photos de son films disparu. Parlant au nom des chômeurs de Ouargla, un jeune appellera les présents à venir soutenir leur sit-in prévu dans les prochains jours. Il clamera à l'assistance que le procès de Dalila et surtout son verdict constitue une première reconnaissance de la justesse de leur combat.
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Maitre Khémisti du barreau d'Oran interviewé par France24
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je me trouve radieux lorsque les droits de l'homme triomphent en Algérie. je salue cette femme qui a défié l'injustice et allé jusqu'au bout de ses idées. je salue aussi l'incontournable soutient représenté par les associations et la société civile. dans un pays ou le chaumage triomphe, la nécessité dicte que de tels mouvements naissent et se battent pour arracher leurs droits. pour en finir : l'union fait la force.
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